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À la fin du XVIIIe siècle, là où se dresse le château de Dino aujourd’hui,
se trouvait un domaine bien plus vaste, le parc de Montmorency. Trois
châteaux y furent successivement construits du XVIIe au XIXe siècle; le
Petit Château de Le Brun, le Grand Château de Pierre Crozat et le Château du
duc de Dino. L'origine de ce parc remonte au 29 décembre 1629, lorsque le
duc Henri II de Montmorency fait don au sieur Nicolas Desnots, conseiller du
roi et trésorier général des bâtiments, d’un ancien vivier à poissons qui
jouxte sa propriété en contrebas de la Collégiale Saint-Martin. Il s'y fait
construire une maison de campagne et y aménage un jardin d'agrément sur le
modèle italien. Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, le premier peintre
du Roi-Soleil, Charles Le Brun, désire s'éloigner des intrigues de la cour.
Il possède un terrain en face de l’ancienne propriété Desnots et s’y fait
élever une maison de campagne de style classique. Au début du XVIIIe siècle,
le richissime financier toulousain Pierre Crozat, trésorier de France,
acquiert le domaine et l'agrandit aussitôt de plusieurs parcelles. Le parc
de Montmorency atteint alors sa dimension maximale, environ 15 hectares.
Trouvant le Petit Château trop étroit, il fait élever le long de la rue de
Paris (aujourd’hui avenue Charles de Gaulle), un Grand Château sur les plans
de l’architecte Cartaud. C’est une maison de campagne de trois étages qui
comporte quatorze appartements, une chapelle et un grand salon à l'italienne
paré d'un magnifique plafond peint par La Fosse.
En 1719, il orne le parc d'une orangerie semi-circulaire sur les dessins de
Gilles-Marie Oppenord. Quant au Petit Château, après quelques modifications,
il offre des appartements aux nombreux hôtes en villégiature à Montmorency.
Le maréchal de Montmorency-Luxembourg, acquiert le domaine en 1750.
Jean-Jacques Rousseau y est convié à plusieurs reprises et séjourne même au
Petit Château lors de la rénovation du Mont-Louis en 1759. En 1791, le
domaine est racheté par le Syndic d’une compagnie d’agents de change, Jean
Nicolas Guesdon. Le nouveau propriétaire procède à des transformations
importantes. Le Petit Château est rasé tandis que le parc est entièrement
réaménagé en un jardin à l’anglaise, plus en vogue à cette époque. Vingt ans
plus tard, le comte Antonio Aldini, ministre d’Etat du Royaume d’Italie se
porte acquéreur du parc. Il entreprend la rénovation du Grand Château mais
couvert de dettes, et après la chute de l'Empire, il s’enfuit de Montmorency
en 1817. La propriété est donc saisie et vendue la même année pour la somme
de 103 000 francs à l’entrepreneur de travaux publics, Durand Bénech. Ce
dernier entreprend la démolition méthodique du grand château. La propriété
est donc saisie et vendue la même année pour la somme de 103000 francs à
l’entrepreneur de travaux publics, Durand Bénech. Ce dernier entreprend la
démolition méthodique du grand château.
Une fois le château rasé, le parc de Montmorency est démembré en quatre
lots; le jardin potager, le parc de l’Orangerie, le petit parc (le long de
la rue des Granges) et le grand parc (le long de la rue Saint-Denis à la rue
de Paris). L’orangerie et les deux dépendances du Grand Château demeurent
ainsi les seuls témoignages du glorieux passé du parc de Montmorency. Le lot
du grand parc est acquis en 1819 par un certain M. Leroux. Les deux
dépendances du Grand Château s’y dressent toujours le long de la rue de
Paris. Situées de chaque côté de l’ancienne entrée principale, elles sont
réaménagées. Celle de gauche est probablement transformée en maison
d’habitation de deux étages, élevée sur caves. En 1826, M. Prévost acquiert
la propriété de l’ancien château de Montmorency. Il entreprend alors, de
profondes rénovations de la maison. C’est en 1878 que débute l’histoire du
château du duc de Dino, alors désigné sous le vocable "château de
Montmorency", lorsqu’un banquier achète le domaine du grand parc. D’origine
alsacienne, Isaac Léopold Sée est issu d’une famille de banquiers qui
bénéficia d’une fulgurante ascension sociale au XVIIIe siècle. Il dirige la
succursale de la banque familiale à Paris. Le banquier y réussit de
brillantes affaires en soutenant de grands emprunts publics et en
investissant dans la création des chemins de fer nantais. Il est fait
chevalier de la Légion d’honneur en 1877.
