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Le
premier document est un titre de l'abbaye de Saint-Maur-des-Fossés daté de
847, qui fait mention de la forêt de Vilcena, appartenant à la paroisse de
Fontenay. En 980, 1037 et 1075 des chartes nous révèlent que cette forêt est
devenue la propriété de la Couronne. Dans une bulle d'Eugène III de 1147,
elle est appelée Vulcenia. Ces anciens noms de Vilcena, Vilcenna, ou
Vulcenia, se transformeront en Vicenne et Vincennes. On n'entend parler pour
la première fois de constructions qu'en 1162: Louis VII (1113-1189) avait
dans la forêt un rendez-vous de chasse, un hospitium. Philippe Auguste
(1180-1223) agrandit cette première habitation qui devient un manoir au
milieu d'un parc, le roi ayant fait enclore le bois d'une haute muraille,
afin, nous dit Rigord, d'y conserver les daims, cerfs et autres animaux
semblables qu'Henri II d'Angleterre lui avait envoyés comme cadeau. Saint
Louis (1226-1270) affectionne le séjour "du Bois". Le souvenir de la justice
qu'il rendait sous les grands chênes est populaire: "maintes fois il advint
qu'en été le bon roi allait s'asseoir au bois après sa messe, et s'accostait
à un chêne, et nous faisait asseoir autour de lui, dit Joinville. Et tous
ceux, qui avaient affaire, venaient lui parler sans empêchement d'huissiers
ou d'autres gens". Le pieux monarque fait construire une chapelle dédiée à
Saint-Martin pour recevoir une épine de la sainte Couronne, que lui avait
vendue Baudouin II de Courtenay (1248). Il réside souvent dans le manoir
avec toute sa Cour; il y assemble le Parlement en 1252 et 1253; il y passe
une partie de l'année 1255, et c'est de là qu'il part en 1270 pour sa
funeste expédition de Tunis où il trouve la mort. Philippe III (1270-1285) a
la même prédilection que son père pour le Bois, dont la solitude cadre avec
son caractère mélancolique. Il épouse dans la chapelle Saint-Martin, Marie,
sœur du duc Jean de Brabant (1274), et y reçoit le même jour l'hommage d'Edouard
1er, roi d'Angleterre. Un peu plus d'un an après, un drame jette pour la
première fois une ombre de tristesse sur la résidence de plaisance "du
Bois".
Louis, fils aîné du roi, issu d'un premier mariage avec Isabelle d'Aragon,
meurt subitement. La rumeur publique accuse la jeune reine d'avoir
empoisonné l'héritier présomptif. On prétend même que cette marâtre a formé
le projet de se défaire des trois autres enfants du premier lit, afin de
réserver l'accès au trône à sa propre lignée. Elle se défend, et elle accuse
Pierre de la Brosse, ancien barbier de saint Louis devenu grand chambellan
de Philippe III et l'homme le plus important de la Cour, d'avoir propagé ces
calomnies. Elle en appelle au jugement de Dieu. Son frère, le duc de
Brabant, se porte garant de son honneur, et comme aucun chevalier n'ose
relever son défi, le favori est déclaré coupable et pendu. A la suite de ce
scandale, le manoir retrouve son calme. Le roi en augmente considérablement
le parc (1274-1275). Philippe IV, le Bel conserve les mêmes goûts que ses
prédécesseurs pour Vincennes, où sa présence est constatée en 1285, 86, 89,
90 et 95. Il y épouse, le 2 mars 1294, Jeanne de Bourgogne, fille aînée
d'Othon IV, comte Palatin, et de Mahaut, comte d'Artois. A cette époque le
château avait pris de l'importance: dans une sentence de l'évêque de Paris,
Simon, il est en effet question d'une nouvelle dépendance, la basse-cour de
la Pissotte. Le 2 août 1304, Jehanne, reine de France et de Navarre,
comtesse de Champagne et de Brie, meurt à Vincennes. Son corps est inhumé au
Cordeliers à Paris. Le Parlement se réunit au manoir en 1305 et 1314. Sous
Louis X le Hutin, un nouveau drame se passe "au Bois". Enguerrand de
Marigny, surintendant des finances de Philippe le Bel, ce roi connu dans
l'histoire sous le nom de faux monnayeur, se croyant encore nécessaire et
tout puissant sous son successeur, ose s'attaquer en plein conseil à Charles
de Valois, qui se pose en chef des barons de France. Pour se venger l'oncle
du roi réclame les comptes du règne précédent, et n'ayant pu convaincre le
ministre de malversation, l'accuse de magie. Enguerrand est condamné et
pendu.
Le 2 juin 1316, Louis X, qui, en secondes noces, avait épousé Clémence de
Hongrie, se sentant gravement malade, fait à Vincennes son testament. Il
confirme à la reine le douaire de 25.000 livres de rente qu'il lui avait
spécifié par contrat de mariage, et y ajoute "la jouissance de sa maison de
Vincennes". Il meurt au château deux jours après. Son corps, d'abord exposé
dans la chapelle Saint-Martin, est porté à Saint-Denis. Peu après, la reine
met au monde à Vincennes un fils, Jean I, qui ne vit que quelques mois.
