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Château de Châtillon d'Azergues à Chatillon
 
 

         Châtillon d'Azergues ne fut sans doute, à l'origine, qu'un poste fortifié d'une importance secondaire. Son nom même Castellio, châtillon, simple diminutif de castellum (château) nous indique que le château primitif de Châtillon fut loin d'avoir la force et l'étendue de celui que nous. L'opinion de ceux qui pensent que le château actuel a succédé à un ancien poste romain n'a même rien d'invraisemblable, les diverses dénominations rapportées ci-dessus servent aussi bien à désigner l'emplacement d'un camp romain qu'un château féodal. Au surplus, il n'est pas douteux que Châtillon n'ait été fortifié dès les premiers temps de la féodalité. Sa forte position sur un promontoire de rochers, qui commande à la fois les deux vallées de l'Azergues et d'Alix, dut faire choisir de bonne heure ce lieu par les rudes batailleurs des Xe et XIe siècles pour y élever une forteresse. Mais l'obscurité la plus complète existe sur le fondateur du château actuel et sur ses premiers possesseurs. Pourtant, comme à cette époque le seigneur féodal empruntait à son fief le nom patronymique qu'il transmettait à sa postérité, et que, dès les temps les plus reculés, nous trouvons une famille de Châtillon possessionnée dans nos contrées et notamment aux Chères, à Lissieu, à Anse, et à Quincieu, nous pouvons dire, avec toutes les vraisemblances désirables, que c'est à elle que notre vieux manoir dut sa fondation. Il est vrai qu'il faut se garder de confondre, comme on l'a fait quelquefois, les seigneurs de Châtillon les Dombes avec ceux de Châtillon d'Azergues, qui ne semblent avoir eu entre eux de commun que le nom. Mais s'il n'est point démontré que Bernard et Etienne de Châtillon, qui figurent comme témoins dans une charte de l'an 1080, aient possédé la seigneurie de Châtillon d'Azergues, le fait parait plus probable en ce qui concerne Amblard de Châtillon, qui était possessionné à Essertines en Chatelneuf vers l'an 1100. Enfin, il est bien difficile de ne pas croire que Guillaume Rainier de Châtillon, qui vivait en 1121, était seigneur de Châtillon d'Azergues, alors que nous le voyons cette même année 1121, signer une charte avec Pierre de Bully, possesseur d'une seigneurie limitrophe. Et il en est de même de Dalmace de Châtillon, témoin dans un acte de l'an 1160, avec Guichard d'Oingt. On peut affirmer, avec toute la certitude, que Châtillon d'Azergues fut possédé, aux XIe et XIIe siècles, par une famille chevaleresque qui lui emprunta son nom, et dont les documents de l'époque ne nous ont conservé aucun autre souvenir.
La première mention faite dans nos annales du château de Châtillon se trouve dans le traité de 1173, par lequel l'archevêque de Lyon et le comte de Forez fixèrent les limites de leurs domaines respectifs: "Sur la rive droite de la Saône, porte ce document, le comte cède à l'archevêque le château de Châtillon (Castellionis) et tout ce qui est renfermé dans ce château et son mandement, pour lequel le seigneur dudit château doit fidélité et hommage lige". C'est ainsi que Châtillon fut compris dans la province du Lyonnais et placé sous la suzeraineté de l'Église de Lyon. Mais la période historique ne s'ouvre pour les seigneurs de Châtillon d'Azergues qu'au commencement du XIIIe siècle. A cette époque la famille de Châtillon a disparu et la seigneurie du lieu a passé à la maison d'Oingt qui possédait depuis l'époque la plus reculée le vieux bourg de ce nom, auquel nos historiens donnent une origine romaine; famille illustre qui apparaît dans notre histoire dès le commencement du XIe siècle et qui donna des chanoines à l'Église de Lyon, des moines à l'Ile Barbe et à Savigny et se montra toujours dévouée aux intérêts de cette dernière abbaye. Le premier représentant de cette famille que nous trouvons en possession de Châtillon d'Azergues, est Guichard d'Oingt, qui vivait en 1217. A cette époque, si une grande partie du sol est aux mains des seigneurs laïques, les églises et les monastères sont loin d'avoir perdu les richesses recueillies pendant le cours des siècles précédents. Ruinées par les croisades lointaines, par la construction des châteaux forts et par les guerres privées, les familles chevaleresques ont souvent recours à des emprunts pour lesquels nous les voyons engager leurs châteaux et leurs seigneuries. Et alors c'est généralement aux églises que s'adressent les seigneurs féodaux. Il en fut ainsi de Guichard d'Oingt. Ses domaines étaient vastes et nombreux; il était possessionné à Bagnols, à Légny, à Theizé, à Pouilly, à Liergues, à Saint-Véran, à Ternant et à Saint-Marcel l'Éclairé et autres lieux; c'est ainsi que nous le voyons, en 1228, rendre hommage, pour ce dernier fief, à Guy comte de Forez.
