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Sur la commune de Beaulieu à la limite des départements
de l'Eure et de l'Orne, le château du Breuil est agréablement situé dans un
bocage de la vallée de l'Avre. La distance à parcourir, pour se rendre de ce
château au bourg de Beaulieu ou à celui de Chennebrun (Eure), est à peu près
égale. Au dégut du XXe siècle, cette charmante habitation a été restaurée et
embellie par le propriétaire actuel, M. Pelletier de Saint-Pierre; mais ce
qui la rend surtout remarquable, c'est un très beau parc anglais planté de
hêtres séculaires. On retrouve, non loin de ce château, des vestiges fort
curieux de l'occupation anglaise: nous voulons parler des Fossés-le-Roi, qui
séparaient, dès le XIIe siècle, la France de la Normandie. "Ces fossés, dit
l'Orne archéologique et pittoresque, sont analogues à ceux que les Romains
creusèrent sur quelques-unes de leurs frontières, et à ceux qu'en 1077,
Robert de Bellême fit ouvrir à peu de distance d'Alençon, près de Saône
(Sarthe). La tradition populaire veut qu'ils s'étendissent autrefois de
Verneuil jusqu'à Alençon. On n'en signale pas de traces cependant entre
cette dernière ville et Sainte-Scolasse, et, de Sainte-Scolasse à Bonmoulins,
ils ne sont ni continus, ni remarquables. En revanche, de Bonmoulins à
Notre-Dame-d'Aspres, sur une longueur de sept à huit kilomètres, ils
existent encore sans interruption notable. Sur une ancienne carte du diocèse
de Chartres, on les voit, sous la désignation de Fossés-le-Roi, tracés
depuis Conturbie jusqu'au delà de Nonancourt, en passant par Irai, Beaulieu,
Verneuil, Tillières et Nonancourt, et se terminant sur le bord de l'Avre, au
Ménil-de-l'Estrée. Sur la commune des Genettes, dans les endroits les mieux
conservés, ces fossés ont environ douze à treize mètres de largeur sur trois
de profondeur. Le rejet de la terre est au nord, du côté de la Normandie, et
forme une masse de dis mètres de largeur au moins à sa base, sur trois et
même quatre de hauteur. Le creux est presque partout comblé, surtout dans
les champs cultivés. Par qui ces fossés ont-ils été construits ? Par les
Anglais, répond la tradition qui leur prête beaucoup en ce genre, tant le
souvenir des dernières invasions efface toujours celui des malheurs
précédents. Par Henri II, roi d'Angleterre, vers l'an 1168, dit la Chronique
Normande, beaucoup plus digne de foi, pour repousser les pillards dont le
voisinage de la forêt du Perche favorisait sans doute les incursions vers
cette partie de la frontière normande, nue, plate et sans défense: Fecit
fossata alta et Lata inter Franciam et Normaniam, ad prœdones arcendos".
Pendant les guerres des Anglais, et probablement aussi à d'autres époques,
des combats nombreux eurent lieu près de cet antique château du Breuil, car
on y trouve encore, dans le sol des jardins et des pelouses, de vieux
projectiles parfaitement conservés. C'était là, d'ailleurs, un lieu
admirablement choisi pour une action militaire. (1)
château du Breuil 61190 Beaulieu, propriété privée, ne se visite pas.
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