Philippe V, son successeur, reprend le château à Clémence, en lui donnant en
échange la tour du Temple et la maison de Nesles (1317). Il meurt à
Vincennes le 2 janvier 1322. Son frère, Charles IV, dit le Bel, proclamé roi
dans le manoir, révoque au commencement de son règne toutes les aliénations
antérieures du domaine royal. Il rétablit ainsi le bois de Vincennes dans
son intégrité. Il meurt au château le 31 janvier 1328, laissant la reine
avec des espérances; le 1er avril suivant, cette princesse y donne le jour à
une fille appelée Blanche, et Philippe de Valois, est proclamé roi en vertu
de la loi salique. Philippe VI conserve la même prédilection que ses
devanciers pour la résidence du "Bois". Aimant le faste, il y convie la
noblesse de toute l'Europe, en sorte que "ce séjour est réputé le plus
chevaleresque du monde". On doit signaler sous son règne, les grandes fêtes
célébrées à l'occasion du mariage de Béatrice de Bourbon avec Jean de
Luxembourg ans la chapelle Saint-Martin (1334); et, comme événements
marquants, la réunion de trois grandes assemblées du clergé (1329-1332);
celle, en 1336, du Parlement dans laquelle Robert d'Artois est déclaré
traître et félon, cet arrêt fut une des principales causes de la guerre dite
de Cent ans. Enfin la visite, en 1343, de Humbert II, au cours de laquelle
le dauphin du Viennois fait donation de tous ses États à Philippe d'Orléans,
fils puîné du roi. On sait que Charles V porta, le premier, le titre de
Dauphin. Les dauphins, qu'on voit sculptés sur la porte du Châtelet, sur
celle de l'escalier accolé à ce bâtiment, et également sur diverses clés de
voûte du donjon, rappellent ce souvenir.
Philippe VI fait commencer les fondations du donjon. Les travaux abandonnés
sont repris par Jean II, et achevés par Charles V. Ce roi fait sa résidence
favorite de Vincennes. Il y met une partie de ses richesses artistiques et
de son trésor, qu'il partage entre le Louvre, Melun et Saint-Germain. Il y
donne en 1378 de grandes fêtes en l'honneur de l'empereur Charles IV
d'Allemagne. Mais cette réception cause de grandes fatigues à la reine
Jeanne de Bourbon qui met au monde avant terme dans le donjon, le 4 février
1378, une fille, Catherine; elle meurt deux jours après. Le souverain, qui
l'appelait "le soleil de son royaume", est "très affecté par cette perte. Il
continue cependant à s'occuper de toutes les questions politiques avec la
même activité et il fait reconnaître le pape Clément VII au lieu d'Urbain VI
dans une assemblée notable tenue au château. Il s'éteint à Beauté, près de
Nogent-sur-Marne le 6 septembre 138o, ne laissant qu'un fils mineur. Ses
frères, le duc d'Anjou, le duc de Berry et le duc de Bourgogne se disputent
la régence, et dilapident les trésors amassés dans le château. Pendant cette
période, la Cour paraît souvent à Vincennes. En 1400, les travaux de la
Sainte-Chapelle sont continués et bientôt abandonnés. Charles VI est fou; il
ne poursuit aucune idée. Cependant, en 1417, il sort de sa torpeur. Il
cherche à mettre un terme aux scandales causés par la conduite d'Isabeau de
Bavière: sur son ordre, le sire de Bois-Bourdon est arrêté dans le parc et
jeté dans la Seine, cousu dans un sac. Ce réveil d'autorité est de courte
durée. Le malheureux prince retombe sous la tutelle de son entourage, qui
l'endort dans des fêtes continuelles à Vincennes pendant que la guerre
désole le royaume. En 1420, un inventaire nous montre que tous les
appartements sont vides: ils semblent avoir subi les horreurs d'un sac. Le
traité de Troyes, qui a reconnu à Henri V le titre de roi de France, a donné
le château au souverain anglais. Celui-ci le remeuble pour l'habiter et y
meurt en 1422.
Henri VI d'Angleterre vient plusieurs fois à Vincennes pendant sa minorité.
Si le château lui est momentanément repris par le commandeur de Giresmes et
Denis de Chailli (1429), il y rentre en 1430, et il en part le 15 décembre
pour se faire sacrer à Notre-Dame de Paris. Deux ans plus tard Jacques de
Chabannes "eschielle le donjon", pour le compte de Charles VII et s'en
empare malgré la résistance de la garnison. Après une dernière tentative
infructueuse des Anglais, la place reste aux Français, et, en 1445, le comte
de Tancarville en est gouverneur. Les habitants de Montreuil lui demandent
de ne plus faire le guet, "les ennemis étant éloignés de plus de 16 lieues".
