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Selon les historiens qui se sont intéressés à
Bellevue, le site aurait été occupé depuis le Moyen-Age par un château qui
contrôlait le passage sur le Tarn. Le lieu est connu sous le nom de Bellevue
(Bellovidere) et de Belbèze. En 1248, Béranger et Gautier de Saint-Jean
échangèrent au comte de Toulouse leur château de Bellevue contre des terres
situées à Montaigut. Cette transaction, qui semble s'être faite au détriment
des de Saint-Jean, semble intervenir le cadre de la création de la bastide
de Lisle, toute proche, dont le comte de Toulouse est le fondateur. Le
château de Bellevue devait être acquis à la ville nouvelle et ne devait pas
constituer une menace. Selon Anne Masclet, en 1260, "l'état des revenus deu
domaine comtal donne un montant de 15 livres de redevance sur la vigne, le
vivier et le jardin de Bellevue". A partir de 1636, le château est en
possession de Pierre Desplats, seigneur et baron de Gragnague, conseiller
puis président du Parlement de Toulouse. "Il versait chaque année 20 livres
d'albergue pour le château et 6 livres pour le moulin sur le Tarn" selon
Hubert Arvengas. Le château passe ensuite par le mariage de la fille de
Pierre Desplats à la famille du Puget de Gau, également famille toulousaine
de magistrats. Le château reste dans cette famille jusqu'en 1808. A cette
date, il est vendu par Charles Pie du Puget (1767-1834), chevalier de Malte
et chef de bataillon, à Charles Louis Maxime de Chastenet de Puységur,
originaire de Rabastens (Tarn) pour le prix de 75000 francs. Celui-ci,
émigré en 1790, est rentré en France en 1809. Il fut successivement
sous-préfet de Gaillac puis préfet des Landes et de la Dordogne. Il fut par
ailleurs chevalier de Malte, de Saint-Louis et de la Légion d'honneur. Dans
l'acte de vente de 1808, il est mentionné que le château est "nouvellement
construit à neuf". On doit donc attribuer la reconstruction du château à
Charles Pie du Puget, entre l'extrême fin du XVIIIe siècle et le début du
XIXe siècle. Par ailleurs, les caractéristiques architecturales et le style
des aménagements intérieurs sont propres à cette période. L'organisation des
chambres avec leurs annexes (alcôve, garde-robe, petite chambre pour un
domestique) renvoie à la distribution du XVIIIe siècle. Il n'est cependant
pas à exclure que la salle voûtée de l'aile sud, en partie basse du château,
soit plus ancienne et qu'elle puisse subsister d'un château antérieur à
celui que nous voyons aujourd'hui. A la mort du comte de Puységur, c'est sa
fille Sophie Marie princesse de Vogoridy qui en hérite. Elle fit elle-même
dont du château et du domaine à la Société française de secours aux blessés
militaires. Vendu ensuite aux enchères publiques en 1937, le château est
racheté par Ernest Salvet de Toulouse qui exploita le domaine. Racheté en
1973 par la commune de Lisle-sur-Tarn, le château est actuellement occupé
par des associations. Le mauvais état de la toiture a causé des dommages
importants dans plusieurs salles au premier et au dernier étage de la partie
sud du bâtiment.
Le château de Bellevue est implanté au bord du Tarn, à environ 400 mètres au
nord de la ville de Lisle-sur-Tarn. Il est établi à proximité de l'endroit
où le ruisseau des Cassarous se jette dans le Tarn. C'est sur ce ruisseau
que les trois moulins avaient été installés. L'un d'entre eux se situait
plus précisément sur une dérivation qui contournait le château par l'ouest.
