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Château de L'Isle à Saint-Germain-du-Corbeis
 
 

    L'histoire du château de L'Isle se confond avec le château de Chauvigny situé sur la même commune. En effet, Guillaume Cochon obtint, en 1617, des lettres patentes qui l'autorisèrent à changer son nom en celui de Chauvigny. Il laissa deux filles, Marguerite et Madeleine, de son mariage avec Jeanne du Bouchet, fille du seigneur de Malefre. Marguerite de Chauvigny épousa, en 1618, Georges des Moulins, écuyer, sieur de la Queutière, maître des eaux et forêts et vi-bailly au bailliage et duché d Alençon; sa sœur se maria en 1622 avec Charles de Gruel, chevalier, seigneur de la Peltrie, d'une noble famille du Perche, qui fut tué au siège de La Rochelle, en juillet 1628. Veuve à vingt-cinq ans, ayant perdu le seul enfant issu de son union, elle résolut de se consacrer à Dieu dans les missions de la Nouvelle France, mais elle rencontra une vive opposition, d'abord chez son père qui voulait l'obliger à se remarier, ensuite chez son beau-frère qui essaya, sans succès de la faire interdire comme prodigue. Elle triompha de l'un et de l'autre avec l'aide de M. de Bernières, seigneur de Louvigny, trésorier de France à Caen, bien connu pour sa bienfaisance et ses vertus. Le 1er août 1639, elle aborda au Canada, accompagnée de plusieurs Ursulines de la maison de Tours, sous la direction de Marie de l'Incarnation, celle qu'au témoignage de Bossuet on appelait la Thérèse de nos jours ou du Nouveau-Monde.
Après une vie consacrée tout entière aux œuvres pieuses et charitables, Madame de la Peltrie mourut à Québec le 7 novembre 1671. Avant son départ, elle avait partagé avec sa sœur la succession de leurs parents (16 avril 1638). Madame des Moulins eut les fiefs de Chauvigny, Baumé, la Tirelière, les moulins de Gueramé et de Saint-Germain, les terres de Lisle, Baumé, la Bouesnière, etc. L'histoire de Chauvigny se confond maintenant avec celle de Lisle. Georges des Moulins appartenait à une famille noble des environs de Domfront. Il laissa de ce mariage avec Marguerite de Chauvigny, entre autres enfants, François des Moulins, chevalier, seigneur de Lisle, Chauvigny, Baumé et La Barre, maréchal des camps et armées du roi, commandant dans la ville et citadelle de Marseille, où il mourut en 1662, à l'âge de quarante ans. Son cœur fut rapporté dans l'église des Capucins d'Alençon. Il épousa, le 17 mars 1654, Marie de la Marck, veuve de François de Godet, chevalier, seigneur des Marais, Avoise, baron de Hertré, tué au combat du faubourg Saint-Antoine le 2 juillet I652. Elle était fille naturelle, légitimée, de Louis de la Marck, marquis de Mauny, chevalier des ordres du roi, premier écuyer d'Anne d'Autriche, gouverneur de Caen. Elle descendait par conséquent de Louis de Brézé et de Diane de Poitiers, de Charles VII et d'Agnès Sorel. Sa mère, Elisabeth Salviati, dame de Taley, était alliée aux Médicis. Marguerite de Chauvigny avait apporté la richesse aux des Moulins; Marie de la Marck, tant par elle que par son fils du premier lit, Paul Godet des Marais, évêque de Chartres (1692-1709), l'ami du duc de Bourgogne et le confesseur de Madame de Maintenon, leur donna l'influence et les relations qui contribuèrent puissamment à leur fortune. Louis-François des Moulins, fils de François des Moulins et de Marie de la Marck, né vers 1659, mort le 5 mai 1728, eut une magnifique carrière militaire.
Déjà M. Eugène de Beaurepaire a fait connaître le Comte de Lille (c'est le titre qu'il prit d'abord) et ses correspondants. Nous donnons ici un extrait des lettres patentes portant érection en sa faveur du marquisat de Lisle. Elles renferment ses états de services jusqu'en 1716: "Il sert l'Etat depuis quarante ans. Il commença en l'année 1676 dans la colonelle du régiment des gardes, d'où il fut détaché pour l'attaque du chemin couvert de Valenciennes et entra des premiers pêle-mêle avec les ennemis dans la place qui fut prise d'assaut, dont notre cousin le maréchal de la Feuillade rendit compte à la cour, aussi bien que de sa conduite au siège des ville et citadelle de Cambray, ce qui fit qu'en