|
Les vestiges archéologiques découverts sur le site
de Paracolls lors de fouilles menées en 1989 en une seule campagne et
plusieurs sondages, révèlent une occupation ancienne du lieu, très
certainement dès l’époque préhistorique. En effet, plusieurs cupules sont
présentes au niveau du socle granitique sur lequel le donjon est taillé,
ainsi qu’une grande pierre plate à cupules sur le flanc Est, appuyée contre
la paroi rocheuse et servant d’abri. Cette pierre pourrait avoir servi de
table d’un dolmen, qui aurait pu se trouver à l’emplacement des vestiges du
château. L’occupation antique est également attestée, notamment avec la
découverte d’un fragment de sigillée sud-gauloise. De plus, une colonne à
chapiteau conservée à l’intérieur de l’enceinte et actuellement visible,
serait probablement de facture romaine, comme l’atteste l’archéologue Pierre
Alessandri, alors en charge des fouilles menées au XXe siècle. Les sondages
entrepris à cette époque ont également permis de mettre au jour des vestiges
des XIVe et XVe siècles, dont la présence d’un denier de billon du Comte du
Roussillon, Jean II, frappé entre 1458 et 1475.
Mentionné pour la première fois en 948 sous la dénomination "castrum
paracolis", le château de Paracolls constitue l’un des plus anciens
ensembles castraux répertoriés dans les Pyrénées-Orientales. Un
réaménagement du château semble avoir été effectué au XIe siècle, sous la
descendance de Guifred, comte de Cerdagne entre 1036 et 1095. En 1094, le
castrum de Paracolls est mentionné dans le testament de Guillaume-Raymond,
comte de Cerdagne, afin d’être légué à son fils du nom de Guillaume-Jordà.
Les sources historiques identifient dès 1102 la famille de Paracolls en tant
que vassale du comte de Cerdagne, qui conserve le château éponyme jusqu’en
1250. Pour autant, le nom est gardé dans la toponymie locale, comme
l’atteste la mention en 1260 du lieu de "Paracollibus". La chapelle castrale
dédiée à Saint-Pierre mentionnée seulement en 1299, est implantée en retrait
du château. Malgré l’absence de données historiques antérieures au XIIIe
siècle, les relevés architecturaux effectués sur l’édifice en 1989
permettent d’identifier un style bien particulier, relatif au roman lombard
tardif du XIe siècle.
Les ruines du château ainsi que de la chapelle Saint-Pierre sont localisées
sur un piton rocheux, dominant l’établissement thermal de Molitg-les-Bains
ainsi que la rive droite du cours de la Castellane. Son accès s’effectue en
empruntant une bifurcation de l’ancien chemin qui reliait Campôme à Ria,
comme l’indique le cadastre napoléonien. Le château est compris dans un
vaste réseau de tours à signaux et de châteaux castraux, dont ceux de
Molitg-les-Bains et de Mosset. Toute la vallée de la Castellane jusqu’au Col
de Jau, pouvait ainsi être surveillée. L’ensemble castral comprend les
vestiges de trois enceintes de protection. Celle située dans la partie
inférieure correspondant à l’enceinte basse, conserve des meurtrières
aménagées dans un mur en pierres sèches de faible hauteur. L’enceinte
intermédiaire de forme polygonale, abrite des vestiges de bâtiments accolés,
qui pourraient correspondre à d’anciennes habitations. Elle se distingue par
un appareil constitué de blocs de granit et schiste équarris, disposés en
assises plus ou moins régulières.
Également percée de meurtrières, l’enceinte délimite très certainement
l’ancien habitat qui s’était développé en contrebas du castrum. En effet,
plusieurs murettes sont encore apparentes contre le parement intérieur.
Selon l’archéologue Anny de Pous, les meurtrières du parement conservé se
rapportent à un type archaïque, qui permet de dater le mur du XIe siècle au
plus tard. Un mur au tracé polygonal correspondant à la troisième enceinte,
est défendue par plusieurs meurtrières canonnières, reconnaissables par leur
ouverture circulaire. L’entrée à l’intérieur du château s’effectue au niveau
du rempart Est, par une sorte de vestibule voûté en plein cintre. Son
encadrement extérieur est formé par un arc clavé en granit, constitué de
pierres d’écartement en schiste. L’intérieur du vestibule comprend un départ
de voûte, matérialisé par quatre blocs de granit et de gneiss, liés à du
mortier de ciment. Il donne accès à un bâtiment quadrangulaire, dont
l’ouverture principale est similaire à l’entrée Est. En effet, l’encadrement
est en blocs de granit équarris, avec des bas-côtés en pierres de taille.
L’intrados du voûtement intérieur se distingue par le positionnement des
moellons de pierres sèches, posées de champ. Face à ce bâtiment se trouve
les vestiges d’une citerne de forme quadrangulaire, qui se distingue par la
présence de lambeaux de mortier de tuileau, constitués de résidu de broyage
de briques ou de tuiles. La voûte extérieure de la citerne qui se prolonge
jusqu’à l’entrée Est du castrum, est rampante pour s’adapter à la déclivité
du terrain.
Au sein de l’enceinte haute se trouve une colonne en granit surmontée d’un
chapiteau, d’une hauteur de 1,32 m, dont la fonction est actuellement
difficile à identifier. La facture semble en effet plus ancienne que les
principaux vestiges du château (Xe - XIe siècles). Par ailleurs, le
chapiteau est orné de motifs géométriques ainsi que d’une représentation
humaine complexe à distinguer. Les parties les plus abruptes du castrum sont
constituées d’une plate-forme entourée par un mur polygonal, ainsi que d’un
donjon de plan trapézoïdal, dont il subsiste encore quelques pans de murs
liés à du mortier de ciment. Localisée sur un éperon rocheux au Nord du
château, la chapelle dédiée à saint Pierre constitue l’une des parties les
mieux conservées de l’ensemble castral. Il s’agit d’un édifice de petite
taille orienté à l’Est, comportant une partie de sa nef unique couverte d’un
berceau continu et terminée par une abside semi-circulaire en cul-de-four.
L’entrée s’effectuait dans le mur Sud, comme l’atteste les restes de
l’encadrement de porte en pierre de granit. Le pilier intérieur droit
actuellement conservé, comprend de grands blocs en pierre de taille, dont
l’un en marbre rose provient certainement d’un réemploi. De manière
générale, la maçonnerie de la chapelle est constituée de murs en granit pris
sur place, avec des moellons cassés au marteau pour les parements et des
blocs équarris pour les chaînes d’angle. (1)
château de Paracolls 66500 Molitg-les-Bains (Campôme), vestiges, coordonnées GPS :
42.640303 N, 2.389467 E, accès à pied, visite libre.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous.
Crédit photos : Alan Mattingly sous licence Creative
Commons
A voir sur cette page "châteaux
des Pyrénées-Orientales" tous les châteaux recensés
dans ce département. |
|