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Tel un nid d’aigle, Massuguiès, situé à l’est d’Albi
près des monts de Lacaune se dresse sur un éperon rocheux habillé d’une
forêt de feuillus, en surplomb du Dadou. Ce château est l’une des rares
forteresses de montagne subsistant dans le département, et il nous est, qui
plus est, parvenu quasiment dans son état d’origine. Grâce à un précieux
inventaire des archives du château aujourd’hui disparues, l’historique du
château de Massuguiès nous est connue depuis la fin du XIIe siècle, lorsque
la famille du Cellier donna les terres en 1166 à l’abbaye de Bonnecombe en
Rouergue. il s’agissait d’une seigneurie importante dont la juridiction
confrontait celles de Paulin, de Montfranc, de Roquecézière et de Viane. En
1256, l’abbaye attribua à son tour cette terre à Isabeau de Curvalle dont la
petite-fille Catherine de Manencourt devait épouser Pierre Ramon 1er de
Rabastens. Massuguiès demeura dans cette maison jusqu’en 1392, date à
laquelle la seigneurie fut acquise par l’archevêque Aymeric de Bourges.
Durant deux cent ans, Massuguiès resta aux mains des Aymeric et de leurs
descendants par alliance: les Caumont et les Vézian. Durant cette période le
château connut deux grandes épreuves: d’abord sa mise à sac par les troupes
anglaises du Rouergue, puis durant les guerres de Religion une attaque
nocturne menée par les catholiques et qui se solda par le massacre de la
garnison. Jean de Lacger acquit Massuguiès en 1606: appartenant au milieu
des hommes de robe protestants conscients de leur nouvelle fortune et
soucieux de copier la noblesse d’épée, Jean de Lacger voulut un château
digne de son rang, comme il sut marier avantageusement ses enfants. Mais
l’histoire a surtout retenu la figure de son fils Hercule, courtisan et
précieux dont les ragots furent la cause du duel dans lequel le marquis de
Sévigné périt. La marquise intrigua pour faire exiler Hercule de Lacger et
la sœur de ce dernier fit en 1667 cadeau de Massuguiès à son gendre Pierre
de Carlot, descendant pour certains de la famille patricienne Carlotti, de
Vérone. Les héritiers de Pierre de Carlot firent hommage pour le château au
XVIIIe siècle et conservèrent Massuguiès jusqu’au milieu du XIXe siècle, ils
interviennent peu sur l'édifice; on ne peut leur attribuer le décor que de
deux éléments: les stucs rocaille et la cheminée Louis XVI au premier étage.
Le château de dMassuguiès changea ensuite maintes fois de propriétaires.
Néanmoins, bien que la seigneurie soit fort ancienne, la construction du
château ne remonte pas au-delà de la fin du XIVe siècle, le souvenir du
château fort construit certainement par les Rabastens à cette époque là est
conservé dans le plan de l’édifice actuel. (1)
Le château est isolé et surplombe de 700 mètres la vallée du Dadou.
L'édifice actuel est de plan carré, cantonné de quatre tours (deux rondes et
deux carrées) avec une cour centrale fermée. Les élévations sud et ouest
sont bordées de fossés encore en eau. L'élévation nord, peu percée,
manifeste encore son parti défensif et contient un portail d'accès qui était
sans doute muni d'un pont-levis (feuillure de 10-12 cm autour du portail).
Ce dernier est sommé des armes de la famille de Lacger. L'élévation est,
donnant sur la terrasse jardin, ne présente pas de percements en
rez-de-chaussée mais cinq croisées de pierre à l'étage, surmontées de cinq
lucarnes passantes (une des fenêtres porte encore ses grilles du XVIIe
siècle). Un jardin d'agrément se développait sur la terrasse qui borde cette
élévation (cf. peinture murale du rez-de-chaussée). La façade sud est la
plus soignée: elle est largement percée avec une travée centrale ordonnancée
derrière laquelle se trouve l'escalier. Les baies jumelées en plein cintre
éclairent les repos de l'escalier et le tout est sommé d'une lucarne en
plein cintre avec fronton à volutes. L'élévation ouest est constituée d'un
mur écran sans percements. Les tours sud-est et nord-ouest ont environ six
mètres de côté. Celle du nord-ouest porte encore ses mâchicoulis sur
lesquels repose maintenant la toiture. Plus anciennes, ces deux tours
portent des archères cruciformes et des portes à arc brisé chanfreiné alors
que les tours rondes, sans doute du XVIIe siècle, ont des trous de tir ronds
surmontés d'un "viseur" en T.
Trois corps de bâtiments se développent autour de la cour au nord, à l'est
et au sud. Un puits avec margelle en pierre se trouve au milieu de la cour.
Les façades sur cour ont un enduit de faux bossage à table fouillée gris et
blanc, peu courant dans la région. L'élévation intérieure du mur ouest
présente un ressaut en étage et des trous d'ancrage de poutres. Les portes
murées de la tour nord-ouest ainsi qu'une porte et une fenêtre également
murées à l'extrémité sud attestent la présence d'une structure disparue :
sans doute des galeries de circulation en bois dans les parties supérieures
avec peut-être une galerie d'agrément maçonnée en rez-de-chaussée. L'aile
est comporte trois travées et abrite en rez-de-chaussée des dépendances
(remises et écuries). L'aile sud est aussi composée de trois travées
régulières. La porte à pilastres ioniques avec fronton triangulaire brisé
porte à sa clef un mascaron et une pierre sculptée aux armes des Lacger
(bûchée) sommée d'un petit fronton cintré. Les deux obélisques en
amortissement ont perdu leurs boules sommitales. L'aile nord présente un
bâtiment qui n'occupe qu'une partie de la longueur de l'élévation. Ce
bâtiment est relié à la tour d'angle carrée par une passerelle couverte au
premier étage. La tour carrée débordant sur la muraille a vu ses niveaux
entièrement remaniés. Elle a conservé des portes en arc brisé chanfreiné.
Elle présente une cheminée à arc surbaissé avec conduit dans l'épaisseur du
mur ainsi que des petites fenêtres à coussièges. Lors de travaux dans le
sous-sol des canalisations de briques ont été mises à jour. Des lauzes,
retrouvées dans le grenier, semblent témoigner de leur utilisation sur la
couverture avant la mise en place des ardoises.
Éléments protégés MH : le château de Massuguiès en totalité : classement par
arrêté du 20 octobre 1995. (2)
château de
Massuguiès 81530 Le Masnau-Massuguiès, tel. 05 63 37 57 10, ouvert au public
du début juillet à début août, de 16h à 17h...
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