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Montfa dresse sur une colline dominant le pays castrais ses ruines qui
représentent tout ce qui reste du domaine familial des Toulouse-Lautrec,
mais aussi des témoins féodaux du Moyen Âge dans ces alentours. Il est
permis de se demander comment ce beau château encore habité à la fin du XIXe
siècle et intact au cours du suivant a pu nous parvenir à l’état de ruine
pathétique. L’abandon commença après la mort du comte Alphonse de
Toulouse-Lautrec, père du peintre: ce furent d’abord les enfants de la
région qui s’y introduisirent pour y jouer, avant que les voleurs de tout
poil ne vident la demeure de son magnifique mobilier et des objets d’art
qu’il contenait. Enfin, au moment de la Seconde Guerre mondiale, Montfa
ayant été délesté de tout son contenu, les pillards s’attaquèrent aux
matériaux, jusqu’à ce que la demeure nous parvienne telle que nous pouvons
la découvrir. Devant la rapidité à laquelle le château semblait prés à
disparaître, les Éclaireurs de France eurent en 1957 la bonne idée non
seulement de procéder à des fouilles, mais aussi de faire un relevé précis
des ruines. Montfa se présentait sous la forme d’un trapèze, trois des côtés
du quadrilatère définissant une enceinte en U autour d’une cour contenant un
puits et des fours logés dans une angle. Le corps de logis occupait la
partie nord de la cour tandis que les autres côtés consistaient en de
simples murailles. Ce corps de logis présentait trois pièces par niveau et
sa façade extérieure comportait une échauguette à l’angle nord-ouest et un
tour engagé à l’angle nord-est. L'accès au château se faisait par un
pont-levis situé sur la façade ouest et enjambant les fossés. Cette façade
était flanquée en son angle sud-ouest d’une tour de près de cinq mètres de
diamètre.
Le château apparaît dans l’histoire dès 1255, quarante ans après que se soit
formée la lignée de Toulouse-Lautrec, par le mariage de Baudouin de
Toulouse, frère du comte Raymond et d’Alix de Lautrec. Cependant, le nom de
Toulouse-Lautrec n’est cité pour la première fois qu’en 1257. Durant les
XIVe et XVe siècles, Montfa passa par alliance et par vente aux maisons
d’Arpajon puis de Foix mais les Lautrec surent par deux fois récupérer leur
domaine. Au milieu du XVIe siècle, une querelle familiale opposa François II,
baron de Montfa, à sa belle-sœur Isabeau de Lescure au sujet des biens de
son père: il fallut aller jusqu’au parlement de Toulouse qui accorda à
François la jouissance de ces biens. À la suite d’un combat dans lequel le
fils aîné de François II mourut à l’âge de dix ans, Montfa fut pris par les
protestants en 1569. Pierre de Lautrec dut libérer les prisonniers
protestants qu’il détenait, sortir du château avec seulement cinq soldats
armés à cheval, et les autres avec seulement leur épée, avec la promesse
formelle de ne pas se battre dans le gouvernement du gouverneur de Castres.
Malgré ces conditions de reddition très honorables et les promesses faites
par les protestants, Montfa fut démoli pour être reconstruit peu de temps
après. Il fut à nouveau pris par Turenne en 1580: le 21 janvier de la même
année, le vicomte de Turenne avait été nommé gouverneur de Castres et se
dirigea bientôt vers Lautrec: c’est alors qu’il prit par capitulation Montfa.
Le 19 juillet 1591 survint une altercation entre les habitants de
Labruguière et le baron de Montfa, que ceux-ci pensaient appartenir à la
Ligue. Le duc de Montmorency fit emprisonner le baron mais ne tarda pas à
lui rendre sa liberté.
En novembre 1591, Montmorency le conquit mais le rendit bientôt à son
propriétaire légitime qui, peu reconnaissant, rejoignit la Ligue l’année
suivante, à l’occasion du siège de Lautrec. En 1595, M. de Montfa paya le
prix de sa trahison et lui et sa femme furent emmenés prisonniers au château
de Vénès par le propre gendre de Montmorency, le duc de Ventadour. Le
château resta néanmoins propriété des Montfa et le dernier seigneur du lieu
fut Joseph-Constantin de Montfa (1762-1791), premier des Montfa à
s’intituler comte de Toulouse-Lautrec, dont les fils émigrèrent sous la
Révolution. À cette occasion, les terres dépendant du château furent vendues
comme bien d’émigrés. Robert de Toulouse-Lautrec, mort en 1972, est le
dernier de la famille a avoir possédé ce beau domaine. La non exécution de
ses dernières volontés fit que Montfa fut vendu en 1981 à un descendant des
fermiers du lieu. Après sept siècles, une page d'histoire venait de se
tourner. Dès le XIXe siècle, une lettre nostalgique écrite par le comte
Alphonse annonçait ce triste dénouement: "voici trente et un ans que je me
suis chargé de la terre de Monfa, située à deux lieues de Lautrec... Cette
terre n’a été qu’échangée entre divers vicomtes de Lautrec depuis le XIIIe
siècle, et n’est jamais passée en des mains étrangères; les miens ont même
lutté 130 ans contre la famille de Panat dans un procès qui nous avait été
suscité à la suite d’un mariage d’une fille aînée. Ce sont donc des
sacrifices notables qui justifient bien la prétention que cette possession
ininterrompue durant sept siècles nous tient lieu de parchemins. Possession
onéreuse pour mes prédécesseurs, écrasante pour moi dont c’est tout l’avoir
personnel (revenu nul). Monfa a subi plusieurs sièges et toujours été brûlé;
ce qui en reste est inhabitable et inhabité, sauf par des blaireaux,
locataires peu exigeants". Le château appartenait à la famille de
Toulouse-Lautrec-Montfa dont est issu le peintre Henri de Toulouse-Lautrec.
Le bâtiment au passé si glorieux n’est guère plus aujourd’hui qu’une ruine
informe. (1)
château de Montfa 81210 Montfa, vestiges, les alentours du château ont été
aménagés en verger médiéval, roseraie et pommeraie...
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