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Le long des cinquante kilomètres
de son cours reliant Castres à La Salevetat, l’Agout s’est paré en des temps
fort anciens d’une quinzaine de châteaux. La plupart furent construits au
XIe siècle et sont aujourd’hui en ruines mais certains nous sont parvenus,
bien évidement transformés et en grande partie reconstruits au fil des
temps. La fonction des plus anciens de ces châteaux de l’Agout était la
surveillance des passages bien plus que la domination d’un terroir. En fait,
il y eut à Burlats trois châteaux successifs: le château primitif construit
sur un haut promontoire dominant l’Agout doit se reconnaître dans les ruines
de Saint-Michel-de-Peyrolles; un deuxième château édifié au XIIe siècle près
du Pavillon-d’Alélaïde servait alors de résidence habituelle aux Trencavel.
On ne sait trop quand ce deuxième château disparut mais, en tout cas, il
n'existait déjà plus à l’époque des guerres de Religion. Le château actuel,
situé à l’ouest de la collégiale, est celui qui nous intéresse. Il fut
seulement restauré sous Louis XIII, vers 1620, alors que l’on avait
longtemps cru que le château avait été construit de toutes pièces par la
famille de Grandis qui avait acquis une partie de la seigneurie de Burlats
en 1595 de Jacques de Castelpers. Le château est donc de fondation beaucoup
plus ancienne et fut seulement "rhabillé" au début du XVIIe siècle et l’on
connaît aujourd’hui les propriétaires précédents: les Montbrun étaient au
XIVe siècle détenteurs des deux tiers de la seigneurie. Un acte de 1354
précise que ce dernier a été rédigé à Burlats, "dans le Château des
Montbrun". Dans le même temps, les héritiers des Montfort-Comminges
possédaient le troisième tiers de la seigneurie et occupaient quant à eux le
château des Trencavel. C’est pour cette raison que les Montbrun avaient fait
élever un nouveau château où ils pourraient résider, château cité dans
l’acte de 1354.
Par un acte du 18 août 1617, David de Castelpers vendit ses parts de la
seigneurie dont le château, à Pierre de Bayard, seigneur de Ferrières. Ce
dernier était une personnalité importante. Sénéchal de Castres, il joua un
grand rôle dans le protestantisme local et, en 1598, présida l’assemblée
financière du diocèse civil. Toutes les constructions de Burlats eurent à
souffrir des guerres civiles du XVIe siècle, mais les dommages les plus
graves furent causés en 1627 par les troupes de Rohan. L’on sait que tout
fut impitoyablement ruiné, sauf justement le château neuf. La maison passa
ensuite à la famille de Bayard qui en 1675 possédait Ferrières. Au cours des
XVIIe et XVIIIe siècles, les différents seigneurs acquirent toutes les
parcelles entourant le château, faisant alors partie de la troisième gâche
de Burlats, et y édifièrent les dépendances. À partir de 1996, le château
est utilisé comme un hôtel-restaurant quelques années, mais après le décès
du propriétaire en 2015, il est revendu. Le château actuel, situé à l’ouest
de la collégiale, présente un plan en U. Comme nous avons déjà eu l’occasion
de le dire quelques vestiges de la demeure des Montbrun existent encore au
second étage du logis central: une porte donnant accès à la tour est
surmontée d’un arc en accolade du XIVe siècle. La tour est de construction
plus ancienne que le reste du bâtiment et les travaux menés sous le règne de
Louis XIII consistèrent probablement en la reconstruction partielle du
château antérieur, édifié par les Castelpers ou même plus tôt par les
Montbrun. (1)
Le château ouvre sur la place du 8 mai 1945 par un grand portail. Élevé
entre cour et jardin, il s'organise sur un plan en U terminé par des
dépendances agricoles bordant les côtés de la cour. Un ensemble de bâtiments
agricoles s'établit au nord de ces derniers, également autour d'une cour. Un
jardin régulier avec parterres de buis et fontaine se trouve au sud du
château, bénéficiant d'une vue plongeante depuis les deux chambres
principales de l'aile est. A l'ouest, le jardin est clos par un bois de
bambous en arrière d'une clôture et d'un portail ouvrant sur une ruelle. Le
bâtiment de fond de cour et ses deux ailes en retour d'inégales longueurs
offrent deux façades régulières, rythmées par des travées de fenêtres à
croisées ou à traverses à l'encadrement en granite. Dans la cour, la porte
principale, couronnée par un entablement à denticules supporté par deux
consoles, ouvre sur le grand escalier rampe-sur-rampe et à mur d'échiffre.
Une porte secondaire, en arc plein cintre mouluré par un tore à congé droit,
accompagnée de deux jours, donne accès directement à la partie sud du
rez-de-chaussée. La porte en arc plein cintre moulurée par un tore est le
modèle adopté pour la cave vinaire située au soubassement de l'aile
nord-est, voûtée en berceau surbaissé, ou pour les portes percées dans
l'aile sud-est. La maçonnerie est constituée de moellons de schiste
équarris, régulièrement assisés, une mise en oeuvre utilisée à Burlats
depuis le Moyen Age, qui se suit à la collégiale, la maison d'Adam ou les
ouvrages de fortification. Les encadrements des ouvertures médiévales et du
XVIe siècle sont en pierre de grès; en revanche, au cours de la campagne
d'uniformisation menée au XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle, deux
pierres ont été concuremment utilisées, du granite et du grès. (2)
château de Burlats, place du 8 mai, 81100 Burlats, propriété privée, ne se
visite pas, visible de la rue.
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