Mais cet accroissement de possessions territoriales ne semble guère l'avoir enrichi; il lui fallait fortifier les bourgs et relever les vieilles forteresses des premiers âges de la féodalité; il venait ainsi d'entourer Bagnols d'un mur d'enceinte; peut-être même en avait-il reconstruit le vieux château, et tous ces grands travaux avaient épuisé ses ressources. Aussi dès l'année 1217, le voyons-nous engager son château d'Oiagt à Renaud, archevêque de Lyon, en garantie d'un premier emprunt. Trois ans plus tard le 12 février 1220 il engageait au même prélat, pour une somme de 11.000 sous forts, les fortifications qu'il venait d'élever récemment à Bagnols, et tous les droits qu'il avait au même lieu, ainsi qu'au Bois-d'Oingt et dans la paroisse de Légny. Guichard présenta en outre comme cautions plusieurs représentants de la noblesse chevaleresque de nos provinces. C'étaient Guy de Marchampt, Guy de Marzé, Aymon de Varennes, Pierre de Taney, Dalmace de Saint-Symphorien, Zacharie de Fontanez, Etienne et Pierre de Lanay, Humbert Ayglier, Zacharie Mauvoisin et plusieurs autres. Chacun d'eux s'engagea pour Guichard, jusqu'à concurrence de 300 sous forts. Le testament de Robert II, archevêque de Lyon, du mois de juin 1232, nous apprend que, sous ce prélat, Guichard avait pu rembourser 1.000 livres sur l'engagement du château d'Oingt, mais dans l'intervalle il avait engagé Châtillon à l'Eglise de Lyon pour le prêt d'une somme de cent livres que l'archevêque Robert légua à son successeur. Tel est le premier document qui nous montre Châtillon d'Azergues en possession des seigneurs d'Oingt. Guichard laissa deux fils Guichard et Etienne. Guichard l'aîné hérita de la terre d'Oingt. Etienne fut seigneur de Bagnols, de Châtillon d'Azergues et autres lieux. Il paraît même avoir été en possession de ces terres dès l'année 1247. Mais il ne posséda jamais que la moitié de la seigneurie de Châtillon. Dès cette époque, et jusqu'à la fin du XVe siècle, cette seigneurie fut divisée en deux parties, et nous aurons à rechercher quels furent pendant cette période de deux siècles les divers co-seigneurs de ce fief. Il nous suffit de savoir présentement qu'au milieu du XIIIe siècle l'autre moitié de Châtillon était aux mains d'André d'Albon, seigneur de Curis.
Etienne d'Oingt nous est surtout connu par là charte de franchises qu'il accorda, avec le consentement et l'approbation do son frère Guichard d'Oingt, aux habitants de la seigneurie de Châtillon, le 1er avril 1260. Depuis quelques mois seulement, Villefranche venait de recevoir sa charte de libertés communales. Le mouvement général des esprits, l'exemple donné par un puissant voisin, enfin même son propre intérêt puisqu'il s'agissait de retenir les habitants de ses domaines, et qu'il se fit payer une somme de 300 livres viennoises, tout portait le seigneur de Châtillon à libérer ses vassaux des droits onéreux que faisait peser sur eux le joug féodal. Après en avoir délibéré avec ses amis, Etienne d'Oingt les affranchit donc à l'avenir du droit de taille ou complainte, des taxes arbitraires appelées extorsions et exactions, des corvées, même de celles qui se bornaient à un seul jour de travail, et des reconnaissances dues lors du changement du seigneur ou pour toute transmission de biens d'un père à ses enfants ou de ces derniers à leurs ascendants. Il renonça pareillement aux droits de banvin et de péage sur le vin. La charte de Châtillon d'Azergues, retrouvée aux archives de la Cour impériale par M. Vital de Valous, est précieuse, non seulement parce qu'elle est la seule charte concédée au moyen âge, dans la province du Lyonnais, dont nous possédions le texte complet, mais encore parce qu'elle nous indique l'étendue de la seigneurie de Châtillon, au milieu du XIIIe siècle. Cette seigneurie comprenait à la fois les paroisses de Saint-Jean et de Saint-Barthélemy de Châtillon, de Chessy, du Breuil, de Sarsay, de Dorieux, de Belmont, de Charnay, etc. Il est probable qu'Etienne d'Oingt ne vit point son exemple suivi par le seigneur de l'autre moitié de Châtillon. Car si ce dernier eût accordé les mêmes franchises à ses vassaux, les habitants de Châtillon n'eussent point négligé de faire transcrire aussi cette seconde charte sur les registres de la sénéchaussée de Lyon.
Un hommage rendu, en 1272, par Etienne de Varennes à l'abbé de l'Ile Barbe, nous apprend qu'Etienne d'Oingt vivait encore à cette date. Mais sa mort est antérieure a l'année 1284. L'ancienneté de sa famille et l'importance de ses possessions lui avaient fait contracter une illustre alliance, il avait épousé Artaude de Roussillon, fille d'Artaud, quatrième du nom, seigneur de Roussillon, et d'Artaude, fille de Guy IV, comte de Forez, qui lui donna sept enfants. Etienne d'Oingt laissa, en mourant, à sa veuve l'usufruit des terres et seigneuries de Châtillon, Bagnols, Saint-Forgeux et Saint-Romain de Popey. Ses enfants étaient fort jeunes encore, et leur âge les livrait sans défense aux agressions violentes d'injustes voisins. Mais ils trouvèrent un puissant protecteur dans leur cousin Artaud V de Roussillon-Annonay, fils de Guillaume de Roussillon et de Béatrix de la Tour, qui possédait dans nos contrées les seigneuries de Riverie, de Dargoire et de Châteauneuf. Pour mieux assurer sans doute l'efficacité d'un tel appui, mais en apparence pour le récompenser des services qu'il leur avait rendus, les filles d'Etienne d'Oingt, nommées Marguerite, Éléonore, Guiburge, Clémence et Élisabeth, firent don à Artaud, par un acte du mois de décembre 1284, de leurs terres et seigneuries de Châtillon d'Azergues, Bagnols, Saint-Forgeux et Saint-Romain de Popey. Cette donation, dont Falque d'Ampuis et Guillaume Malamotha, chevaliers, furent témoins, fut approuvée par Girin de Mazuriaco (de Mizérieux?), leur curateur. L'année suivante, Gilet d'Oingt, fils d'Etienne d'Oingt, suivit l'exemple de ses sœurs. Le 2 novembre 1285, il fit aussi donation à Artaud de Roussillon de tout ce qu'il pouvait posséder à Châtillon d'Azergues, à Bagnols, à Saint-Forgeux, à Saint-Romain de Popey, à Ancy, à Brullioles, ainsi que de la garde de Dorieux, et cela, ajoute l'acte, en considération des bons services qu'Artaud avait rendus au donateur. Gilet d'Oingt mourut jeune et sans laisser de postérité, de même que son frère Guichard. Mais Artaud, qui n'avait reçu ces divers fiefs que pour mieux assurer la protection qu'il avait accordée à ses jeunes parents, ne prit jamais possession de Châtillon d'Azergues, ni le titre de seigneur de cette terre, et il se souvint, en loyal chevalier, de restituer le dépôt qui lui avait été confié, quand les enfants d'Etienne d'Oingt furent en état de se protéger eux-mêmes.