l'année 1678, il fut gratifié d'une compagnie dans le régiment de Normandie et servit au siège de Luxembourg, où il fut détaché pour l'attaque de la contregarde et poursuivit les ennemis jusque dans le fossé de la ville, ce qui engagea notre cousin, le mareschal de Créquy, à le distinguer en l'envoyant en otage dans la ville lors de la capitulation. A la guerre de 1688, il fut tiré du régiment de Normandie pour estre lieutenant-colonel de celuy de Limoges et servit au siège de Mons, après lequel il fut commandé sur les lignes de la Hayne, où il fut honoré du régiment d'infanterie de Barrois et ensuitte envoyé à l'armée de Piedmont, commandée par nostre cousin le mareschal de Catinat, et eut l'honneur de combattre à la tête de son régiment à la bataille de Marsaille et d'en rapporter sept drapeaux des ennemis. Cette action de valleur fut reconnue par nostre dit cousin le mareschal de Catinat qui luy fit commander une brigade à Savillian où estoient les vivres de l'armée, ce qui luy donna occasion de combattre avec une partie de la garnison une troupe de 1800 hommes sous les ordres du marquis de Parelle, lieutenant-général des troupes de Savoye, qui voulait s'opposer aux convois qui se faisaient de Savillian à l'armée.
Le dit sieur de Lisle eut le bonheur de défaire la plus grande partie de cette troupe et de brûler le reste des fuyards réfugiés dans une maison. Sur le compte qui en fut rendu, le dit sieur exposant fut gratifié d'une pension de 15oo livres et fut ensuite détaché pour l'armée de Catalogne sous les ordres de nostre très cher et bien amé cousin le duc de Vendosme et servit au siège de Barcelonne, où il eut l'honneur de commander par distinction la brigade de la marine, et après envoyé à Manrese pour disposer le siège de Cordoue. La paix fut conclue en 1700 et le sieur de Lisle honoré de l'ordre militaire de Saint-Louis. En 1702, la guerre fut renouvelée et il fut fait brigadier d'armée et servit en celle de Flandre utilement à la deffense du chasteau d'Huy, et y soutint un assaut. Ensuite duquel il fut envoyé au siège du fort de Kehl et au passage de l'armée en Bavière, et après renvoyé à l'armée de Flandre. Il passa en Espagne où il fut employé au siège de Nissa, à ceux de Castel-David, de Portalegro et particulièrement à celui de Castel-Blanco, où il commanda en chef. Au retour de ces sièges il fut fait mareschal des camps et armées et son fils commandant du régiment de La Fère, vacant par la mort du comte des Marais, tué au siège de Verceil en Italie, neveu du dit sieur de Lisle, qui fut rappellé d'Espagne pour se faire faire l'opération de la pierre. Dès qu'il fut guery, sa pension fut augmentée de 1500 livres et fut nommé pour l'armée d'Allemagne commandée par nostre cousin le mareschal de Villars, qui le détacha après la bataille de Ramillies avec vingt bataillons pour fortifier l'armée de Flandre, où il a servi jusqu'en 1709, que sa santé ne luy permettant plus de monter à cheval, il fut envoyé commander a Arras et chargé de la défense de la ville et citadelle en cas de siège.
A la dernière paix, il a été honoré du commandement des ville, citadelle et forts de Lille, où il est actuellement. A ces causes et autres à ce nous mouvans, voulant favorablement traiter le dit sieur de Lisle par ces présentes signées de nostre main unissons et incorporons en un mesme fief la dite baronnie de Hertré, les fiefs et seigneuries en dépendant, ceux de Chauvigny, de Baumé qui compose la terre de Lisle qui relève de Chauvigny, le fief de la Tirelière relevant de la dite baronnie et le fief de la Petite Barre qui relève de nous, leurs circonstances et dépendances, lesquels baronnie et fiefs ainsy unis en un mesme fief, nous avons érigé et par ces présentes érigeons en titre et dignité de marquisat sous la dénomination de Lisle, lequel marquisat nous voulons et entendons relever de nous et de nostre couronne à cause de nostre chasteau d'Alençon à une seule foy et hommage. Donné à Paris au mois de novembre l'an de grâce 1716 et de nostre regne le deuxieme, signé Louis et sur le reply, par le Roy, le duc d'Orléans régent présent, signé Phelipeaux". La famille