Vincennes redevient une maison de plaisance: le roi se plaît à y retrouver
Agnès Sorel. Celle-ci y a un fils, mais elle habitait ordinairement le
château de Beauté, où elle meurt en 1450. Il faut noter, en 1461, une visite
d'ambassadeurs florentins: le château cause leur admiration, surtout la
chambre du Roi, dont tous les ornements sont rehaussés d'or et les murs
couverts de boiseries". Ils vantent ses fortifications, "ses neuf hautes
tours". C'est d'ailleurs à Vincennes que Louis XI trouve un abri en 1465,
pour résister aux attaques des ducs de Berry et de Bretagne, qui, réunis au
comte de Charolais, se sont avancés jusqu'à Charenton. L'armée royale et
celle des seigneurs restent onze mois en présence. Le roi ne revient plus à
Vincennes. Il nomme Olivier le Daim, concierge du château, et le charge d'y
recevoir les ambassadeurs d'Aragon (1474). Charles VIII se contente de
chasser dans le parc, notamment en 1484. Sa femme, Anne de Bretagne, réside
au château pendant l'année 1495; elle possédait en propre un jardin à
proximité. Louis XII, dans les débuts de son règne en 1498, visite à
plusieurs reprises la forteresse. Puis il en reste dix ans éloigné. En 1508,
gravement malade, il pense que la salubrité du "Bois" lui rendra la santé:
il y passe plusieurs mois. Il y revient une dernière fois en juin et juillet
1514, à la suite des fêtes du mariage, le 18 mai 1514, de François, comte
d'Angoulême, avec Claude de France.
François 1er prescrit d'exécuter un certain nombre de travaux à Vincennes:
entre autres, l'achèvement de la Sainte-Chapelle, l'agrandissement du
pavillon Louis XI. En 1540, il y est installé avec toute la Cour, et y
reçoit les ambassadeurs du Grand Turc. On l'y retrouve en 154: il crée la
paroisse de la Pissotte. Sous Henri II, le bois est entièrement coupé, puis
replanté, en 1551, la Sainte-Chapelle inaugurée, la translation à Vincennes
du chapitre de l'ordre de Saint-Michel effectuée. En 1556, le roi reçoit les
plénipotentiaires de Philippe II, envoyés pour traiter de la paix. François
II ne paraît pas à Vincennes, contrairement à son frère Charles IX qui
affectionne cette résidence. Celui-ci y signe les préliminaires de la paix
de Longjumeau (1568). Six ans après, la poitrine malade, il vient s'enfermer
dans le donjon, dans l'espoir qu'en fuyant le Louvre où tout lui rappelle
les sinistres journées de la Saint-Barthélemy, il échappera aux remords, et
retrouvera le calme. Il y meurt dans les bras d'une vieille nourrice
huguenote, tandis que le roi de Navarre et Condé, arrêtés par ordre de
Catherine de Médicis qui a pris le pouvoir, sont emprisonnés aux étages
supérieurs de la Tour. Henri III, fait de Vincennes son lieu de retraite
favori (1574-1589). Il s'y enferme lorsqu'il veut se reposer des soucis de
la politique. Il en ouvr cependant les grands appartements à l'occasion du
mariage, le 23 août 1387, de Louis de Nogaret de la Valette, duc d'Epernon,
avec Marguerite de Foix. De grandes fêtes sont célébrées à ce moment. Puis,
le bruit des armes trouble le calme revenu dans le logis royal: les ligueurs
s'en emparent. En vain le capitaine Saint-Martin y rentre-t-il: il y est
bloqué pendant quinze mois par les Parisiens. Obligé de se rendre à
Beaulieu, celui-ci, nommé gouverneur par la Ligue, s'y maintient jusqu'au 28
mai 1594, époque à laquelle il se soumet à Henri IV. Ce roi entre
solennellement à Vincennes. Pendant son règne, il vient souvent au château,
mais sans y séjourner. Gabrielle d'Estrée met au monde dans le pavillon
Louis XI un fils, César de Vendôme, en 1595.
En 1596, dans ce même logis, le cardinal Alexandre de Médicis, en qualité de
légat, apporte au souverain l'absolution du pape. Louis XIII passe la plus
grande partie de sa jeunesse à Vincennes, dans un pavillon dont la première
pierre avait été posée en 1610, mais qui ne fut terminé qu'en 1617. Sous son
règne, le donjon, qui avait commencé à recevoir des prisonniers sous Louis
XI, devient véritablement prison d'État. On peut citer parmi les prisonniers
les plus marquants de cette époque, Henri II, prince de Condé, arrêté le 16
septembre 1616. La princesse, sa femme est autorisée à partager sa
captivité. Le prince n'est rendu à la liberté que le 20 novembre 1619. Le
maréchal d'Ornano (1626), décédé dans sa prison; Marie de Gonzague, fille du
duc de Nevers, qui avait voulu épouser Gaston d'Orléans; le duc de
Puylaurens (1635), mort au donjon; Jean de YVert (1638); les généraux
espagnols Lamboy, Mercy et Landron. Pendant toute la première partie de la
régence d'Anne d'Autriche, l'histoire du château n'est encore intéressante
que par des détentions de prisonniers illustres. François de Vendôme, duc de
Beaufort, plus connu sous le nom de roi des Halles, est mis au donjon en
1643. Son évasion, grâce à la connivence d'un garde, nommé Vaugrimaud, est
restée célèbre (1649). Le gouverneur du château de Vincennes, Chavigny,
accusé d'avoir manqué de vigilance, est emprisonné à sa place. Puis, les
portes de la tour se referment successivement sur le président Charton et
sur trois des principaux frondeurs: le Grand Condé, le prince de Conti, et
le duc de Longueville. On transféra ensuite les prisonniers au Havre en
165o. Le cardinal de Retz leur succède le 19 décembre 1652. Il est mis au
deuxième étage du donjon, "dans une chambre grande comme une église"
écrit-il dans ses Mémoires. En 1654, il est transféré à Nantes d'où il
s'échappe le 8 août. L'année 1652 est marquée par un événement minime en
apparence, mais ayant une grande importance pour notre histoire: Léon de
Bouthillier, marquis de Chavigny, gouverneur de Vincennes, meurt le 11
octobre 1652. Colbert, intendant de Mazarin, pousse aussitôt son maître à
prendre sa place, afin d'avoir un lieu où mettre à l'abri ses riches
collections en cas d'émeute.
