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Le premier vestige que nous trouvions de "l'hostel
et du manoir d'Argeville" date du 12 juin 1421. A l'époque, Guillemette,
veuve de feu Jehan Chollier, héritière de feu demoiselle Nicole d'Argeville,
fille de feu Jehan d'Argeville, escuyer, et de Jeanne d'Audefoys, échange
avec Raoul de Grandelin, naguère garde pour le rov de la prévôté de Melun,
et avec sa femme, un hostel et manoir anciennement à la dame Nicolle d'Argeville,
séants à Vernou avec leurs dépendances ainsi que les moulins, qui furent à
ladite dame, avec les appartenances, assis à la Roche, paroisse de Vernou".
De Grandelin et sa femme donnaient en retour à Guillemette, une maison à
Melun, grande rue, où pendait pour enseigne "Le Dieu d'Amour", 11 livres 5
sols tournois de rente annuelle, sur "l'hôtel des Piliers", à Melun, 50 sols
tournois sur l'hôtel de celui "Le Chantre", également à Melun et où pendait
pour enseigne "La Fleur de Lys". Le lendemain, 13 juin 1421, Guillemette
vendit à Raoul de Grandelin, et à sa femme, moyennant 500 livres tournois,
la maison du "Dieu d'Amour", les renies sur les maisons "des Piliers" et de
"La Fleur de Lys". Le document est important, car il démontre l'existence du
nom et de la terre d'Argeville, même avant l'année 1421. De plus, nous y
retrouvons le nom de Jehan Chollier, nom que conserva longtemps un fief
situé au Montois, fief important dont il existe encore des traces et dont
Jehan Chollier fut sans doute propriétaire. Le 29 janvier 1548, Nicolas de
Soissons, seigneur de Courtry-en-Drie, faisait un aveu et dénombrement aux
Chartreux de Paris, à cause de leurs terres de Marangis, des fiefs qui en
étaient mouvants, à savoir: Le fief d'Argeville, consistant en l'hoslel d'Argeville,
fait en pavillon, appartenant à Michel Hubert, situé à Vernou, consistant en
grange, estable, pressoir, bergerie, cour, jardin, un arpent 1/2 de terre,
un arpent 1/2 de vignes, 3 quartiers de prez, où il y a une fosse à
poissons, le tout joignant à la rue de Chevry, à la rue Neuve, au sentier de
l'Abreuvoir et aux héritiers dudit Hubert, chargé envers le seigneur de
Marangis, do 16 sols parisis de rente outre les foys et hommages". Nous
voyons, d'après ce qui précède, que les Chartreux de Paris étaient seigneurs
dominants sur Marangis et Argeville.
Ils étaient également censiers de rente et propriétaires à Vemou, car, en
1464, ils acquéraient de Oudin Potet, 16 sols parisis sur la maison que
possédait Jean Le Nain, à Vemou, moyennant 22 écus d'or, et, le 23 février
1467, Gauthier Le Nain, de Vernou, leur vendait 6 quartiers de vigne en deux
pièces également situés à Vernou. Ces Chartreux de Paris étaient ceux
auxquels, en 1258, Saint-Louis donna le château de Vauvert, pour y bâtir
leur couvent. Au XIIIe siècle, ce château passait pour être hanté par les
revenants. De là, cette expression: "d'aller au diable Vauvert" pour dire
entreprendre une chose périlleuse. Nicolas de Soissons avait fait aux
Chartreux de Paris, aveu et dénombrement, il s'obligeait aux actes de foi et
hommage. L'aveu et le dénombrement, c'était la déclaration des fiefs.
Quarante jours avant cette déclaration, avait lieu la cérémonie des actes de
foi et hommage. Ces actes empruntaient, sous le régime féodal, un caractère
vraiment solennel. Au pied de la grosse tour, le vassal soit, debout et la
main sur l'Evangile (hommage franc), soit un genou en terre et les deux
mains dans celles du suzerain qui le relevait en le baisant sur la bouche
(hommage lige), jurait de lui être fidèle et de remplir vis-à-vis de lui,
les trois grands services de l'ost ou service militaire, de justice et des
aides. Le suzerain l'assurait en retour de son concours et de sa protection.
