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En 1272, lors de la création du royaume de Majorque
(qui comprend aussi le Roussillon et la seigneurie de Montpellier),
Perpignan en devient la capitale. Dès 1274, la construction d’un château
royal est en cours sur un site neuf. Vers 1285, pendant la guerre contre
Aragon, le roi de Majorque réside à Perpignan; le château est en chantier,
le donjon est dressé mais les étages du logis ne sont pas encore réalisés.
Jacques II, qui subit l’assaut dans une chambre du rez-de-chaussée, dut
s’enfuir par l'égout des latrines. Entre 1295 et 1311, le programme du
château reprend; la maçonnerie de cette deuxième campagne se reconnaît parce
que les galets ont des chaînages horizontaux en briques. Le dernier roi de
Majorque fait réaliser notamment les tours dites "du roi" et "de la reine".
Après 1346 et la disparition du royaume de Majorque, le roi d’Aragon
poursuit la construction et ajoute plusieurs tours. En 1356, il élève la
galerie dite "du Paradis" et en 1368 la loggia du vestibule. En 1408, le
château sert de refuge à l’antipape Benoît XIII, après son départ d'Avignon.
Entre 1475 et 1483, Louis XI fait agrandir le palais d’une nouvelle enceinte
entourant une cour vers le sud (il n’en reste rien de visible). En
1535-1538, Charles-Quint fait réaliser un front à deux bastions côté
campagne. De 1564 à 1577, son fils Philippe II fait incorporer cette
fortification dans une citadelle en briques par les deux ingénieurs milanais
Giambattista Calvi et Giorgio Setara. En 1642, le château est assiégé et
endommagé. À partir de 1669, de nouvelles transformations absorbent les
parties du XVIe siècle qui avaient été endommagées pendant le siège. Après
1681, ce fort est renforcé selon les plans de Vauban; son esplanade est
élargie pour recevoir des casernes. En 1840, le Génie y fait des
modifications. Le monument a été acquis et restauré par le Conseil Général
des Pyrénées-Orientales.
Château-Palais royal de Perpinya, à partir de 1274, en limite méridionale de
la ville. Le noyau le plus ancien est une enceinte quadrangulaire, flanquée
de tours carrées aux angles et au milieu des côtés; son appareil est en
galets posés en épis. Elle est percée de hautes archères à la base. Le
donjon ou "Tour de l’'Hommage" est un donjon-porte, saillant au milieu de la
face ouest, dressé (au moins pour la partie basse) vers 1276-1285. A la
base, il est appareillé en marbre de Baixas; l’étage est en galets à
chaînages d'angle en marbre. La porte en plein-cintre à claveaux extradossés
est surmontée de deux hautes archères, de même type que celles percées sur
les faces flanquantes. Elle est précédée d’une petite barbacane accolée. Le
roi Jacques II fait ajouter les tours de flanquement en briques entre 1324
et 1344 (aux angles et au milieu des côtés sud et nord). Au XVe siècle, le
socle est revêtu d’un talus très prononcé. Autour de la cour intérieure sont
disposés quatre corps de bâtiments. Les murs sont en galets roulés (chaînés
horizontalement de briques après 1300). Les baies géminées en plein-cintre
sont en calcaire. Le bâtiment au fond de la cour est un logis royal
distribué autour de la chapelle castrale et précédé d’un portique, une
galerie d’arcades sur deux niveaux; sa partie basse date d’avant 1285, son
étage de 1309. A droite étaient les appartements de la reine, à gauche ceux
du roi; dans ces derniers se trouvent une "salle royale" décorée d’écus
peints et surmontée d’une terrasse, une chambre du Conseil et une salle à
manger.
