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La
seigneurie de Ferrières est mentionnée pour la première fois dans un acte de
1276. En 1317, le pape Jean XXII procède au démembrement de l'évêché d'Albi:
la seigneurie de Ferrières est à cette occasion répartie entre l'évêque de
Castres et le chapitre Saint-Pierre de Burlats. Bernard Talhefer et
Ermengaud Saisset étaient alors également co-seigneurs laïcs de Ferrières,
mais la disparition de ces familles au moment de la guerre de Cent Ans fait
passer la seigneurie à Jean Guilhot, époux de Brunissinde Talhefer. C'est
sans doute Guillaume Guilhot, chef local des protestants, qui fait
construire ou reconstruire le château dans la première moitié du XVIe
siècle. En effet, la présence sur le couronnement d'une fenêtre des effigies
de François Ier et de Claude de France permet de supposer que le château fut
édifié sous leur règne, mais ce n'est confirmé par aucun document
historique. La fille aînée de Guillaume Guilhot, Marguerite, épouse en 1566
Michel Bayard à qui elle apporte la seigneurie de Ferrières. Les Bayard
furent les seigneurs de Ferrières pendant un siècle environ mais occupèrent
peu le château. Leur déclin est lié aux conflits les opposant en 1667 et en
1669 à l'évêque de Castres et au chapitre de Burlats, toujours seigneurs de
Ferrières. Pour payer leurs dettes, ils louent en 1685 le château qui,
moyennant une indemnité annuelle de 1200 livres versée à Pierre III de
Bayard, est transformé en garnison par le maréchal de Noailles. Le château
est en effet, tant par sa situation que par ses dispositions, une place
forte idéale dans le cadre de la lutte contre les protestants après la
révocation de l'Edit de Nantes. Le conseil du roi décide peu après que le
château de Ferrières recevrait désormais une garnison permanente et se
décharge sur les Etats du Languedoc des frais d'acquisition: ceux-ci
achètent le château le 22 janvier 1708 pour la somme de 21500 livres.
Un mémoire de 1718, conservé aux archives communales de Ferrières, souligne
le rôle de poste de surveillance qu'exerce alors le château. Il décrit aussi
le mauvais état de l'édifice et dresse la liste des devis de réparations qui
sont nécessaires et qui atteignent un total de 10499 livres. Le château est
par la suite transformé en prison: il faut progressivement abandonner les
anciennes prisons, trop malsaines, et en créer de nouvelles ce qui entraîne
le réaménagement de plusieurs tours. C'est à l'occasion de ces
transformations que l'ingénieur Darles de Chamberlain adresse au comte
d'Argenson un mémoire qui décrit l'état de la prison en 1750. Celle-ci
n'abrite alors que cinq détenus. A la Révolution, le château de Ferrières
est vidé de ses prisonniers et désarmé: il devient un bien national et sert
de lieu de réunion. Le 14 messidor an IV (3 juillet 1796), le château est
mis en vente sur une mise à prix de 10800 francs et acquis par le citoyen
Mialhe. D'après le cahier des charges de la vente, les emblèmes de la
féodalité devaient être immédiatement détruits et les tours abaissées au
niveau des toitures. Les emblèmes féodaux sont alors plus ou moins mutilés
et les deux tours de l'avancée découronnées. Un lotissement est réalisé et
des ventes de parcelles ont lieu en l'an VIII, puis en 1809, 1810, 1823 et
1830. Les proportions du démantèlement du château sont fortement visibles
sur la comparaison entre le cadastre de 1815 et le cadastre actuel. En 1968,
un musée du protestantisme (fermé depuis) est installé dans le château,
notamment grâce aux dons de familles protestantes de la région.
Le château de Ferrières présentait autrefois la forme d'un hexagone
irrégulier, flanqué de six tours circulaires. L'édifice actuel se compose de
trois corps de logis répartis en U irrégulier autour d'une cour. Deux tours
flanquent les angles du U; une troisième tour est conservée à l'extrémité
sud. L'entrée du château se fait par le nord: on accède alors à la cour,
bordée par les deux autres corps de logis, à l'est et au sud. La façade
principale du château est ornée d'un très riche décor sculpté. Des moulures
sculptées séparent les étages, dont elle suivent les différences de niveau,
tandis que de fins pilastres encadrent les fenêtres à croisillons. Certaines
des fenêtres à croisillons ont été partiellement bouchées mais leurs
encadrements ainsi que les meneaux et les traverses sont toujours visibles.
Les pilastres sont caractérisés par la superposition des trois ordres:
dorique au niveau inférieur, ionique au niveau intermédiaire et corinthien
au niveau supérieur. Une porte cintrée à claveaux vermiculés orne la façade
principale sur cour. Elle est flanquée de deux colonnes adossées, à tambours
alternativement unis et vermiculés, qui supportent un entablement à frise
orné de bucranes et de rosaces. La corniche et le fronton de la porte
centrale de la façade principale portent le blason des Guilhot de Ferrière,
surmonté d'un heaume taré en profil. Cette porte a pour couronnement un
bas-relief représentant une Cybèle assise, entourée d'attributs champêtres.
Entre le premier et le deuxième étage, un bas-relief de grandes dimensions
représente deux hommes soutenant un médaillon sous lequel s'inscrit une
figure grotesque. Une frise de rinceaux souligne le dernier étage.£L'angle
sud-est de la cour présente également un programme sculpté abondant. La
porte cintrée, à claveaux vermiculés, est flanquée de deux colonnes doriques
adossées supportant l'entablement. Des triglyphes séparent les métopes de la
frise : ceux-ci sont décorés de cinq bas-reliefs représentant des attributs
guerriers. Le fronton triangulaire, dont le tympan est orné d'un heaume taré
en profil, supporte trois enfants nus, sculptés en ronde bosse, et tenant
chacun un animal. Les fenêtres géminées du premier étage ont leurs
archivoltes formées de boudins séparés par de petites moulures à profil
concave. Elles sont couronnées par des mascarons, encadrés de médaillons.
Ceux-ci représentent, dit-on, Guillaume de Guilhot et sa femme Anne du
Maine, ainsi que François Ier et Claude de France.
Éléments protégés MH : le château, y compris les cheminées Renaissance, les
vestiges de l'enceinte et le sol des cours: classement par arrêté du 10 mai
1988. (1)
château de Ferrières 81260 Ferrières,
propriété privée, visite des extérieurs uniquement.
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