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Fort de Brégançon à Bormes-les-Mimosas
 
 

      L'histoire médiévale du site est celle d'une résidence fortifiée particulièrement bien défendue par sa position sur un îlot rocheux, chef-lieu d'une seigneurie d'abord inféodée à un lignage seigneurial de quelque envergure, sous la suzeraineté des comtes de Provence, la fortification ne répondant qu'au principe d'auto-défense propre au système féodal. L'importance du domaine foncier lié à la seigneurie justifie l'intérêt que lui porta la commune de Marseille. La valeur de défense passive des châteaux d'Hyères et de Brégançon, l'un associé à une ville florissante sur un itinéraire majeur, l'autre ouvrant sur la mer et commandant un site portuaire d'intérêt secondaire, leur valut d'être assez tôt réunis au domaine propre des comtes de Provence. Le château de Brégançon devint alors l'un des lieux de séjour occasionnel des comtes de Provence, rois de Sicile, gardé par un châtelain, restauré et entretenu par l'administration comtale. Ce statut de château dura jusqu'au XVIIe siècle. L'intérêt stratégique finalement secondaire du site poussa l'administration royale à plusieurs tentatives d'intéressement des châtelains puis des capitaines aux titres et droits du domaine seigneurial de Brégançon, afin qu'ils investissent leurs fonds propres dans l'entretien du château, le trésor royal se consacrant à des sites plus importants. Du fait de cette politique et des avantages purement locaux de sa position, Brégançon resta jusqu'à l'âge classique un château plutôt utilisé abusivement comme outil d’intérêts privés, au moyens d'actes de piraterie, par des seigneurs opportunistes ou des capitaines privés de subsides, qu'une forteresse réellement au service de la puissance publique.
Brégançon est cité dès le XIIe siècle comme étant l'un des Castra du comté de Provence, dans le diocèse de Toulon: Le "Castrum Bragansone" ou "Bragansoni". Il n'était pas alors le siège d'une seigneurie indépendante, mais le second château de la châtellenie comtale d'Hyères. Dès la fin du Xe siècle, le comte Guillaume avait pu reconquérir la Provence orientale occupée par les Sarrazins grâce à l'appui logistique de Pons de Fos, premier membre connu d'un important lignage féodal du diocèse d'Arles, auquel il avait accordé en gratification, à titre héréditaire, la vicomté de Marseille et la charge de châtelain des châteaux d'Hyères (soit Hyères et Brégançon), de même que la garde de la "Ville des tours d'Aix". Le titre de châtelain-garde équivalait dans ce cas à une inféodation: les sires de Fos, vicomtes de Marseille, tenaient en fief les châteaux concernés, à charge de foi et hommage au comte. À partir des années 1020-1030 la puissance acquise par plusieurs seigneurs de Provence dont les Fos provoqua une crise concrétisée par des refus d'hommage répétés à l'autorité comtale. Cette crise trouva son dénouement au cours du long épisode des "Guerres baussenques" (1145-1162), opposant le comte Raymond Bérenger aux alliés du seigneur des Baux. En 1196, le comte de Provence Alphonse d'Aragon recevait l'hommage d'Amiel de Fos, qui s'engageait à lui restituer à toute réquisition la totalité des castra détenus par sa famille, dont la troisième partie du castro de Heris. En avril 1218, Raimond Geoffroy, fils de Pons de Fos, vendit la douzième partie du château et de la ville d'Hyères et la totalité du château de Brégançon aux recteurs de la communauté de Marseille. Ceux-ci durent doubler leur prix d'achat pour désintéresser Amiel de Fos, seigneur d'Hyères, et l'évêque de Toulon, qui revendiquaient des droits sur cet héritage.
