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Le château de Viviers
n’est guère que la marque la plus récente d’un habitat humain très ancien
puisque la maison fut précédée d’une occupation préhistorique, d’un probable
oppidum gallo-romain puis à partir du IXe siècle d’un prieuré bénédictin
annexe de Saint-Benoît de Castres, qui fut à l’origine du château actuel.
Fortifié dès le XIIe siècle grâce à l’aide des Templiers, ce prieuré fut
endommagé après 1210 par les croisés de Simon de Montfort. Place fortifiée
convoitée de par sa position à la charnière de plusieurs seigneuries
importantes, Viviers figure dans plusieurs documents de cette époque,
notamment dans une bulle du pape Clément IV en 1265. Le château fut en
partie détruit au cours de la guerre de Cent Ans. Il devait être reconstruit
sous la forme d’une bastide à la suite d’un paréage. Co-seigneur en paréage
de Viviers depuis 1340, le roi Philippe VI de Valois craignant une nouvelle
incursion des Anglais avait ordonné la construction d’un fort et d’un
village à côté de l’église. Le 6 mai 1367, après s’être entendu avec Bernard
Ramond de Durfort, co-seigneur et délégué du procureur du roi, Pierre Fort
procéda à la division du terrain en précisant à chaque habitant l’endroit où
il pourrait bâtir. Plusieurs parcelles de terre furent désignées à
l’intérieur des remparts, que les habitants purent posséder pour qu’ils
puissent s’y réfugier en cas d’invasion. Le château de Viviers défendait les
points est et sud de cet ensemble, fermés par deux ponts-levis. Outre ses
larges fossés, cette forteresse comprenait également huit tours reliées par
des chemins de ronde.
Le château actuel conserve de cet ouvrage ses trois greniers souterrains
voûtés ainsi que sa salle de justice et son cachot. Ainsi défendu, Viviers
pouvait être considéré comme l’une des meilleures places fortes du
Haut-Languedoc, à la charnière des diocèses de Lavaur et de Castres. Le XVe
siècle ajouta à ce dispositif une tour d’artillerie dont demeure la base. Au
milieu du XVIe siècle, la seigneurie appartenait à Jacques de Castelpers,
vicomte de Panat. Cette époque fut marquée à Viviers par un crime digne des
romans de Walter Scott: en 1546, un serviteur du château nommé Jean Caul
avait conçu une violente passion pour une jeune fille de Viviers. Son projet
de mariage n’ayant pas reçu l’agrément des châtelains, il se vengea en
tentant d’assassiner la châtelaine, sa fille ainsi que son fils, cloué au
lit par la maladie. En 1565, la seigneurie fut vendue à Antoine de Martin,
seigneur de Roquecourbe et des Avalats, chef des catholiques dans le
Castrais. Ami et conseiller de Montmorency mais aussi humaniste, Antoine de
Martin transforma le château en ouvrant des fenêtres dans le goût de la
Renaissance, et en faisant installer un programme sculpté qui disparut
bientôt à l’occasion des troubles. En effet, à l’époque des guerres de
Religion, en l’espace de trente ans, Viviers soutint quatre sièges dont deux
notables: le 3 décembre 1568, les réformés prirent et pillèrent le château
puis, en avril 1589, un nouvel assaut conduit par le comte de Montgomery se
finit par l’incendie de la ville. Malgré ces avanies, Viviers résista aux
vents de l’histoire et il est encore habité par le famille de Martin de
Viviés. Même si Viviers fut maintes fois remanié, il conserve de beaux
restes de l’époque où il était une des principales places fortes du
Haut-Languedoc. Des temps anciens demeurent notamment trois étages de caves
voûtées contenant des citernes médiévales, ainsi que des fosses funéraires.
Une partie des belles pierres sculptées installées à l’instigation d’Antoine
de Martin et endommagées lors des assauts du XVIe siècle furent retrouvées
au XIXe siècle et présentent une grande parenté stylistique avec le
programme sculpté de Ferrières. Au XVIIe siècle, la terrasse crénelée
s’effondra en partie à la suite d’un incendie, Des fenêtres furent alors
ouvertes sur la cour intérieure. Le château actuel ne représente néanmoins
que le tiers de la bâtisse d’origine et, habité régulièrement par la famille
de Viviers à partir du XVIIIe siècle, un réaménagement de l’intérieur du
château fut effectué à cette époque-là. On remplaça les grandes pièces en
enfilade par des appartements plus intimes comprenant alcôve, boudoir et
cabinet de toilette et ces aménagements fonctionnels nous sont parvenus
inchangés. Mais Viviers fut surtout remanié dans le premier quart du XIXe
siècle. À la faveur d’importants travaux terminés en 1830, l'architecte
Laffon trouva le moyen de conserver la structure d’origine en créant de
larges ouvertures et en donnant au château un aspect néo-classique rajoutant
encore à la noblesse de sa position, en haut d’un promontoire dominant la
plaine et la Montagne Noire. Élève de Virebent à Toulouse, puis de Percier à
Paris, l’architecte toulousain Jean-Pierre Laffon (1787-1865) fut nommé
architecte du département de Haute-Garonne et on lui attribue différent
chantiers menés non loin de Viviers-les-Montagnes, dont le château de
Troupiac. Au cours de cette campagne de travaux du XIXe siècle, l’on ouvrit
des fenêtres à l’est et au sud et l’on fit disparaître les créneaux sur cour
ainsi que le mur qui fermait la cour d’entrée, afin d’agrandir les
parterres. Enfin, à la fin du même siècle, un étage fut démoli à l’ouest.
(1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château : inscription
par arrêté du 2 mars 1981.
château de Viviers lès Montagnes 81290 Viviers-lès-Montagnes,
propriété privée, ne se visite pas.
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