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La mention en 1437 du "castrum" de Molitg,
fait très certainement référence à cet ancien château, construit contre la
façade sud de l’ancienne église médiévale. L’édifice fut remanié à de
nombreuses reprises au cours des périodes qui ont suivi sa construction,
notamment au XVIIe siècle par la volonté du marquis de Llupia, seigneur de
Molitg dès 1642. Le château devient la propriété de la famille de Massia dès
1836, ainsi que les écuries, le jardin, la cour et les dépendances.
L’ensemble est vendu dans les années 1960 à un habitant du village, désireux
d’entreprendre l’aménagement de logements pour curistes. Ceux-ci ont pu être
réalisés dans les années 1990, suite au rachat de l’édifice par la
propriétaire actuelle. Actuellement, le château appelé "le Casteil", est un
lieu d’hébergement saisonnier, comprenant douze logements, qui peuvent être
loués pour les curistes de la station thermale. L’édifice se distingue par
une volumétrie massive, avec un développement sur plan rectangulaire
attenant l’église paroissiale au Sud. Le château comprenait à l’origine
quatre tours défensives de forme semi-circulaire, reliées entre elles par un
chemin de ronde. Deux d’entre elles sont encore conservées (Sud-Ouest et
Nord-Est), dont l’une a été transformée en clocher de l’église paroissiale
Sainte-Marie. L’enceinte de protection Ouest, se distingue par la présence
d’un rang de meurtrière au-dessus de trous de boulins et d’un appareillage
constitué de moellons de granit. Selon les travaux réalisés dans les années
1980 par l’archéologue Anny de Pous, cette enceinte serait plus ancienne que
le reste de l’édifice. Elle comprend en effet un appareil petit et moyen de
pierres locales disposées en assises plus ou moins régulières,
caractéristique des XIe et XIIe siècles. Par ailleurs, les meurtrières
identifiées se rapportent à un type archaïque, qui se rapprochent de celles
conservées au château de Paracolls.
Le château comprend en façade Est quatre travées de baies relativement
ordonnancées, agencées sur quatre niveaux. De nombreux percements réalisés
postérieurement à la construction viennent rompre l’alignement des baies,
comme c’est le cas au rez-de-chaussée, avec la fenêtre latérale droite du
portail d’entrée. Celui-ci comprend une porte cochère en bois cloutée à deux
vantaux, dont celui de droite dispose d’un guichet pour le passage des
piétons. L’encadrement est caractéristique des modèles constructifs des XVIe
et XVIIe siècles, avec un à arc surbaissé en pierre de taille (marbre rose
de Villefranche-de-Conflent). Cependant, il fut reconstitué dans les années
1990 par les propriétaires actuels, qui ont pu récupérer les pierres
d’origines, retrouvées dans les remblais de la cour. Cette entrée
constituait à l’origine l’accès primitif du château, comme l’atteste la
présence d’une bretèche en moellons de granit et à corbeaux ouvragés, situé
au troisième niveau. Cet élément permettait de défendre l’entrée, qui était
accompagnée d’un pont-levis. En effet, la niche quadrangulaire située
au-dessus de la porte, aurait abrité le dispositif de cet ouvrage défensif.
En façade Est, les ouvertures quadrangulaires sont axées aux dimensions
décroissantes vers le haut, et ont pour la plupart remplacées d’anciennes
baies. Des restes d’anciens encadrements à linteau droit en pierre de taille
subsistent, notamment au premier étage. Les baies des deux derniers niveaux
devaient former à l’origine une unique ouverture, comme l’atteste la
présence de jambages en pierres de granit. La plupart des baies sont dotées
de volets en bois, dont celles du premier niveau sont accompagnées de
balconnets en fonte. Au dernier niveau, les petites ouvertures carrées se
réfèrent certainement à d’anciens combles, aménagés après la construction du
château. La façade Sud aux dimensions plus réduites que la précédente,
dispose de trois travées de baies axées sur cinq niveaux (sous-sol, trois
niveaux supérieurs et combles). Elle conserve en partie médiane, une rangée
de cinq meurtrières, de même type que celles situées en façade Ouest. Le
soubassement correspondant à l’angle Sud-Ouest d’une ancienne tour, est
construit sur une base talutée, qui permet de renforcer le caractère
défensif du bâti. Cette base comprend des gros blocs de granit, disposés de
manière régulière et comblés entre eux par des cailloutis. Tout comme la
façade Est, les ouvertures ont été remaniées avec l’ajout de volets bois,
malgré la conservation de certains encadrements d’origine en pierre de
taille. En effet, l’une des baies garde un linteau droit et des jambages en
granit d’origine, ainsi qu’une base moulurée en marbre blanc et granit.
