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Le château de la
Roche du Roi est construit, entre 1897 et 1900, pour Jean Archiprêtre-Dugit,
gérant de l'hôtel du Grand Café, place Carnot, et administrateur du casino
la Villa des Fleurs. Jean Archiprêtre obtient également, avec Charles
Bertrand, l'affermage des salles de jeu du casino Grand Cercle en décembre
1899. Entre novembre 1896 et novembre 1897, il achète à Nicolarde Tatin un
ensemble de terrains non bâtis pour y faire construire sa villa par
l'architecte Jules Pin Ainé, alors âgé de 46 ans. Il lui donne le nom de
villa de la Roche du Roi mais c'est l'usage qui lui confère son appellation
de château. Le chantier est attribué, en juin 1897, à l'entreprise Léon
Grosse; en effet, lors de l'achat des terrains, une convention passée avec
Léon Grosse, propriétaire de parcelles voisines, stipulait que tous les
travaux exécutés sur les terrains acquis de Mme Tatin lui seraient confiés.
Le décapage du rocher, entamé à partir du 25 juin 1897, marque le début du
chantier jusqu'au 30 septembre 1900. Les travaux se décomposent en deux
phases, l'une pour la création de la terrasse, l'autre pour la construction
de la villa proprement dite. L'emplacement choisi nécessite, en effet,
l'élévation d'un imposant soubassement pour soutenir la terrasse. Celle-ci
est remblayée, en partie, avec les matériaux provenant de la démolition de
l'ancien théâtre du Cercle. En outre, un pont provisoire en charpente est
établi au-dessus du boulevard pour transporter des déblais. Tout le gros
oeuvre est achevé entre 1898 et 1899.
Parallèlement, se poursuivent les travaux de canalisation, d'installation
d'une citerne et de création de la grande terrasse sud. Un
jardinier-paysagiste, M. Martin, est engagé, à partir de septembre 1899,
pour la plantation des arbres sur la terrasse. Pour desservir sa propriété,
Jean Archiprêtre fait modifier, en 1897, le tracé du chemin du Biolley,
actuel sentier des Granges, à l'est, puis, en 1902, celui du boulevard de la
Roche-du-Roi, à l'ouest. Le montant total des travaux est arrêté par
l'architecte, le 31 octobre 1902, à 496000 francs, somme à laquelle il faut
ajouter les honoraires de l'architecte et le prix du terrain. A titre de
comparaison la nouvelle église a coûté, en 1899, la somme de 560000 francs.
Jean Archiprêtre revend le château, alors que tout n'est pas achevé, à Henri
Bloch et Adolphe Levy. Ce sont d'ailleurs ces derniers qui font poser les
grilles de clôture en fer forgé, entre 1902 et 1903. Sept propriétaires se
succèdent jusqu'au milieu du XXe siècle. Inhabité, au moins depuis 1950, le
château n'est pas en bon état quand Gilbert Duranton et Jean-Marie
Clerc-Renaud l'achètent en 1957. Le décorateur et architecte, G. Duranton,
seul propriétaire à partir de 1964, fait réaliser des travaux de sauvegarde
et aménage une discothèque avec pizzeria à l'étage de soubassement. L'espace
est également loué pour des réceptions. Ces tentatives commerciales s'étant
révélées infructueuses, la propriété change de main une nouvelle fois en
l'an 2000.
Ce château occupe la partie haute d'un vaste terrain en forte pente d'est en
ouest. Une grille en fer forgé sur muret, avec portails de style Art
Nouveau, longe la propriété du côté du boulevard. Le jardin arboré conserve
un bassin, une pergola et le tracé des anciennes allées. La construction en
pierre calcaire tendre de Lens, de teinte ocre clair, pour les parements et
le décor sculpté, en pierre de Villebois et d'Hauteville, plus dure, pour
les soubassements, socles et balcons, est établie sur une plateforme en
demi-cercle que prolonge, au sud, un mur de soutènement. L'étage de
soubassement qui supporte cette plateforme, entièrement voûté en berceaux,
ouvre sur le parc par de grandes arcades en plein cintre. Le château, de
plan rectangulaire, cantonné de tourelles circulaires coiffées d'un dôme,
compte deux niveaux de sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé et un étage
carré. Un donjon central, couvert d'une flèche polygonale, s'élève au-dessus
des couvertures en terrasse. Le premier sous-sol n'occupe que la moitié
occidentale de la construction; il communique avec le soubassement de la
plateforme. Le second sous-sol, destiné aux cuisines et au logement des
domestiques, est éclairé par des soupiraux au-dessus de la terrasse. Le
rez-de-chaussée est traversé d'est en ouest par un hall central qui
distribue les pièces de réception et communique avec l'escalier d'honneur au
sud. Celui-ci conduit à l'étage réservé aux chambres disposées autour d'un
vestibule central.
Un escalier en équerre, couvert en métal, part de cet étage pour donner
accès au donjon. Chaque façade présente une composition symétrique, avec,
sur les élévations antérieure (façade est) et postérieure (façade ouest), un
avant-corps central précédé d'un perron. L'élévation latérale nord présente
également un perron : en forme d'arc de cercle et encadré de deux volées
droites, il est surmonté d'une marquise prenant appui sur les tourelles
d'angle. Au-dessus de cette marquise, un bow-window prolonge une chambre de
l'étage. Les façades postérieure et latérale sud ne possèdent pas de
marquise, notamment, au sud, en raison de la présence du grand escalier en
revers de façade. Celui-ci est éclairé par une baie de style Art Nouveau.
Façades et tourelles s'ornent d'un important décor sculpté empruntant à un
vocabulaire décoratif varié. A l'intérieur, les murs de toutes les pièces
étaient garnis de lambris et de stucs, aujourd’hui en grande partie
disparus. De même, la plupart des manteaux de cheminée et des mosaïques des
sols ont été arrachés. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures y compris la terrasse,
l'escalier avec sa cage et sa rampe en fer forgé, la salle à manger et la
salle contiguë au rez-de-chaussée avec leur décor, les deux chambres au
premier étage : classement par arrêté du 23 avril 1986.
château de la Roche du Roi, boulevard de la Roche-du-Roi, 73100 Aix les
Bains, privé ne se visite pas, actuellement en cours de rénovation.
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M. Andrea Calabretta pour les photos qu'il nous a adressées afin d'illustrer
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