Châtillon d'Azergues, avec les terres de Bagnols, de Saint Forgeux et de Saint-Romain de Popey, dont la veuve d'Etienne d'Oingt avait l'usufruit, formaient la dot de deux de ses filles Marguerite et Eléonore. Au mois de décembre 1288, l'une et l'autre furent fiancées, l'aînée, Marguerite, à Guy d'Albon, et Eléonore à Guillaume d'Albon, tous deux fils d'André d'Albon, chevalier, seigneur de Curis et coseigneur de Châtillon d'Azergues. Désormais la tutelle d'Artaud de Roussillon devenait sans objet. Aussi, dans un acte du 28 décembre 1288, s'empressa-t-il de renoncer, en considération de ce mariage, à la donation qui lui avait été faite. Toutefois, il se réservait de reprendre les biens cédés, au cas où Marguerite et Eléonore ne laisseraient pas d'enfants, en se chargeant d'exécuter leurs dispositions testamentaires qui s'élevaient pour chacune d'elles à la somme de 200 livres viennoises. Cet abandon fait, les deux futures, par un autre acte du même jour, déclarèrent apporter en dot à Guy et à Guil laume d'Albon les terres et seigneuries de Châtillon d'Azergues, de Saint-Forgeux, de Saint-Romain de Popey et en général tous les biens leur provenant de l'héritage paternel, à l'exception toutefois de l'usufruit de la terre de Bagnols qui fut réservé à leur mère. C'est ainsi que Châtillon d'Azergues passa aux mains de la famille d'Albon pour y demeurer pendant près de deux siècles. Au mois de septembre 1307, nous voyons Guillaume d'Albon ratifier, avec ses deux frères, le traité conclu entre le roi Philippe le Bel et l'archevêque de Lyon, Henri de Villars. Guillaume d'Albon vivait encore en 1313, car il fut convoqué, le 2 août 1313, avec plusieurs autres chevaliers, et notamment Guy d'Albon son frère et Jean de Varey, co-seigneur de Châtillon d'Azergues, par Renaud de Sainte-Bonne, chevalier, pour fixer l'étendue du ressort de la sénéchaussée royale de Lyon. A Guillaume succéda son fils aîné, Etienne d'Albon, chevalier. Mais nous ne connaissons de ce seigneur de Châtillon que l'alliance qu'il contracta avec Jacqueline de Saint-Germain, fille d'Artaud de Saint-Germain, seigneur de Montrond en Forez, qui lui donna quatre enfants, savoir Jean, seigneur de Ghâtillon, qui suit Thibaud, qui hérita de cette terre, après la mort de son neveu; Etienne, prieur de Mornant en 1369; Jacquette, religieuse à l'abbaye de Saint-Pierre.
Jean d'Albon, fils aîné d'Etienne d'Albon, hérita de son père des seigneuries de Châtillon d'Azergues et de Bagnols. Ce seigneur de Châtillon fut l'un des plus fidèles serviteurs de la royauté dans les guerres que Philippe de Valois soutint contre les Anglais. Toute sa vie se passa au milieu des camps, et il ne revint dans ses foyers que lorsqu'il fut devenu vieux et infirme. Jean d'Albon vivait encore en 1349, époque où il assista au mariage d'Agnès d'Albon, sa paronte, fille de Henri, seigneur de Saint-Forgeux, avec Mathieu de Talaru. Sa mort n'est pas postérieure à 1357, car déjà l'année suivante, sa veuve, Marguerite d'Oingt, fille de Guy, seigneur d'Oingt et de Fleur de Lys de Varey, s'était remariée à Jean de Laye, seigneur de Saint-Lagier. Le testament de Marguerite d'Oingt, qui porte la date du 19 décembre 1383, nous apprend que Jean d'Albon fut inhumé à Lyon dans l'église du couvent des Jacobins. Il ne laissa qu'un fils nommé Etienne, dont la minorité fut orageuse. Il mourut sans postérité en 1370. Thibaud d'Albon entra en possession de Châtillon. Depuis cette époque, l'histoire n'en fait aucune mention. Il mourut à Lyon, en 1399. Comme son frère Jean d'Albon, Thibaud avait passé la plus grande partie de sa vie au service du roi, dans nos guerres contre les Anglais. Aussi les corps ecclésiastiques et tous les fonctionnaires de l'ordre civil s'empressèrent-ils d'honorer les funérailles du vaillant chevalier. Thibaud fut inhumé dans l'église des Jacobins où les d'Albon avaient leur sépulture. Thibaud d'Albon avait épousé une femme de la maison de Thélis qui lui donna six enfants; l'aîné, nommé Thibaud, comme son père, lui succéda dans la possession des terres de Châtillon et de Bagnols. Ce dernier épousa Catherine de Varey, de la maison d'Avauges, qui possédait une part de la seigneurie de Châtillon d'Azergues. Il fut stipulé dans le contrat de mariage des deux époux que le premier fils qui naîtrait de leur union aurait, par préciput, le château de Châtillon avec la moitié par indivis de tous les revenus, rentes, droits seigneuriaux dépendant de la dite seigneurie. Le bénéfice de cette donation appartenait à Guichard, l'aîné de leur fils.
