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Le joli château de Raynies, ou de Ragnès semble avoir
été édifié primitivement par la famille de Régnier. Au début du XVIe siècle,
la seigneurie appartenait à Hélias de Régnier, lieutenant du juge d’appeaux,
capitoul en 1502, juge en 1508 et conseiller au parlement de Toulouse en
1509. Dans le tome premier des quatre compoix ouverts en 1600 de la
communauté de Lavaur, on découvre qu’en 1655, Jehan de Régnier, seigneur de
La Robertie, et son fils Charles ont une maison "joignant au lieu-dit de
Sainte-Foy". Or, l’on sait que dès le début du XVIe siècle, Sainte-Foy était
déjà la propriété d’Hélias de Régnier. En 1672, François de Régnier,
également conseiller au parlement, hérita du domaine. Entre 1695 et 1706,
l’achat de plusieurs terrains autour de Sainte-Foy au profit des Régnier
contraria les plans des consuls de Lavaur, et le différend qui en découla se
dénoua non sans mal devant la cour des Aides de Montauban. Durant le siècle
des Lumières, le domaine dit de "Ragnes" appartint à Joseph de Lacoste,
baron de Belcastel, puis, à la mort de ce dernier survenue en 1779, il passa
à son fils aîné Joseph Gabriel, qui mourut lui même en 1784. Le jeune fils
de Joseph Gabriel émigra sous la Révolution, en même temps que son oncle
vicaire général. Ragnes fut alors confisqué et affermé à un juge du tribunal
de Lavaur. Néanmoins, sous le Restauration, l’on retrouve le grand vicaire,
rentré d’émigration, propriétaire du château. En 1838, la propriété
appartenait à Casimir de Lacoste de Belcastel, petit neveu du grand vicaire
de Lavaur. Vers 1843, le château avait changé de mains et appartenait au
notaire Audouy qui fut maire de Lavaur de 1830 à 1846. Raynies changea à
nouveau de propriétaire en 1864, puis en 1984, pour être acquis par des
amoureux des vieilles pierres soucieux de restaurer cette belle demeure.
Assez curieusement, bien que la présence des Régnier et des Lacoste soit
attestée jusqu’au XIXe siècle, l’on peut lire chez certains auteurs que la
seigneurie aurait été rachetée au XVIIe siècle par les évêques de Lavaur
pour en faire leur résidence d'été. Le château aurait alors été construit
dans le premier tiers du XVIIe siècle par Mgr Duverger. Il s’agit en fait
d’une erreur, venant du fait d’un séjour dans la maison du grand vicaire de
Lavaur. Joli morceau d’architecture d'époque classique, Raynies se présente
sous la forme d’un logis rectangulaire du XVIIe siècle, orienté est-ouest et
flanqué à l’est d’un bâtiment quadrangulaire saillant et plus élevé. Ce
bâtiment comporte un étage, tandis que celui de l’ouest est resté inachevé
(des marques d’arrachement indiquent qu’une aile identique a été démolie ou
n’a jamais été construite) mais abrite une belle chapelle à deux travées
enrichie d’un décor de stucs et de peintures du XVIIIe siècle. Le logis
principal posé en surélévation sur de belles caves anciennes présente un
seul niveau rythmé par de hautes fenêtres rectangulaire, alors que l’aile
présente une seconde rangée. Ce logis qui n’est pas sans rappeler la
physionomie du château du Gua, s’ouvre sur la cour d’honneur par une belle
porte surmontée d’un fronton en demi cercles et aux proportions savoureuses,
porte précédée elle même d’un escalier à double révolution. Une modénature à
la fois sobre et raffinée tend à souligner l’horizontalité du bâtiment, par
le biais d’un bandeau continu sous l’appui des fenêtres, d’une belle
corniche courant sous le toit, ainsi que des linteaux et des corniches
soulignant portes et fenêtres. À l’intérieur du château, un vestibule donne
accès de part et d’autre à une belle salle enrichie d'importants décors due
la fin du grand siècle comme le plafond à la française et l’opulente
cheminée. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du corps de logis ; les
deux pièces du premier étage avec son plafond à la française et sa cheminée
; la chapelle aux gypseries rocaille ; les façades et les toitures des
communs : inscription par arrêté du 27 mai 1993.
château de Ragnès, route Pierre Fabre, 81500 Lavaur, propriété privée.
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