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La seigneurie de Lagrave commence à figurer dans
l’histoire dès le milieu du XIIe siècle: elle appartenait au comté de
Toulouse et à la vicomté d’Albi. Le château primitif fut l’un des premiers
pris par Simon de Montfort, qui y laissa une garnison mais, lorsqu’en 1211
la plupart des villes de l’Albigeois furent repassées sous l’autorité du
comte de Toulouse, les habitants massacrèrent la garnison et son gouverneur.
D'ailleurs, Pierre de Vaucernay narre de façon très pittoresque l'épisode de
cette rébellion: alors que le gouverneur était occupé à faire réparer des
tonneaux, le tonnelier lui demanda de se pencher pour observer la réparation
et en profita pour l’occire d’un coup de hache. Baudouin, frère du comte de
Toulouse mais allié aux Français, châtia la population qui s’était révoltée.
Après avoir été donné à Simon de Montfort sous le nom de "seigneurie de
Castres", Lagrave passa à Philippe de Montfort. En 1258, ce dernier céda ses
droits à Pierre, vicomte de Lautrec, mais la famille de Grave avait déjà des
droits sur la seigneurie. En 1259, Pierre de Grave, à l'instar d’autres
seigneurs de la sénéchaussée de Carcassonne, soutint le sénéchal dans ses
démêlés à main armée avec l’évêque d’Albi. Vacquerie de Monteil-Adhémar,
veuve de Pierre de Lautrec, apporta ses droits à son deuxième époux Jourdain
de Lille. Ces droits passèrent à la fille de ce dernier qui les transmit aux
vicomtes de Narbonne. Lagrave passa ensuite aux mains de la famille de
Voisins, seigneurs d’Ambres et vicomtes de Lautrec: en 1455, Jean de Voisins
est dit seigneur de Lagrave. Au XVIe siècle, les environs furent ravagés par
les protestants, et le château de Lagrave tomba en 1573 entre les mains de
ceux de la ville de Réalmont, menés par le capitaine Dupuy, mais l'année
suivante, le château de Lagrave fut repris par les catholiques du sergent
Combes.
Dès le début du XVIIe siècle, le titre de baron fut attaché à la seigneurie
de Lagrave et, en 1665, Lagrave passa dans la famille de Pujol qui conserva
la seigneurie avec tous ses droits de justice jusqu’à la Révolution. Lagrave
entra dans la maison de Pujol par le biais de Pierre, époux d’Esther
Dalouard, greffier en chef de la Cour des Aïdes de Montpellier, ville
d’origine des Pujol. Ces derniers vinrent sûrement dans le Tarn pour quelque
fonction ecclésiastique car, au XVIe siècle, le prieuré de Sainte-Sigolène
avait été rattaché au grand Diaconat de l’évêché de Montpellier. D’autre
part, les Pujol possédaient déjà des biens dans la région et, plus
précisément, dans les consulats de Lombers, Laboutarié, Vénès, Dénat et
Labastide-Dénat. En 1669, Jean de Pujol, baron de Lagrave, entra aux États
du Languedoc et, en 1680, Pierre de Pujol, capitaine au régiment de
cavalerie de Bligny, abjuraït le protestantisme en compagnie de sa femme. À
l’aube de la Révolution, c’est Pierre-Jacques-Louis de Pujol qui était baron
de Lagrave. Après avoir vécu caché durant plusieurs années, il émigra en
1793, laissant au château deux sœurs âgées. Ces dernières furent en butte
aux tracasseries et aux visites domiciliaires et le contenu du château fut
vendu en 1794, la vente des terres intervenant deux ans plus tard. En 1828,
sans postérité, l’ex-émigré Pujol légua Lagrave à sa nièce Catherine de
Rosières. Trois ans plus tard, cette dernière épousa le baron Adrien de
Gouttes, et le château est resté depuis dans cette famille. Le château,
défendu par la rivière d’un côté, était relié de l’autre aux anciens
remparts de la ville, aujourd’hui transformés en habitations. Son origine en
est très ancienne, puisqu’au cours du remaniement du XVIIIe siècle, l’on a
trouvé dans les fondations des médailles de bronze à l’effigie de l’empereur
romain Claude. Curieusement, pour des raisons liées au sol, le plan de
Lagrave a été conçu sous la forme d’un triangle, plan qui est parvenu
jusqu’à nous puisque, lorsque le château fut reconstruit en 1750, il le fut
sur ses vieilles fondations. La tour carrée fut ramenée à sa hauteur
actuelle sous la Révolution tandis que la tour nord était détruite. (1)
château de Lagrave 81150 Lagrave, propriété privée, ne se visite pas.
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