Comment ce dernier offensa-t-il son père? Osa-t-il réclamer trop tôt la jouissance de la seigneurie de Châtillon? On l'ignore. Ce qui est certain, c'est qu'il encourut la disgrâce de son père. L'irritation de Thibaud d'Albon fut si vive qu'il abandonna Châtillon dont il emporta les plus beaux matériaux, le bois, la pierre et le fer, qu'il fit conduire dans son château de Bagnols où il se retira. Non content de dépouiller le vieux manoir et de le laisser tomber en ruine, il aliéna même les rentes et les revenus de la seigneurie, vingt bicherées de la terre appelée de Pouilly, la juridiction de Dorieux, la terre et rente de Chambost et divers autres droits seigneuriaux. Le 19 septembre 1434 Châtillon d'Azergues avec Bagnols devint l'apanage exclusif d'Antoine d'Albon. Ce fut du temps de ce dernier que le duc de Bourbon, qui était en même temps comte de Forez et seigneur de Beaujolais, prétendit à la suzeraineté de Châtillon d'Azergues, de Bagnols et de plusieurs autres fiefs, que le traité de 1173 avait placés dans le domaine de l'Eglise de Lyon et qui depuis cette époque n'avaient jamais cessé de relever du chapitre. Pour résister à ces prétentions injustes, il fallut l'intervention du sénéchal de Lyon qui, par un acte du 4 avril 1459, fit défense au seigneur de Châtillon, ainsi qu'aux possesseurs des autres fiefs a contestés, de rendre au duc de Bourbon un hommage qui n'était dû qu'à l'Eglise de Lyon. La fille unique d'Antoine d'Albon, Jeanne, fut mariée, le 16 février 1453, à Rotfec de Balzac, au nom duquel il fit renouveler les terriers de Châtillon, en 1464. Roffec de Balzac appartenait à une ancienne famille de l'Auvergne qui avait emprunté son nom à la petite ville de Balzac, près de Brioude. Son premier auteur connu, Odon, seigneur de Balzac, vivait en 814, sous Louis le Débonnaire. L'énumération des terres possédées par Roffec de Balzac forme une longue liste. Tous les actes lui donnent le titre de seigneur de Glisenove, Bensac, Saint-Amand, Prelat, Paulbac, Rioumartin, Seveirac, Rosières, Cusset et Saint-Clément. C'est à toutes ces possessions qu'il ajouta encore la seigneurie de Châtillon d'Azergues et de Bagnols, par son mariage avec Jeanne d'Albon, et celles de Marsillac et de Cassaignes, confisquées sur Jean, comte d'Armagnac, et dont Louis XI lui fit don en 1473.
Sa mort arriva le octobre 1473 il fut inhumé dans l'église de Saint-Julien de Brioude. De son mariage avec Jeanne d'Albon, Roffec de Balzac laissa: Roffec de Balzac, qui suit; Geoffroy, seigneur de Châtillon, après la mort de son frère; Anne, qui épousa Guillaume de Joyeuse; Marie, femme de Louis Mallet, seigneur de Graville, amiral de France; Marguerite, femme de Philippe de Lespinasse, seigneur de Maulevrier; Antoinette, religieuse à Varinville. Roffec, troisième du, nom, fils aîné de Roffec II et de Jeanne d'Albon, leur succéda dans la possession de Châtillon d'Azergues. Comme son père, il fut aussi conseiller et chambellan du roi et sénéchal de Beaucaire. Nous voyons Roffec III donner quittance à Jean le Gendre de 30 livres pour un quartier de ses gages, en qualité de capitaine de 30 lances (23 août 1489). C'est là le dernier souvenir que nous ayons de ce seigneur. Il mourut la même année sans postérité, et Châtillon, avec la plupart de ses autres terres, passa à son frère puîné, Geoffroy, seigneur de Montmorillon et de Saint-Clément en Bourbonnais. Élevé à la Cour, comme page du roi Charles VIII, Geoffroy eut, comme son père et son aïeul, une large part dans les faveurs royales. Il remplit aussi à la cour les fonctions de conseiller et chambellan du roi. Geoffroy épousa Claude Le Viste, fille aînée de Jean Le Viste, seigneur d'Arcy, premier président à la Cour des Aides, et de Geneviève de Nanterre. Geoffroy résida souvent à Châtillon et c'est à lui que l'on attribue les restaurations luxueuses du château et de la chapelle qui datent de cette époque les deux façades du midi et du nord du château, les peintures de la salle de justice, la chapelle élevée sur le côté gauche de l'église seigneuriale et la façade ornementée de ce dernier monument. Et ceci est confirmé par la présence des armes de Geoffroy de Balzac et de son épouse Claude Le Viste, qui figuraient autrefois, à plusieurs reprises, sur les murs du château, et par l'écusson des Balzac que l'on voit encore sculpté sur la première porte d'entrée du vieux manoi, aussi bien que par le style de ces diverses restaurations.
