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L'existence du château de Mirabeau remonte sans
aucun doute à l'époque même de la formation du bourg, qui se groupa au pied
de l'éperon fortifié. Les renseignements sur l'édifice médiéval restent
malheureusement rares et laconiques. La transaction de 1253 entre Guillaume
Cornut et ses vassaux de Mirabeau obligeait ses derniers à contribuer pour
un quart aux dépenses de construction et d'entretien du château seigneurial,
où ils devaient trouver refuge en cas de danger. Le vidimus de cette même
transaction fut dressé, le 11 décembre 1309, "infra fortalitium dicti loci,
scilicet ante cameram inferiorem", dans le château, à l'entrée de la chambre
du bas. C'est aussi dans la grande chambre du même château que fut passé, le
25 septembre 1484, le contrat de mariage entre Jacques Targue et Marguerite
de Forcalquier, dame de Mirabeau. Pour le reste, on ignore tout de la
structure et de la chronologie de l'édifice. Le seul point de repère qu'on
possède concerne la chapelle du château, où fut fondée le 11 novembre 1633
une chapellenie sous le titre de saint Antoine, patron de la chapelle: ce
vocable, très en vogue à la fin du moyen-âge, pourrait avoir été choisi par
Marguerite de Forcalquier ou par son père, Antoine de Forcalquier, et
correspondre à une campagne de construction dans la seconde moitié du XVe
siècle, mais ceci n'est qu'une hypothèse bien peu fondée.
Les Riqueti, acquéreurs en 1570 de la seigneurie, firent certainement
réaliser, dans le courant des XVIIe et XVIIIe siècles, des agrandissements
et aménagements importants; là encore, la documentation fait défaut. Il faut
attendre la fin de l'ancien régime pour avoir quelques indications sur
l'édifice: un plan schématique, réalisé sous la direction du régisseur
Gressein, donc entre 1784 et 1790, qui nous montre un vaste quadrilatère
ponctué de six tours rondes, renfermant un corps de logis et deux cours et
flanqué, au sud, d'une série de dépendances, logement du régisseur et
écuries. La disposition intérieure des pièces, curieusement, ne correspond
pas tout à fait à celle qu'on entrevoit dans un petit inventaire du mobilier
dressé en 1791 ou 1792, après la saisie du château comme bien d'émigré. Cet
inventaire, très rapide et incomplet puisqu'il ne fait état que des meubles
non vendus par les administrateurs du district d'Apt, énumère au
rez-de-chaussée du corps de logis une enfilade de trois salons à la place
des deux chambres, antichambre, salle à manger et salon portés sur le plan.
Il donne, cependant, quelque idée de la structure et de l'ameublement de
cette demeure aristocratique où séjourna quelque temps l'illustre tribun
révolutionnaire.
Après la mort de Victor Riqueti en 1789 et de son fils aîné Gabriel-Honoré
en 1791, le château revint au fils cadet, André-Boniface-Louis. Ce dernier
ayant émigré, l'ensemble de la succession fut saisi par l'administration,
qui vendit la majeure partie des meubles et des terres. Les deux filles et
héritières de Victor Riqueti eurent beaucoup de mal à se faire restituer, au
bout de plusieurs années de démarches, quelques bribes qui restaient. Le
château, pour sa part, avait souffert de son abandon, peut-être aussi des
violences révolutionnaires: en 1797, il était en ruine et inhabitable. Au
XIXe siècle, les ruines furent acquises par Lucas de Montigny, fils naturel
de Gabriel-Honoré Riqueti et éditeur de son œuvre, l'édifice fut restauré
entre 1857 et 1896 par ses soins. L'une de ses descendantes, la comtesse de
Martel, surnommée "Gyp", le vendit par la suite à l'écrivain Maurice Barrès,
dont le fils est l'actuel propriétaire.