En mai 1536, les terre et seigneurie d'Argeville furent érigées en vicomté
par lettres royales, lettres enregistrées le 6 septembre 1567, en faveur
d'Etienne Hubert, seigneur d'Argeville, créé baron d'Héricv. Etienne Hubert
était, en 1576, chevalier du roi et bailly de Melun. A la suite d'une
requête présentée le 12 juin 1566, par noble homme Etienne Hubert et après
enquête faite sur les lieux par les religieux-soldats, les chevaliers de
Saint-Jehan en l'Isle-de-Corbeil, chevaliers de Malte, décidèrent de bailler
au seigneur d'Argeville, des maisons assises à Moret-en-Gâtinais,
vulgairement appelées "Le Chasteau", contenant un quartier environ, avec des
cens et des rentes, perçues annuellement par le commandeur de Saini-Jean de
Melun, à Moret, La Celle, Vemou, La Grande Paroisse, L'Ospiteau, Faubourg de
Montereau, pour 9 livres environ, à la charge de leur en faire porter les "foys
et hommages et aux charges des droits et devoirs féodaux et seigneuriaux".
En retour, Etienne Hubert cédait aux Chevaliers de Saint-Jean, 20 livres
tournois de rente annuelle et perpétuelle foncière sur Argeville. C'était un
moyen d'éviter toute contestation et tout ennui, le "chasteau" étant enclavé
dans d'autres propriétés et notamment dans celles appartenant, à Moret, au
seigneur d'Argeville. Pierre Ourrier, le commandeur de Saint-Jean,, qui
avait sanctionné cet arrangement, étant mort, son successeur, Michel de
Seurre, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, grand prieur de
Champagne et commandeur de la commanderie de Melun, conseiller du roi, en
contesta la validité, prétendant qu'Ourrier avait été circonvenu et lésé de
plus de moitié sur le prix. De Seurre gagna le procès et le seigneur d'Argeville
fut condamné à payer neuf années d'arrérages de rente. Etienne Hubert appela
de cette sentence, puis de Seurre s'étant rendu compte que le "chasteau"
n'avait, aucune valeur, renonça à entériner les lettres royales cassant le
contrat, et transigea avec le seigneur d'Argeville pour le maintien des
anciennes conditions. Les chevaliers de Saint-Jean avaient donc, d'après ce
qui précède, un cens foncier sur Argeville. Plus tard, messire Regnault
Hubert ayant requis la vente et adjudication de la terre et seigneurie d'Argeville,
de La Grand-Maison avec les appartenances et dépendances, Jean Hac, prêtre
religieux de Saint-Jean-de-Jérusalcm, commandeur de Pourgault et prieur du
prieuré de Saint-Jehan, reprit l'opposition à la vente formée auparavant par
messire de Neuville, son prédécesseur. Le Châtelet de Paris rendit une
sentence le 15 décembre 1641, maintenant les prieurs de Saint Jehan dans
leurs droits de percevoir 20 livres tournois par an, de rente foncière sur
la ferre et seigneurie d'Argeville, de recevoir la "foy et l'hommage" sur
cette terre, à toute mutation de fief et en outre, à chaque fois, une paire
d'éperons dorés.
Le 28 juillet 1669, Paul de Chaudessoles, escuyer, sieur d'Auterive,
conseiller du roy et son secrétaire, fait hommage au roi de France pour la
terre et vicomté d'Argeville, fiefs, arrière fiefs en dépendant,
circonstances et dépendances relevant du roi à cause de son château de Moret.
Le fief d'Argeville se composait alors, d'après la déclaration: "d'une belle
maison couverte d'ardoises, avec basse-cour, grand jardin potager, grand
canal d'eaux vives, prés, vignes, le tout clos de murs et d'une contenance
d'environ 30 arpents et 26 arpents de terres labourables". Le 14 octobre
1682, François Forcadel, escuyer et seigneur "d'Hargeville", fait hommage au
roi de France pour la terre et seigneurie d'Hargeville, ses appartenances et
dépendances relevant du roi, à cause de son comté de Montfort-Lamaury, à lui
appartenant, au moyen de l'adjudication qui lui a été faite, par décret des
requêtes de l'Hôtel de Paris, le 16 janvier dernier, sur dame Françoise d'Hargeville,
veuve de messire Roger Lilafy Maroni, vivant seigneur de ladite terre. Le 2
août 1687, Claude Forcadel, seigneur de Montisambert, Broussay, Boissy et "Harcheville",
conseiller du rov en la Cour des Aides, fait hommage au roi de France pour
la chastellenie de Boissy, ses appartenances et dépendances, et pour la
terre et seigneurie de "Harcheville", relevant du roi, à cause de son comté
de Montfort-Lamaury, à lui appartenant, au moyen de la donation entre vifs à
lui faite par François Forcadel, escuyer, conseiller du roi, son père, le 31
janvier 1683. Le 12 juin 1697, Louis Fontaine, bourgeois de Paris, curateur
à la succession vacante de Paul de Cliaudcssolcs, escuyer, sieur d'Hauterive,
conseiller du roi, fait en ce nom hommage au roi de France, pour raison de
là terre et vicomte d Argeville, ses appartenances et dépendances, relevant
du roi, à cause de son château de Moret et aussi pour raison du fief de la
Grand-Maison, sis à Vernou-en-Brie, relevant du roi, à cause de La
Grosse-Tour et châtellenie de Moret, et régie par le sieur Fontaine, comme
faisant partie de la succession dudit sieur de Chaudessoles d'Hauterive.
