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L’édifice, qui constituait la résidence d’été des
comtes de Cerdagne, n’apparaît dans les sources historiques qu’à partir de
1047. Un plaid se tient alors en ce lieu (in palatio Corneliani), en
présence de Guifred, comte de Cerdagne "et de toute sa cohorte", du vicomte
de Cerdagne et de l’abbé de Cuxa. En 1356, Pierre IV d’Aragon cède le palais
"en ruines", alors propriété du fisc, au prieur de Corneilla-de-Conflent du
nom de Jaubert de Toufailles, afin d’y installer la communauté de chanoines.
En 1374, ce même prieur prend diverses mesures pour adapter le palais à sa
nouvelle destination. Les années passent et l’édifice reste encore en état
de ruine, comme l’atteste un document de 1389 évoquant le souhait de
transférer le prieuré au palais. Il s’agit en réalité de l’installation
physique du prieur, décrite dans un acte de 1619. Afin de faciliter l’accès
au palais et aux bâtiments de la communauté, le roi Jean d’Aragon prit la
décision en 1389 de supprimer le chemin royal qui menait alors à Fillols,
afin d’aménager un accès de substitution en contrebas de l’église. Cette
décision n’a finalement pas été prise, en raison de la construction du
second cloître contre le mur méridional de l’église. Par le même temps,
l’ancien palais royal se dote de nouveaux espaces, tels que des caves,
greniers et celliers pour l’usage de la communauté. Aussi, un viaduc arqué
en maçonnerie fut construit au-dessus de l’actuelle route D47, pour établir
une communication directe entre le château et les bâtiments des chanoines,
sans être obligé de se mêler au peuple. En 1790, les agriculteurs de
Corneilla trouvant que ce pont gênait le passage des charrettes chargées de
foin, se présentent pour le démolir, tandis que le priseur M. de Montferrer
sortit, dit-on, armé d’un pistolet pour les en empêcher.
Le château comprenait une chapelle dédiée à sainte Marie, dont les vestiges
sont toujours existants. Selon l’archéologue et historienne Anny de Pous,
elle serait datée du XIe siècle. Des restaurations vont être apportées au
XIIIe siècle sous l’impulsion de Nunyo Sanche, alors comte de Cerdagne et de
Roussillon. En effet, ce dernier évoque dans un texte de 1217 sa volonté de
restaurer "une chapelle que jadis ses prédécesseurs les comtes de Cerdagne
construisirent dans le palais de Corneilla de Conflent". Divers revenus ont
également été attribués à la chapelle. Désaffecté, l’édifice est aujourd’hui
intégré dans une habitation. Plusieurs remaniements ont été effectués au
cours du temps, notamment l’insertion de fenêtres à croisée de style
renaissance et la suppression en face nord des fenêtres à bandeau plat.
Entre 1990 et 1991, la commune de Corneilla-de-Conflent achète une partie du
château auprès des anciens propriétaires M. et Mme Despakuis de
Vernet-les-Bains, transformée par la suite en gîte communal. La municipalité
vient tout juste d’acheter le corps de bâtiment situé dans la parcelle
voisine. Ces deux parties du château conservent par ailleurs une cheminée
d’origine; des investigations complémentaires mériteraient d’être réalisées.
Il s’agit à l’origine d’un vaste bâtiment de plan rectangulaire, formé
autour d’une cour développée à l’est. Encore existante, la cour est
délimitée à l’angle nord-ouest par une tour cylindrique à trois niveaux. Le
deuxième est accessible depuis la cour par un escalier métallique et
comprend une ouverture outrepassée, tandis que le dernier est percé d’une
large embrasure disposée pour un tir oblique destinée à de petites pièces
d’artillerie. La partie supérieure est terminée par un crénelage
reconstitué, avec plateforme portant le drapeau catalan. L’ensemble de la
tour est maçonné en galets de rivière disposés pour certains en opus
spicatum, moellons de granit et marbre liés à un abondant mortier de chaux.
Des trous de boulins sont encore visibles en face nord. Selon Marcel Durliat,
une bonne partie de la tour remonte aux XIe et XIIe siècles. Certains joints
tracés en creux pourraient correspondre à cette période. Aussi, des
remaniements ont été apportés dans le courant du XIVe siècle, témoins de
l’influence de la royauté majorquine. L’ancienne courtine nord-est également
restaurée, dispose d’un appareil identique à la tour. Trois ouvertures ont
été pratiquées dans le mur, dont une petite porte à linteau droit en bois
ainsi qu’une large baie à arc surbaissé, avec pierres posées de chant au
niveau du linteau et pierres de taille (marbre rose et granit) pour les
jambages. La partie de la cour est précédée d’une grande entrée en bois
clouté, à piédroits en pierre de taille. Un bloc en marbre rose portant une
croix sculptée est vraisemblablement un réemploi d’une construction plus
ancienne. (1)
Éléments protégés MH : la tour ronde : inscription par arrêté du 8 mai 1973.
château des Comtes de Conflent Cerdagne 66820 Corneilla-de-Conflent,
propriété privée, ne se visite pas, visible de l’extérieur.
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