La cour développée à l’arrière du château, donne également accès à un corps
de bâti situé contre le chœur de l’église. Ces différentes parties du
château sont projetées sur le cadastre de 1811, dont la disposition est
identique à l’implantation actuelle. Par ailleurs, le second cimetière de
Molitg est situé à l’arrière de la cour. La période d’aménagement du
cimetière est complexe à identifier, étant donné qu’il n’est pas mentionné
sur le cadastre napoléonien. Toutefois, les plus anciennes tombes
identifiées datent de 1866, 1895, 1881 et 1871 et permettent de situer
approximativement la construction du lieu à la fin du 19e siècle. Comme la
plupart des autres villages ruraux, le cimetière a par la suite été déplacé
à la périphérie en 1949, au niveau de l’extension urbaine Sud (lieu-dit Las
Arenes). L’entrée principale du château permet d’accéder à la cour
intérieure, qui dessert actuellement les logements loués. Un vestibule
d’entrée s’ouvre sur la cour par une large voûte brisée, certainement datée
du XVIIe siècle. Au niveau de ce vestibule, une porte murée conserve un
encadrement en plein cintre, à claveaux constitués de grands blocs en pierre
de taille (granit). Il s’agit d’un accès qui permettait de relier le château
et l’église, à partir d’une crypte souterraine. En effet, des investigations
archéologiques menées à la fin du XXe siècle, ont permis de mettre au jour
cet espace, qui abrite très certainement les dépouilles de la seigneurie
locale.
Depuis la cour, il est possible d’observer les restes de l’entrée primitive
de l’église (Sud), matérialisés par un piédroit en pierre de taille, ainsi
que la façade méridionale de la sacristie. Celle-ci s’ouvrait également sur
la cour, grâce à une porte actuellement condamnée. Les vestiges de l’ancien
chemin de ronde (XIIe siècle ) sont visibles au niveau des murs intérieurs
Sud et Ouest, tout comme les meurtrières développées au-dessus des trous de
boulins. En partie basse, la maçonnerie est constituée de grands blocs de
granit disposés en assises régulières, liés par un mortier de hourdage en
terre. Elle contraste avec la partie supérieure qui présente un remaniement
postérieur. L’intérieur de la tour semi-circulaire Sud-Ouest comprend une
cheminée, aménagée postérieurement à la construction de l’édifice.
Toutefois, la cheminée est surmontée d’un arc en plein cintre à deux rangs
de pierres posées de champ, probablement d’origine. De plus, malgré l’ajout
de cayrous en couronnement de l’ancienne tour, des éléments médiévaux sont
conservés, dont une porte étroite à claveaux de granit et une canonnière
circulaire (orifice de tir d’armes à feux). L'enceinte Sud a en partie été
arasée au 20e siècle, afin d’apporter de la lumière aux espaces clos. C’est
également le cas de la tour Sud-Est, dont il ne subsiste actuellement qu’un
départ de mur. En façade Ouest, toutes les baies ont été remaniées et ne
conservent aucun encadrement d’origine, contrairement à la façade Est. La
volumétrie du bâti a cependant été conservé, notamment le corps central
positionné en saillie par rapport aux ailes latérales.
Trois niveaux d’habitation sont visibles en façade, ainsi qu’un sous-sol. Le
prolongement Nord de la façade est formé d’un seul niveau, voûté en arc
brisé (actuelle entrée d’un logement locatif). L’intrados du voûtement se
distingue par le positionnement des moellons de pierres sèches, posées de
champ. Le premier étage accessible par un escalier droit à marches en
granit, dessert un long couloir aux dimensions relativement réduites. Lors
de travaux réalisés dans les années 1990, une porte à claveaux de granit
terminé par un arc en plein cintre et outrepassé, a été mise au jour. Cette
entrée est certainement d’époque médiévale et constitue un vestige essentiel
d’un point de vue architecturale. Un second escalier à deux volées dessert
le deuxième niveau, qui conserve un plafond bois à poutre muralière et
corbeaux taillés en tête-de-chat d’origine. Ce niveau comprend par ailleurs
les vestiges d’une ancienne meurtrière, percée dans le mur Sud. Enfin,
toutes les toitures du château actuellement en double pente, étaient à
l’origine couvertes de lloses. L’ensemble a été repris dans les années 1995,
avec la suppression de la lause au profit de la tuile canal. En contrebas du
château se trouvait un ancien puits, qui avait été recouvert d’une meule de
moulin en granit. Celle-ci, située actuellement à l’angle de la Rambla Pau
Casals et de la D14A, est gravée de croix sur la face arrière
(identification de l’ancien meunier de Molitg). (1)
château de Molitg, place Major, 66500 Molitg-les-Bains, tel. 06 03 26 56 51
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source des photos :
https://inventaire.patrimoine.occitaniefr
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