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Les origines du château de
Gallerande sont incertaines: le dictionnaire de Pesche signale un castellum
Wallerandi seu Gallerandi. Néanmoins, des seigneurs de Gallerande sont
mentionnés dès le XIIe siècle. La tradition orale attribue la construction
du château aux anglais. En 1210, la fille du sire de Gallerande épouse
Robert II de Clermont et Gallerande passe aux Clermont-Gallerande. En 1265,
Hubert de Clermont possède l'hébergement de Gallerande. En 1275 est fondée
et construite la chapelle du Douet près du château. Dès 1360, au début de la
guerre de Cent Ans, les anglais occupent Gallerande et détruisent la
chapelle du Douet et probablement une partie du château. En 1382, on cite l'oustel
de Gallerande. En 1421, après la bataille de Baugé, une partie des troupes
anglaises de John Banester prennent et occupent le château de Gallerande
livré par son gardien. En 1427, l'édifice est repris par Arthur III, comte
de Richemont, mais il est ruiné: les récits de cette reconquête évoquent la
basse-cour et le donjon de Gallerande. En 1448, Louis II seigneur de
Clermont et de Gallerande est chambellan de René II, roi de Sicile. Il est
fait chevalier de l'ordre du Croissant. En 1477, René seigneur de Clermont
et de Gallerande est vice-amiral de France et capitaine de cent hommes
d'armes. C'est probablement lui qui rebâtit Gallerande entre 1477 et 1500.
Il meurt en 1523. Son fils Louis de Clermont maître d'hôtel de François 1er
épouse Renée d'Amboise. En 1576, la terre de Gallerande est érigée en
marquisat en faveur de Georges 1er de Clermont. Ce dernier avait acheté, en
1562, la seigneurie voisine de Mervé. Georges 1er de Clermont-Gallerande
était calviniste. Son fils Georges II, conseiller du roi, devient calviniste
en 1587 et entre en disgrâce. L'avènement d'Henri IV lui rend sa charge de
conseiller du roi.
Henri I de Clermont abjure le calvinisme en 1624 et devient conseiller du
roi puis noble de Venise à partir de 1647. Son fils Henri II lui succéda à
Gallerande et meurt en 1667. La terre de Gallerande est alors saisie par ses
créanciers, vendue en 1689 au fils de Georges III de Clermont-Gallerande,
puis revendue immédiatement à Louis Colbert, comte de Lignières puis
rachetée en 1698 par Jacques de Royer au nom de sa femme Gabrielle de
Champagne La Suze petite-fille du marquis Henri II de Clermont, puis
rétrocédée à Laurent Thomé, et reprise en 1701 par Charles Léonor de
Clermont d'Amboise seigneur de Loudon. Ce dernier relève le titre de marquis
de Gallerande que portait son oncle Henri II. Il était le fils de Louis V de
Clermont. Gallerande passe ensuite à Pierre Gaspard de Clermont marquis de
Gallerande qui meurt en 1756. Sa fille Louise Diane de Clermont reçoit
Gallerande en usufruit comme dot. Elle vend Gallerande en 1772 à son cousin
Charles Georges de Clermont d'Amboise, fils de Charles Léonor (à la suite
d'une perte au jeu de cartes). Charles Georges émigre en 1791 et revient en
1792. Sans héritier, il vend Gallerande à Bonnaventure Dufou de Nantes en
1808. En 1824, Dufou revend à un certain Fournier à Mayet qui revend en 1831
à Pierre Henri de Sarcé. Sa fille Eléonore Clémence de Sarcé épouse Alfred,
vicomte de la Planche de Ruillé en 1840. Leur fils le sculpteur Geoffroy
comte de Ruillé épouse Marie Marguerite Thébaudin de Bordigné. Leur fils
Guillaume de Ruillé épouse Hervine Rogon de Carcaradec. Enfin, leur fille
Anne de Ruillé lègue ses biens à l'ordre hospitalier de Malte qui, après sa
mort en 1986, vend peu à peu tout le mobilier aux enchères puis le domaine.
Gallerande réduit à son parc et à la ferme de la Ménagerie, est vendu en
2004.
