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Avant même que n'existe le château de
Scopont, se trouvait au haut Moyen Âge sur l'emplacement une abbaye
fortifiée dont les restes comprenant chapiteaux, colonnes et pierres
tombales furent réutilisés pour décorer le charmant pavillon troubadour que
l’on peut admirer dans le parc. Cette abbaye primitive fut détruite au début
du XIIIe siècle par Simon de Montfort qui mettait à l’époque la région à feu
et à sang, et l’on découvrit d’ailleurs récemment à proximité du château un
charnier dans lequel nombre de squelettes portaient l’anneau de cuivre des
"Parfaits". L'abbaye ravagée fut sans doute remplacée par une maison forte,
mais, en tout cas, l’on perd la trace du domaine jusqu’au XVIe siècle. À
cette époque-là, au beau milieu des guerres de Religion, le château "d’Escopont"
fut pris le 7 mai 1575 par le duc de Joyeuse qui respecta la parole qu’il
avait donné aux occupants de les laisser en vie s’ils se rendaient.
L’anecdote raconte que quelques années plus tard, le seigneur de
Maurens-Scopont, M. de Julien, alors président de la chambre de l'Édit de
Castres se tua en passant avec sa monture à travers les planches du
pont-levis. D'ailleurs, une pierre trouvée dans le parc et aujourd’hui
intégrée à la façade du château porte la date de 1590 ainsi que les armes de
la ville de Castres, qui devaient figurer sur l’écu de M. de Julien.
Selon une légende aussi fausse que tenace, Scopont aurait appartenu sous
Louis XV au duc de Choiiseul, ministre de ce roi. Ce n’est pas lui mais un
propriétaire beaucoup moins célèbre qui non seulement remania le château
pour lui donner son aspect actuel, mais aussi fit détourner le cours du
Girou qui serpentait autour de la demeure à laquelle l’on accédait
jusqu'alors par un pont enjambant la rivière. Aux opulents mais imaginaires
Choiseul succédèrent les Bournazel, famille à laquelle appartint le
lieutenant des spahis Henri de Lespinasse de Bournazel. Ce dernier mourut
courageusement en 1933 durant la guerre du Rif au Maroc, alors qu’il se
battait contre l’émir Abd-El-Krim. Scopont fut ensuite vendu au comte
Boniface de Castellane qu’il ne faut pas confondre avec son célèbre filleul,
dandy extravagant de la belle époque. Moins proustien que ce dernier, le
comte de Castellane menait tout de même à Scopont un train de vie qui
faisait de cette demeure l’une des plus fréquentées et agréable de la
région. C’est le comte de Castellane, président de la Société archéologique
du Midi de la France, qui fit construire la fabrique néo-gothique que nous
avons déjà citée, la décorant non seulement d’éléments découvert à Scopont,
mais aussi de chapiteaux et colonnes récupérés après la démolition du
couvent des Carmes de Toulouse ou la dégradation du couvent des Jacobins de
la même ville. Lorsque mourut le comte de Castellane, Scopont fut acheté en
1838 par un M. Boncasle, et sa famille le conserva jusqu’ après la Seconde
Guerre mondiale. Le château fut alors acquis par l'Électricité d'Algérie,
puis nationalisé par l’Algérie au moment de l’indépendance et finalement
abandonné.
Scopont était à moitié ruiné lorsque M. d’Ingrando l’acheta pour le sauver.
Situé sur le versant nord d’un vallon, et construit sur une terrasse du côté
sud, le château de Scopont est de ce côté ci dissimulé par les arbres, alors
qu’au nord un vaste terre-plein permet d’apprécier sa belle architecture.
Construction rectangulaire de vaste dimension, Scopont présente une façade
nord précédée d’une terrasse à balustre de pierre entourant des douves, et
tournée vers la grille d’entrée du château. Au sud, le château présente un
élégante façade à deux étages surmontée d’un attique et flanqué de deux
tours circulaires à haute toiture en poivrière. Sur cette façade comme sur
les autres sont encore visibles des meurtrières montrant le caractère
fortifié de l’ancien château fort. D'ailleurs, des caves et un sous sol du
XVIe siècle accessible depuis le côté sud seulement, témoignent encore de
cette histoire. La façade sud est placée en contrebas par rapport à celle du
nord, et précédée d’une terrasse. Les façades latérales sont elles aussi
bordées de douves. Des aménagements pratiqués postérieurement à cette époque
demeurent un bel escalier ainsi que de nombreuses décorations de stuc. (1)
Éléments protégés MH : le château et son orangerie : inscription par arrêté
du 4 février 1992. Le pavillon néo-gothique situé dans le parc: classement
par arrêté du 17 février 1995.
château de Scopont
81470 Maurens-Scopont, tel. 06 75 23 49 70, propriété privée, visite des
extérieurs uniquement.
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