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En 1419, le comte
d’Armagnac donna la Haute Seigneurie de Senouillac et de Mauriac à
Philippe-Jean de Rabastens, vicomte de Paulin, avec "droit de construire
murs et contre murs et autres fortifications", précisions bien
compréhensibles dans le cadre particulièrement tendu de la guerre de Cent
Ans. Le vicomte construisit un premier bastion gothique dont le donjon fut
décapité et ce premier bâtiment fut largement agrandi par son petit-fils
Bertrand vers 1545. Mauriac a été construit par le vicomte de Paulin, l’un
des principaux chefs protestants. Outre Mauriac, M. de Rabastens détenait
également Mailhoc et Cestayrols, dont la localisation géographique lui
conférait une position stratégique pour dominer le pays, entre Albi, Cordes
et Gaillac. Toutes ces possessions constituaient un dispositif
particulièrement efficace pour favoriser le succès de ses campagnes
militaires. Protestant irréductible, le jeune Bertrand de Rabastens fut
d’abord sous les ordres de Condé puis général des troupes pour les diocèses
de Saint-Pons, Castres et Albi, avant de faire de Mauriac un bastion du
calvinisme. En 1595, Joyeuse, chef du parti de la Ligue en Languedoc, passa
près de Mauriac. Il marchandait alors sa soumission à Henri IV et Dom
Vaissete nous dit qu’ayant rompu la trêve, il assiégea Mauriac. Nous ne
possédons malheureusement aucun détail sur ce siège et l’on ne sait pas si
le château fut pris. En tout cas, il est fort probable que l’angle sud-est
soit la partie qui ait eu le plus à souffrir des tirs d’artillerie car là,
les bâtiments ont disparu et ont été remplacés par un simple mur. Après deux
siècles d’appartenance à la famille des vicomtes de Paulin, dont le dernier
représentant fut assassiné en 1616, Mauriac logea des conseillers au
parlement de Toulouse. Détruit, le chemin de ronde fournit les pierres qui
permirent d’édifier le mur de clôture séparant le village du château. Dieu
merci, faute d'argent, la municipalité, lors de la Révolution, ne put
exécuter l’ordre prescrivant la démolition du château. Le château passa aux
mains de notaires de Cordes avant d’appartenir aux Saint-Félix puis aux
Tapié de Céleyran. Au lendemain de la guerre, le château fut adapté à un
usage agricole. Depuis 1962,l'ensemble a été progressivement transformé en
maison d'artiste par le peintre Bernard Bistes qui a réinventé le décor des
différentes parties de l'édifice. (1)
Le château est construit à l'ouest du hameau de Mauriac, sur un éperon
rocheux qui domine la vallée de la Saudronne. Il affecte la forme d'un
rectangle disposé autour d'une cour et auquel manque une section au sud-est.
Il est orienté en direction du nord-est. Son élévation principale, au
nord-est, est flanquée de deux tours d'environ treize mètres de diamètre.
Celles-ci sont percées de demi-croisées sur les deux étages carrés qui
surmontent des meurtrières ; au rez-de-chaussée se trouvent des canonnières
qui permettaient d'assurer le flanquement de la façade principale et des
élévations latérales. La partie centrale est percée d'une porte en plein
cintre encadrée par deux tours qui comportent à leur base des meurtrières
convergeant vers l'entrée. Le portail d'entrée est surmontée par un local où
se faisait la manipulation de la herse et par un mâchicoulis ménagé dans la
voûte. Les fenêtres qui éclairent les tours et le local sont surmontées de
frontons (dont trois sont cintrés). L'élévation ouest présente un
décrochement dans sa partie sud qui est en retrait d'environ un mètre et est
moins élevée. Les deux étages carrés de cette élévation sont percés de
fenêtres à croisée et de demi-croisées: la croisée de la partie sud a vu son
meneau remonté en bois et ne comporte pas l'appui saillant des autres.
L'aile sud domine le jardin et la vallée: flanquée de deux petites tours,
elle n'occupe que la moitié de la longueur de l'aile nord et est prolongée à
l'est par deux murs, dont l'un clôt la cour tandis que l'autre longe le
ravin et rejoint les habitations. C'est à ce rempart, où l'on note les
traces de trois reprises, qu'étaient ancrés les séchoirs à pastel.
L'élévation sud compte deux étages de soubassement, percés de petits jours,
et deux étages carrés percés de grandes fenêtres dont celles du niveau
supérieur sont à meneaux et appui saillant mouluré. L'aile Est, moins élevée
que les autres, ne comporte qu'un étage carré.
La cour forme un rectangle, ses élévations ouest et nord-ouest sont
recouvertes d'un enduit peint d'un faux appareil. Au-dessus du portail, un
pan de bois à hourdis de brique est disposé en encorbellement sur deux
niveaux. Il était initialement percé de deux fenêtres de mêmes dimensions
qui ont été remplacées. Un puits couvert est installé à droite du portail.
L'élévation ouest comporte dans sa partie centrale deux travées qui comptent
chacune trois croisées à appui mouluré et corniche saillante. A leur gauche,
une autre travée est constituée par deux croisées à moulures croisées et à
base prismatique. L'aile sud ouvre sur la cour par une loggia à deux niveaux
que dessert un escalier à vis. Le rez-de-chaussée de l'aile ouest abrite
l'ancienne cuisine et la salle à manger qui initialement ne formaient qu'une
seule pièce. Les poutres sont moulurées et la cheminée monumentale en pierre
est sculptée de deux cariatides gainées; elle comporte une petite niche
donnant directement sur l'âtre. La petite pièce qui se trouve à l'extrémité
de l'aile ouest a conservé son carrelage un carrelage en terre cuite ancien
constitué de losanges emboîtés. Le rez-de-chaussée de l'aile sud abrite
l'ancienne salle des gardes dont le plafond est porté par des piliers
centraux en bois; le carrelage ancien présente de nombreuses cassures. Sous
cette pièce se trouve une cave, dont une partie des murs est constituée
directement par la roche. La pièce du premier étage de l'aile sud comporte
une cheminée dont les piédroits galbés sont anciens tandis que la partie
supérieure est restituée. A sa droite, un renfoncement abritait un potager
et un évier (remaniés) qui étaient munis d'un système d'évacuation
aboutissant au rez-de-chaussée de la tourelle sud. Les portes donnant accès
au deux tourelles de l'élévations sud sont toutes les deux surmontées par un
arc en accolade; c'est aussi le cas pour la porte ouvrant sur la tourelle
sud-ouest du premier étage. Le manteau de la cheminée de la salle à manger
est encadré par deux cariatides engainées qui représentent un personnage
féminin et un personnage masculinsculptés en moyen relief. Ce sont peut-être
des représentations de Jacques de Rabastens et de Marie d'Arpajon. Les
consoles qui portent le balcon au nord de la cour sont ornées d'un mufle de
lion sculpté en partie bûché. Les garde-corps de la loggia sont ornés au
premier étage de deux vases en pierre et au second étage de deux sphères.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château : inscription
par arrêté du 15 décembre 1972. (2)
château de Mauriac 81600 Senouillac, tél. 05 63 41 71 18, M. Emmanuel
Bistes, ouvert au public du 1er mai au 30 octobre tous les jours de 15h à
18h. Hors saison uniquement le dimanche et jours fériés ou sur rendez-vous.
Location de salles pouvant accueillir jusqu'à 500 personnes et privatisation
du château.
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