Il semblerait que cette dérivation ait pu prendre place dans le fond du
fossé qui défendait le château sur tout le côté nord-ouest. Ce creusement se
remarque encore à l'heure actuelle. Le château s'organise sur un plan en U
déterminant une cour centrale. Le corps de logis, d'une longueur de 30
mètres environ, s'élève sur un étage de soubassement et deux étages (dont un
étage de comble) et est pourvu de deux ailes latérales en retour, bien plus
basses, à un étage de soubassement et un rez-de-chaussée. Côté Tarn et côté
cour, les deux façades sobres du corps de logis sont pratiquement identiques
: neuf travées très régulièrement implantées avec une seule grande porte en
position centrale. On observe seulement quelques différences entre ces deux
élévations. La plus marquante est le décrochement des cinq travées centrales
côté cour où l'encadrement de la porte adopte un décor de moulures plates
assez développé. Sur la façade côté Tarn, un cordon d'étage supplémentaire
entre le rez-de-chaussée et le premier étage s'aligne avec le larmier de la
porte. Sur l'ensemble du corps de logis, les encadrements des ouvertures
sont en brique et les appuis et les pierres de gond pour les contrevents
sont en grès. Au-dessus de l'étage de comble, le chéneau couvert forme une
légère surélévation du mur. Le corps de logis est construit pour l'essentiel
en brique cuite. Mais seules les façades sur cour des ailes latérales sont
en brique, les autres élévations sont en gros moellons de grès équarris qui
alternent avec des rangs de brique. L'étage de soubassement sur lequel le
château est élevé est entièrement voûté. Sous l'aile sud, accessible depuis
l'extérieur par une large porte, se trouve le chai qui a conservé au sol les
structures maçonnées qui servaient à maintenir les tonneaux. Cette partie du
bâtiment communique avec une autre salle située sous la partie sud du corps
de logis qui a peut-être pu servir de cuvier ou de pressoir. Cette partie
dédiée à la vinification ne communique pas avec le reste des salles
aménagées en partie basse du château, et notamment avec la cuisine située
sous la partie nord du corps de logis. Y sont conservés l'évier en pierre,
le four, une grande cheminée et des petites salles de réserves. Le
soubassement de l'aile nord est occupé par une salle voûtée unique dont les
ouvertures sur le pignon sont des repercements.
Dans la cour, les rez-de-chaussée des ailes latérales sont percés par de
hautes portes couvertes par des arcs en plein cintre qui pouvaient donner
accès aux écuries et remises. Mais les espaces intérieurs des ailes sont
aujourd'hui complètement réaménagés. Au rez-de-chaussée, côté cour, la porte
donne accès à un vestibule où se trouve le grand escalier en pierre tournant
à deux repos. Le corps de logis est double en profondeur. Un poêle en
faïence blanche logé dans une niche subsiste dans la deuxième salle, côté
Tarn, en partant de l'est. Il est orné d'une salamandre, animal dont la
réputation est de résister au feu. Au nord du vestibule, se trouve la cave à
vin du château où l'on conservait les bouteilles prévues pour la
consommation des occupants. Les casiers et la voûte qui adopte un tracé
aplati sont en brique. A l'étage, un couloir central dessert les chambres
qui conservent encore leurs annexes et aménagements d'origine : alcôve
désignant la place du lit, garde-robes et petite chambre de domestique. Les
décors de gypserie des cheminées sont pour la plupart d'une élégance sobre :
pilastres couronnés de chapiteaux ioniques, frontons triangulaires ou
semi-circulaires, frises de palmettes, vases à l'antique, etc. L'étage de
comble conserve encore des cheminées dont les manteaux de bois ornés de
décors géométriques attestent l'utilisation de ce niveau en chambre. (1)
château de Bellevue 81310 Lisle-sur-Tarn, propriété de la commune, école
de musique. Lisle-sur-Tarn est une bastide bâtie au XIIIe siècle. De cette
époque, elle a conserver son plan à damiers, ses jardins étagés, ses façades
et ses bâtiments à l’architecture si particulière. La place aux Couverts,
avec la fontaine du Griffoul est la plus grande du sud-ouest.
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