Le cardinal obtient la succession. Il ne songe, dès lors, qu'à embellir sa
résidence. Il charge l'architecte Le Vau de transformer la forteresse
féodale en château moderne. Les remparts de Raymond du Temple sont changés
en "galeries rustiques" sur le front sud; des arcs de triomphe s'élèvent, et
servent de portes à une cour d'honneur entre deux gros pavillons que le
ministre réserve l'un au roi, l'autre à la reine-mère et à lui. Philippe de
Champaigne, Michel Dorigny, Baptiste, le Borzone et le Manchole sont appelés
pour décorer les nouveaux appartements. L'habitation royale doit être aussi
somptueuse que possible: il faut que le roi s'y plaise, et, pour charmer ses
yeux, la Marne, détournée à Chelles, doit former des canaux dans le parc.
Cependant ces travaux avancent lentement. Les grands corps de logis,
désignés aujourd'hui sous les noms de Pavillon du Roi et Pavillon de la
Reine (on devrait dire Pavillon de la Reine-mère), sont à peine logeables
quand Louis XIV épouse Marie-Thérèse. On y travaille jour et nuit pour
permettre au souverain d'y amener la reine à son retour des Pyrénées. La
période des fêtes commence, tout est prétexte à divertissements. Pourtant,
dans le Pavillon de la Reine, le cardinal Mazarin agonise. Mais il met une
coquetterie, qui n'est pas dépourvue de grandeur, à cacher ses douleurs et
ses appréhensions. C'est dans son fauteuil qu'il attend la mort, prenant
congé de chacun, distribuant des diamants au Roi, à la Reine, à la
Reine-mère, à Monsieur, n'oubliant aucun de ses amis, aucun de ses
serviteurs, signant jusqu'au dernier moment les dépêches de l'État, et ne
tremblant que lorsqu'il reste seul en face de ses souffrances "qui le font
hurler" dit Madame de Motteville. Le cardinal Jules Mazarin s'éteint le 9
mars 1661 entre deux heures et trois heures du matin. Le Roi aussitôt
prévenu, se lève sous le coup d'une profonde émotion; il pleure un instant,
puis, se ressaisissant, appelle auprès de lui ses ministres: le chancelier
Le Tellier, Foucquet, et de Lionne. Il leur signifie qu'ils n'auront plus
d'autre maître que lui. C'est son premier acte d'autorité.
Le 11 mars, la dépouille mortelle du cardinal est portée dans la
Sainte-Chapelle où un service est célébré sans grandes cérémonies. Au mois
d'août suivant, la Cour part pour Fontainebleau. L'idylle du roi et de
Louise de La Vallière commence aussitôt. Elle a son épilogue à Vincennes. En
1553, c'est dans le Pavillon du Roi que Marie-Thérèse apprend l'infidélité
de son époux; que le souverain avoue publiquement sa passion en juillet
1663; et que, reconnaissant ses torts avec une aisance toute princière, il
promet à la reine qu'à trente ans, il cesserait de faire le galant. Il ne
réclamait que quatre années d'indulgence. Le 17 octobre 1666, Louise met au
monde l'enfant qui portera le nom de Mademoiselle de Blois, dans une des
chambres des grands appartements de ce même pavillon, celle dans laquelle
sera enfermé plus tard le duc d'Enghien. Après son rétablissement, elle
quitte Vincennes pour ne plus y revenir; son étoile a pâli, celle de la
marquise de Montespan se lève. La fin des amours du Roi avec Mlle de La
Vallière marque également celle de la résidence royale. La Cour revient
encore pendant l'année 1667 à Vincennes, mais se fixe décidément à
Versailles à partir de 1668. Les grands appartements sont démeublés. Un
demi-siècle s'écoule ainsi: le grand Roi, sur le point de mourir, se
rappelle le château dans lequel s'étaient déroulées les plus belles années
de sa jeunesse. Il mande auprès de lui le duc d'Orléans, lui parle du Bois
dont "l'air est si bon" et lui ordonne d'y conduire le jeune Roi, son
successeur, "aussitôt que les cérémonies relatives à ses obsèques seront
finies à Versailles". Huit jours après il meurt. Louis XV et toute la Cour
prennent le chemin de Vincennes le 8 septembre 1715, mais ils n'y restent
que 72jours. Ni le Régent, ni le duc de Saint-Simon, n'ont pu se faire à
l'idée d'un tel changement dans leurs habitudes.