Geoffroy rendit hommage pour les terres et seigneuries de Montmorillon et de Saint-Clément, en 1506. Il testa le 9 juin 1509 et mourut le 9 janvier 1510 sans laisser de postérité de sa femme Claude Le Viste qu'il fit son héritière. Il fut inhumé dans la chapelle seigneuriale de Châtillon. Devenue veuve, Claude Le Viste se remaria à un parent de Geoffroy. Elle épousa Jean de Chabannes, seigneur de Vradenesse chambellan ordinaire du roi, sénéchal du Valentinois et capitaine de 50 lances. Jean de Chabannes était fils de Geoffroy de Chabannes, seigneur de la Palisse, et de dame Charlotte de Prie. Jean de Chabannes fut un vaillant soldat qui servit noblement son pays sa bravoure le fit surnommer le petit lion. Il mourut au mois d'avril dans la retraite de Rebec, où il tomba à côté du chevalier Bayart. Châtillon passa des mains de la veuve des Balzac et des Chabannes en la possession de la famille Camus. Les Camus étaient originaires d'Auxonne et le premier personnage connu de ce nom serait Nicolas Camus, sieur de Mareil, capitaine et maire perpétuel de cette ville. Son fils Maurice était écuyer et seigneur de Marcilly, de Varade et de Fontaine en 1467; son petit-fils, Pernet Camus, écuyer et maire perpétuel d'Auxonne, et Jean Camus, que nous allons voir en possession de Châtillon-d'Azergues, était le fils de ce dernier. Parvenu à la noblesse et devenu conseiller et secrétaire du roi, en 1549, Jean Camus employa son immense fortune à l'acquisition de plu sieurs terres. C'est ainsi qu'il devint seigneur de Feugerolles par un acte de vente à charge de réméré qui lui fut consenti par Claude de Lévis, le9 avril 1567. Jean Camus testa le 13 juin et mourut le 28 juillet 1580. Il fut inhumé à Lyon, dans la chapelle de saint Claude de l'église de Saint Laurent.
Jean Camus laissa quatre fils qui formèrent autant de branches. L'ainé, Antoine, hérita de Feugerolles et devint la tige des seigneurs de Riverie et du Perron; le deuxième, Jean fut seigneur de Saint-Bonnet le troisième, Claude, n'eut pas la moindre part, car il fut seigneur de Châtillon d'Azergues, de Bagnols, d'Arginy, de Frontenas, de Vaise et de la Roche. Claude Camus fut reçu trésorier général de France, le 14 février 1568; la même année, il fut aussi nommé échevin. Claude Camus avait épousé, le 10 février 1564, Anne Grollier, fille de François Grollier de Belair, seigneur du Bois-d'Oingt, et de Françoise de Grillet qui lui donna sept enfants. Il testa le juillet 1587. Son fils aîné, Charles, hérita de la seigneurie de Bagnols; Antoine, le second, forma la branche d'Arginy et Gaspard, le troisième, devint seigneur de Châtillon-d'Azergues. Ce fut du temps de Gaspard Camus,que la terre de Châtillon reçut le titre de baronnie en 1628. Gaspard Camus épousa Marguerite de Guillens, fille de Jean de Guillens, seigneur de Puy Laval, de Vivier et de Montjustin et de Sibylle Garnier des Garets. Gaspard Camus qui vivait en 1669, fournit l'aveu et le dénombrement de la terre de Châtillon le 1er juin 1671. Gaspard Camus mourut sans alliance et laissa Châtillon avec ses dépendances à Jean Gaspard seigneur du Sou, du Breuil et de Fontcrenne, son neveu, fils de Marc Gaspard et de sa sœur Antoinette Camus. Mais le 1er mars 1691, Jean Gaspard vendit, tant en son nom qu'en celui de dame Sibylle-Marie Anne de Saint-Amour,son épouse, les terres de Châtillon, de Sandars Bayère et Dorieux à Maurice Dufournel écuyer, conseiller et maître des requêtes au parlement de Dombes. Maurice Dufournel appartenait à une famille consulaire de Lyon, qui posséda plus tard la terre du Breuil et fournit plusieurs magistrats au parlement de Dombes.
De son mariage avec Marie de Bérard il eut une fille, Marie Pernon Dufournel qui fut mariée, le 10 décembre 1682, à Jean-Baptiste Inguimbert de Pramiral, capitaine au régiment du Lyonnais, major de la ville de Lyon et commissaire des guerres, fils de Pierre Inguinbert de Pramiral et de Marguerite du Serre, qui devint ainsi, après Maurice Dufournel, seigneur de Châtillon d'Azergues et de Bayère. La famille Inguimbert était originaire de Vienne en Autriche. Jean Inguimbert vint le premier se fixer, vers 1470, en Provence, où il épousa Gabrielle des Baux, qui appartenait à l'une des maisons les plus illustres du pays. A sa mort, Jean-Baptiste Inguimbert de Pramiral, seigneur de Châtillon, laissa cette terre avec celle de Bayère à son fils aîné Camille, chevalier de Saint-Louis et capitaine au régiment de Sourches, qui porta le titre de baron de Châtilion. Ses autres enfants furent Jean-Marie Inguimbert de Pramiral, lieutenant colonel au régiment de Penthièvre-infanterie, chevalier de Saint-Louis, mort le 30 juin 1767, marié à Metz, en 1720, avec Marguerite-Pétronille d'Herbellet, dont il eut Jean-Camille; Marie-Eather; Marie-Anne; Mar-guerite Charlotte. Guillaume, mort capitaine au régiment de Sourches-infanterie. Marie-Anne, mariée le 22 septembre 1721, à Henri de la Pochette de Baubigneux, seigneur de Bonneville. Geneviève, mariée à Pierre-Jean-Baptiste de Luzy, seigneur des Bordes la Fayolle. Camille de Pramiral, baron de Châtilion, épousa, le 19 août 1719, Elisabeth Chappuis, fille de Jean Chappuis, seigneur de la Fay, et de Catherine Bailly. Camille d'Inguimbert rendit hommage pour Châtillon d'Azergues le juillet 1726, et fournit aveu et dénombrement de son fief le 31 juillet. Un document de cette époque nous apprend que le personnel des officiers de justice de Châtillon se composait d'un juge gradué, d'un châtelain, d'un procureur d'office, d'un greffier, de plusieurs procureurs postulants, d'un huissier, d'un geôlier de la prison et de plusieurs notaires et sergents. La haute justice, appartenant au seigneur, comprenait la paroisse de Châtillon et une partie de celle de Charnay, dont l'autre moitié relevait des comtes de Lyon. Camille de Pramiral mourut au plus tard en 1737, car cette même année, Elisabeth Chappuis était déjà veuve et rendait hommage pour la seigneurie de Châtillon, comme tutrice de ses enfants.