Les ailes sud et nord auraient été bâties entre 1300 et 1311; mais ni les
fenêtres (dont les embrasures sont pour certaines sous arcs brisés, pour
d’autres sous arcs surbaissés), ni les moulures ne sont homogènes; certaines
parties doivent être attribuées à une période voisine du milieu du XIVe
siècle. L'aile sud (à droite) abritait les cuisines au rez-de-chaussée; on
accède à la salle d'étage par un escalier en vis épargné dans le mur. À
l'étage, la "salle de Majorque" est la grande aula d'apparat destinée aux
réceptions et aux fêtes. Elle est couverte d’une charpente apparente sur
arcs diaphragmes. Elle est éclairée par de hautes fenêtres à coussièges et
chauffée par une grande cheminée. Les salles conservent des restes de
peintures murales. La plupart des baies anciennes utilisent le plein-cintre
à claveaux extradossés. Fenêtres et portes possèdent des montants soulignés
par des tores naissant de bases débordantes sur des socles polygonaux et qui
sont interrompus par des chapiteaux étirés; les colonnettes des fenêtres
géminées sont traitées à l'identique des montants. Seule la fenêtre en arc
brisé de la chapelle possède un remplage. Côté salle, les embrasures des
fenêtres sont aussi cernées de tores naissant de feuillages. Les coussièges
sont également soulignés par des tores. Les montants des cheminées sont
adoucis par de larges chanfreins dont le passage vers le congé est
surmouluré. Les bâtiments occupant le côté de l'entrée, à l’ouest, sont
réservés à l’administration, la justice et aux réceptions d’apparat. Là se
trouvait le trône dans une salle d'audience. L’étage communique avec la
"Tour de l’Hommage".
La chapelle palatine est un édifice à deux niveaux, voûtés d’ogives, dont le
chevet forme tour saillante au milieu du côté oriental. Il est élevé entre
1295 et 1309. La chapelle basse est dédiée à sainte Marie- Madeleine, la
haute à la Sainte Croix. Elles étaient desservies par un Collège de
chanoines. Le portail en marbres rose et blanc est en style roman attardé;
les chapiteaux sont étirés, mais les sculptures et les rinceaux
appartiennent à une grammaire romane; les bases des colonnettes débordent
sur des stylobates polygonaux à moulures de retrait. La façade présente un
décor de bandes alternées rose et blanc très italianisant. En ce qui
concerne la fortification moderne, l’avancée du XVIe siècle, reliée à la
nouvelle enceinte de la ville, est composée de deux bastions. Le bastion
Sant-Antonio est réalisé en 1536. Son appareil est de galets en épis, chaque
lit posé sur un lit de brique. Son plan est en forme d’as de pique (à
orillons arrondis) et il est haut d’une douzaine de mètres. Le Fort
entourant le château est une enceinte hexagonale avec à chaque angle un
bastion à orillons de tracé angulaire; les courtines étaient couvertes entre
chaque bastion par des demi-lunes triangulaires (disparues). Elle enveloppe
le front bastionné du XVIe siècle. La porte extérieure date de 1577. Au XIIe
siècle, une même enceinte regroupait le palais du comte, des résidences de
clercs, la collégiale Saint-Jean-le-Vieux (maintenant la Cathédrale). En
1152, cette résidence (sala) est dite "vieille" (vetula). (1)
Éléments protégés MH : la porte de 1577 qui donne entrée dans la citadelle
(façade extérieure seulement) ; l'ancien palais des Rois de Majorque et
d'Aragon sis dans l'enceinte de la citadelle comprenant : les fossés, la
tour d'accès, la chapelle (intérieurement et extérieurement) avec son
campanile, les quatre façades sur la cour avec leurs galeries et leurs
escaliers : classement par liste de 1875, délimité par arrêté du 20 août
1913. L'ensemble de la citadelle, à l'exception des parties classées :
inscription par arrêté du 5 juillet 1935.
château de Perpignan, rue des Archers, 66000 Perpignan, tel. 04 68 34 48 29,
ouvert au public toute l'année sauf les 1er janvier, 1er novembre et 25
décembre
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