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Mauny, situé à environ douze kilomètres de Rouen,
vers le sud-ouest, n'est séparé d'Yville que par une portion de forêt. Le
nom de cette terre que, dans leur barbare latinité, les clercs contemporains
de Guillaume le Conquérant traduisaient par malus nidus, mauvais nid, n'a
guère été justifié par l'histoire; c'est de Mauny que sortirent, au XIVe
siècle, de vaillants guerriers dont la gloire a été célébrée par les poètes.
Rappelez-vous le drame de F. Coppée et A. d'Artois, la Guerre de cent ans.
Rappelez-vous surtout la belle scène où Enguerrand de Mauny plonge sa main
dans sa blessure béante et la pose, toute sanglante, sur le front de ses
quatre fils en disant "Grandissez, car l'espoir des vengeances lointaines
est en vous; devenez soldats ou capitaines; mais songez aux aïeux et chassez
ces maudits, et, pour vous rappeler les choses que je dis, plus tard, quand
il faudra, je veux que ma blessure à vos têtes d'enfant laisse une
éclaboussure. Je vous lègue à la mort, tout en vous bénissant. Soyez braves,
adieu, fils marqués de mon sang". Nul doute que de tels sentiments ne se
trouvassent dans le cœur des Mauny comme dans celui d'une foule d'autres
chevaliers de ces temps héroïques. Seulement ces Mauny, que, pour les
convenances de leur action dramatique, les auteurs de la Guerre de cent ans
ont fait poitevins, la Normandie peut les revendiquer comme siens, malgré le
sang breton qui coulait dans leurs veines. Hervé, seigneur de Mauny, épousa
Marie Du Guesclin, soeur du fameux connétable, et en eut Olivier, Hervé,
Alain, Eustache et Henry de Mauny, qui se signalèrent en France et en
Espagne à la suite de leur célèbre oncle Bertrand Du Guesclin.
La terre de Mauny fut érigée en baronnie en 1464. Elle appartenait alors à
Pierre de Brézé, grand sénéchal de Normandie, qui fut tué à la bataille de
Montlhérv. Son fils Jacques, comme lui sénéchal de Normandie, avait épousé
Charlotte de France, fille de Charles VII et d'Agnès Sorel. L'ayant surprise
en adultère, il la poignarda, et fut condamné à une amende, pour le paiement
de laquelle il abandonna Mauny et toutes ses autres terres. Après la mort de
Louis XI, il se pourvut au Parlement contre ce qui avait été fait contre lui
et rentra dans ses biens. Mauny passa ensuite aux marquis d'Estampes, et au
XVIIIe siècle ceux-ci remplacèrent par une construction moderne le vieux nid
de gerfauts qui avait reçu en 1464 la visite de Louis XI; en 1550, celle de
Diane de Poitiers et du cardinal de Lorraine; en 1522 enfin, celle de
Marguerite de Lorraine, sœur de Henri II, qui accompagnait le dauphin
François (1). Le château de plan régulier se compose d'un étage carré, gros
oeuvre en pierre de taille, calcaire, bossage, moellon, enduit partiel et
brique, élévation ordonnancée surmontée d'un toit à longs pans, et toit
polygonal, recouverts d'ardoise et de tuiles plates. L'ensemble comprend,
une glacière, des communs, une terrasse en terre-plein, un enclos. Le
colombier édifié dans le premier quart du XVIe siècle porte les armes de
Diane de Poitiers et Louis de Brézé (2).
château de Mauny 76530 Mauny, propriété privée, ne se visite pas, site
inscrit en 1975
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