Le 13 mai 1720, Jean-Louis Héron, conseiller et secrétaire du roi,
contrôleur en sa grande chancellerie, ancien receveur général des finances
de Champagne, fait hommage au roi de France, pour la terre et vicomté
d'Argeville, ses appartenances et dépendances, mouvant et relevant du roi, à
cause de son château de Moret et pour le fief de la Grand-Maison. Jean-Louis
Héron et dame Marie-Isabelle Moulée, sa femme, les avaient acquis de messire
Chrétien de Lamoignon, chevalier, marquis de Brasville, conseiller d'État et
président â mortier au Parle ment de Paris, et de dame Marie-Louise Gon de
Bergonne, sa femme, par contrat passé devant Junot et son confrère, notaires
à Paris, en date du 31 décembre 1719. Cet acte qui figure dans les minutes
de maître Morcau, notaire à Paris, nous donne l'importance, à l'époque, des
terre et seigneurie d'Argeville. Elles comprenaient: la terre et seigneurie
d'Argeville; la terre de la Grand-Maison; celle de Champrond; celle de
l'Argenterie; le fief Chollier; la moitié du Moulin de Moret; terres
labourables et prés. Le château d'Argeville était, à l'époque, un beau
château, avec jardin à la Française, carrés de charmilles et demi-lunes. Le
21 juillet 1722, Jean-Louis Héron fit bénir la chapelle du château
d'Argeville, qu'il avait fait construire. Nous trouvons, à ce sujet, dans
les actes civils de la mairie de Vernou, le document que voici: "Le 21
juillet 1722, sur la commission de Monseigneur l'archevêque de Sens, à nous
adressée, signée Denis François, archevêque de Sens, et plus bas, par
monseigneur, et au-dessous Richer, avec paraphe, en date à Paris, le 13
juillet 1722; Nous, soussigné, prêtre d'Héricy, nous sommes transporté au
château d'Argeville, paroisse de Vernou, y avons fait la bénédiction de la
chapelle en l'honneur de Dieu et sous l'invocation de la Très Sainte-Vierge
Marie, que Monsieur Jean-Louis HérOn, seigneur dudit lieu d'Argeville, a
fait construire" Le même jour, Jean-Claude-Prosper Héron épousait, dans la
chapelle, Mademoiselle Le Texier.
Cette famille Héron était une famille de très vieille bourgeoisie française;
l'un de ses descendants, Héron de Villefosse, s'allia, à notre époque, à la
famille de Maussion et fut propriétaire du château de Féricy. La terre et
seigneurie d'Argeville restèrent dans la famille Héron de 1719 à 1783. Le 13
mars 1751, Louis Chaumont de la Millière, intendant de Limoges, seigneur de
Luçav, Valençav et autres lieux, et dame Charlotte-Elysabeth Héron, son
épouse, propriétaires de la terre et seigneurie d'Argeville, passaient avec
Simon Georges Peilhon de Faret et Henriette Desnos, sa femme, le contrat
dont l'analyse suit: "13 mars 1751. Bail par M. Jacques-Louis Chaumont de la
Millière, intendant de Limoges et dame Charlottc-Elizabeth Héron, son
épouse, devant Deshayes, notaire à Paris, à Simon-Georges Peillion, et
Henriette-Thérèse Desnots, son épouse, de l'usufruit et jouissance pendant
leur vie et celle du survivant d'eux, de la terre et seigneurie et vicomté
d'Argeville, située paroisse de Vernou et du mobilier, moyennant 65,000
livres dont 50,000 pour l'usufruit et jouissance des immeubles, et 15,000
pour l'usage du mobilier". Peilhon de Farct était ancien entrepreneur des
Poudres, conseiller du roi et administrateur des bâtiments et jardins
royaux. Nous trouvons l'énumération des qualités de ce personnage dans plu
sieurs actes de l'état civil de la paroisse de Vernou où il est intervenu.
