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La première mention d'un
"mas" à Massaguel date de 1152. Il appartient alors aux seigneurs de
Dourgne, Pierre de Puylaurens et Isnar Bégon qui en sont co-propriétaires.
Le château n'est cité pour la première fois qu'en 1433, au moment où il est
racheté par Hugues de la Roques ou Hugues de la Tour, écuyer. En 1498, Jean
Daucet ou de Dolcet en est propriétaire et rend hommage au roi pour sa
seigneurie de Massaguel par-devant le sénéchal de Toulouse. Dans la première
moitié du XVIe siècle, le château passe aux mains de la famille de Lautrec
par mariage. En 1548, Jean de Lautrec est seigneur de Massaguel. Dans la
seconde moitié du XVIe siècle, sa troisième fille Marguerite épouse Jacques
de Nadal, dont la famille est originaire du Sidobre. Jacques se converti au
calvinisme en 1563 alors que son frère Jean dit "La Crouzette" devient un
des chefs du parti catholique. Au cours des guerres de Religion, le château
devient une place forte des protestants et fait l'objet de luttes répétées
entre les deux camps. En 1580 et en 1595, Massaguel figure parmi les places
tenues par les Huguenots. Le fils de Jacques, Jean II porte le surnom de "Massaguel",
il épouse le 1er mai 1619 Marguerite de Loubens. Il participe aux secondes
Guerres de religion dites "guerres des Rohan" qui ravagent le Languedoc
après l'assassinat d'Henri IV. Il vit dans la sphère très proche du Prince
Henri de Rohan, chef général des églises réformées de France dans le Haut et
Bas Languedoc. Jean II meurt à Massaguel en 1649. C'est probablement lui qui
entreprend la campagne de réaménagement du château au début du XVIIe siècle.
Le château reste la propriété des Nadal jusqu'en 1664. François, le dernier
des Nadal n'ayant pas de descendant fait don de tous ses biens et de son
château à son neveu Jean-François de Saint-Jean, fils de Louise de Nadal et
de Thimoléon de Saint-Jean, famille de noblesse militaire qui possédait la
baronnie de Moussoulens près de Montaulieu (Aude). Le 30 décembre 1768, le
fils d'Alexandre de Saint-Jean, Jean-François, vend la seigneurie de
Massaguel aux sieurs Jean-Jacques et Jean Fabre, père et fils aîné,
négociants drapiers à Dourgne, pour la somme de 202000 livres. Ils
entreprennent à leur tour une série de travaux importants qui transforme le
château en une demeure de plaisance. Un trumeau du salon, orné d'un profil
de Louis XV permet de dater la campagne de travaux entre l'acquisition des
Fabre en 1768 et la mort du roi en 1774. Après la Révolution, Jean Fabre et
son fils Jean-Jacques sont emprisonnés pendant un an entre 1793 et 1794. A
leur sortie de prison, ils retrouvent leurs biens. Dans la seconde moitié du
XIXe siècle, le château a fait l'objet d'un projet de restauration qui
consistait principalement à gommer les aménagements du XVIIIe siècle et à
développer les superstructures dans le goût néogothique.
Le château se présente sous la forme d'un corps de logis principal en L
auquel a été ajouté une aile secondaire au sud, moins haute et couverte par
un toit à longs pans et croupe. Trois tours d'angle circulaires flanquent
les angles du corps principal. Un petit corps couvert par un toit à un pan
est construit à l'angle du L. Un avant-corps couvert par un toit à longs
pans et croupe est construit sur l'aile ouest ; il abrite le grand escalier.
Au rez-de-chaussée, le château conserve une galerie qui traverse du nord au
sud. Elle permettait aux voitures d'entrer par le nord et de déposer leurs
passagers à l'abri. Ceux-ci pouvaient rejoindre le château en empruntant le
grand escalier rampe sur rampe à mur d'échiffre logé dans l'avant-corps de
l'aile ouest. Les voitures ressortaient par l'autre issue, au sud. La
galerie était à l'origine voûtée comme en témoignent les quelques pilastres
qui se trouvaient à la retombée des voûtes et elle était aussi ouverte à
l'est par des arcades en brique, aujourd'hui obturées. Ce dispositif,
remarquable, est caractérisé par un style Renaissance que l'on peut dater du
début du XVIIe siècle, par comparaison avec les hôtels particuliers de la
ville voisine de Castres. La porte qui relie la galerie à l'escalier
présente un encadrement en plein cintre à large chanfrein et motif saillant
sur la clef. Elle est surmontée par un entablement portant lui-même un
fronton. Des pilastres pourvus de chapiteaux à oves encadrent la porte. A
l'extérieur, plusieurs éléments peuvent être rattachés à cette campagne de
travaux qui consiste en un premier réaménagement du château. C'est le cas
notamment de l'échauguette sur trompe à l'angle sud-ouest de l'avant-corps
et de la porte dont on ne voit plus que la partie haute au sud de ce même
avant-corps. Au premier étage de l'aile nord, les salles de réception en
enfilade datent de la campagne de travaux du 3e tiers du XVIIIe siècle. La
salle à manger, le salon et le salon de musique sont conçus suivant le
confort de l'époque, avec parquet, cheminées, larges baies à ébrasements et
lambris d'appui. Les dessus de portes et la hotte de la cheminée du salon
présentent des gypseries sur le thème des Quatre saisons. La grande majorité
des ouvertures actuelles constituent des percements de cette époque,
notamment toutes celles qui présentent des encadrements en pierre de taille
de grès formant un bandeau continu avec plate-bande en arc segmentaire
pourvue parfois de clef saillante et débordante.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château et des communs
; le portail d'entrée ; l'escalier intérieur ; la salle à manger, le grand
salon et le salon de musique au premier étage avec leur décor : inscription
par arrêté du 4 octobre 1972. (1)
château de
Massaguel 81110 Massaguel, tel. 05 63 50 32 21, propriété privée, ne se
visite pas excepté aux journées du patrimoine, visible de la rue.
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