Inquiétée par des actes de piraterie commis par son châtelain de Brégançon et par les représailles des seigneurs d'Hyères, la ville de Marseille fit approuver ses droits sur Brégançon par le comte de Provence Raimond-Béranger V, en mai 1223. Le comte fit placer le château sous la protection de l'évêque de Toulon et les seigneurs de Solliès, mais confirma à nouveau la ville de Marseille dans ses droits en 12432. Durant ces périodes seigneuriales et municipales, aucun texte ne renseigne sur la consistance du château de Brégançon, ni sur les travaux de construction ou renforcement dont il a pu faire l'objet. Marseille voyait surtout en Brégançon un domaine foncier de rapport, cependant que les châtelains qu'elle y avait placé tiraient un parti litigieux de la position stratégique du château en l'utilisant comme base d'expéditions de pillage sur terre et sur mer. Un "donjon" existait sur le site en 1218, en haut duquel la ville de Marseille aurait fait hisser sa bannière le jour même de la prise de possession, mais les reconstructions postérieures n'en ont rien laissé subsister. Le seul vestige rescapé de cette époque est celui de l'ancienne chapelle, au revers de l'actuelle porterie d'entrée. Charles d'Anjou, frère du roi de France Louis IX, prit possession du comté de Provence par son mariage avec Béatrix, l'héritière, le 31 Janvier 1246. Adoptant une politique d'affirmation souveraine comparable à celle menée par Louis IX en Languedoc, le nouveau comte de Provence capétien prétendit soumettre à sa suzeraineté les villes et seigneuries réputées indépendantes.
Après dix ans de résistance et un premier accord provisoire en 1252, la ville de Marseille finit par accepter le 2 Juin 1257 un traité de composition avec le comte capétien. Une clause du traité précise que "la commune abandonne au comte, à la comtesse, à leurs héritiers à perpétuité, ses domaines, seigneuries, juridictions et droits de tout genre qu'elle possédait sur Marseille et son territoire, sur terre et sur mer, et dans ses châteaux d'Hyères et de Brégançon...". La première enquête sur le domaine comtal, en 1252, citait déjà ces deux châteaux "jurables et rendables" au nombre des forteresses appartenant au comte. Il y a tout lieu de croire que l'administration comtale, qui avait installé une viguerie dans la châtellenie d'Hyères, fut rapidement chargée de renforcer les défenses des châteaux d'Hyères et de Brégançon. La montée en puissance de Charles d'Anjou, devenu roi de Naples et de Sicile en 1266, a pu favoriser la qualité et l'ambition des chantiers de châteaux du comté de Provence. Le châtelet d'entrée à deux tours circulaires toujours en place dans l'état actuel du fort est une parfaite illustration des normes appliquées pour la défense des portes dans l'ère d'influence capétienne. Ses caractères sont toutefois moins évolués que ceux des ouvrages d'entrée des grandes fortification royales du dernier tiers du XIIIe siècle en Languedoc, comme la Porte Narbonnaise de la cité de Carcassonne et les portes de la ville d'Aigues-Mortes, mais on note la présence d'archères dans la courtine du front d'entrée attenante au châtelet, ce qui se retrouve au château de Carcassonne et dans les murs d'enceinte des deux villes datant du règne de Philippe III le Hardi (1270-1285), neveu de Charles d'Anjou.
Dans ce cadre, le cas de Brégançon témoigne d'une influence directe de l'architecture militaire capétienne en Provence dont on ne trouve que très peu d'autres exemples, et qui permettent d'attribuer la construction du châtelet et du front d'entrée du château aux maîtres d'œuvre de Charles d'Anjou, à la seconde moitié de son règne de trente neuf ans sur le comté de Provence, soit entre 1260 et 1280. Le château de Brégançon était d'importance secondaire dans l'empire de Charles d'Anjou, comparé au rôle d'Aigues-Mortes et Carcassonne pour les rois de France Louis IX et Philippe III, ce qui suffit a expliquer une réalisation moins luxueuse. Robert d'Anjou, comte de Provence et roi de Naples-Sicile (1309-1343) chargea en 1323 le trésorier royal de Provence, Robert de Millet, d'une mission de visite et d'expertise des châteaux et fortifications des côtes de Provence. Le compte rendu de cette enquête a été conservé et donne d'intéressantes indications topographiques. L'expertise de Brégançon, mentionne la turris et une muraille crénelée du côté est, qui nécessitent des réparations, pour 50 livres. Les plans et vues cavalières des XVIIe et XVIIIe siècle révèlent des dispositions anciennes du château disparues depuis, qui pouvaient remonter au XIIIe siècle, au même titre que le front d'entrée de l'enceinte principale avec son châtelet d'entrée à deux tours: le point le plus haut du rocher était occupé par une tour circulaire environnée d'une petite enceinte retranchée ou chemise flanquée de tourelles semi-circulaires ou polygonales, incluant au moins un bâtiment en balcon sur la mer, l'ensemble constituant le "donjon".