Le même hommage fut encore renouvelé par elle, en qualité de tutrice et de curatrice de ses enfants, pour les terres et seigneuries de Châtillon, Sandars et Bayère, le 29 juillet 1743. De son mariage avec Elisabeth Chappuis, Camille de Pramiral ne laissa que cinq filles, Marie Inguimbert de Praxciral, qui porta le titre de baronne de Châtillon et fut mariée, le 29 novembre 1745, à Augustin, comte de Poudras mais elle mourut l'année suivante, sans postérité. La deuxième fut Françoise, religieuse de Sainte-Claire, à Montbrison. La troisième Marie-Françoise, religieuse à la Visitation de la même ville, puis Catherine-Françoise-Blandine, mariée, le 15 janvier 1755, avec Louis de Luzy de Pellissac,seigneur de Bresson, paroisse de Moissieux en Dauphiné, ancien capitaine au régiment de Bretagne-infanterie et chevalier de Saint-Louis, et enfin Marie-Anne, mariée, le 18 juillet à Claude-Ferdinand, marquis de Poudras. Mais dès le 8 septembre 1753, Elisabeth Chappuis de la Fay vendait, en qualité d'héritière de son mari, les terres de Châtillon et de Bayère, à Paul Dùrand, écuyer, conseiller, secrétaire du roi, qui rendit hommage pour sa seigneurie, le 24 septembre 1763, et donna aveu et dénombrement de son fief, le 4 mars 1758. Paul Durand, seigneur de Châtillon et de Bayère, eut pour successeur Simon-Jean-César Durand, qui fut reçu trésorier de France à Lyon, le 7 août 1769. Son fils hérita de la terre de la Flachère et sa fille, Marie-Bonne-Antoinette Durand, porta la terre de Châtillon en dot à Pierre-Anne, marquis de Chaponay, seigneur de Morancé, premier page de la comtesse d'Artois en 1780, et lieutenant-colonel de cavalerie sous la Restauration. Leur fils ainé, César-François, marquis de Chaponay, était au XIXe siècle possesseur du vieux château de Châtillon.
Description du château de Châtillon d'Azergues
Le château est le monument le plus remarquable de l'architecture militaire du moyen-âge que possède l'ancienne province du Lyonnais. On peut trouver ailleurs des constructions plus importantes, un plan plus vaste, une ornementation plus riche mais ce que la main de l'homme a épargné à Châtillon suffit pour nous faire juger de ce qu'étaient autrefois une forteresse féodale et les moeurs guerrières des temps chevaleresques. Ce qui distingue le château de Châtillon-d'Azergues de beaucoup d'autres châteaux du moyen-âge, c'est que, tout en faisant partie du bourg qu'il commande, il en est complètement indépendant. Le château de Châtillon devait donc à sa situation une importance bien supérieure à celle qu'on serait tenté de lui attribuer, en considérant seulement l'étendue de son emplacement. Son plan est celui d'un carré irrégulier, arrondi du côté de l'ouest. Au midi, il domine des escarpements inaccessibles; au nord et à l'ouest il était séparé de l'arête de la montagne par un fossé large et profond, et défendu par des remparts élevés, flanqués de deux tours carrées et d'une tourelle cylindrique. Chaque siècle semble avoir laissé sur les murs du vieux manoir l'empreinte du style de son architecture et de ses habitudes sociales. La partie la plus ancienne du monument, qui fait face à la chapelle, remonte au XIe ou tout au moins au XIIe siècle. Cette époque est bien caractérisée par les arcatures à plein cintre reliant les contreforts plats qui divisent cette façade en quatre travées, et par le mode de l'appareil en forme de feuilles de fougère, ou d'arêtes de poisson, que l'on retrouve notamment dans les murs voisins du donjon. C'est sans doute dans cette partie de l'édifice que consistait le château primitif, forteresse bien secondaire (castellio), dont le nom est demeuré à Châtillon, même après que son importance se fut accrue. Cet édifice du XIe siècle fut bâti sur un plan rectangulaire, presque carré; mais au XIIIe siècle, la construction du donjon vint occuper une partie de son emplacement.
