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Les seigneuries d’Espérausses et de Berlats
appartinrent successivement aux terres du comte de Toulouse, aux vicomtes
d’Albi et de Lautrec puis, en 1300, passèrent aux Montfort avec le comté de
Castres, avant d’être transmis par alliance aux Vendômes, aux Bourbons et
aux d’Armagnac. Après l’exécution de Jacques d’Armagnac, compromis dans la
Guerre du Bien Public contre Louis XI, ce dernier confisqua le comté aux
d’Armagnac pour l’offrir à l’un de ses condottieres, Lombard Bouffil de
Juge. Bouffil fut un seigneur peu accommodant puisque l’on sait qu’à la
moindre occasion il n’hésitait pas à tout mettre à feu et à sang, rasant
notamment Boissezon un jour de colère. Ce dernier conserva le comté jusqu’en
1497. Bouffil n’eut qu’une fille qu’il détestait et déshérita pour la punir
de s’être, avec l’appui de sa mère et de son mari, emparé des châteaux de
Roquecourbe et de Lombers. D'ailleurs, avant ses déconvenues familiales,
Bouffil de Juges avait dû disputer son bien si mal acquis à l’évêque de
Castres Jean d’Armagnac, frère du supplicié. L'affaire fut plaidée devant le
parlement de Paris en 1485 et 1486. Finalement, après un nouveau procès
menés par les héritiers de Bouffil devant le parlement, le comté finit par
être réuni à la couronne en 1519. Espérausses fut de longue date considéré
comme une place forte très bien fortifiée, en plus d’être le centre d’un
domaine considérable.
Le 28 juillet 1625, apprenant que Rohan était à Viane avec vingt-deux
enseignes, l’armée royale accourut à Espérausses, "qui estoit un bon
village, assez fort pour avoir dans son enceinte deux maisons en forme de
châteaux, avec de très bonnes défenses". Le lieu, précise le "Mercure
François", ayant été abandonné par les huguenots, fut pillé et incendié.
Louis XIV en déficit chronique décida d’aliéner le domaine et le château fut
proposé à la vente en septembre 1672. Ce furent deux robins, Pierre de
Rouzet et son beau frère Antoine de Gaches, qui achetèrent le domaine après
une longue transaction qui dura trois ans. Le château appartint ensuite aux
Bayne d’Escrouts, branche cadette des Lestandart dont le surnom était "Baine",
originaires de Normandie et venus avec Simon de Montfort. Devenus par la
suite protestants, les seigneurs d’Escrouts, de Berlats et de Lacapelle
résidaient habituellement en leur château de Berlats plutôt qu’à Espérausses.
Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la seigneurie de Berlats changea
de mains et passa aux Durand de Bonne. La tradition locale dit que le
château aurait pu servir de refuge à des camisards au temps de la révolte
des Cévennes, et qu’une "cach" du type de celle que l’on peut encore voire
dans la Maison de Rolland (Musée du Désert) aurait existé autrefois dans la
partie centrale.
Malmené par l’histoire, divisé entre trois propriétaires, Espérausses
comporte trois corps de bâtiment (deux en apparence), qui se sont développés
entre le XIVe et le XVIIe siècle, à partir de la maison forte d’origine. Le
château présente donc deux imposantes façades réunies dans leur alignement
par un mur bas, et en retrait par un long corps de logis. Le premier corps
de bâtiment se compose d’un logis quadrangulaire flanqué à sa droite d’une
grosse tour carrée ne faisant pas saillie sur la façade et ayant été
sûrement découronnée. La façade présente sur trois travées régulières deux
étages de grandes fenêtres à croisée de meneaux très simple ayant conservé
leurs appuis. Le deuxième corps de logis de droite, coiffé d’un toit à deux
pentes, bien qu’à priori homogène et ayant reçu à l’époque classique et sur
deux étages trois travées de hautes fenêtres régulières, a néanmoins fait
l’objet de deux campagnes de construction distinctes, comme le montre la
trace de reprise courant verticalement sur la façade. Cette façade est
flanqué à droite d’une grosse tour ronde et engagée, percée seulement sur sa
face latérale droite d’une vieille fenêtre à meneau horizontal. Sur le
pignon de la façade latérale du logis vient s’appuyer contre la tour un
corps peu profond couronné d’un toit à une pente. À l’autre extrémité de la
façade est implantée une échauguette ronde, découronnée comme la tour qui
lui est opposée, et ayant reçu comme elle une toiture fruste à une seule
pente. La partie centrale comportant la tourelle côté village présente en
revanche du côté dit "de la barbacane", une entrée monumentale en porte
d’angle du XVIIe siècle. Ces corps de logis totalement hétérogènes, l’un
tout en angles droit et l’autre animé par les courbes des deux tours, ne
donnent qu’une image très imparfaite de la forteresse que dut être
Espérausses à l’époque des guerres de Religion. (1)
château d'Espérausses, rue de la Barbacane, 81260 Espérausses, propriété
privée, ne se visite pas, visible de la rue.
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