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Château de Dieppe (Seine-Maritime)
 
 

    La falaise de Caude-Côte fut, pendant le moyen âge, l'acropole de Dieppe. Après avoir été successivement le siège d'une station Gauloise, Gallo-Romaine et Franque, les flancs de cette colline furent ouverts, dans le cours des XIe et XIIe siècles, pour recevoir les fondations d'une église et d'un château fort. La croix était alors le palladium de toute cité naissante. L'existence de cette église est attestée dès l'an 1030. En effet, la charte du duc Robert, dans laquelle il confirme la fondation de l'abbaye de Sainte-Catherine, par Gosselin, vicomte d'Arques, la désigne en ces termes: "ecclesiam unam supra mare positam et unum parvum gardinum in Deppa". Quant au château fort, s'il fallait en croire Guibert, il aurait été fondé, pour la première fois, sous Charlemagne, et reconstruit au IXe siècle par Richard 1er, Sans Peur, duc de Normandie. A ces vagues traditions nous préférons le témoignage d'Asseline: "Si nous en croyons un mémoire, dit-il, Dieppe fut sans château jusqu'à l'an 1188 que Henri Il et Richard V son fils vinrent en Normandie et en firent bâtir un pour défendre cette place et assurer la frontière du pays contre les efforts du roy de France". La destinée de ce château fut de courte durée. A peine fondé depuis sept ans, il fut détruit, en 1195, pendant le sac de la ville, par Philippe-Auguste. Nous lisons dans les mémoires de Guibert: "Philippe, qui le suivait de près, attaqua cette ville, la prit d'assault, la réduisit en cendre, brusla tous les vaisseaux qui étaient dans le port, enleva les habitants qu'il tint prisonniers jusqu'à la paix et détruisit le château. Depuis ce temps, la ville fut sans clôture jusqu'à 1360 et sans forteresse jusqu'à 1442".
Le château actuel fut fondé sous le règne de Charles VII, en 1443, par Charles Des Marets, capitaine de la ville. "On ne bâtit alors, dit Guibert, que les quatre tours rondes qui font les quatre angles de la dernière cour qui est presque carrée". Agrandi successivement, il finit par englober la tour du Vieux-Saint-Remy, après que l'église, menaçant ruine depuis longtemps, saccagée en 1562 par les protestants, ébranlée par le tremblement de terre de 1580, se fut écroulée de fond en comble, pendant l'année 1595. M. Vitet écrivait, au milieu du XIXe siècle, ces lignes qui n'ont rien perdu de leur actualité: "Le château a été tant de fois restauré et remanié, selon les différents systèmes de défense qui se sont succédé depuis sa fondation, qu'il est, à vrai dire presque entièrement moderne. Il ne tient pas tout ce qu'il promet". Oublions, pour un instant ce jugement sévère de l'archéologue, et suivons les pas de notre ami M. Robida, qui écrit et dessine de la même plume précise et spirituelle. "C'est en tournant par derrière, et en grimpant, par des sentiers escarpés, sur les herbages des falaises qu'il faut voir le château de Dieppe, élevant au-dessus des fossés profonds ses es courtines à mâchicoulis, sa porte au sommet de la falaise, reliée par un pittoresque pont de pierre, dont les arches encadrent, du ciel et de la mer, des oiseaux et des voiles blanches. Après le pont, deux grosses tours rondes flanquent le front tourné vers la mer, précédé, sur la crête même de la falaise, d'une batterie bastionnée aux embrasures herbeuses". Nous ne nous attarderons pas à décrire l'extérieur du château.