Fort de son succès professionnel, il décide de se faire construire une
maison de villégiature, écrin de sa réussite sociale à Montmorency. Il
souhaite donc agrandir sa maison récemment acquise afin de la transformer en
une véritable résidence de villégiature. Pour ce faire, il s’adjoint les
services de l’architecte local, Pierre Victor Cuvillier. Celui-ci se lance
alors dans un projet d’envergure, élever un château agrémenté de magnifiques
communs. Il choisit de rénover la maison d’origine et d’y adosser deux
nouveaux corps de logis de style éclectique. Après six années de travaux, le
château et les communs sont achevés en 1885. Cependant, la famille Sée en
profite très peu puisque le banquier perd toute sa fortune en bourse la même
année. La propriété et son mobilier sont aussitôt mis en vente. Dès 1886, la
propriété trouve un nouvel acquéreur en la personne de Madame Adèle
Livingston-Stevens. Elle souhaite y profiter des beaux jours en compagnie de
son fiancé, le marquis Charles Maurice Camille de Talleyrand-Périgord, futur
duc de Dino. En 1888, le château est racheté par le duc de Dino à sa femme.
Dans le but de s'approprier la demeure et d'en améliorer le confort, le
couple se lance dans une deuxième phase de construction et fait probablement
appel à Pierre Victor Cuvillier.
L’architecte réalise les agrandissements et reste fidèle à la ligne
architecturale dressée par ses soins moins de dix ans auparavant. Les
travaux sont essentiellement réalisés dans l’aile sud qui correspond à
l’ancienne maison d’habitation. Le château est donc partiellement rénové et
redécoré au chiffre du duc de Dino. Dès 1891, le château présente une unité
architecturale bien plus homogène que sous Isaac Léopold Sée. Elle est
caractérisée par la diversité de ses couvertures et percements mais aussi
par sa volumétrie complexe et sa polychromie. Les toits sont ornés de
magnifiques crêtes de toit, épis de faîtage et pot à feu. Quant aux façades,
elles sont parées de médaillons à l’antique, de rosaces, mascarons,
grotesques et d’une grande diversité de chapiteaux et de frontons. Le couple
de propriétaires se sépare à la fin du XIXe siècle. Le parc est alors
démembré en 8 lots et mis en vente en 1901. Le domaine est loué à un
banquier, cousin du célèbre dramaturge Edmond Rostand. Souffrant de
congestion pulmonaire, celui-ci y séjourne quelques mois au début du XXe
siècle. Sarah Bernardt lui rend visite à plusieurs reprises. Le château
trouve un nouvel acquéreur en la personne de Pierre Juppet, ancien négociant
et conseiller de commerce extérieur en 1906. Puis, devient la propriété du
chimiste Paul Basset en 1921. En 1958, le château est acquis par
l'Association française de Cautionnement mutuel. Celui-ci divise le parc. En
1978, l’association en faveur de la protection à l’enfance, La vie au grand
air, acquiert le château. Bâtiment communal depuis 1991, le château est
occupé par l’association Mars 95 qui intervient dans le cadre de la
Protection à l’Enfance dans le Val-d’Oise.
La partie ouest du château date de la premiere phase de construction
(1879-1885) par l’architecte Pierre Victor Cuvillier. La partie est
correspond à la deuxième phase de construction (1888-1891), attribuée à
l’architecte Pierre Victor Cuvillier. Les façades sont principalement
d’inspiration néo-renaissance italienne bien que d’autres styles soient
suggérés. Elles sont caractérisées par la diversité des couvertures et des
percements mais aussi par leur volumétrie complexe et leur polychromie.
Elles sont parées de médaillons à l’antique, de rosaces, mascarons,
grotesques et d’une grande diversité de chapiteaux et de frontons. Quant aux
couvrements, ils sont ornés de crêtes de toit, d’épis de faîtage et de pots
à feu qui accentuent la verticalité de l’édifice. Face au château, les
communs appartiennent également à la tendance éclectique et répondent à
l’architecture du château avec une fine homogénéité. La façade du corps
central percée de trois grandes ouvertures traduisent encore son utilisation
originale, puisqu’il abritait une orangerie. Le bâtiment est élevé sur caves
avec cour anglaise. Le rez-de-chaussée du château comprend notamment trois
salles de réception dont un grand hall surplombé d’un escalier d’honneur
(style François 1er), une salle à manger lambrissée d’inspiration
Renaissance avec une cheminée Henri II et un salon de style Louis XVI à la
décoration architecturée. Il est surmonté d’un belvédère. Le château
comprend également trois magnifiques salles de bains. Le vitrail de style
Troubadour qui éclaire l'escalier d'honneur est dû à l'atelier parisien
Prost-Lannes. (1)
château du Duc de Dino 95160 Montmorency, propriété de la commune,
maison d’enfants.
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