des Moulins de Lisle portait d'azur à trois coquilles d'or et une cigale d'argent en cimier. Le marquis de Lisle fut nommé lieutenant-général des armées du roi le 1 février 1719 et promu commandeur de l'ordre de Saint-Louis. Il avait épousé, le 8 avril 1687, dans l'église Saint-Léonard, Louise-Catherine de Bougis, fille de feu Nicolas de Bougis, sieur de la Vallée, trésorier de France au Bureau des finances d'Alençon, et de Catherine de Bruslay. Leur fils Louis des Moulins, deuxième marquis de Lisle, né vers 1689, fut aussi un vaillant soldat. Capitaine dans le régiment de Barrois (15 décembre 1702), commandant du régiment de la Fère infanterie (5 août 1704), brigadier (2 juillet 1710) après le siège de Douai où il s'était distingué à la défense de la place, mestre de camp du régiment de la Fère et capitaine de la seconde compagnie (15 mai 1722), maréchal de camp (23 décembre 1731), il fut nommé, le 14 juin 1734, inspecteur général de l'infanterie tant française qu'étrangère.
Cette place valait 8000 livres de rente. Il n'eut pas le temps d'en jouir. Il fut tué le 29 juin à la bataille de Parme. Cette victoire, qui fut très glorieuse pour l'armée française, commandée par les maréchaux de Coigny et de Broglie, fut chèrement achetée. Les pertes en officiers surtout furent considérables. Il s'était marié deux fois. De sa première femme, Marie-Marguerite de Lèles, il eut une fille qui épousa le comte d'Orsay; de la seconde, Anne Libert, deux fils et une fille. L'aîné, Louis-Marie des Moulins, fut le troisième marquis de Lisle. Comme son père et son aïeul, il embrassa la carrière militaire, mais il n'y eut pas les mêmes succès. Il servit comme capitaine de cavalerie dans les régiments de Beaucaire et de Marcieu et, le 2 juin 1757, il fut nommé chevalier de Saint-Louis. Il mourut au château de Lisle le 3 octobre 1789, à l'âge de 64 ans, et il fut inhumé dans le cimetière de Saint-Germain-du-Corbeïs. Comme il ne laissait pas d'enfants de ses deux mariages, ses biens passèrent à son frère puîné, Aimé-Louis des Moulins, abbé de Lisle, archidiacre et vicaire-général de Nevers, abbé de Foucaude, prieur de Notre-Dame d'Alençon. Ces différents bénéfices lui produisaient net environ 11700 livres. Le rôle de l'abbé de Lisle fut très effacé pendant la Révolution; il prêta les différents serments qu'on lui demanda, il livra à la municipalité de Saint-Germain les titres féodaux des différents fiefs composant le marquisat de Lisle, qui furent brûlés sur la place publique le 11 août 1793. Grâce à sa prudence, il paraît avoir vécu tranquillement à Nevers. Il mourut à Paris. Il laissait comme héritière la comtesse de Vendœuvre, née de Launay d'Esterville. La fille de celle-ci, la comtesse d'Osseville, vendit, le 10 septembre 1819, le château et une partie de la terre de Lisle à M. Lecointre, dont le petit-fils les possèdait à la fin du XIXe siècle. Le surplus des terres avait été aliéné antérieurement. L'ancien château de Lisle formait un bizarre assemblage de bâtiments de toutes les époques. Il a été détruit vers 1760, à l'exception de deux tours renfermant l'une la chapelle, l'autre le colombier. Dès 1699, les des Moulins avaient construit de vastes communs formant deux bâtiments parallèles; en 1760, ils les complétèrent par l'addition de deux pavillons et ils en aménagèrent la plus grande partie à l'usage d'habitation. C'est ce qu'on appelle le château de Lisle. Il est situé dans une jolie position, sur le bord de la Sarthe, au milieu de prairies ombragées d'arbres séculaires. Il a conservé quelques-uns de ses anciens meubles du XVIIIe siècle, et il renferme dans la bibliothèque une collection assez importante d'ouvrages sur le Maine et sur la Normandie. La demeure appartient aujourd'hui au marquis d'Oilliamson et à la marquise, née Lecointre. (1)

château de L'Isle 61000 Saint-Germain-du-Corbeis, propriété privée, ne se visite pas.

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(1)   
source: La Normandie Monumentale et Pittoresque, (Orne) Lemale & Cie. Imprimeurs, Éduteurs, achevé d'imprimer le 25 septembre 1897.

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