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A l’origine, le domaine du Lac était un fief
seigneurial, inféodé à la baronnie d’Anzy, elle-même possédée par le prieur
du monastère d’Anzy. Son existence est attestée depuis le XVe siècle. Dans
son État militaire et féodal des bailliages d'Autun, Montcenis,
Bourbon-Lancy et Semur-en-Brionnais, en 1474, d'après un procès-verbal de
convocation du ban et de l'arrière-ban, Gabriel Dumay mentionne un certain
Pierre Petit-Jehan, écuyer, qui "tient en la chastellenie d’Anzy, sa maison
et son domaine du Lac en fied". Jusqu’à la Révolution, le fief change
plusieurs fois de propriétaires: Lazare de Massenet au milieu du XVIe
siècle, Robert de Tardy dans la première moitié du XVIIe siècle, Marc de
Saint-Georges, seigneur de Montceaux, Versaugues et le Verdet, en 1673,
Philibert Dupuis, sieur des Falcons, en 1702, et enfin Antoine Perrin, fils
cadet du sieur de Daron (paroisse d’Oyé), en 1711. En 1800, le domaine,
morcelé, est revendu à un dénommé Dubourg par le petit-fils d’Antoine Perrin
du Lac. Il est ensuite racheté par Philibert Ravier, propriétaire à
Anzy-le-Duc, puis attribué sur décision du tribunal de Charolles à Jean
Déresse, propriétaire à Charolles, le 26 août 1813. Le 4 août 1817, ce
dernier revend les bâtiments, avec une cinquantaine d’hectares de terres, à
Antoine Goin, descendant d’une famille de marchand-fermier, qui va
transformer le Lac en véritable domaine d’embouche. Son père, également
prénommé Antoine était fermier à Chassy, puis au domaine de Pancemont à
Nochize pour le compte d’Hugues Mayneaud de Bizefranc, écuyer, seigneur de
Fontenaille (paroisse de Chassy).
Antoine Goin fils fut lui-même fermier du domaine de Balorre, sur la commune
de Trivy (rattachée à Cronat en 1844), pour le vicomte Claude-Louis-Frédéric
Imbert de Balorre, avant de devenir propriétaire terrien. Dans les années
1830, il est devenu un grand propriétaire et possède un peu plus de 325
hectares. Le 8 août 1837, il procède avec sa femme à un partage anticipé de
leurs biens entre leurs cinq enfants. Le domaine du Lac est transmis, sans
souffrir du partage, au plus jeune de la fratrie, Antoine-Pierre. Sa fille
unique, Marie-Thérèse-Gasparine, et son gendre (et neveu), Louis Goin, lui
succèdent. A sa mort, Marie-Thérèse-Gasparine lègue le Lac à son cousin,
Antoine Deshaires, notaire à Semur-en-Brionnais. Les propriétaires actuels
sont des descendants. L’activité du domaine est toujours consacrée à
l’élevage bovin, mais s’est également tournée vers le tourisme (chambres et
table d’hôtes). En un siècle (de 1817 à 1914), le domaine s’agrandit et
surtout connaît un phénomène de couchage en herbe. En 1914, au moment du
renouvellement du cadastre, la famille possède 108 hectares sur la commune
d’Anzy-le-Duc. La surface en herbe, qui représentait 31 hectares sur 80 en
1839, atteint 65 hectares sur 108 à la veille de la Première Guerre
mondiale. Ce sont 41 parcelles de tailles variables qui sont transformées en
prés et pâtures entre les deux cadastres.
Le château était une construction relativement modeste à l’origine,
désignée, sous le nom de "maison seigneuriale" ou "bâtiment de maître". Un
dénombrement de seigneurie de 1673 mentionne un "château et maison basse
composé de plusieurs membres de bâtiments flanqués de tours". Le corps de
logis principal, qui constitue toujours le noyau de l’édifice actuel, était
flanqué sur la façade nord de deux tours carrées. Au XVIIIe siècle, on lui
ajoute un étage, ainsi qu’un corps de logis latéral, à l’est, abritant un
escalier. De nouveaux agrandissements sont effectués au XIXe siècle. En
1863, un nouveau corps de bâtiment, avec un nouvel escalier, est construit
entre les deux tours carrées, agrémenté d’une tour circulaire, coiffée en
poivrière. Un décor de style néo-médiéval (linteau de fenêtres orné d’une
accolade, créneaux au niveau de la corniche) est également ajouté sur
l’ensemble de la façade nord. En 1871, l’aile latérale du XVIIIe siècle, à
l’origine mansardée, est couverte d’un toit à quatre pans. Deux ans plus
tard, un autre corps de logis latéral est ajouté à l’ouest pour redonner sa
symétrie à l’édifice. Plusieurs dépendances sont mentionnées dans l’acte de
vente de 1817, date à laquelle Antoine Goin devient propriétaire : la maison
du granger, un premier bâtiment abritant la grange, l’étable et le colombier
(attesté dès 1673), un second bâtiment abritant le cuvage (avec deux cuves),
des caves et le pressoir. Le bâtiment du cuvage est détruit en 1999.
La dépendance avec le colombier a été transformée en hébergement
touristique. A l’arrière de celle-ci, un garage pour les voitures à cheval
et des écuries ont été ajoutés dans les années 1860. Les Goin font également
construire de nouveaux bâtiments d'exploitation de l’autre côté du chemin;
une grande dépendance, présente sur le plan cadastral de 1839, qui abritait
à l’origine deux étables et une grange, avant d’être agrandie dans la
seconde moitié du XIXe siècle d’une étable supplémentaire (sans doute pour
l'hivernage des animaux), une nouvelle maison pour le métayer et sa famille,
en remplacement de la précédente qui se trouvait dans l’enclos du château,
et un bâtiment pour les cochons et volailles dans son prolongement. Ainsi,
la résidence des maîtres et l’espace d’exploitation se trouvent bien
différenciés. Des bâtiments modernes (stabulations et hangars) ont été
ajoutés à la fin des années 1970, puis au début des années 1990.
Aujourd'hui le château du Lac, comprend différents corps de bâtiments,
pourvus d'un étage carré et construits en moellons de calcaire enduits. Le
corps principal et les deux ailes sont couvertes de toits à longs pans et à
croupes en tuiles plates. La toiture du corps central est ornée d'un fronton
triangulaire en brique percé d'un oculus. Une tourelle en brique coiffée
d'un toit conique en ardoise, abritant un escalier demi-hors-oeuvre, et deux
pavillons à un étage carré, couverts d'un toit en pavillon, ont été
construits sur la façade postérieure. Fortement modifié, un bâtiment situé
au sud abritait la remise et un logement secondaire. Il est flanqué du
pigeonnier, bâti en moellons enduits sur un plan carré, couvert d'un toit en
pavillon en tuiles plates. Construit en moellons enduits, le bâtiment
agricole est pourvu d'une charpente en bois et couvert d'un toit à longs
pans en tuiles plates. Il devait abriter quatre étables.
château du Lac 71110 Anzy-le-Duc, tél. 03 85 25 39 93, propose la location
de cinq chambres d’hôtes.
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