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Du célèbre
château qui fut dès le XIe siècle l’objet de tant de convoitises, d’attaques
et de sièges inutiles, l’histoire ne nous a laissé qu’une ruine pathétique
dont, il faut bien le dire, le charme romantique et le pittoresque valent à
eux seuls le détour. D'ailleurs, le charme mélancolique du lieu servit de
cadre au XIXe siècle à l’un de ces épisodes chers à la génération
romantique: amoureux fou et sans espoir de la sulfureuse duchesse de Dino,
Jacques Daure, secrétaire de Talleyrand, choisit le cadre du château pour se
suicider, et il fut enterré sur place, drapé de l’écharpe de la duchesse.
Les origines du château sont mal connues et la légende dit qu’en l’an 600,
Frédégonde, femme de Childéric, fit construire Penne, relevant en cela le
défi lancé par sa rivale la reine Brunehaut, qui venait de construire
Bruniquel à quelques lieux de là. De manière plus prosaïque, cette
redoutable forteresse dressée sur un rocher à pic sur l’Aveyron est
mentionnée dans les archives dès le XIe siècle. Les premiers seigneurs de
Penne, originaires du Castelviel d’Albi, furent d’abord au début du XIIe
siècle les vassaux des vicomtes de Béziers avant de se ranger au milieu du
même siècle sous la bannière des comtes de Toulouse. Le seigneur de Penne,
Jeoffroy, accompagna d’ailleurs Raymond V, comte de Toulouse, en Terre
Sainte. De 1143 à 1202, les noms des différents seigneurs nous sont
conservés dans le cartulaire de la commanderie de Vaour, maison que les
seigneurs en question protégeaient. C’est de cette époque que datent
certaines des parties les plus anciennes du bâtiment. C’est aussi au XIIIe
siècle que s’écrivit l’une des pages les plus belles de Penne: à côté de la
guerre, c'était aussi le temps de l’honneur et de l’amour. La belle Adélaïs
de Penne était alors célébrée par les troubadours et en particulier par le
vicomte de Saint-Antonin, Jourdain, dont elle était la "dame des pensées".
En 1229, par le traité de Paris, Raymond VII de Toulouse livra Penne au roi
de France, mais les habitants refusant de se soumettre, le château dut être
assiégé par le comte et Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, qui dut
acheter la seigneurie. De 1334 à 1351, Penne eut à subir plusieurs assauts
des routiers aussi bien que des Anglais. Le château fut sévèrement pillé en
1361, puis à nouveau forcé peu de temps après par les Anglais. Il convient
de dire que depuis 1361, le nouveau tracé de la frontière suivant le cours
de l’Aveyron, les Anglais n’avaient de cesse de prendre Penne, ce qu’ils
firent en 1370 pour le conserver quelques années. En 1374, Penne fut repris
par le connétable Du Guesclin pour retomber encore en 1383 aux mains des
Anglais. Dès l’année suivante, un traité prévit enfin leur retrait définitif
mais, ces derniers ne respectant pas l’accord, il fallut comme ce fut le cas
au même moment au château de Thuriès, payer une rançon pour que les Français
récupèrent Penne. Ces incessantes échauffourées devaient par la suite
continuer avec la guerre entre Armagnacs et Bourguignons. Néanmoins après
cette période, le peu d'importance que revêtait désormais la cité écarta
Penne de l’histoire. Cependant, durant les guerres de Religion, le château
fut livré aux protestants: en 1568, l’armée de Philippe de Rabastens attaqua
Penne "la catholique" et la saccagea. Le château fut repris l’année suivante
par Montluc mais la ruine définitive de Penne s’amorça en 1586, quand le
château fut ruiné une ultime fois par les protestants. Malgré tous ces
malheurs, les prisons du château servirent encore jusqu’en 1711 et, au début
du règne du "Bien Aimé", le fils de Fouquet, le maréchal de Belle-Isle,
acheta Penne alors érigé en baronnie et le céda en 1732 au vicomte de
Bruniquel Guillaume d’Ouvrier, pour 85000 livres.
La Révolution consomma enfin la ruine de Penne mais de constants travaux de
protection menés à l’époque moderne devraient nous permettre d’admirer
encore longtemps cette ruine auguste. Situé sur la rive gauche de l’Aveyron,
ce site occupé dès l’Antiquité constituait un verrou imprenable. D’un côté,
un escarpement vertical d’une élévation considérable mettait la forteresse à
l’abri de toute attaque, tandis que, sur le versant opposé, une triple
enceinte de murailles la défendait de toute surprise. Il convient de faire
un effort d'imagination pour concevoir ce qu'était ce superbe ensemble qui
ne faisait qu’un avec le village. Une porte principale, dotée d’un pont
levis, faisait corps avec l’église, conçue comme les maisons du village pour
faire partie intégrante des remparts, les habitations étant toutes
dépourvues de fenêtres sur leur côté extérieur donnant sur les fossés.
L’entrée même du château était flanquée de deux tours: l’une circulaire et
la deuxième à éperon, construite si l’on en croit la tradition par les
Anglais, mais l’ensemble dut en fait être édifié dans la deuxième moitié du
XIIIe siècle par Alphonse de Poitiers. La tour à éperon paraissant même en
certains endroits être de construction plus ancienne, il se pourrait qu’elle
représente l’un des derniers restes du château primitif.
Le plan de Penne peut en fait sembler parfois difficile à démêler tant on a
en fait continuer à restaurer et à agrandir le site jusque durant les XVe et
XVIe siècles. Comme beaucoup de forteresses, Penne comportait deux parties:
après avoir pris le château, l’assaillant devait se rendre maître du refuge
qu'un isthme étroit reliait au corps de bâtiment, ne laissant le passage que
pour un seul homme à la fois. Un corps de garde à l’entrée occupe le
rez-de-chaussée de la tour circulaire: il s’agit de la partie la mieux
conservée et des meurtrières défendaient l’entrée, protégée en outre par une
herse. Dans la partie la plus inaccessible, au-dessus de l’à-pic traité pour
rendre Penne inexpugnable se trouvent encore les restes de la chapelle
Sainte-Marguerite ainsi que de l’indispensable citerne. Selon les Mémoires
de du Mège rédigés en 1820, l’on pouvait encore admirer dans la chapelle les
armoiries sculptées et peintes de Penne "d’azur à bande d'argent chargé
d’une plume d’or". Le château était autrefois couvert de tuiles rondes dont
les débris jonchent encore le sol aux alentours.
Éléments protégés MH : les ruines du château de Penne : classement par
arrêté du 2 mai 1902.
château de Penne 81140 Penne, de nos jours, il subsiste quelques restes de
l'enceinte fortifiée. Les ruines du château domine une boucle de l'Aveyron à
120 mètres de hauteur. tel. 06 23 82 94 22, ouvert en mars et avril le
week-end de 14h à 17h, en mai, juin et septembre tous les jours de 14h à 18h
et en juillet et août tous les jours de 10h à 19h.
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