Un mur le divise, dans le sens longitudinal, en deux parties principales, subdivisées elles-mêmes, dans le sens transversal, par des murs de refend. La salle, qui regarde la vallée de l'Azergues, était éclairée par une fenêtre très large, relativement à sa hauteur, et divisée en deux baies par un meneau central fort léger supportant une double arcade trilobée. Cette fenêtre n'a été ouverte qu'au XIIIe siècle. Mais les deux portes à plein cintre, donnant accès dans cette partie du monument, et ouvertes, l'une sur la façade orientale, et l'autre au nord sur l'esplanade du château, appartiennent bien à la construction primitive. Elles sont du reste fermées depuis longtemps. On pénètre aujourd'hui dans le château par une étroite porte vulgaire, placée à l'angle de la chapelle, et sur laquelle on voit sculptées les armes des Balzac supportées par deux lions mutilés. On traverse ainsi l'esplanade, qui s'étendait au nord-est du château, pour entrer dans l'enceinte intérieure par une porte ogivale défendue par un moucharabieh, dont il ne reste plus que les deux consoles en pierre qui le supportaient. Cette porté devait être précédée autrefois d'un fossé dont on ne voit plus de traces. Au surplus elle n'a été ouverte qu'au XIVe siècle seulement, dans le mur de l'enceinte primitive, dont l'âge est indiqué par la forme de l'appareil en arêtes de poisson. Cette entrée s'ouvrait dans un corps de bâtiment carré; deux portes la fermaient, l'une à l'intérieur, l'autre à l'extérieur, disposition fort ordinaire qui permettait d'accabler les assaillants sous les projectiles lancés par une ouverture pratiquée dans la voûte. Rien n'indique l'existence d'une herse mais on aperçoit toujours dans les jambages des portes les trous des barres de bois transversales qui servaient à les fermer. A droite de la porte d'entrée, se trouve une pièce voûtée, en forme de trapèze, qui servait, dit on, de prison. Ou remarque encore dans le mur la place de trois anneaux de fer; des dessins bizarres tracés sur les murailles sont l'œuvre des prisonniers.
A gauche de l'entrée, se trouve la descente d'un souterrain qui avait, suivant la tradition, une issue au loin dans la campagne. Enfin, au milieu de la cour, en face de la porte d'entrée, se trouvait un puits d'une grande profondeur. Le donjon, de forme cylindrique, occupe l'angle occidental du château primitif et semble avoir été la première construction ajoutée à la forteresse du XIe siècle par les seigneurs de Châtillon. Ce donjon appartient au XIIIe siècle; sa forme est bien celle des tours cylindriques de cette époque. Il en est d'ailleurs fait mention déjà dans la charte de franchises de 1260, où nous voyons que, si les habitants de Châtillon étaient tenus de travailler aux réparations du château, où ils pouvaient trouver un asile en temps de guerre, aucun travail ne leur était imposé pour le donjon, qui servait de retraite au seigneur. Observons cependant qu'une tour hexagonale qui lui est adossée au nord et qui renfermait un escalier desservant à la fois le donjon et les bâtiments d'habitation, est une construction bien postérieure qui ne remonte peut-être qu'au XVe siècle, époque où l'on vit fréquemment de ces tours accessoires appliquées contre une autre, pour desservir les principales pièces du donjon. Cette tour du donjon, qui est fort bien bâtie, a près de 30 mètres de hauteur. Elle mesure 9,50 mètres de diamètre hors d'oeuvre et ses murailles ont 1,50 mètre à la base. Le rez-de-chaussée, où l'on pénètre de l'intérieur du château par une porte de forme carrée, était séparé du premier étage par une voûte qui n'existe plus, tandis qu'un simple plancher divisait les deux étages supérieurs. Un passage étroit qui existait entre le donjon et la façade méridionale, aboutissait un escalier extérieur conduisant au premier et au second étage. De ce dernier étage on accédait au sommet du donjon par un escalier pratiqué dans l'épaisseur du mur.
Ainsi nous retrouvons dans le donjon de Châtillon le même système de défense que dans les forteresses les plus célèbres du temps; deux issues, l'une apparente, et l'autre dérobée des passages étroits qui permettaient à quelques hommes résolus de se défendre contre une troupe nombreuse; une rampe raide et exiguë conduisant à une poterne très élevée au-dessus du sol et ouverte du côté de l'escarpement. Tout était établi de la sorte en vue d'une lutte pied à pied, et l'ennemi pouvait s'emparer du rez-de-chaussée du donjon sans parvenir à réduire ses défenseurs autrement que par la famine. Des créneaux et des hourds, sorte de balcons en bois qui permettaient de lancer à couvert des projectiles au pied même des remparts, devaient couronner autrefois cette belle tour; mais il n'en reste plus de traces. A la suite du donjon se trouvaient les bâtiments d'habitation, dont les belles fenêtres à croisillons s'ouvrent sur la vallée de l'Azergaes. Cette partie du monument, qui date seulement du XVe siècle, est la moins ancienne du château; mais c'est aussi la plus ruinée. Il semble que la beauté des matériaux ait tenté davantage les démolisseurs on y remarque encore néanmoins de belles cheminées de la dernière époque du style ogival. Les anciens appartements seigneuriaux n'étaient séparés que par un étroit passage de deux tours assez bien conservées. La première, de forme semi-cylindrique, est recouverte d'une voûte à nervures et mesure 6 mètres dans œuvre. Deux planchers la divisaient en deux étages. La pièce du premier étage, où l'on arrivait par un chemin en pente qui contournait le côté circulaire de la tour, servait autrefois de salle de justice. Cet ancien auditoire, éclairé par une unique fenêtre donnant sur la cour, a conservé une belle cheminée en pierre sculptée du XVe siècle; sur les murs on remarque aussi des restes de peintures.