On peut identifier la turris citée en 1323 à la tour maîtresse cylindrique figurée au point haut du rocher, en position isolée, sur les sources graphiques d'époque moderne. Cette tour semble avoir eu un diamètre insuffisant pour être logeable, celui d'une "tour-beffroi" symbolique visible de loin, accessoirement utilisable comme phare, des signaux lumineux pouvant être allumés à son sommet. L'existence d'un tel fanal au château de Brégançon est en effet attestée par un document daté du 30 Juin 1303 signalant les points du littoral provençal de Aigues-Mortes à La Turbie ou, depuis les temps les plus anciens (semper et antiquitus), des gardes étaient chargés d'indiquer par des feux ou "farots" la présence d'ennemis. Un état des forteresses comtales, dressé par les officiers de la chambre des comptes de Provence l'hiver 1344-1345, fait apparaître que les deux châteaux de la viguerie d'Hyères, gardé chacun par un châtelain, doté d'un chapelain, et qualifié de fortalicium, n'employaient pas le même personnel militaire permanent: pour treize sergents affectés à Brégançon, le château d'Hyères n'en avait que six. Le château de Brégançon, avantagé par sa position insulaire, contrôlait un petit port privé par lequel les rois-comtes pouvaient débarquer en Provence en venant du royaume de Naples. C'est ce que fit Jeanne d'Anjou, reine de Naples-Sicile (1343-1382), sur les galères de son homme de confiance l'armateur Jacques de Galbert, lorsqu'elle dut fuir provisoirement ses États en 1348.
La veille du retour de la reine à Naples, l'armateur, déjà promu Vice-Amiral de Provence, reçut en donation le château de Brégançon, qui avait servi de résidence royale pendant quelques mois. Daté "dans la chambre" de la reine en "son château de Brégançon", le 31 Juillet 134810 , l'acte comporte un revenu de 240 livres à prendre sur la gabelle d'Hyères pour maintenir la forteresse en bon état de défense. Par représailles contre cet excès de libéralité à leurs dépens, les gens d'Hyères mirent à sac le château, mais rien ne prouve que les dégâts furent d'une importance telle que Jacques de Galbert dût le reconstruire ne serait-ce que partiellement, comme il est parfois supposé abusivement . Sous la pression de ses sujets provençaux, dont les Hyérois la reine Jeanne révoqua toutes ses donations par un édit de mai 1366. Brégançon fit alors sans doute retour à la couronne, mais fut donné en fief dès avant 1385 au sénéchal de Provence Raymond d'Algout par Marie de Blois, régente du royaume de Sicile pour Louis II. Six ans plus tard, la régente, menacée par les prétentions de Charles de Duras au trône de Sicile, rétrocédait par la force le château de Brégançon à un aventurier italien, Balthasar ou Baude de Spinola, chef de compagnie vendant son appui militaire au plus offrant des partis en lice. Entre 1393 et 1406, Spinola utilisa le château et le port de Brégançon comme base d'expéditions de piraterie dans une extraordinaire politique de harcèlement qui lui fit obtenir de très importantes rançons des villes de Marseille, Toulon, et des privilèges du roi de Sicile Louis II d'Anjou.