Le plan primitif comportait quatre tours, disposées aux angles d'un trapèze, dont la grande base, orientée au nord-est, se développe parallèlement à la rue de Sigogne. La tour de l'angle sud a disparu, laissant toutefois un dernier vestige de son existence dans la courbe de raccord qui relie la galerie des mâchicoulis à la porte fortifiée. Cette poterne comprend un corps de bâtiment carré, percé de deux portes plein cintre, accompagnées de coulisses destinées au jeu des herses et surmontées de rainures laissant passer le châssis mobile du pont-levis. Cette entrée donne accès dans la plus ancienne cour du château. Le bâtiment, adossé intérieurement au corps de logis couronné de mâchicoulis, date du XVIIe siècle. Il est flanqué, à la hauteur du premier étage, d'une galerie de bois en encorbellement sur consoles en bois sculpté, ornées de fleurs (hélianthes, marguerites étalées), de mufles de lions, de tètes d'anges accostées d'ailes, etc. Une seconde poterne identique, en retour d'équerre avec la première, met cette cour en communication avec la cour suivante, bordée par le logement du commandant de la place, auquel fait suite la caserne Ruffin. Près de la seconde poterne a été conservée une charmante fenêtre de la Renaissance. Partagée par des meneaux en croix, elle est encadrée par trois jolies colonnettes à volutes ioniques. Au-dessus règne une étroite galerie de mâchicoulis, supportée seulement par quatre consoles. Certes, cet ensemble est fort pittoresque par la diversité même des parties qui concourent à le former; mais tout s'efface devant le coup d'oeil dont jouit le visiteur parvenu à la terrasse supérieure. Quel panorama digne de tenter la plume suggestive de Loti!
La muraille qui relie, du côté de la ville, la tour du Vieux-Saint-Remy au corps de garde, est décorée par un bossage, composé de boulets de pierre et de pointes de diamant. Cette tour se dresse à l'extrémité sud-est de l'enceinte du château, dominant, avec l'allure d'un donjon, la ville étendue à ses pieds. M. Vitet, en 1833, et l'abbé Cochet, en 1846, semblent ne lui avoir accordé qu'une attention distraite. Le second de ces écrivains en visita cependant l'intérieur. Nous allons nous efforcer de compléter la description de nos illustres devanciers. La tour est établie sur plan presque carré. En effet, son plus grand diamètre, dirigé du nord-ouest au sud-est, mesure 10,60 mètres hors oeuvre, et diamètre trancvercal 10 mètres. Sa hauteur actuelle, mesurée par M. Milet, est de 22,50 mètres, depuis le sol factice du rez-de-chaussée jusqu'à la naissance de la toiture; mais elle a dû atteindre environ 40 mètres, avant l'enfouissement de la base et la disparition de l'étage du beffroi. Cette tour a quatre faces, dont les angles répondent aux points cardinaux. Chaque angle est épaulé par deux contreforts rectangulaires en retour d'équerre, interrompus par un larmier et un ressaut faisant suite au bandeau horizontal. Le contrefort de la face sud-ouest, vers l'angle occidental, est orné, par exception, d'un petit cordon de marguerites étalées. Au-dessus du bandeau, qui coupe horizontalement les quatre faces de la tour, s'élève un rang de trois hautes arcatures en tiers-point, surmontées d'un trèfle inscrit dans un gâble, dont les rampants, ornés de crochets feuillus et amortis par un fleuron, reposent sur des animaux-cariatides. Chaque arcature est subdivisée par un meneau vertical et par deux petits arcs brisés, armés de redents et couronnes par une rosace à cinq lobes. Cette décoration, assez bien conservée sur les faces sud-est et nord-est, a subi, sur les autres faces, toute espèce de mutilations. L'étage de beffroi n'existe plus.
La tour, ainsi découronnée, et déshonorée par de grossières reprises en briques, a pour comble une pyramide à quatre pans actuellement couverte de tuiles. On lit, à ce propos, dans Guibert: "Vers le mois de juin 1614, on couvrit d'ardoise la tour de l'ancien Saint-Remy; on la partagea en plusieurs étages et on y fit des cheminées". La face sud-est était percée, au rez-de-chaussée, d'une grande arcade en tiers-point, actuellement rebouchée, à laquelle a succédé une porte sans caractère. Elle présente, en outre, du côté de l'angle sud, la moitié d'une grande arcade, dont l'archivolte à moulures prismatiques est interrompue au niveau du mur contigu, de date postérieure. La naissance de cette archivolte coïncide avec celle d'un arc ogive, dont le sommier et le premier