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La généalogie des propriétaires du château de Mayragues nous est connue par
les travaux de Michel de Tonnac à partir des archives de sa famille, "une
des plus anciennes familles protestante du nord-ouest du Tarn" en possession
du lieu pendant environ trois siècles. C'est Marc de Tonnac, écuyer, qui
l'acquiert en 1590. Le lieu s'appelle alors Villeneuve, nom qu'il perdra par
la suite au profit de Mayragues. Son successeur, Samuel, se marie en 1620
avec Antoinette de Garissoles, jeune catholique de Cordes, et " fait passer
cette branche des Tonnac dans la religion catholique". Raymond, leur fils,
prend le nom de sieur de Mayragues à partir du milieu du XVIIe siècle et
crée la branche des Tonnac de Villeneuve-Mayragues. C'est à lui qu'est
généralement attribuée la réalisation de la cheminée de la grande salle et
il faut très certainement lui octroyer aussi la construction de toute la
partie est du corps de logis, la partie ouest ayant très probablement été
élevée par son père dans la première moitié du siècle. Le château est resté
dans la famille de Tonnac jusqu'en 1873 lorsqu'il est vendu par
Henri-Hyppolyte ruiné pour avoir perdu tous ses biens au jeu. Racheté dans
les années 1980 par Alan et Laurence Geddes, il est sauvé de la ruine par
des travaux importants de restauration. Le château se trouve en limite des
communes de Castelnau-de-Montmiral et de Cahuzac-sur-Vère. Il occupe un site
d'éperon à la confluence des ruisseaux de la Mouline et de l'Istricou. Le
corps de logis quadrangulaire occupe la pointe de l'éperon, à l'aplomb des
ruisseaux. Selon les vestiges de murs qui subsistent à l'ouest, il
semblerait que des constructions aient existé en avant du corps de logis. Le
plan cadastral de 1812 montre effectivement une grande parcelle bâtie
incluant le corps de logis subsistant. On peut émettre l'hypothèse d'une
cour fermée par des hauts murs qui aurait pu inclure des dépendances qui
venaient s'appuyer contre ce mur. Il en reste principalement une maison
d'habitation située au sud-ouest du logis avec four à pain. Plus à l'ouest
se trouvent encore une ancienne grange-étable, aujourd'hui convertie en
chai, et le pigeonnier. Ce dernier est élevé sur des colonnes de grès,
couronnées de larges chapeaux. La caisse est en pan-de-bois et le toit à
quatre pans est couvert de tuiles plates et ouvert par un lanternon en bois
et une lucarne, à l'est.
Le corps de logis a été construit en deux temps. Tout le tiers ouest, de
construction homogène avec ses maçonneries de moellons de calcaire, a été
élevé dans une première phase. Les deux chaînes d'angle visibles sur les
façades sud et nord témoignent d'une première limite du bâtiment. Les salles
uniques qui occupaient chacun des niveaux étaient distribuées par un
escalier en vis (disparu) logé dans la tour l'angle circulaire, à l'angle
sud-ouest. En façade, les pierres d'encadrement des croisées et des petites
fenêtres sont pourvues d'un chanfrein retombant sur des congés droits tandis
que sur l'élévation postérieure elles sont à arêtes vives. Ce premier logis
a été couronné d'une galerie en pan-de-bois et en encorbellement ouverte à
la manière d'un soleihlo ou comble ouvert, offrant une vue périphérique sur
les environs. Une salle dont les murs sont aussi en pan-de-bois est aménagée
en arrière de la galerie. L'angle nord-ouest était flanqué d'une échauguette
connue par une photographie ancienne et dont il ne reste plus que les deux
premières consoles en pierre. L'extension du corps de logis en direction de
l'est s'inscrit dans la continuité du premier édifice. A la jonction, est
élevé un escalier rampe sur rampe, distribuant ainsi les salles de part et
d'autre. La galerie sommitale est poursuivie mais elle est désormais ouverte
par des croisées de bois. L'angle nord-est est flanqué d'une tour
pentagonale dont le premier niveau est pourvu de fente de tir, traduisant la
fonction originelle de défense. Il a par la suite été transformé en
chapelle. Les niveaux supérieurs de la tour faisaient fonction d'annexes aux
salles du logis, ce dont témoignent les latrines dont il subsiste le conduit
d'évacuation extérieur à l'articulation de la tour et du corps principal.
Sous l'extension, une cave voûtée en berceau est éclairée par des petites
ouvertures verticales aux encadrements pourvus d'un large chanfrein. Les
maçonneries de la seconde phase de construction sont en moellons ébauchés et
assisés. Les croisées tout comme les fenêtres à traverse du rez-de-chaussée
sont pourvues de pierre d'encadrement à arêtes vives. La porte du logis,
couverte par un arc segmentaire, est encadrée par des piédroits couronnés de
chapiteaux ioniques et surmontée d'un fronton ouvert par un oeil de boeuf et
encadré par deux volutes en S. A l'intérieur, les salles sont équipées de
grandes cheminées et les plafonds à solives sont ornés de décors peints. Au
rez-de-chaussée, la cheminée de la salle ouest est une reconstruction
récente à partir de blocs sculptés en remploi. La cheminée de la salle
orientale est engagée dans le mur et seule la tablette moulurée et supportée
par une frise de denticule est débordante. Un cadre en stuc marque
l'emplacement de la hotte droite. Les planches entre les solives du plafond
sont recouvertes d'un décor floral et les poutres de rinceaux habités et de
portrait en médaillon portés par des anges. A l'étage, la cheminée ouest à
hotte droite reçoit un décor peint représentant la Sainte-Famille: La
Vierge, assise à gauche, reconnaissable par son manteau bleu, tient l'Enfant
Jésus sur ses genoux. Au centre, Elisabeth agenouillée présente l'enfant
Jean-Baptiste tandis que derrière elle se tient Zacharie. A droite enfin, en
pendant à la Vierge, se trouve saint Joseph assis. Au bas de la scène, à
gauche, on peut distinguer l'inscription "de Graves.fecit". La date de 1656
y était associée selon la propriétaire. Le plafond, quant à lui, présente un
décor peint de motifs végétaux et géométriques de couleur jaune, bleu, noir
et blanc. Deux portraits sont peints sur la poutre du mur sud. Les deux
salles qui occupent actuellement la partie orientale du premier étage
constituaient à l'origine la grande salle du logis, pourvue d'une cheminée
monumentale en stuc richement ornée. Le plafond est peint de rinceaux
habités et de cornes d'abondance ou de corbeilles chargés de fruits. Sur une
des poutres, la date de 1681 est inscrite. Les couleurs principales qui
subsistent sont les mêmes que celles de la salle voisine.
Éléments protégés MH : le château de Mayragues et son pigeonnier :
inscription par arrêté du 10 octobre 1961. (1)
château de Mayragues 81140 Castelnau-de-Montmiral, tel. 05 63 33 94 08,
propriété viticole, dégustation de vins, chambre d'hôtes au château ou dans
le gîte...
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