Après une accalmie entre 1399 et 1405, de nouvelles exactions de Spinola sur des navires de commerce reliant les ports de Provence à l'Italie décidèrent Louis II, par lettres-patentes du 22 Juin 1406, à lever un impôt spécial dans la viguerie de Toulon, pour racheter Brégançon à Spinola. A nouveau réuni à la couronne, Brégançon redevient une forteresse entretenue par les officiers de l'administration du comté. Deux inventaire dressés l'un en 1423 par le châtelain de Brégançon François de Villeneuve, l'autre en 1431 par son fils et successeur Arnaud de Villeneuve font apparaître le très médiocre état de l'armement et du mobilier de la place, qui comporte quelques bombardes. Ces inventaires ne permettent pas de reconstituer la dispositions des bâtiments anciens, dont un abrite "la chambre du roi", et la cuisine. Un autre est la maison du viguier, flanqué d'une prison, et le reste compte quatre entrepôts et une étable. L'inventaire de 1431 mentionne le pont-levis de la porte du château, devant lequel il fut signé: "Actum et publicatum ante portem primam, castri predicti ante pontem levadis". Les actes de la chambre des comptes du comté de Provence font état, sans aucune précision réparations au château, aux frais du roi, vers 1471 (sous René d'Anjou), et après la réunion du comté à la couronne de France (1480-1486), vers 1511. En 1483, Louis XI commit par précaution l'un de ses grands officiers, le gouverneur de Bourgogne Jean de Baudricourt, au désarmement de certaines forteresses publiques de Provence jugées peu sûres.
Les canons de Brégançon furent transportés à Toulon, mais deux ans plus tard, après la mort du roi, Baudricourt affecta à ce château une petite garnison de sergents. En 1524, François 1er ayant perdu Milan, le connétable de Bourbon, rallié aux intérêts de l'Empereur Charles Quint organisa une invasion militaire de la Provence où il ne trouvera de résistance qu'à Marseille et Brégançon. Une première politique de fortification d'Etat, avec la "Grosse Tour" de Toulon, commencée en 1514, s'était pourtant mise en place, complétée en 1517 par une ordonnance royale instituant un service permanent de milices garde-côtes dites "le guet de la Mer". L'année même de l'expédition du connétable de Bourbon, François 1er fit renforcer la défense des côtes par la construction du château d'If sur un îlot au large de Marseille. Rien de notable ne fut alors entrepris à Brégançon, dont le capitaine, Gabriel de Béranger était secondé par Christophe Forelli, propriétaire d'un bien sur le domaine et chargé de la garde et de l'entretien du château. Les Iles d'Hyères ayant été mises à mal tant par ces épisodes que par les expéditions de pillage de Barberousse en 1531, François 1er décida d'une nouvelle campagne de fortification qui se traduit par la construction de la tour Sainte-Agathe à Porquerolles et il déléguait la défense des Iles d'Hyères et de Brégançon à Bertrand d'Ornezan, baron de Saint-Blancard, nommé capitaine de ces places et intéressé dans cette affaire par l'érection à son profit de ce domaine en éphémère "Marquisat des Iles d'Or".
