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Sur la route de Lisle, au bord du Dadou, cette terre
appartenait aux abbés de Candeil auxquels elle fut donnée en 1159 par Hugues
de Lautrec. Il est impossible de dire avec certitude si un château existait
déjà à cette date à l’emplacement du château actuel. Cependant, la
découverte d’un souterrain milite pour l’existence dès le XIIe siècle d’un
bâtiment dont le logis principal serait un avatar largement remanié.
L'abbaye Notre-Dame-de-Candeil était un fille de l’abbaye cistercienne de
Grandselve, dans le Toulousain. Fondée en 1150, l’abbaye possédait un grand
pouvoir temporel et ses abbés, commendataires à partir de 1527 étaient
seigneurs censiers, fonciers et hauts justiciers. Le premier de ces abbés
commendataires fut Thomas Duprat et l’on trouve après lui bien des cadets de
noble famille tels que le cardinal de Tournon. Néanmoins, même si Lézignac
n’était qu’une demeure d’été et que les abbés résident le plus souvent à la
cour, certains de ceux-ci se plurent à habiter Lézignac, tels que l’abbé
Ruel au milieu du XVIIe siècle. Le dernier de ces abbés commendataires,
Jacques des Lacs du Bousquet d’Arcambal, devint l’un des précepteurs de
l’infortuné duc d’Enghien. Résidant à Lézignac juste avant la Révolution, il
y recevait fréquemment son protégé Jean-Joseph d’Hautpoul et c’est l’abbé
qui conseilla à ce dernier d’embrasser la carrière des armes. Lors de la
tourmente, l’abbé émigra en Espagne et, si l’abbaye de Candeil fut
entièrement détruite, Lézignac fut épargné et vendu comme bien national au
citoyen Maury. Ainsi, sauf un intermède allant de 1565 à 1646, Lézignac ne
cessa de 1159 à la Révolution d’appartenir à l’abbaye de Candeil. Depuis
cette sécularisation, le château changea maintes fois de mains.
Le château de Lézignac s’élève sur la rive droite du Dadou. Le château
actuel fut construit vers 1560, au moment des guerres de Religion, ce qui
explique les hautes fenêtres du rez-de-chaussée, protégées en outre par des
grilles. Néanmoins, Lézignac fut beaucoup remanié au cours des siècles; ce
qui complique la datation précise des différentes parties. Il se présente
sous la forme d’un logis principal rectangulaire orienté nord-ouest,
sud-est, de quarante mètres de long sur dix mètres de large et quinze mètres
de hauteur. Il est entièrement construit en gré du pays à l’exception d’une
tour carrée rebâtie au XIXe siècle en brique sur les bases d’une tour
antérieure, elle même en brique autrefois. outre cette tour, deux autres
bâtiments plus récents viennent en équerre encadre une cour dont le
quatrième coté, face au bâtiment principal, abritait les services. Le
bâtiment revenant en équerre contre le porche d’entrée de la cour fut
construit après 1730. Nous avons dit plus haut qu’il était impossible de
dire avec certitude si un château existait déjà à la date de la donation à
l’emplacement du château actuel mais que, cependant, la découverte d’un
souterrain militait pour l’existence dès le XIIe siècle d’un bâtiment dont
le logis principal serait un avatar largement remanié. En fait, la
conception et l’accès de ce souterrain font intégralement partie du corps
principal du château et il fut bouché à une époque très ancienne: sans doute
au XIIIe siècle. La présence de ce souterrain nous permet tout de même
d'imaginer que la construction du logis fut contemporaine de la donation.
La construction antérieure à la Renaissance comprenait le corps de bâtiment
principal et sa tour, une deuxième tour de proportions plus réduites au
sud-est qui était encore debout au XVIIIe siècle et dont les fondations ont
été mises à jour, un mur d’enceinte au nord et un autre au midi contre
lequel ont été adossés à une date inconnue divers bâtiments de communs
aujourd’hui démolis, les communs qui étaient autrefois beaucoup plus élevés
que de nos jours. Le XVIe siècle vit la modification du grand escalier, de
la décoration de la porte d’entrée du côté de la cour. De la Renaissance,
Lézignac garde dans sa cour d’honneur une porte d’entrée sculptée, seule
partie de l’édifice à être datée, 1561, ainsi que plusieurs belles fenêtres
à meneaux sculptés. Il fut remanié plusieurs fois, notamment au XVIIe
siècle, À l’intérieur, l’on découvre encore des très beaux plafonds ainsi
que des cheminées en pierre. Parmi les décors les plus intéressants, on peut
citer une peinture murale du XVIIIe siècle réalisée sur un trumeau, dans
l’ancien logis des hôtes du monastère de Candeil, édifié en 1767. Le tableau
représente les différentes résidences abbatiales: à l’arrière-plan Lézignac,
devant le Dadou, et sur la droite le château de Serres. En 1851, la famille
Rossignol racheta le château aux Maury qui l’avaient acquis comme bien
national, et, la plupart des modifications qui donnent au château son allure
actuelle datent de cette période, à savoir la suppression des bâtiments qui
fermaient la cour au midi et la construction de deux bâtiments bas accolés,
l’un aux communs, l’autre au logis principal, le remaniement complet des
communs et la destruction de la chapelle, ouverture au premier étage de
fenêtres qui remplacent les ouvertures primitives, la couverture en ardoise,
la reconstruction de la tour en brique, l'arrêt au niveau du premier étage
du grand escalier, et l'édification d’un simple escalier de service
desservant le deuxième. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château et du
pigeonnier ; l'escalier avec sa rampe à balustrades ; la cheminée de la
grande salle du rez-de-chaussée et du premier étage : inscription par arrêté
du 1er mars 1977.
château de Lézignac 81300 Graulhet, suite à l'abandon par son
propriétaire, les planchers, les cheminées et les escaliers se sont
dégradés, sans compter les "visiteurs" qui emportaient des souvenirs. Un
incendie a eu lieu le 7 août 2017 et a tout ravagé et pourtant ce château
est inscrit MH depuis 1977 !!!
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Raymonde Brand pour les photos qu'elle nous a adressées afin d'illustrer
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