Les grands appartements sont de nouveau fermés. Ils s'ouvrent une dernière
fois pour la reine douairière d'Espagne, veuve de Louis 1er, qui y habite de
1725 à 1727. Puis, complètement abandonnés, ils sont concédés à différents
particuliers en même temps, d'ailleurs, que d'autres locaux du château.
C'est ainsi qu'en 1738 les deux frères Giles et Robert Dubois, s'étant
enfuis de Chantilly en emportant les secrets de sa manufacture de
porcelaine, obtiennent du gouverneur l'autorisation de monter un atelier
dans la tour du Diable, avec l'appui financier d'Orry de Fulvy, conseiller
d'Etat. Leur tentative, ayant échoué, est reprise par Charles Adam en 1745,
qui constitue une société, et s'installe dans les anciennes cuisines du
Pavillon de la Reine, et dans le manège. Charles Adam cède ses droits, en
1762, à Éloy Brichard. Le Roi, sur les conseils de la marquise de Pompadour,
entre dans l'affaire, dont les produits reçoivent le nom de porcelaines de
France. A partir de ce moment, les commandes affluent. Les ateliers, devenus
trop exigus, sont transférés à Sèvres en 1755. Telles sont les origines de
la manufacture nationale de Sèvres. En 1753, le Pavillon du Roi est aménagé
par Gabriel pour l'École des Cadets. Avec de telles utilisations, les
bâtiments négligés tombent en ruine. L'intendant Collet finit par demander
300.000 livres pour les remettre en état en 1777. Le Roi refuse, estimant
que le château "n'est bon qu'à démolir ou à utiliser pour des services
publics". C'est dans cet esprit d'économie qu'il aliène l'Esplanade et la
Basse-Cour en 1781, qu'il supprime par extinction les chanoines de la
Sainte-Chapelle en 1784, enfin qu'il ferme la prison d'État, dont les
derniers prisonniers sont transférés à la Bastille. Depuis les Princes de
Condé, les hôtes les plus illustres de la Grosse-Tour avaient été: Foucquet
en 1662; la Voisin avec un certain nombre de ses complices, dont l'abbé
Guibourg en 1679; un grand nombre de Jansénistes, dont le père Gerberon en
1707; Diderot en 1749; le marquis de Mirabeau en 1761; Le Prévot de Beaumont
en 1769; le marquis de Sade en 1777; et enfin Mirabeau de 1777 à 1780.
Gabriel Honoré, comte de Mirabeau, avait été enfermé en vertu d'une lettre
de cachet; il avait été ainsi soustrait à la juridiction du Parlement de
Grasse qui le poursuivait pour coups et blessures envers le marquis de
Villeneuve-Mouans, et à celle du Parlement de Pontarlier, qui l'avait
condamné à mort pour crimes de rapt et de séduction à l'égard de Sophie de
Monnier. Il déploya dans sa prison une activité cérébrale prodigieuse,
écrivant ses fameuses Lettres à Sophie, des tragédies, des livres
licencieux, enfin, un ouvrage sur les Lettres de Cachet. Le donjon inutilisé
est alors occupé par une boulangerie philanthropique, puis par une
manufacture de plaquettes de fusil, sous la direction de Gribeauval. Lorsque
la révolution survient, la résidence royale est dans un tel état de
délabrement que l'Assemblée Nationale en prescrit la vente, à charge par
l'acquéreur de tout démolir. L'adjudication échoue heureusement. Afin de
tirer quelques revenus du domaine, le parc est loué à l'abbé Nodin, comme
jardin botanique. Les chanoines survivants, et les particuliers logeant dans
les grands appartements divisés en petits logements, sont astreints à payer
un loyer. La Sainte-Chapelle est transformée en salle d'assemblée primaire;
le donjon, est mis à la disposition de la commune de Paris pour servir
d'annexe aux prisons de la ville reconnues insuffisantes. Les clubs
révolutionnaires s'émeuvent des travaux effectués pour cette utilisation, et
le 28 février 1791, ils se portent sur Vincennes. Ils pénètrent dans le
château, et commencent à détruire le donjon qui n'est sauvé que grâce à
l'intervention du général La Fayette. Après cette échauffourée, les
réparations sont interrompues; le château est livré au Département de la
Guerre, le donjon transformé en poudrière, le Pavillon du Roi en prison de
femmes de mauvaise vie. En 1812, Napoléon charge le génie d'aménager des
casernes, une salle d'armes, de rechercher un emplacement pour le muséum
d'artillerie, d'établir des magasins pouvant contenir 100.000 livres de
poudre, d'élever des hangars pour des milliers de voitures, de créer des
forges et des ateliers pour les ouvriers.
Daumesnil est nommé directeur du nouvel arsenal. Il n'avait alors que
trente-six ans. Ses états de service mentionnaient 22 campagnes, 8 drapeaux
pris à l'ennemi, 4 généraux faits prisonniers. Avec un tel homme, l'arsenal
prend un développement qu'on ne pouvait même prévoir. Aussi peut-il fournir
la presque totalité du matériel nécessaire à la campagne de 1814. Lors de la
bataille de Paris, dernière étape d'une longue mais glorieuse agonie, c'est
le canon de Vincennes qui fait entendre la dernière protestation de la
France vaincue. Le matériel confié à la garde du général "à la jambe de
bois" est sauvé. Mais Louis XVIII ne sait pas reconnaître un tel dévouement.
