|
Trouver une perle (margarita) dans un fumier n'est pas un fait ordinaire,
cependant cela arrive, et c'est ainsi que nous nous trouvons en face d'une
petite merveille de la Renaissance, élevée sur l'emplacement d'une ancienne
léproserie, à Saint-Jouin-sur-Mer. Ces mots de léproserie, maladrerie,
reviennent souvent dans les annales de l'archéologie normande. C'étaient des
hôpitaux réservés aux malheureux atteints de la lèpre, maladie fréquente en
occident au moyen âge. Le château actuel date de 1602. Parmi ses
possesseurs, M. Bigot de la Robillardière qui en était propriétaire en 1878,
lui a fait subir des agrandissements et des restaurations habiles, dans le
style de l'époque. Il faut d'autant plus louer le bon goût qui y a présidé,
qu'il se rencontre plus rarement et que le plus souvent les agrandissements
gâtent la construction primitive et les restaurations lui ôtent son
caractère. Il y a longtemps que Victor Hugo s'est élevé contre la rage des
démolisseurs, le mauvais goût des bâtisseurs, et les affreux badigeonnages
par lesquels on prétend embellir ce qui était beau en soi, ne serait-ce que
par son ancienneté. S'il eût connu le château de la Marguerite, Victor Hugo
n'aurait pas eu assez d'éloges à décerner à son intelligent propriétaire.
Parmi les débris de l'ancienne demeure, il faut signaler, outre un puits,
une porte d'entrée qui date aussi de 1602. Cette entrée est monumentale et
dans un assez bon état de conservation. Elle se compose de trois arcades;
celle du centre est plus élevée et plus large que les deux autres qui
forment comme les bas-côtés d'une église à côté de la nef principale. Bien
que les coins des deux petites arcades soient quelque peu usés par le temps,
ce rongeur insatiable, on voit que le haut en était à angle droit. L'arcade
principale, au contraire, à partir du point où elle se détache des autres et
les domine, est en demi-cintre, et il est probable que le sommet, usé aussi
et envahi par la verdure, affectait la forme d'un fronton arrondi. Entre la
voûte et le fronton, on remarque une plaque rectangulaire qui devait servir
d'écusson. Cette porte est bientôt trois fois séculaire. Alfred de Musset a
dit de bien jolies choses sur trois marches de marbre rose du parc de
Versailles. Que ne pourrait-on pas dire aussi de cette porte, en songeant à
tous ceux qui, depuis trois siècles, ont passé sous ses voûtes de pierre?
(1)
château de la Marguerite 76280 Saint-Jouin-Bruneval, en très mauvais état,
il semble abandonné.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant des photos pour
illustrer cette page, merci.
A voir sur cette page "châteaux
de Seine-Maritime" tous les châteaux recensés à ce
jour dans ce département |
|