Dans l'état actuel des connaissances, nous n'avons que peu d'indices sur
l'implantation médiévale. La motte primitive pourrait se trouver au
nord-ouest du logis actuel à l'intérieur du parc. Elle se compose
aujourd'hui dans sa partie haute d'un sol sablonneux. Le château maltraité
pendant la guerre de Cent Ans aurait été rebâti à la fin du XVe siècle, pour
René de Clermont, vice amiral de France. La chapelle du Douet, fondée en
1275, fut détruite pendant la guerre de Cent Ans et reconstruite seulement
au milieu du XVIIe siècle sur le rebord de la terrasse à l'alignement de la
façade du corps de logis principal. En 1629, Henri de Clermont baille à
ferme le château... enclos de murailles et fossés, ses entrées et
pont-levis, jardins, garennes, allées, palmail. Aujourd'hui, il n'y a plus
de fossés, le château est construit au bord d'une vaste terrasse qui
supporte les communs. Des travaux exécutés dans la cour il y a une
cinquantaine d'années, ont révélé l'existence d'une forteresse plus
importante construite autour d'une cour plus petite. Deux autres tours
auraient disparu: la tour nord-ouest et celle qui faisait le pendant avec la
tour nord-est pour constituer le châtelet d'entrée. Nous ignorons quand les
fossés furent comblés, quand on aménagea la terrasse et quand la forteresse
fut en partie détruite pour s'ouvrir sur l'actuelle basse-cour mais nous
supposons que ce fut au milieu du XVIIe siècle comme de nombreuses autres
forteresses résidentielles du Val de Loire. La chapelle reconstruite après
1624, est aujourd'hui ruinée. Elle renferme les vestiges d'un autel et d'un
retable partie en tuffeau et partie en marbre: des tables de marbre noir
ornaient les piédestaux, surmontés de colonnes en marbre rose. L'ensemble
était couvert d'un toit à l'impérial et d'une charpente lambrissée. Les
vitraux remontés dans l'église de Pringé et donnés par Anne de Ruillé,
proviendraient de cette chapelle.
En 1811, d'après le premier cadastre, le château se composait d'un logis en
L flanqué de trois tours rondes et d'une tourelle d'escalier polygonale
placée dans l'angle avec l'aile en retour. Il existait deux entrées à la
basse-cour ou cour des communs: une entrée nord (supprimée aujourd'hui) et
une entrée nord-est (principale aujourd'hui). En l'absence de document il
est difficile de reconstituer les étapes de la réalisation de la terrasse et
du modelé du paysage. On pourrait suggérer deux temps: d'abord, l'ouverture
du château avec la destruction de l'aile nord et le comblement des fossés
puis l'aménagement des jardins. Le château se compose aujourd'hui d'un corps
de bâtiment allongé construit de fond en comble en une seule campagne et
d'une aile en retour plus ou moins indépendante (pas de sous sol
communiquant et combles séparés). La grande vis hors œuvre qui dessert les
étages est surmontée d'une chambre en encorbellement. Cet escalier ne permet
pas l'accès au sous-sol. Il pourrait être du type vis de Saint-Gilles
puisqu'il se présente sous forme de voûte continue mais rompue sur le palier
du premier étage par une demi-voûte d'arête plate. Il a probablement été
restauré au XVIIIe siècle. Les niveaux de ce grand corps de logis ont été
eux aussi remaniés: les plafonds visibles du premier étage sont constitués
de poutres très serrées (remanié XVIIe ou XVIIIe siècle), un couloir sur la
cour dessert toutes les chambres de l'étage (XVIIe ou XVIIIe siècle) et le
deuxième étage est devenu au XVIIIe siècle et jusque vers 1856, un
étage-attique sur les deux ailes avec l'agrandissement des baies ornées de
petites consoles sous les allèges et la présence de volets à claire-voie.