claveau sont encore en place. On distingue, sur cette face, à cinq mètres environ l'une de l'autre, les traces de deux combles successifs. La porte moderne, que nous venons d'indiquer, donne accès dans le rez-de-chaussée de la tour, à une salle basse, voûtée actuellement en berceau, qui avait reçu une voûte sur croisée d'ogives. Elle était ouverte, de quatre côtés, par une grande arcade, dont les pieds-droits sont enfouis aux deux tiers par suite de l'exhaussement considérable du sol. Cette salle, altérée dans ses proportions, que le soleil n'éclaire plus jamais de ses rayons, produit une vive impression. Les regrets se mêlent à l'admiration en présence de cette œuvre élégante du XIVe siècle. Ouverte au dehors de trois côtés, elle constituait un porche sous clocher, analogue à celui de l'église Saint-Pierre à Caen. Le célèbre architecte Eugène Viollet-le-Duc observe que cette disposition devient rare dans l'Ile-de-France à partir du XIIIe siècle, mais qu'elle se rencontre quelquefois en Normandie pendant les XIVe et XVe siècles.
Un escalier à vis, logé dans le contrefort sud, met en communication les divers étages de la tour. Sa structure est très soignée. Les marches superposées en spirale portent noyau. Les bouts extérieurs sont encastrés dans le parement cylindrique de la cage, et soulagés, non par de simples corbeaux, mais par un profil continu qui ressaute d'équerre au droit de chaque degré. Les marches chanfreinées forment, au-dessous d'elles, un plafond rampant, dont la perspective ne manque point d'élégance. Un certain nombre de marches en grès brut, et à vive arête, témoignent d'une refaçon qui eut lieu, sans doute, lors de l'affectation nouvelle de la tour. Des fenêtres, sous forme de meurtrières, éclairent cet escalier. Depuis 1614, la tour est divisée en plusieurs étages, actuellement au nombre de quatre. Les deux premiers ont reçu une voûte en berceau plein cintre, dont les axes sont respectivement perpendiculaires. Cette disposition a été employée pour assurer la solidité. Le troisième étage est couvert par un simple plancher. Aux angles de ses murs sont encore attachées les consoles prismatiques destinées à recevoir la retombée de la voûte supérieure. A partir de cet étage, des marches de bois remplacent l'escalier en pierre. Le comble, à quatre faces, est formé d'une charpente étrésillonnée par deux croix de Saint-André (1). Le château de Dieppe a été racheté par la municipalité en 1903. Finalement, le château fort gardera sa dimension militaire jusqu'en 1944 avec le départ tonitruant des Allemands qui font sauter le dépôt de munitions dans la Tour Saint-Rémy. Il abrite aujourd'hui le musée, dont l'extension a été réalisée en 1984 par Georges Duval.

Éléments protégés MH : le corps de logis du front Nord flanqué de deux tours rondes ; aile à la suite sur la face ouest couronnée par des machicoulis, poterne contiguë et bâtiments crénelés jusqu'à la petite échauguette du XVIIe siècle ; tour Saint-Rémy ; logis avec sa tour, sis à l'est, dominant la plage et se reliant au bâtiment principal du front nord : classement par liste de 1862. Ensemble du système défensif du château, assiette foncière, y compris les vestiges enfouis (à l'exclusion de l'extension du musée) : classement par arrêté du 10 mai 1995 (2)

château de Dieppe, rue de Chastes, 76200 Dieppe, tél. 02 35 06 61 99, musée, ouvert au public du 1er octobre au 31 mai, sauf le mardi, de 10h à 12h et de 14h à 17h. Du 1er juin au 30 septembre de 10h à 12h et de 14h à 18h.

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(1)
    source: La Normandie Monumentale et Pittoresque, (Manche) Lemale & Cie. Imprimeurs, Éduteurs, achevé d'imprimer le 25 septembre 1897.
(2)    source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee

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(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
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