En face de cette salle, et séparée seulement par le vestibule de l'escalier, se trouve celle du rez-de-chaussée de la tour carrée qui domine la vallée. Cette tour, de forme rectangulaire, mesure seulement 3 mètres sur 4 dans oeuvre. Au milieu de cette pièce, qui est éclairée par une fenêtre à croisillon, existe une ouverture béante de 60 centimètres de largeur. La tradition fait de ce souterrain les oubliettes du château, espèce de puits ou de fosse où l'on descendait vivants des prisonniers destinés à mourir de faim. L'escalier, placé entre les deux tours, servait à chacune d'elles. Une tourelle cylindrique, découverte, bâtie en encorbellement a l'angle nord-est des remparts et destinée à faire te guet et à défendre à la fois la courtine du nord et la porte d'entrée du château, conserve sa couronne de créneaux. Au pied de cette tourelle commence la ligne des remparts qui enveloppaient à la fois le bourg de Châtillon et la seconde enceinte du château. Une partie de ces murs paraît fort ancienne; nous y retrouvons, en effet, en plusieurs endroits, l'appareil en forme d'arêtes de poisson, que nous avons remarqué dans la partie du château remontant au XIe siècle. Un chemin de ronde muni d'escaliers, sur les plans inclinés, en suivait partout le sommet. De la plaine, ces remparts remontaient la colline où après s'être reliés à l'enceinte de l'esplanade, ils venaient aboutir à l'angle de la tour carrée du château, où nous avons vu qu'un moucharabieh commandait l'entrée du chemin de ronde et de la poterne destinée au service de la garnison. Nous retrouvons à Châtillon la trace des principales familles qui l'ont possédé à toutes les époques. La partie la plus ancienne du château, l'antique castellio, est sans doute l'œuvre de la famille de Châtillon qui lui emprunta son nom. Après elle, viennent les seigneurs d'Oingt, maison puissante qui a bâti Bagnols et le château du Bois-d'Oingt. A Châtillon elle élève le fier donjon que nous admirons encore.
Les d'Albon agrandissent l'enceinte de la forteresse. Mais sous cette famille, Châtillon traversa des mauvais jours. Thibaud, premier du nom, l'assiège, le prend et s'empare de ce qu'il renfermait de plus précieux. Son successeur, appelé aussi Thibaud, dépouille le vieux manoir au profit de Bagnols, et le laisse tomber en ruine, en haine de son fils aîné, Guichard. Ce fut à son petit-fils, Antoine d'Albon, qui lui succéda, à commencer l'œuvre de restauration. Alors s'élève la salle de justice et la tour qui commande la vallée. Les Balzac continuent son œuvre en bâtissant le logis seigneurial. Les guerres nationales contre les Anglais sont finies, et la sécurité qui règne dans nos campagnes permet d'ouvrir de larges fenêtres, non seulement du côté de l'escarpement, mais encore sur les fossés du nord. L'amour du bien-être et du luxe s'est développé, et sous le dernier des Balzac, le vieux manoir arrive à un degré de splendeur qu'il ne connut plus jamais. Le noble seigneur veut une chapelle digne de lui et il fait édifier la riche façade qui subsiste encore. A l'intérieur, les murs de Châtillon se couvrent de peintures, à l'extérieur de riches ornements sculptés. Tout est approprié au besoin de la vie luxueuse de l'époque. Aussi Geoffroy de Balzac affectionne-t-il Châtillon, et c'est là qu'il vient oublier les grandeurs de la cour royale et choisir sa sépulture. Possesseurs de plusieurs maisons seigneuriales, les Camus habitèrent rarement Châtillon. Il en fut autrement de Gaspard, le dernier d'entre eux; un titre de la fin du XVIIe siècle nous apprend qu'il n'avait pas d'autre demeure que le château de Châtillon. Mais les beaux jours de la forteresse féodale expirent avec ce seigneur. Les gentilshommes du XVIIIe siècle ne peuvent s'accommoder de l'habitation du vieux manoir. Les Pramiral construisent Bayère sur un plan tout moderne et Châtillon est abandonné aux officiers de justice et au geôlier de la prison.
Les murs du château sont fort anciens, et il se compose d'un logement fort modique, dit Camille de Pramiral dans son aveu de fief du 31 juillet 1732. Un quart de siècle s'écoule, et l'avant-derniar seigneur de Châtillon nous apprend dans son aveu de 1738 que le château est devenu inhabitable. La révolution de 1789 eut donc peu à faire pour compléter l'œuvre de destruction. Depuis cette époque, ses possesseurs n'ont pas épargné le vieux manoir, et surtout les parties modernes les mieux bâties. Les plus beaux matériaux, les cheminées les plus élégantes, les grillages de fer des fenêtres eux-mêmes, tout a été enlevé. Le droit de propriété est sans doute absolu. Mais à une époque où existe, à un si haut degré, le respect de nos monuments, il nous est bien permis de donner un regret à ces dévastations accomplies froidement et presque sans profit pour leurs auteurs. L'œuvre des siècles, déjà si avancée, sera bien assez vite accomplie. C'est qu'en effet, malgré les outrages du temps et des hommes, le château de Châtillon n'a point perdu ce caractère de grandeur, qui le plaçait jadis au premier rang parmi les châteaux forts destinés à la défense de la fertile vallée de l'Azergues. Quand, au détour du chemin, le vieux manoir apparaît à vos regards avec ses masses imposantes, on s'arrête étonné devant ce fier donjon qui nous révèle la puissance des hauts barons qui en firent leur demeure. (1)

Éléments protégés MH : les ruines du château, à l'exception de la chapelle déjà classée : classement par arrêté du 1er octobre 1937.

château de Châtillon 69380 Châtillon, propriété privée, visite des extérieurs uniquement.

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(1)   
Châtillon d'Azergues, son château, sa chapelle et ses seigneurs par A. Vachez, Imprimerie d'Aimé Vingtrinier, 14 rue Bekke Cordière, Lyon (1869)

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