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Vers
1068, Bernard-Pierre et son fils Pierre-Bernard de Domanova font serment de
fidélité pour le castellum. En 1094/1095, le castrum Rotenis est légué par
le comte Guillem-Ramon de Cerdagne à son fils aîné Guillem-Jorda, avec ceux
de Puigcerda (Mons Cerda), Eus (Ylice), Paracolls, Saint-Etienne de Clara,
Saint-Martin de Casteils, Llo (Afloni), Miralles, Queralt, Lordat,
Aix-les-Termes (Ags), Usson (So). En 1109/1117, le serment de fidélité est
renouvelé par Pierre-Bernard de Domanova. En 1225, Nunyo-Sanche,
comte-régent du Roussillon, confirme la possession du château à Ramon de
Canet, fils de Cerdana de Rodès. En 1276, le roi de Majorque confirme à
Guillem de Canet les juridictions sur les lieux de Canet, Villeneuve-de-Raho,
Calce, Rodès, Fulla et Mosset. Vers 1320, le château de Rodès (et ceux de la
Roca de Villech, Lio et Rupidera) est cédé au roi Sanche par Guillem de
Canet. En 1322, les sires de Pinos vendent à Sanche de Majorque leurs droits
sur Rodès. En 1346, la garnison se compose d’un châtelain et deux sergents.
En 1359, le damoiseau Ramon de Perellos est nommé châtelain de Rodès par le
roi Pierre IV d'Aragon (en remplacement de Pierre de Millars), avec un
salaire de 500 sols par an pour lui et sa garnison, soit deux sergents. En
1362, le roi ajoute 30 livres à son salaire de châtelain, qui est de 40
livres, à la condition d'entretenir un sergent de plus pour la garde du
château. En 1369, le castell ou casteyl de Rodès est mentionné dans
l'inventaire royal de Pierre IV.
A cette date château semble en assez mauvais état: il faut couvrir le toit
de la salle, remettre des lauzes sur la chapelle, refaire des murs et des
voûtes et revoir à la chaux les enceintes, couvrir le poste de guet de la
tour, réparer la citerne qui fuit; il est aussi très pauvrement meublé.
L'armement se compose de 3 cuirasses, 4 gorgerins de mailles, 3 chapels de
fer, un chapel de bois, 6 heaumes de bois avec face de fer, 9 pavois aux
armes du roi, 10 écus garnis de cuir (dont 3 sont cassés), 2 arbalètes à
tour (balesta de torn) et 2 tours, 3 arbalètes à croc ou pied-de-biche dont
1 cassée, et 3 crocs, 8 arbalètes à étrier (balesta d'estrep) dont 4 en
mauvais état, 1338 flèches pour arbalète à étrier et 97 flèches pour
arbalète à tour. On ordonne de le compléter avec 5 cuirasses, 6 gorgières de
mailles, 2 chapels de fer, 6 arbalètes à étrier, une caisse de flèches; il
est donc prévu pour une garnison d'une dizaine d'hommes. En 1369, le roi
concède au seigneur Ramon de Perellos (Peyrellons) pour lui et ses
successeurs la fonction de châtelain du château et fortalicia de Rodès, avec
100 livres de salaire par an à prendre sur les revenus royaux de Rodès et de
Rupidera, à la condition que, si son successeur était une femme ou un
mineur, il y serait nommé un bon châtelain sur l’avis du roi. Mais au moment
de l’inventaire, le châtelain Ramon de Perellos n'est pas là; il est un
bénéficiaire de fiefs et revenus et ne réside pas: il est représenté par
l'écuyer Pierre d’Estoer, un sous-châtelain à portion congrue. En 1376, le
même Ramon est nommé gouverneur de Roussillon et Cerdagne. En mai 1393, le
roi d’Aragon Jean 1er vend en franc-alleu les châteaux de Lio et Rodès à
Ramon de Perellos, vicomte de Roda, pour 20 mille sols barcelonais.
Château fort construit au XIVe siècle, dominant la rive droite (méridionale)
de la Têt. A l’extrémité d’une crête sommitale granitique, isolée par un
fossé, grande et haute enceinte oblongue particulièrement conservée sur les
fronts nord et est. L'appareil est en tout-venant avec des séries de pierres
obliques. Elle est défendue sur plusieurs rangs de courtes meurtrières assez
rapprochées, certaines avec étrier. Le parapet (non crénelé) est également
percé de meurtrières assez serrées. Certaines fentes ont des montants
monolithes (dalles de schiste) posés sur chant. Le grand mur rectiligne sur
le front d’attaque, habillant partiellement le rocher, peut être considéré
comme étant un "mur-bouclier". Au nord, une poterne donne vers la rivière.
Sur les fronts sud et ouest, on remarque un logis composé de deux salles
voûtées superposées éventrées. L'essentiel de ce qui est conservé ne semble
pas antérieur au milieu du XIVe et en tout cas a été remanié et repercé à la
fin du XIVe ou au début du XVe siècle. (1)
château fort de Rodès 66320 Rodès, accès à pied, visite libre.
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