Le héros est nommé à Condé; il accepte ce poste à la frontière. Sous
l'Empire, le vieux fort ne joue aucun rôle. On ne peut que signaler une
visite du roi de Portugal (1855); l'effondrement des voûtes de la tour
principale qui fait 17 victimes en 1857. Pendant la guerre de 1870 le
général Ribourt établit son quartier général à Vincennes, qui reçoit
quelques boulets le 23 janvier 1871. Après le siège, le colonel Faltot
occupe la place pour le compte de la Commune. Il capitule d'ailleurs à la
première sommation du général Vinoy le 28 mai 1871. Le 22 juillet suivant,
le vieux fort, qu'avaient épargné la guerre et l'insurrection, est
bouleversé par l'explosion d'un dépôt de munitions. Après ces heures
tragiques, Vincennes n'a pour ainsi dire plus d'histoire. Il ne reste à
noter la création d'une direction d'artillerie en 1871, la visite du roi de
Siam en 1898, celle du shah de Perse en 1900; d'Edouard VII, roi
d'Angleterre et de Victor-Emmanuel II, roi d'Italie en 1903; d'Alphonse XIII,
roi d'Espagne en 1905. En 1936-1940, le château de Vincennes devient le
poste de commandement du chef d'état major des Armées. Pendant la deuxième
guerre mondiale, de 1940 à 1944, les troupes allemandes occupent le château,
elles opèrent des destructions considérables en le quittant en août 1944.
Restauré, il abrite les services historiques de l'armée depuis 1948...
Description des bâtiments anciens subsistant:
Le château de Charles V constitue, malgré les adjonctions déplorables qu'on
lui a faites, ou les mutilations non moins regrettables qu'il a subies, la
partie essentielle du vieux fort, son ossature. L'enceinte, la tour
principale, le donjon, la Sainte-Chapelle offrent encore le plus grand
intérêt: ils méritent une étude spéciale. La tour principale, qui domine
l'une des grandes portes d'entrée, servait à l'origine de logement au
capitaine du château. Elle se dresse actuellement de toute sa hauteur
au-dessus du pont par lequel on y arrive, étayée en avant par quatre
puissants contreforts montant jusqu'à la corniche qui n'est qu'une suite de
longs mâchicoulis, et sur chaque côté par un contrefort et une tourelle. Sa
façade est percée de hautes fenêtres, correspondant à chacun de ses étages,
partagées par un ou deux linteaux, terminées par un tympan aveugle
au-dessous d'une archivolte en tiers-point, moulurée d'un boudin
s'amortissant sur des colonnettes à chapiteau ornées de feuillage et à bases
prismatiques. La porte charretière en tiers-point, avec son archivolte
moulurée de trois boudins s'amortissant sur des colonnettes identiques à
celles des fenêtres, est surmontée d'un écu aux armes de France supporté par
deux anges (restauration par
Eugène Viollet-le-Duc),
au-dessus duquel s'ouvre une niche encadrée par une arcature en tiers-point,
et garnie d'un piédestal sans statue, au-dessus d'une corniche. Celle-ci,
interrompue par les fentes pratiquées pour le passage des bras du
pont-levis, se continue sur les deux contreforts voisins de la porte, et se
retourne en avant pour servir de base à trois autres niches identiques, mais
surmontées d'une arcature avec gables aveugles dont les rampants sont ornés
de crochets et surmontés d'un fleuron, le tout dans le goût le plus pur du
milieu du XIVe siècle. A côté de la porte charretière s'ouvre une poterne en
tiers-point réservée aux piétons, munie de son pont-levis particulier se
relevant avec un seul bras à l'extrémité duquel est suspendue une fourche de
fer recevant les deux chaînes. Un ennemi, qui eut cherché à pénétrer
autrefois par l'une ou l'autre de ces entrées, se fût heurté à une porte de
bois, puis serait arrivé dans un passage voûté, fermé du côté de la cour par
une herse, exposé aux flèches qui lui auraient été tirées par des archers de
deux corps de garde latéraux n'ayant aucune communication avec l'endroit où
il se trouvait, en même temps qu'aux projectiles tombant d'assommoirs
pratiqués à la partie supérieure du passage.
Le donjon est une tour carrée de 52 mètres de hauteur, avec des murs de 3
mètres à la base, flanquée de tourelles à chacun de ses angles, ce qui
constitue un type assez rare. Son dernier étage est légèrement en retrait
sur les autres, de telle sorte qu'un chemin de ronde a pu être ménagé en
partie sur l'épaisseur des murs, disposition assez fréquente au XIVe siècle.