Construit sur une butte au sud du village qu'il domine, le château se
présente sous la forme d'un gros édifice carré flanqué de quatre tours plus
élevées que l'ensemble des bâtiments. L'accès au sud se fait depuis un
chemin de plain-pied avec la cour intérieure. A l'est, une terrasse domine
des jardins. L'ensemble des bâtiments est enduit. Quelques pans de murs sont
cependant visibles ainsi que l'appareil des tours construites en blocage de
moellons bruts noyés dans du mortier. Seules les baies sont appareillées.
Édifice comprenant une enceinte de plan rectangulaire flanquée aux angles de
quatre tours cylindriques; deux corps de bâtiments de plan rectangulaire
sont adossés aux côtés nord et est; un bâtiment a été construit à
l'extérieur, du côté ouest. L'aile est est divisée par quatre refends
séparant cinq pièces en enfilade; l'aile nord, accolée contre la précédente,
a un mur de façade moins épais que l'Aile est; elle est divisée par deux
refends: cage d'escalier à l'est et deux pièces en enfilade. L'aile ouest,
plus récente, comprend six pièces principales séparées par des refends;
elles englobent en partie les tours nord-ouest et sud-est. Les bâtiments ont
deux étages. Le rez-de-chaussée des tours est couvert d'une coupole.
Élévations extérieures: aile nord, façade antérieure à trois niveaux, le
premier niveau doté deux fenêtres à meneau, chanfreinées; à droite, porte
d'entrée à décor architecturé. Entre la porte et la seconde fenêtre, un
puits de plan circulaire, précédé d'un degré, est à demi-engagé dans le mur
et couvert d'un cul-de-four; à sa gauche, un bassin rectangulaire.
Au deuxième niveau trois croisées; tablettes d'appui moulurées. Au troisième
niveau trois fenêtres à meneau. Façade postérieure encadrée de deux tours et
cachée en partie par un avant-corps moderne, au premier niveau, à droite,
petite fenêtre chanfreinée de la cuisine, au deuxième niveau une croisée à
gauche de l'avant-corps; trois croisées à droite; entre les deuxième et
troisième, trace d'une croisée disparue. Les appuis des autres fenêtres sont
modernes. Au troisième niveau trois fenêtres à meneau (la première refaite
sans meneau). Génoise à quatre rangs. La façade antérieure de l'aile Est
possède au premier niveau une porte couverte d'un arc en segment; chambranle
mouluré, au deuxième niveau deux croisées et au troisième niveau deux
fenêtres à meneau. La moitié droite du mur est aveugle. Entre les premier et
deuxième niveaux, baie rectangulaire murée; le linteau est soutenu à droite
par deux pierres en quart de rond en encorbellement. Génoise à quatre rangs.
La façade postérieure de l'aile Est est dotée au premier niveau d'une porte
précédée d'un degré carré est flanquée à gauche de trois fenêtres, à droite
de deux fenêtres; toutes sont en arc en segment avec feuillure (XVIIIe
siècle), au deuxième niveau quatre croisées dont les croisillons sont
refaits (sauf la première intacte) ainsi que les tablettes d'appui; allèges
appareillées sur trois ou quatre lits de moellons bien taillés, au troisième
niveau, au droit des trois premières croisées, une fenêtre à meneau. Deux
petites fenêtres au droit de la quatrième. La tour nord-est présente trois
demi-croisées sur tablettes d'appui moulurées et allèges en grand appareil,
orientées au sud-est aux mêmes niveaux que ceux de la façade est. Trois
bouches à feu sont percées dans des pierres et orientées l'une à l'est, les
deux autres respectivement vers les façades nord et est, la tour sud-est a
le même dispositif de bouches à feu. Les couronnements des quatre tours est
douteux; tout le dernier niveau a dû être refait. La cour est fermée au sud
par un mur percé d'une porte charretière en plein cintre. (1)
Château de Mirabeau 84120 Mirabeau, propriété privée, visite des extérieurs
uniquement.
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