|
L'illustration des
seigneurs de Médavy se reflète sur les restes encore imposants du château
qu'ils ont bâti et qu'on aperçoit du chemin de fer, non loin d'Almenèches,
sur les bords de l'Orne. De l'ancienne forteresse, il est vrai, il ne
subsiste aujourd'hui que deux belles tours et de larges fossés alimentés par
les eaux vives de la rivière qui l'environne d'un côté. Des parapets avec
balustrades et deux rangées d'arbres séculaires en garnissent les bords.
Rebâti à la fin du règne de Louis XIV, ce château et ses dépendances ont
conservé quelque chose de la majesté qui caractérise les constructions du
grand siècle. C'est l'œuvre des derniers représentants de cette race
illustre, de Jacques-Léonor, maréchal de Médavy et de Francois Rouxel,
marquis de Grancey, son frère, mort en 1728. C'est bien ici le cas de
rappeler, avec M. Victor des Diguères, qui a consacré une notice si
remarquable aux Rouxel de Médavy de Grancey, le néant des grandeurs
humaines. Une succession non interrompue d'hommes de la plus haute valeur
commençant à Guillaume l'Arçonneur, écuyer du duc dAlençon, tué à ses pieds
à la bataille de Verneuil en 1424; une vigueur héréditaire dont le souvenir
est resté dans le pays, une fécondité merveilleuse, semblaient promettre aux
Rouxel la perpétuité de leur race. Pierre Rouxel, premier du nom, avait eu
dix-sept enfants. Le premier maréchal de Médavy en eut vingt-un. Pierre, son
fils aîné, lieutenant-général des armées du roi, en eut treize. Après avoir
versé un sang généreux sur tous les champs de bataille, dans les guerres de
la fin du règne de Louis XIV, cette lignée héroïque, participant aux maux de
l'État et épuisée par l'excès des dépenses de luxe que le roi avait trop
encouragées par son exemple, s'éteint au moment même où elle semblait
toucher à l'apogée de sa grandeur. Leur mémoire du moins est restée
glorieuse et ennoblit encore les lieux qu'ils ont habités.
Une véritable catastrophe financière, comme il s'en produisit tant à
l'époque fatale de la Régence, suivit cette extinction subite et complète de
la tige masculine des Rouxel. Il fallut en venir à une liquidation
désastreuse, qui ne fut terminée que longtemps après la mort du maréchal de
Médavy, dont la veuve, Marie-Thérèse Colbert de Maulévrier, s'était réservée
à ses droits. La baronnie de Médavy fut alors adjugée, par décret, à
Marie-Joseph d'Hostun, duc de Tallard, pair de France, gouverneur et
lieutenant-général du comté de Bourgogne, qui la vendit, le 27 juin 1754 à
Pierre Thiroux de Mauregard, en faveur duquel elle fut érigée en comté en
1768. Ce dernier ayant émigré, mourut à Rastadt le 11 avril 1792 et ses
biens furent en partie vendus. Ses enfants, Charles Thiroux de Mauregard,
comte de Médavy, plus tard élevé au grade de général, ayant obtenu sa
radiation de la liste des émigrés, Anne-Catherine Thiroux, veuve d'Arnoult
Pracontal, et Madeleine Thiroux, veuve de François-Martial de Choiseul,
réclamèrent, en l'an VIII, la liquidation et le partage de sa succession
indivise avec la République. Le château de Médavy eut pendant la Révolution
le sort de toutes les maisons d'émigrés. La galerie des personnages qui ont
illustré le nom de Rouxel, ne comptait pas moins de deux cents portraits,
dont une trentaine seulement existent encore. On ne fit pas grâce davantage
au magnifique mausolée que Charlotte de Hautemer, fille du maréchal de
Fervaques et mère du premier maréchal de Grancey, avait fait élever à la
mémoire de son époux, le comte Pierre 1er de Grancey, mort à Rouen, le 31
décembre 1617, pendant la tenue des États de la province, où il avait été
député par le bailliage d'Alençon. Son corps avait été rapporté dans le
caveau que les Rouxel avaient fait construire dans le sous-sol de l'église
de Médavy. Sa veuve lui fit élever un monument, composé d'un sarcophage
surmonté d'une statue en marbre blanc, avec colonnes et entablement ou
baldaquin en marbre noir, de 15 pieds de hauteur. Le personnage était
représenté de grandeur naturelle, à genoux sur un prie-Dieu, botté et
cuirassé, son casque et ses gantelets à ses côtés. Ce tombeau fut violé
pendant la Révolution; mais la statue fut transportée à Argentan et déposée
a la bibliothèque du district. Elle paraît avoir été plus tard, ainsi que
tous les marbres du tombeau, remise à M. d'Etampes qui la fit placer au
château de la Motte (commune de Joué-du-Plain, près Ecouché). On ignore ce
qu'elle est devenue. (1)
Éléments protégés MH : le château, sauf parties classées : inscription par
arrêté du 22 octobre 1926. Les façades et les toitures du château ; la tour
Saint-Pierre ; la tour Saint-Jean-Baptiste abritant la chapelle, y compris
les décors intérieurs ; les allées de tilleuls subsistantes ; le sol des
jardins et les allées susceptibles d'être reconstitués ; les douves avec
leurs trois ponts ; les terrasses avec leurs balustrades ; la grille
d'entrée et les sauts-de-loup attenants : classement par arrêté du 7 juillet
1989. Les façades et les toitures de l'ensemble des communs ; le colombier :
inscription par arrêté du 7 juillet 1989. (2)
château de Médavy 61570 Médavy, tel. 02 33 35 05 09, ouvert au public du
21 juin au 07 septembre, tous les jours de 14h30 à 19h. A l'intérieur où
l'on peut admirer un riche mobilier d'époque, divers salons dont le grand
salon avec son exceptionnel parquet "marqueté en soleil", ainsi que la salle
des cartes où est notamment exposée une collection très rare d'atlas
anciens. Vous pourrez également vous promener dans le parc et visiter
librement la chapelle, le pigeonnier et le haras.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Licence photo©webmaster"B-E", photos
ci-dessous interdites à la publication sur internet, pour un autre usage
nous demander.
A voir sur cette page "châteaux
dans l'Orne" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|