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Le village d’Appelle
est né à l’ombre de ce château qui nous est parvenu très remanié. Il faut
dire qu’il ne fut guère épargné au moment des guerres de Religion, alors que
ses propriétaires, les Gineste, étaient passés à la Réforme. On lit dans les
Mémoires de Jacques Gaches (1555-1610) concernant cette période dans le
Castrais, l’épisode suivant: "en 1587, le 16 juillet, le baron d’Ambres
sortit de Lavaur avec 800 hommes dans l’intention d'attaquer la ville
protestante de Castres; au passage il mit le siège devant Appelle dont la
garnison était faible. La garnison se rendit au bout de trois jours après
avoir essuyé 60 coups de canon; le château fut pillé, incendie et démoli".
Au château d’Appelle vécut durant plusieurs siècles la famille de Gineste,
influente dans la région jusqu’à l’aube du XXe siècle, et dont un
représentant notable, le "Chevalier au crâne d’argent", repose encore dans
le parc, sous une tombe émouvante. La maison est toujours aux mains de ses
descendants, en l’occurrence la famille de Larambergue, qui à partir du
milieu des années quatre-vingt entreprit d'importants travaux pour sauver
cette belle maison de famille. Austère façade donnant sur une cour fermée,
Appelle conserve néanmoins beaucoup de charme et, une fois passée la grille
au beau motif de fer forgé, l’on découvre au fond, sur une façade assez
banale, un beau portail de la Renaissance traité avec sobriété. Le château
actuel dut être reconstruit sur les ruines laissées par les événements de
1587. Les soupiraux des caves s’enfonçant sur cinq mètres dans la muraille
et les murs de lourdes pierres à moitié effondrés soutenant la terrasse sud
pourraient en effet être les vestiges d’une enceinte féodale détruite à ce
moment-là. En tout cas, le château fut largement remanié par la suite, les
derniers travaux importants ayant été effectués au début du XIXe siècle.
Malheureusement, ni plan ni inventaire ne permet de suivre avec précision
ces différentes interventions. D'ailleurs, la façade nord est révélatrice de
cette longue histoire d’Appelle: deux portes murées ne présentent aucune
cohérence avec les dispositions intérieures actuelles du château et l’étude
de cette façade ne comportant que quatre fenêtres révèle l’hétérogénéité des
matériaux employés. Néanmoins, l’on découvre encore sur le côté droit du
rez-de-chaussée une fenêtre à meneaux. La belle porte portant la marque de
la Renaissance présente un certain nombre d’analogies avec celle de
l’ancienne faculté de théologie protestante de Puylaurens ainsi que celle de
Magrin. Elle présente un arc en demi cercle flanqué de colonnes cannelées
surmontées de sobres chapiteaux doriques. L’entablement présente un
architrave à triglyphes et métopes et, au-dessus, sur une table, un écu
bûché s’inscrivant dans un décor de "cuirs" typique de la Renaissance. Le
XVIIIe siècle s’ingénia, comme dans la plupart des châteaux de la région, à
conférer plus de grâce et d’amabilité à cette bâtisse évoquant encore les
années terribles des guerres de Religion: on mura certaines ouvertures pour
donner une ordonnance régulière et d'apparence classique aux façades,
n’hésitant pas à l’occasion à créer de fausses fenêtres en trompe-l’œil pour
accentuer cet esprit de symétrie on sacrifia les meneaux de la façade sud. À
l’intérieur, près de l’escalier en pierre, une clef de voûte présente un
motif qui, serait aux dires de certains, une branche de genêtes, évoquant
les armes de la famille de Gineste. (1)
château d'Appelle 81700 Appelle, propriété privée, ne se visite pas.
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