La forteresse de Brégançon n'en restait pas moins une fortification d'Etat, dont Bertrand, puis à partir de 1540 Bernard d'Ornezan étaient capitaines et non propriétaires. En 1564, Brégançon reçut la visite du roi Charles IX, rapportée par l'historien provençal d'ancien régime Honoré Bouche: "Le 30 Octobre, étant venu à Hyères, le roi alla dîner à Brégançon, forteresse sur un haut rocher dans la mer et qui est une des gardes des côtes de Provence". La seigneurie de Brégançon fut à nouveau érigée en marquisat par lettres patentes du roi Henri III données à Avignon en Décembre 1574, en faveur d'Antoine Escalin des Aymars, baron de La Garde, capitaine général des galères, ci-devant lieutenant du roi en Provence. Le titulaire du fief, qui jouissait du titre et des revenus de la "terre et seigneurie" n'avait pas nécessairement la charge de capitaine de la forteresse, qui n'était plus la résidence seigneuriale du fief, même si des locaux pouvaient y être mis a disposition du seigneur en titre. Les guerres de Religion remirent en avant l'intérêt stratégique de la "forteresse" de Brégançon. Le comte de Carcès forma en Provence une ligue catholique dure, dirigée militairement par son neveu Hubert de Vins. Ce dernier, soucieux d'occuper divers points forts, s'empara par la force du château de Brégançon en Octobre 1578, et en retira deux pièces de canon pour armer son château de Forcalqueiret. D'après Peiresc, en Mai 1579: "Vins estoit logé à Cuers d'ou il estoit allé à Briganson voir le capitaine Guasqui ". Quelques années plus tard, Hubert de Vins étant déclaré "rebelle et factieux" par le Parlement de Provence, des troupes occupèrent la forteresse, et la mirent en état de défense.
Jean-Louis de Nogaret, duc d'Epernon, nommé gouverneur de Provence et promu amiral du Levant par Henri IV à son avènement en 1589, avait en outre envoyé en 1593 à Brégançon une garnison royale commandée par le capitaine de La Roderie. Cependant Melchior Guasqui, d'abord occupant d'occasion du château, devint titulaire officiel du château et de la capitainerie de Brégançon à une date mal définie de la fin du XVIe siècle: 1582 ou 1597. Lorsque le fief de Brégançon: marquisat, terres, juridiction et droits, fut attribué en son nom en 1619 au titre de seigneur engagiste à son fils Honoré Gasqui , d'abord sans la capitainerie du château, la clause de faculté perpétuelle de rachat par le domaine royal aurait estimé à 24000 livres la valeur du rachat pour qu'elle soit équivalente à l'investissement financier antérieurement fait par Melchior Guasqui pour la restauration du château. Honoré Guasqui, mort en 1640, fut le dernier capitaine de Brégançon détenant en même temps la seigneurie de ce nom, anciennement attachée au château. Le domaine seigneurial foncier connut après les Guasqui une destinée indépendante de celle du fort qui fut confié sur avis du roi par le parlement de Provence à des gouverneurs particuliers de métier assurant en principe plus efficacement l'entretien que des capitaines intéressés avant tout aux droits et revenus de la seigneurie. Le château de Brégançon, sous le règne de Henri IV était devenu effectivement un "fort", selon la dénomination qui allait bientôt prévaloir.
On note qu'elle est employée pour d'autres ouvrages militaires de l'époque au statut ambigu, objet de travaux de fortification ordonnées par les représentants de la puissance publique, mais avec délégation de maîtrise d'ouvrage à un officier intéressé par une charge rémunérée et des droits sur un domaine associé. C'est le cas par exemple à Bandol pour un "fort" construit entre 1584 et 1603 au nom du roi sur ordre initial du duc d'Epernon par son lieutenant Antoine Boyer, ce dernier étant devenu capitaine titulaire de ce fort aussi qualifié de "maison" (bâti comme un château traditionnel à tourelles), avant d'être anobli et d'obtenir l'érection en fief de ce domaine à titre héréditaire. La plus ancienne représentation du fort de Brégançon datée et fiable topographiquement, remonte à 1633, elle est liée à la tournée d'inspection du littoral provençal faite à cette date par Henri de Séguiran, premier président de la cour de Provence, à la demande de Richelieu, alors Grand-maître de la Navigation, qui l’avait nommé son lieutenant général. Séguiran rendit un rapport plutôt favorable sur le fort de Brégançon qu'il avait visité sous la conduite d'Honoré Guasqui, le jugeant "en état de défense en cas d'attaque, soit par la qualité du lieu et la bonté de l'assiète naturelle, soit par le nombre des soldats, quantité d'armes, munition de guerre et autres choses requises à une place de telle considération". Si ce rapport ne dit rien des fortifications, la vue de Brégançon figurée sur la carte de Jacques de Maretz est plus explicite. Elle montre le château médiéval occupant les deux tiers de la partie postérieure de l'îlot rocheux, avec une enceinte dont le front d'entrée rectiligne se caractérise par ses tours du XIIIe siècle, dont deux encadrant le châtelet d'entrée, une à l'angle opposé tombant en ruines, et par ses deux courtines couronnées de créneaux médiévaux...
