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Construit au détour d’un méandre
du Tarn, Lasbordes jouit d’une situation remarquable, tant par la beauté de
son site que par la présence de riches alluvions qui firent en partie la
richesse du domaine agricole. En 1563, lors de la première mention
concernant le domaine, la terre dénommée alors "Pruines" appartenait à un
chanoine du chapitre de Sainte-Cécile d’Albi, de la famille toulousaine des
Barassy. Ce dernier légua le domaine à sa sœur, dont le fils le légua lui
même à ses neveux d’Aussaguel, prospères négociants albigeois. C’est la
grande aventure du pastel qui fit leur richesse aux XVe et XVIe siècles et,
d’ailleurs, un moulin à pastel fut construit à cette époque et existe encore
au sein des bâtiments de ferme. Qu’importe si après 1560 le négoce du
pastel, concurrencé par l’indigo s’effondra pour l'exportation: longtemps
encore la plante garda sa clientèle régionale et, de toute façon, les d’Aussaguel
avaient déjà assis leur fortune foncière grâce à ce fructueux commerce. Les
d’Aussaguel de Lasbordes complétèrent leur ascension sociale en acquérant
des charges au parlement et possédèrent également à Toulouse le bel hôtel
dit du "Vieux-Raisin". Malgré la mort sur l’échafaud révolutionnaire du
conseiller au parlement de Toulouse Bruno d’Aussaguel de Lasbordes, la
maison est encore de nos jours dans la famille de ce nom. En effet, le fils
de Bruno eut une descendance en s’alliant à sa cousine Pauline Daires, et
c’est d’ailleurs par ce mariage que la belle terre de Maïlhoc entra
également dans la famille de Lasbordes.
Le château fut construit à la fin du Grand Siècle par Raymond d’Aussaguel
dans un style noble que rend plus aimable l’emploi de la chaude brique de la
région. Corps de logis simple dont les salles prennent le jour sur deux
façades présentant neuf travées d'ouvertures, il est construit sur un plan
rectangulaire et orné d’un corps central non saillant. Les fenêtres, encore
traitées à meneaux malgré l’époque de la construction, ont été totalement
remaniées au XIXe siècle, faisant oublier le joli jeu de polychromie qui
devait naître autrefois de la rencontre de la pierre et de la brique. Le
pavillon central coiffé d’un pittoresque belvédère à fronton semi circulaire
souligné par une vigoureuse corniche, seul élément décoratif de la façade,
nous restitue intact toute l’originalité de ce plan savoureux. En fait, si
l’on fait abstraction des vastes communs construits au XIXe siècle et
enserrant la cour d’honneur et surtout des deux pavillons d'époque
Restauration prolongeant les extrémités de la façade opposée, l’allure
générale rappelle de manière très nette le château d’Huteau à Gaillac,
construit peu de temps avant Lasbordes. Un grand escalier à balustres de
pierre, inspiré de celui que l’évêque Daillon du Lude avait installé au
palais de La Berbie, occupe une grande partie du côté gauche du logis. De
belles cheminées anciennes décorent encore l’intérieur du château. Le
domaine compte également une ferme aux bâtiments fort anciens rappelant
l’époque à laquelle le pastel fit la fortune de Lasbordes. De nos jours, cet
exceptionnel ensemble a été mis en valeur par la présence autour du château
d’un très beau parcours de golf, mais il est à souhaiter, tant qu’il en est
encore temps, que les importants corps de fermes, les deux pigeonniers ainsi
qu’une belle métairie située non loin du château, profitent de cette
manne... (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du manoir et des deux
pigeonniers ; l'escalier intérieur du manoir avec sa rampe à balustres ;
l'ancien grenier ; le séchoir à pastel : inscription par arrêté du 13 mars
1979.
château de Lasbordes, chemin de Las Bordes, 81000 Albi, tel. 05 63 54 98
07, club house de golf.
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