En 1811 et en 1846 (dates des plans cadastraux), un grand et large perron
avec deux volées d'escalier permettait un accès direct aux jardins sud. Ce
perron accentue l'axe de symétrie traversant le logis. Ce perron est
maintenu jusque vers 1900. Après 1856, l'architecte Ernest Dainville
restaure le château et remanie le décor: il recrée des mâchicoulis et des
lucarnes sur l'ensemble du logis. La restitution d'un faux chemin de ronde
entraîne des dysfonctionnements intérieurs de l'ancien étage-attique: les
fenêtres sont bouchées par les mâchicoulis et les lucarnes néo-gothiques
forment puits de lumière. L'utilisation de pierres de calcaire jaune dites
des Rairies pour les baies de la façade sud suggère une première campagne de
restauration néo-gothique avant Dainville. Ces pierres pourraient
correspondre aussi au remaniement du XVIIIe siècle, Dainville choisissant
plutôt du tuffeau blanc. Vers 1900, le logis est allongé vers l'ouest et
flanqué d'une nouvelle tour d'angle sur la cour. Le vestibule de la grande
vis est déjà construit. Ces derniers travaux seraient attribués au
successeur de Dainville, René Chauveau. Les communs ont été grandement
remaniés au cours des XIXe et XXe siècles : grandes et petites écuries,
atelier d'artiste à l'étage, buanderie. Les murs nord des petites écuries
très épais pourraient être un vestige de l'ancienne basse cour de la
forteresse médiévale. Les communs dans la basse cour ont été remaniés entre
1811 et 1846 (date du second plan cadastral). En 1831, les registres des
augmentations et diminutions de l'ancien cadastre font mention d'une
démolition entreprise par M. de Sarcé au château sur la parcelle 361. Nous
pensons qu'il s'agit des bâtiments placés dans l'axe et qui correspondaient
peut-être à la porte principale de l'avant-cour détrônée alors par la porte
orientale. Aujourd'hui cet angle de la cour d'honneur est occupé par une
orangerie (en ruine).
Sur le cadastre de 1811, on note la présence d'une composition régulière
marquée par un fort axe de symétrie qui lie château et paysage. Cet axe
privilégie l'accès nord de la basse cour des communs, passe par la tourelle
d'escalier, s'interrompt au sud pour réapparaître sous forme d'un petit pont
qui franchit la douve pour se prolonger dans un canal médian qui divise un
vaste verger en deux parties égales. Des fossés secondaires soulignent cette
composition et permettent l'alimentation en eau et le drainage des terres.
Le canal médian sépare aussi les deux bâtiments rigoureusement identiques de
la Ménagerie. Tout cet ensemble pourrait dater de la première moitié du
XVIIIe siècle: une douve semblable fut creusée au château de la Grifferie
dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Le cadastre de 1811 signale encore
un jardin anglais sur la terrasse devant la façade est, un espace de
parterres et de charmille au sud, une chaumière dans le petit bois, et deux
jardins clos (le jardin haut et la jardin bas) à l'est, et enfin, une
pépinière. Entre 1811 et 1846, un des jardins potagers dit le jardin bas est
supprimé. Un lavoir apparaît à l'extrémité est de la douve (sorte
d'embarcadère). À partir de 1968, Anne de Ruillé remodèle les jardins selon
son inspiration fortement influencée par ses voyages dans la région de
Grenade (Espagne) où elle se rend tous les ans. Avec M. Bououl son
régisseur, elle dessine le nouveau jardin bas divisé en quatre carrés de
pelouse avec, au centre, les quatre colonnes de marbre rose provenant de la
chapelle. C'est elle également qui dessine le parterre de broderies de buis
au pied du château. La vasque de la petite fontaine est un achat effectué à
Aix-en-Provence, le bassin est en ciment. Bououl fait également le large
bassin entre le logis et l'orangerie. Vers 1930, la chapelle extérieure est
abandonnée pour la chapelle intérieure à l'étage de la tour neuve
nord-ouest, près de la chambre de la dernière comtesse de Ruillé. Cette
dernière y installe un autel et son retable, et des bas-reliefs en terre
cuite provenant d'une chapelle qu'elle possédait à Mansigné. Anne de Ruillé
a entrepris beaucoup de travaux d'aménagements depuis les années 1960:
réfection des salles du rez-de-chaussée (lambris), des chambres à l'étage et
déménagement de la bibliothèque du deuxième étage au premier. (1)
château de Gallerande, rue de Gallerande, 72800 Luché-Pringé, propriété
privée, ne se visite pas, visible de la route.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
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constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement
Monsieur J-P Sauvage pour les photos qu'il nous a adressées afin d'illustrer
cet historique.
source
de la photo par satellite :
https://www.google.fr/maps
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dans ce département. |
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