Le fort de Brégançon reste entretenu durant la Révolution et au-delà, comme en attestent les notes sur la tournée des batteries et postes dépendant de l'arrondissement des Iles d'Hyères, commencée le 22 Vendémiaire An VII (19 Octobre 1798 ): "ce fort, qui n'a essuyé aucune altération est généralement en bon état, il est necessaire d'y réparer le parapet de la batterie du nord (rempart du front d'entrée de l'enceinte principale), le pont-levis et la porte d'entrée, et d'y reconstruire un four; les bâtiments ont besoin de quelques petites réparations". Le 10 Ventôse an XI, le général Bonaparte fit augmenter de pièces de 36 livres l'armement de Brégançon, Gapeau et Giens. Sous l'Empire, l'augmentation de l'armement de Brégançon restait une préoccupation, objet d'un décret du 14 août 1810 associant ce projet à celui de la construction d'une batterie de côte en co-visibilité sur la pointe de Léoubes pour protéger le mouillage de Brégançon, ce qui sera réalisé en 1812. A cette époque, l'ancienne tour maîtresse circulaire du "donjon" avait disparu, et le périmètre de cet ex donjon, dévolu à la batterie haute du fort, n'était plus matérialisé que par des murs semi-ruinés. Les efforts d'amélioration dans les années 1820 se concentrèrent sur la construction de la digue permettant la communication à pied sec de la côte à l'îlot du fort, programmé pour en coût de 1200 francs en 1821. Cette première digue, prolongeant une langue de terre sur un enrochement existant depuis le XVIIe siècle, se dégrada progressivement, nécessitant en 1838 la construction d'une "conte-jetée", puis, dès 1843-1844 une reconstruction complète pour un coût total de 4600 francs.
Récupéré par l'Etat en 1963, le fort de Brégançon fut promu résidence présidentielle par un décret du Journal Officiel du 13 Janvier 1968. Le président de la république Charles De Gaulle avait confié dès 1965 à Pierre-Jean Guth, architecte de la Marine Nationale, le projet de réaménagement général du fort de Brégançon. Une très importante campagne de travaux mise en œuvre d'après ce projet, fut achevée pour l'essentiel au début de durant l'année 1968. La couverture de tous les bâtiments fut refaite, l'ensemble des façades piquées de leur enduit ancien pour recevoir un nouveau crépi rustique. L'aile adossée au châtelet fut entièrement restructurée. Dans l'enceinte extérieure une maison pour le gardien du fort fut construite dans le bastion d'entrée vraisemblablement déblayé de son rempart de terre, en adossement du mur de revêtement. Un autre bâtiment de faible hauteur fut discrètement adossé au mur nord de cette enceinte extérieure, à l'emplacement de l'ancien cimetière. En février 1974, une dizaine de mètres de muraille d'enceinte du front est, près des anciens corps de casernes de l'artillerie, s'est effondrée dans la mer, le rocher s'étant brutalement dérobé en sous-œuvre. (1)

Éléments protégés MH : le fort de Brégançon et l'îlot qui le supporte : classement par arrêté du 25 septembre 1968.

fort de Brégançon 83230 Bormes-les-Mimosas, propriété de l'État, résidence d'été des Présidents de la République, ouvert au public, visite soumise à une réservation préalable obligatoire auprès de l'Office de Tourisme de Bormes-les-Mimosas.

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Crédit photos : Patrub01 sous licence Creative Commons
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   source de l'historique : https://inventaire.patrimoine.Région Sud

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