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Il suffit de découvrir la majestueuse cour
d’honneur de Saint-Géry pour ne plus être étonné d'apprendre que, par la
conjonction de sa splendide architecture et la beauté de son décor intérieur
miraculeusement préservé, il représente sans nul doute le fleuron du XVIIIe
siècle dans le département. Selon la légende, c’est en ces lieux que serait
né Saint-Georges, trésorier du roi Dagobert. De façon plus certaine, l’on
sait que dès le XIIIe siècle, les seigneurs de Rabastens possédaient un
château sur ce plateau stratégiquement placé sur la rive droite du Tarn et
d’où l’on pouvait surveiller les plateaux toulousains. En 1349, le château
fut saisi par Philippe de Valois et adjugé l’année suivante à Antoine de
Baulat à qui est attribuée la construction de la partie la plus ancienne du
château actuel. La dernière représentante des Baulat de Baulac épousa en
1576 Georges de Larroque-Bouillac et leur fils Clément, gentilhomme
ordinaire de la chambre du roi, fut aussi l’agent et l’homme de confiance de
Richelieu, notamment pour de délicates missions auprès du duc de Rohan. Il
reçut d’ailleurs le cardinal à Saint-Géry en 1629 et l’on peut encore
découvrir au premier étage la "Chambre du Cardinal", avec son vieux mobilier
à brocard rouge. Deux générations plus tard, en 1728, ruiné, le dernier des
Larroque-Bouillac de Saint-Géry se vit contraint de vendre le château à
Jean-Jacques de Rey, conseiller au parlement de Toulouse. Clément de Rey
continua les travaux de reconstruction du château entrepris par son père
avant de mourir avec beaucoup de courage en 1794 sur l’échafaud
révolutionnaire.
Il écrivit à cette occasion à l’intention de sa famille une dernière et très
belle lettre empreinte de foi et de pardon, puis fut inhumé avec bien
d’autres parlementaires toulousains au charnier de Picpus. Le conseiller
ayant été exécuté dans le feu de l’action des "Grandes fournées" sans qu’une
sentence ait été rendue, ses biens séquestrés furent rendus à sa famille, ce
qui permit d’une certaine manière à Saint-Géry d’échapper aux destructions
révolutionnaires. La petite fille de Clément épousa en 1827 Edward O’Byrne,
descendant d’une très ancienne famille irlandaise, et ce sont leurs
descendants du même nom qui possèdent toujours Saint- Géry. Ainsi, durant
six siècles, trois familles seulement se seront succédé dans ce cadre à la
fois majestueux et plein de charme. Du fait de la reconstruction totale de
1350, ordonnée par Antoine de Baulat, il ne semble rester du château
primitif construit au XIIIe siècle qu’une pierre portant les armes des
Rabastens. De l’autre berge du Tarn, l’on distingue très bien la façade est
conservant le souvenir du château réédifié par les Baulat de Baulac: une
grande tour ronde du XIVe siècle présentant encore mâchicoulis et
meurtrières, ainsi qu’au sud une puissante tour carrée postérieure d’un
siècle. En ce qui concerne l’intérieur de cette aile, on découvre encore des
aménagements anciens tels que la salle des gardes avec sa vieille clef de
voûte, la vaste cuisine où la petite chapelle du XVe siècle dans laquelle
sont encore célébrées certaines cérémonies familiales et où des fresques du
XVIe siècle furent découvertes au cours de ce siècle.
De ce point de vue, l’on distingue également la façade postérieure du
château de Saint- Géry dominant la rivière et sa façade construite au début
du XVIIe siècle. De la même époque nous est parvenue la façade principale et
sa superbe porte Louis XIII, cachées au premier abord derrière la façade
construite en avant de ces éléments au XVIIIe siècle. C’est aux travaux
menés après 1728 par la famille de Rey que le château doit son aspect
actuel. Une fois les vieux fossés comblés, une façade d’un classicisme
précoce avec la sobre animation donnée par la légère saillie du corps de
logis central vient doubler la vieille façade principale du château, tandis
que de superbes communs sont édifiés de part et d’autre d’une vaste avant
cour dont les amples proportions mettent en scène le point de vue qui
s’offre au visiteur lorsqu'il se dirige vers la cour du château, encadrée
par deux sphinges hiératiques. Cette dernière est fermée au sud par la
façade principale et encadrée par deux ailes symétriques. À l'extrémité de
l’aile gauche, correspondant sous son habillage du Siècle des Lumières à la
partie la plus ancienne du château, fut élevée au XVIIIe siècle une
splendide chapelle ornée de peintures consacrée en 1784 par le célèbre
cardinal de Bernis, ancien protégé de madame de Pompadour. Escalier, salon,
on n’en finirait pas de décrire les grâces de Saint-Géry, dans lequel aucun
raffinement ne manque, pas même l’étonnante salle à manger réalisée dans le
goût pompéien par la manufacture Wedgwood pour Jean-Jacques de Rey. Le chai
s'inscrit au sein des dépendances du château de Saint-Géry. Il pourrait
avoir été construit à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle, mais
il réutilise des corps de bâtiment plus anciens qui ont été agrandis au
moment de l'aménagement du chai. Selon les propriétaires actuels, on faisait
encore du vin dans le chai du château pendant la Seconde Guerre mondiale. Le
bâtiment a été réutilisé pour le stockage du blé dans la seconde moitié du
XXe siècle, et c'est alors qu'à été creusée la cuve en ciment à l'entrée du
chai, sur le côté ouest. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures, à l'exclusion de la
terrasse effondrée en bordure du Tarn ; la chapelle ; la salle à manger avec
son décor ; la chambre à alcôve avec son décor ; la cuisine : inscription
par arrêté du 9 décembre 1970.
château de Saint-Géry 81800 Rabastens, visite des extérieurs, l'aile
ouest sera ouverte à la visite l'été pour quelques dates seulement.
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