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Grand domaine
seigneurial, cité sous les ducs de Normandie, illustré par plusieurs grandes
familles, et plus spécialement par un célèbre magistrat devenu ministre, et
par un écrivain fort connu; tel nous apparaît Miromesnil, dont le mérite
architectural suffirait à fixer l'attention. Ce château est assis dans la
commune de Tourville-sur-Arques et à huit kilomètres de Dieppe. Un kilomètre
à peine le sépare de la voie ferrée, dont la station la plus voisine
(Saint-Aubin) est à dix-huit cents mètres. Il suffira de résumer ici l'étude
si précise, publiée naguère par M. Hellot à un très petit nombre
d'exemplaires. Le nom primitif et véritable de cette seigneurie était
Milorimesnil, du nom de Milon qui, avant le XIIe siècle, y bâtit une
forteresse. Une altération intermédiaire en fit Mironmesnil; la forme
actuelle n'a complètement prévalu que depuis deux siècles. Miromesnil n
était qu'un demi-fief, mais s'étendait sur cinq paroisses, et avait lui-même
des vassaux. Il relevait directement du duc de Normandie, et plus tard du
roi de France. La vraie résidence du fief (ou, comme l'on disait, son
chef-mois) était à Saint-Aubin-sur-Scie. Au XIIIe siècle, le seigneur de
Miromesnil était au nombre des chevaliers de Bellencombre; et, comme tel, il
devait la moitié du service d'un chevalier, c'est-à-dire, vingt jours de
service militaire (M. A. Hellot). Au XVe siècle, Miromesnil appartint au
Rouennais Jean Le Roux, échanson de Louis XI, puis à la belle-sœur de
l'évêque Thomas Basin. Au siècle suivant, il devint ce la possession des
Dyel, famille de robe, qui s'illustra depuis dans les fonctions
administratives, judiciaires, fiscales, diplomatiques et politiques, et dont
la plupart des membres paraissent avoir manié tout aussi volontiers l'épée
que la plume (M. A. Hellot).
En 1668, le partage de leur succession le fit échoir à la famille Hue de la
Roque, anoblie en 1590 Thomas Hue, premier marquis de Miromesnil (ce titre
lui fut conféré en 1687), devint président au grand Conseil et intendant de
plusieurs provinces. Ses successeurs se distinguèrent dans l'armée, comme
maréchaux de camp ou capitaines de cavalerie. Armand-Thomas Hue de
Miromesnil, le dernier du nom, eut la carrière la plus brillante, mais aussi
la plus troublée. Né en 1723, il était premier président au parlement de
Normandie depuis 1757, quand il fut atteint (1771) par la suppression des
parlements, remplacés par des conseils supérieurs, appelés parlements
Maupeou, nom du ministre qui les avait créés. A sa disgrâce succéda une
fortune inespérée. Il fut ministre de la Justice; et comme alors les
ministres participaient à la stabilité du pouvoir royal, il garda les sceaux
treize ans, jusqu'aux approches de la Révolution (1787). Quand il eut vu
crouler tout ce qu'il avait servi et aimé, sa réputation de désintéressement
et de bienfaisance le sauvegarda de l'échafaud et même de l'exil. Il put
mourir en paix dans le beau manoir de ses ancêtres (6 juillet 1796), et
dormir son dernier sommeil dans le chœur de l'église de Tourville. Le 5 août
1850 naissait à Miromesnil le romancier Guy de Maupassant, qui a si
tristement survécu à l'activité de son grand talent. La résidence primitive
des Miromesnil était sur Saint-Aubin. Mais la vieille forteresse romane eut
tant à souffrir du temps et des armées de Mayenne et d'Henri IV, en 1589,
que ses seigneurs construisirent à quelque distance une autre demeure qui
fut un château, au sens moderne du mot, c'est-à-dire une magifique
habitation de plaisance...
On n'est pas absolument d'accord sur la date de sa construction. L'abbé
Cochet, dont le coup d'œil était si sûr, en fait remonter une partie à la
fin du XVIe siècle; et le déplacement du château semble lui donner raison,
le délabrement de l'ancien manoir devant presser les Miromesnil de se mettre
à l'œuvre, pour substituer à un logis ruineux des constructions solides et
neuves. Pourrions-nous mieux finir qu'en empruntant à Vitet son élégante
description: "Ce château est une des plus belles habitations de Normandie.
L'ordonnance en est grandiose, surtout du côté de la cour. La corniche est
surmontée de belles mansardes qui accompagnent le toit et déguisent son
élévation. Quatre jolies tourelles le flanquent aux quatre coins, et la
brique et la pierre dont il est bâti se marient harmonieusement. Dans les
salons sont rassemblés des souvenirs du Marquis de Miromesnil, garde des
sceaux de Louis XVI et d’Albert de Mun, personnalité politique marquante de
la famille des propriétaires actuels. Mais la principale beauté de cette
demeure; ce sont les immenses plantations de hêtres dont elle est entourée.
Le dessin de ces avenues est d'un beau caractère: elles doivent, ainsi que
le château, avoir été conçues par un architecte distingué. Ce sont les
proportions de Versailles, mais avec la végétation de la Normandie. Qu'on se
représente ces hêtres nourris depuis plus de cent ans dans cette terre
vigoureuse Leurs troncs luisants, rangés en haies le long de ces allées
profondes, semblent de hautes colonnades argentées, couronnées d'énormes
bouquets de feuillage, que jamais la serpe ne profane. Quel mystère, quelle
grandeur, quelle majesté". (1)
Éléments protégés MH : le château de Miromesnil : inscription par arrêté du 6 février
1945. La chapelle : classement par arrêté du 9 juillet 1957. (2)
château de Miromesnil 76550 Tourville sur Arques, tel. 02 35 85 02 80,
ouvert au public tous les jours du 1er avril au 1er novembre, de 14h à 18h.
Visites toute l'année sur rdv pour les groupes à partir de 20 personnes.
Dans ce cadre exceptionnel, véritable havre de paix, 5 chambres d’hôtes sont
proposées.
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