Ce chemin de ronde offre toutefois une particularité: il s'élargit à l'angle
nord-ouest, constituant une terrasse au-dessus de, deux échauguettes
jumelées, qui s'accrochent à une épine ou gros contrefort, dans l'intérieur
duquel des latrines ont pu être ménagées à tous les étages. Cette
plate-forme assurait, nous l'avons dit, le flanquement de la partie nord de
la courtine ouest. Primitivement, le donjon possédait son enceinte
particulière, qu'un fossé séparait des courtines voisines et de la cour
intérieure. Un pont en pierre, avec deux arches en tiers-point, précédait un
pont-levis porté par deux échauguettes en avant du châtelet constitué par un
corps de logis encadré de deux tours. Sur le mur enserrant la cour carrée au
milieu de laquelle s'élève la grosse tour, règne un chemin de ronde, couvert
dès le XVe siècle, peut-être même dès le XIVe, et qui a été désigné à partir
du XVIIe siècle sous le nom de "galerie". C'est par une fenêtre de cette
galerie que s'évada le duc de Beaufort, et c'est de là que Mirabeau causait
avec Mmes de Sparre et du Ruault. Aux quatre angles du chemin de ronde,
s'élèvent de jolies échauguettes en forme de tourelles, celles du front
ouest, ayant sur les arcs ogives de leur voûte des traces d'ornementation:
des fleurs de lis or, sur fond bleu. La cour intérieure du donjon est fort
rétrécie, d'abord par des constructions relativement modernes accolées au
Châtelet, ensuite par des casemates à la Haxo, élevées sur les trois fronts
nord, ouest et sud, en 1841. Ces diverses constructions ont remplacé dans la
partie nord de la cour, une salle d'assemblée, avec différents locaux
réservés au capitaine de la forteresse au XIVe siècle, puis une chapelle,
qui, au XVIIe siècle était appelée "église de l'Ordre de Jérusalem"; dans la
partie ouest unmagnifique jeu de paume construit pour Louis XIII encore
enfant.
Sous Charles V, on entrait au donjon par le premier étage. Cette entrée a
été murée depuis; mais on voit l'archivolte de sa porte en tiers-point,
noyée dans le mur de la façade Est, ainsi que les deux fentes verticales
destinées au passage des chaînes de son pont-levis. Il paraît certain que
cette disposition n'existait pas dans le plan primitif, car l'absence
d'ornementation donne à la baie bouchée les caractères d'une ouverture
pratiquée après coup. D'ailleurs, pour arriver au pont, constitué par des
poutrelles reposant sur une pile de maçonnerie, on montait du sol de la cour
par un escalier à vis relativement large, dont la cage est ménagée dans une
tourelle polygonale qui semble avoir été accolée au Châtelet postérieurement
à sa construction. La porte de cet escalier est décorée de deux Dauphins,
armes de Charles V, qui donnent la date de cette adjonction. La preuve d'un
remaniement, opéré à cette; époque, est encore fournie par l'escalier
d'honneur qui relie le premier étage du donjon au second dans l'intérieur de
la tourelle sud-est, et qui est la conséquence logique de l'entrée par le
premier étage. Cet escalier a été ajouté. Il n'y a pour s'en rendre compte
qu'à regarder ses fenêtres de l'extérieur. Celles-ci sont au nombre de cinq:
toutes sont encadrées d'un boudin ayant le même profil, mais deux, (fenêtres
primitives), sont en tiers point; trois, (fenêtres ajoutées), sont terminées
par un linteau. Ces reprises s'expliquent facilement: la construction du
château aurait exigé trois campagnes, si l'on en croit une ancienne
inscription gravée sur une plaque de cuivre, qui a disparu du mur.
Le donjon s'élève au milieu d'une petite cour dont l'enceinte carrée joue le
même rôle qu'une chemise. On y entrait en passant sur un pont-levis,
manœuvrant entre deux échauguettes placées en avant d'un châtelet qui se
compose de deux tours rondes. Ces échauguettes et ces tours semblent
aujourd'hui sortir de terre; mais, au XIVe siècle, elles prenaient leur
point d'appui sur le talus du mur d'enceinte. Dans la façade du corps de
logis, entre deux tours, dont les salles inférieures servaient jadis de
corps de garde, s'ouvre la porte en tiers-point, moulurée d'un boudin
reposant sur deux colonnes engagées avec chapiteaux à deux étages de choux
frisés. Deux trous d'assommoir sont ménagés, l'un à la partie supérieure de
la voûte, l'autre latéralement, à gauche du premier. Ces défenses étaient
complétées, en arrière, par une herse et une porte de bois. On trouve
ensuite un passage couvert par deux voûtes d'ogives, séparées par un
doubleau, et dont les arcs, ornés d'un boudin aminci, terminé par un filet,
retombent sur des corbeaux ornés d'un personnage avec phylactère. Une des
clés de voûte porte des dauphins, l'autre est mutilée. Sur les murs
apparaissent quelques marques de tâcherons. Si nous revenons à la façade du
châtelet, nous voyons au-dessus de la porte un bandeau de feuilles de mauve,
avec cinq personnages martelés; puis cinq niches, les deux latérales
creusées dans le rentrant des tours, toutes surmontées d'une demi-coupole,
avec ogives et voutins. Entre les niches extrêmes et les trois niches
centrales qui se touchent, un trumeau assez large est orné de deux dauphins
et d'écussons martelés. Au- dessus, règne une frise avec arcatures trilobées
et gables, puis une corniche avec choux frisés. Plus haut, s'ouvre une
fenêtre en tiers-point avec tympan plein polylobé et boudin continu,
elle-même surmontée d'une console avec base ornée de choux frisés. Cette
console portait primitivement une statue de saint Christophe, peinte. A la
partie supérieure des tours et de la façade, règne une corniche moulurée,
ornée de feuilles de choux et percée de longs mâchicoulis. Une plateforme
(avec créneaux disparus) termine le châtelet, qui était surmonté
primitivement d'une tourelle de guet contenant l'horloge.