En 1767, Madame Charlotte-Elysabeth Héron, veuve de messine Jacques-Louis
Chaumont de la Millière, passait avec Pierre-Marc Héron, conseil ler
honoraire au Parlement et chevalier, l'acte suivant, dont voici l'analyse:
"Par contrat passé par devant Maître Closet et son confrère, notaires à
Paris, le 26 novembre 1767, M. Héron a acquis du fondé de procuration de
dame Charlotte-Elisabeth Héron, veuve de Messire Jacques-Louis de Chaumont
de la Millière: "La terre et seigneurie et vicomté d'Argeville, consistant
en un château, cour, parc et jardin, le tout enclos de murs, haute, moyenne
et basse justice, droits de péage et de pêche sur les rivières de Seine et
de Loing; La seigneurie de la Grande-Maison, consistant en maison manable,
étables, bergerie, pressoir bannal, colombier à pied, prison, cour, jardin
et terres y tenants, contenant 16 arpents ou environ, plus autres terres
labourables, prés et autres dépendances dudit lieu de la Grand-Maison, en ce
qui relève du roy, conformément aux anciens aveux et dénombrements, haute,
moyenne et basse justice, cens, rentes, etc.".
Pierre-Marc Héron, propriétaire d'Argeville, en 1767, était cousin de Madame
Chaumont de la Millière et frère de Madame Geneviève Héron, qui avait épousé
M. Louis-Achille Dionis du Séjour, conseiller à la Cour des Aides. A la mort
de Pierre Marc Héron, en 1786, son neveu et légataire universel,
Achille-Pierre Dionis du Séjour, fils du conseiller à la Cour des Aides,
recueillit, dans sa succession, les terre et seigneurie d'Argeville.
(Testament du 30 novembre 1785, déposé chez Chevet, notaire à Paris, le 4
octobre 1786.) La famille Dionis du Séjour, qui s'allia à la famille
Matagrin remontait a une haute antiquité. Dès 1464, nous relevons au dossier
Bleu 237, Dionis, du Cabinet des Titres, l'énonciation suivante: "Charles
Dionis: de gueules à la face d'or accompagnée en chef de 3 flacons et en
pointe d'un lion passant de même. Et au-dessous, le nom de ses deux filles:
Marguerite, femme de Guillaume d'Arras procureur au parlement, mort en 1504,
et Catherine, femme d'Eustache Chaumel, procureur de la chambre des comtes,
mort en 1527". Postérieurement à ces dates, et d'après la Généalogie
figurant aux pièces originales, et jointe à ce volume, le chef de branche
fut François Dionis; il avait épousé Anne Piquet et eût pour fils: Pierre
Dionis, maître menuisier et ordinaire des bâtiments du roi, et François
Dionis, marchand de soie et bourgeois de Paris. Cette famille compte alors,
parmi ses membres, un important personnage sous Louis XIV, le chirurgien
Pierre Dionis, fils de Pierre Dionis, chirurgien de la Reine en 1680 et,
plus tard, de la Dauphine (Adélaïde de Savoie) et de sa descendance. Pierre
Dionis eût 20 enfants et l'un de ses fils devint chirurgien-major des armées
de Louis XIV. Il mourut en 1718. François Dionis, marchand de soie et
bourgeois de Paris, eut aussi nombreuse lignée. Sa branche compte, sous
Louis XV, des personnages marquants: un notaire au Châtelet de Paris; un
Conseiller à la Cour des Aides; un Commissaire des gardes du corps du roi,
et sous Louis XVI, Achille-Pierre Dionis du Séjour, propriétaire du château
d'Argeville, membre de l'Académie des sciences et député à l'Assemblée
Constituante.
