|
Le château a été construit sur un coteau, en face de Labessière-Candeil et
il était à l’origine une dépendance de l’abbaye cistercienne de
Notre-Dame-de-Candeil. Non seulement autorité spirituelle mais également
puissance temporelle, les abbés de Candeil possédèrent jusqu’à la Révolution
différents châteaux, tour à tour maisons fortes ou demeures d’agrément
suivant les époques. La première mention de Serres remonte à un acte de 1188
et, en 1263, un bail à fief était passé en vue d’y édifier un bâtiment
agricole. La première construction du château lui même fut une tour
rectangulaire dont la porte fut décorée d’un arc brisé. Le rôle de cette
tour était double puisqu'il s’agissait d’une part de servir de grange pour
les produits agricoles que jusqu’à la Révolution les seigneurs abbés
collectèrent sur une population rarement satisfaite de l’avidité des bons
pères. D'autre part, outre ce rôle d’entrepôt protégé, cette tour devait
servir de refuge et de tour de guet en cas d'attaque, comme il était alors
courant dans le Sud-Ouest à l’époque. Prenant appui sur une assise en
rocher, un pilier central se prolonge en s’effilant sur les niveaux
successifs de la tour. L’appareillage des murs aussi bien que la modénature
des encadrements des portes et des fenêtres permettent de dater le bâtiment
du XIIIe siècle, peut être contemporain de la fondation de la bastide de
Labessière en 1255 par l’abbé Ancelin. À ce compte-là, on pourrait rendre à
ce dernier les armes figurant sur le blason ornant le dessus de la porte
d’entrée. À ce moment-là, Serres, avec sa haute tour à l’aménagement fruste,
n’avait pour fonction que de recevoir les récoltes provenant du produit des
dîmes.
Au début du XVe siècle, la partie basse de la tour fut remaniée et c’est de
cette époque que date la cave voûtée de brique sur croisée d’ogives,
celles-ci étant composées de claveaux de pierre. C’est à cette époque-là que
Serres se transforma véritablement en maison forte. En 1427, les habitants
de Labessière eurent le front de refuser d'ouvrir la porte de leur ville au
gouverneur du Languedoc, le comte de Foix, venu là avec la ferme intention
de reprendre Lautrec alors aux mains des Anglais. La sanction ne se fit pas
attendre et l’abbé de Candeil vit pour un temps son temporel saisi. Moins de
dix ans après cet épisode, des routiers mettant la région à feu et à sang,
l’abbé Pierre de Grave décida de construire un logis mieux adapté à la
défense. Entre 1433 et 1453, on ajouta à la première tour une deuxième de
dimensions plus modestes, au nord. La porte d’entrée se trouvait alors à
l’est, surmontée d’une accolade portant un blason. Extérieurement, Serres se
dota d'éléments défensifs et, à l’est, sur la partie du plateau la plus
vulnérable en cas d'attaque, un corps de bâtiment rectangulaire flanqué de
deux tours circulaires et crénelées fut construit. Seule la tour du sud-est
demeure, encore qu’elle ait perdu son couronnement. Actuellement, seules
deux bouches à feu subsistent, les autres meurtrières à croisillons ayant
été bouchées. Étant donné sa position et son architecture de défense, Serres
ne manqua pas de réveiller les convoitises mais, néanmoins, aucun texte à
partir de cette campagne de travaux ne fait allusion à un épisode belliqueux
particulier. En fait, Serres avait été conçu dans un but dissuasif plus que
proprement défensif. Par une ordonnance de 1546, le commandant des troupes
du roi au diocèse d’Albi, Cornusson, chargea le village d’Aunay de mettre à
disposition deux habitants "pour faire la garde au château de Serres pendant
le mois de janvier". En 1616, le duc de Montmorency, gouverneur et
lieutenant général pour le roi en Languedoc, envoya de Pézénas une
ordonnance en faveur de la protection du château, toujours confié aux
consuls d’Aunay.
En 1569, durant les guerres de Religion, Labessière tomba aux mains du
capitaine Pasquet, mais le château de serres ne fut pas pris par les troupes
protestantes. La destination de Serres changea en fait lorsque Guillaume VI
de Boisset, abbé de 1498 à 1514, choisit Serres comme logis abbatial. L'abbé
embellit l’austère logis en ouvrant de larges fenêtres à meneaux, en
cloisonnant les pièces trop vastes et en dotant la maison de belles
cheminées. L’une d’entre elles portait un très beau manteau décoré d’un
blason, ensemble malheureusement abîmé à la Révolution, tout comme les
peintures murales mises en place à l'initiative de l’abbé de Boisset furent
effacées dans le courant du XVIIIe siècle. Ainsi, au XVIe siècle, après
avoir reçu une seconde fonction militaire, Serres connut son heure de gloire
en devenant la résidence des abbés de Candeil qui embellirent et agrandirent
la maison pour la rendre digne de leur charge. Malheureusement, le monastère
tomba en 1527 sous le régime de la commande et, abandonné par les abbés de
Candeil durant les XVIIe et XVIIIe siècles, Serres se délabra rapidement. En
1731, un procès opposa l’abbé commendataire Foucault de Sabbatery et les
religieux de Candeil, le prieur désirant faire à nouveau du château délabré
de Serres le logis abbatial. Une expertise eut lieu le 31 août de cette
année-là afin de constater l’état de la maison et cette expertise nous est
précieuse pour connaître l’état de Serres à cette époque. La vétusté était
telle qu’un spécialiste consulté incita les religieux à remplacer le vieux
comble élevé de la tour par un simple toit plat tel que celui que l’on peut
découvrir de nos jours. D'autre part, c’est à cette époque que la tour
d’angle nord-ouest fut rasée et celle du sud-est décapité, les fossés étant,
quant à eux, comblés. Serres fut vendu à la Révolution comme bien national.
Transformé en ferme, le château a hélas perdu beaucoup de son caractère
mais, le bâtiment n’ayant pas été divisé entre plusieurs familles, les
dégâts ont pu être limités jusqu’à ce que la maison soit achetée récemment
par des personnes soucieuses de lui rendre tout son lustre. (1)
Éléments protégés MH : la chapelle y compris ses peintures murales, les
façades et les toitures, la cave voûtée, l'escalier à vis et la cheminée de
la salle du troisième étage du château : inscription par arrêté du 31
décembre 1980.
château de Serres 81300 Labessière Candeil, tel. 05 63 34 64 53, chambres
d'hôtes dans la tour du XIIIe siècle.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant des photos pour
illustrer cette page, merci.
source
des photos par satellite:
https://www.google.fr/maps
A voir sur cette page "châteaux
du Tarn" tous les châteaux répertoriés à ce jour dans
ce département. |
|