Charles V avait résolu d'édifier presque en face du donjon une
Sainte-Chapelle, pour remplacer la chapelle Saint-Martin. Il posa la
première pierre du nouvel édifice en 1379 et institua un chapitre de quinze
chanoines pour y célébrer le culte. Mais les murs de l'élégante construction
sortaient à peine de terre lorsqu'il mourut. Les travaux furent arrêtés.
Continués un instant sous Charles VI, en 1400, ils ne furent repris
véritablement que sous François 1er, entre 1520 et 1537, et par Henri II. Le
monument, commencé dans le style rayonnant tel qu'il était pratiqué à la fin
du XIVe siècle dans le domaine royal, se trouva donc terminé dans le style
Renaissance, avec des transitions si habilement ménagées par les architectes
successifs, qu'il faut un œil exercé pour les reconnaître. En tous cas le
manque d'unité ne choque nulle part. On trouve sur les pierres la trace de
reprises caractéristiques correspondant d'abord à trois périodes de grands
travaux dont les dates sont définies par des styles différents; fin du
rayonnant, flamboyant, et flamboyant avancé. Puis on voit apparaître une
quatrième période, nettement marquée par le style Renaissance, correspondant
à l'achèvement de l'édifice. C'est bien la succession d'efforts, que
révèlent les vieux textes. On a souvent dit que l'architecte de la
Sainte-Chapelle de Vincennes s'était inspiré de la Sainte-Chapelle de Paris
dans ses plans. S'il y a des analogies entre les monuments, elles sont
lointaines, et prouvent seulement que les maîtres des œuvres du XIVe siècle
étaient les continuateurs de ceux du XIIIe siècle. On peut donc comparer les
deux édifices pour faire ressortir leurs dissemblances et non pour montrer
leur filiation. La Sainte-Chapelle de Vincennes est un grand vaisseau,
orienté, sans étage, ayant 20,50 mètres de hauteur sous clé, 10,70 mètres de
largeur et 33 mètres de longueur sous œuvre.
De tout le château élevé sous Louis XIV, il ne reste actuellement que les
deux gros pavillons, le pavillon du Roi qui sert de caserne à un bataillon
de chasseurs à pied, et le pavillon de la Reine, qui contient les bureaux du
général commandant l'artillerie, l'École d'artillerie, et la chefferie du
génie. A l'intérieur de ces bâtiments il n'y a plus ue de rares vestiges de
l'ancienne décoration. On ne voit dans le pavillon du Roi qu'un plafond
mutilé de Philippe de Champaigne (ancienne chambre de la reine). Le pavillon
de la Reine a été un peu plus épargné: l'ancien escalier d'honneur subsiste;
la salle des gardes de Mazarin et de la Reine-mère a conservé un plafond de
Michel Dorigny, avec son encadrement en bois doré, sa frise de Baptiste et
de Philippe de Champaigne. Cette salle a été restaurée pour le duc de
Montpensier: on y a rapporté à cette époque trois toiles de Vien et une de
Lagrenée, qui sont de belles peintures du XVIIIe siècle. On trouve également
l'ancien plafond de la chambre à coucher de Monsieur, par Michel Dorigny
(Cabinet du directeur de l'École d'artillerie) et, comme autre curiosité,
une salle décorée avec des armes. Une notice ne peut donner que des aperçus
d'ensemble; celle-ci suffit cependant à montrer tout l'intérêt du château.
Montalembert, dans un discours célèbre, demandait, en 1843, à la chambre des
Pairs, de préserver du vandalisme ce joyau d'architecture. Sa motion ne
rencontra qu'enthousiastes approbations. Soixante-sept ans après, M. Charles
Deloncle, trouvant la question presque au même point, a réclamé, en séance
de la Chambre des députés, la désaffectation du donjon (10 février 1910). Il
n'a pas été moins applaudi que son illustre devancier. Puisse sa proposition
avoir plus de succès. En tous cas, nul doute qu'elle n'ait le plus chaud
appui de tous les amis des arts, de tous ceux qui ont le culte de nos grands
souvenirs nationaux. (1)
Éléments protégés MH : en totalité, les parties bâties et non bâties du
château, à l'exception des intérieurs du pavillon de l'Armurerie (dit
orangerie), du pavillon du Harnachement; abords attenants du château situés
sur les communes de Vincennes (Val-de-Marne) et de Paris (XIIe
arrondissement) correspondant à l'ensemble des terrains et parties bâties
délimité au nord par l'avenue de Paris, à l'est par la limite orientale du
cours des Maréchaux : classement par arrêté du 19 octobre 1999. (2)
château de Vincennes 94300 Vincennes, tél. 01 48 08 31 20, ouvert au
public du 1er septembre au 30 avril de 10h à 17h et du 2 mai au 31 août de
10h à 18h. Fermé les 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, et 25
décembre.
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