Les Dionis du Séjour sont représentés au début du XXe siècle par Emmanuel et
Marcel Dionis du Séjour, l'un ancien médecin militaire à Paris, l'autre
ancien inspecteur du Crédit Foncier à Clermont, et par les enfants de
Ludovic Dionis du Séjour, mort architecte à Paris. Au moment de la
Révolution, Achille-Pierre Dionis du Séjour fut, comme tous ses collègues de
l'Assemblée Constituante, condamné à mort. Dénoncé par son ami Condorcet
qui, arrêté à Glamart avait, pour se sauver, fourni un faux nom en
prétendant qu'il était l'homme de confiance de M. Dionis du Séjour et qu'il
retournait près de lui à Vernou, l'ancien Conseiller au Parlement se crut
perdu. Condorcet s'était empoisonné dans sa prison de Bourg-la-Reine. Dionis
du Séjour suivit son exemple et il succomba au château d'Argeville, où il
s'était réfugié, le 6 fructidor an II, sous l'influence du poison qu'il
avait absorbé. A la mort d'Achille-Pierre Dionis du Séjour, Argeville devint
la propriété de son père, Louis-Achille Dionis du Séjour, son unique
héritier. Louis-Achille Dionis du Séjour était fort riche mais il survécut
peu de temps à son fils et mourut le 30 floréal, an IV. La licitation
d'Argeville fut alors poursuivie entre ses héritiers: sa nièce, Marie
Nicolle Dionis des Carrières, veuve de Romé, qui venait dans la succession
pour moitié, et ses petits-neveux Antoine-Charles et Antoinette-Catherine
Maussion de Condé, Achille-Marie-Louis Dionis, Jean-Bapliste-Marie Dionis
des Carrières, Alexandre-Pierre-François Dionis du Séjour, Michel-Médard
Dionis Davrigny, Antoinette-Marie Dionis du Séjour, épouse de Monsieur Huré,
pour l'autre moitié. Voilà comment Argeville sortit du patrimoine des
familles Héron et Dionis du Séjour. A la suite de la licitation, intervint
un jugement de l'audience des criées du Tribunal civil de la Seine, en date
du 3 nivôse, an VI, déclarant M. Gaspard Dumorey, adjudicataire de la terre
d'Argevi'lle pour 161,050 livres.
L'importance de cette terre était alors identiquement la même qu'au moment
de la mort des Dionis du Séjour, fils et père. Gaspard Dumorey n'est pas
qualifié dans le titre d'acquisition; il paraît avoir été consul ou
secrétaire d'ambassade, et avait pour gendre, le baron Salvage. Le 4
germinal, an X, Gaspard Dumorey vendit Argeville à sa femme, par acte passé
devant Boisseau, notaire à Paris. Le 10 mai 1822, par contrat passé devant
Gon douin, notaire à Paris, M. Louis Baron, propriétaire à Paris, achetait
le parc et le château d'Argeville, et le 10. février 1840, par contrat passé
devant Houllier, notaire à Paris, il les revendait à Madame veuve Bontus,
née Adélaïde Finot, déjà propriétaire des fermes. C'est à compter de cette
date que la terre d'Argeville devint la propriété des familles Bontus,
Grosse et Danvin, familles charmantes qui ont laissé dans l'esprit de tous
ceux qui les ont connues, de si durables souvenirs. Monsieur Grosse était
alors maire de Vernou, et, secondé par sa femme et ses quatre filles,
accueillait ses visiteurs avec une exquise bienveillance. C'était un homme
du monde, doublé d'un érudit et très intéressant causeur. Madame veuve
Bonlus s'éteignit à Paris, le 16 février 1868; sa fille, madame veuve
Grosse, à qui elle avait fait donation d'Argeville et des fermes, le 27 mai
1856, par actes passés devant Madré et Houllier, notaires à Paris, mourut à
Argeville le 17 novembre 1891. Elle laissait pour seul héritier, son fils
Charles-Hippolyte Grosse. A la mort de ce dernier à Argeville, le 7 août
1898, toute la propriété d'Argeville, comprenant le château et le parc, les
fermes de la Grand-Maison, du Croizier et de Champrond, fut attribuée, par
acte passé à Paris, le 14- février 1900, devant Robin et Hardi villiers,
notaires, à Madame Marie-Amélie-Alice Grosse, seconde fille de Monsieur
Crosse, mariée à Monsieur Danvin, notaire à Boulogne-sur-Seine. Telle est
l'histoire d'Argeville, de 1421 à 1905. Nous la livrons à la curiosité des
lecteurs, en évoquant la pieuse mémoire de tous ceux qui ont habité et aimé
ce château. (1)
Éléments protégés MH : les communs ; la clôture ; la petite porte d'accès à
la ferme et le portail d'entrée : inscription par arrêté du 11 juillet 1986.
(2)
château d'Argeville 77670 Vernou-la-Celle-sur-Seine, propriété privée, ne
se visite pas, le château construit au XVIIe siècle possède un parc
remarquable ainsi qu'une prairie ornementale inscrits Monument Historique le
11 juillet 1996.
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