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Dressé sur une roche escarpée dominant une courbe de la Charente, l'édifice
actuel a succédé à un château du XIe siècle. Aprement disputée, la place de
Rocameltis fut ruinée ainsi que le bourg qui l'accompagnait. Un texte de
1611 fait état des "vieux fossés ou douhes qui anciennement renfermoient la
ville de Rochemeaux". L'église paroissiale Saint-Ursin, dont le patronage
appartenait à l'évêque de Poitiers encore en 1649, fut initialement réunie à
la paroisse Saint-Sulpice de Charroux. Siège d'une châtellenie relevant du
comté de Basse-Marche, le fief est érigé en baronnie puis en vicomté en 1599
au profit de Jean Grain (ou Green) seigneur de Saint-Marsault. A propos d'un
conflit de juridiction évoqué par le Parlement en 1628, le manuscrit de
Robert du Dorat, recopié par dom Fonteneau, révèle que Georges d'Aubusson,
comte de La Feuillade et sénéchal de Basse-Marche, "avoit commencé le
bâtiment d'un tres beau et magnifique château à Rochemeaux sur un petit
mont, au lieu ou étoit autrefois l'ancien château, qui du depuis a été
continué et parachevé de faire batir par sa dite veuve" (Olympe de
Saint-Marsault, sa troisième épouse), laquelle mourut l'an 1633. Le château
se composait d'un corps central de cinq travées flanqué de pavillons
débordants. Des traces d'arrachement indiquent qu'une aile en retour
s'avançait dans la cour d'honneur.
La disparition du pavillon nord-est, ainsi que celle de la travée attenante,
ont modifié la silhouette sans altérer la correction des proportions: la
reconstitution de l'ensemble est aisée à concevoir. La façade sur cour
comporte un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré sous comble à
lucarnes. La façade la plus imposante regarde la vallée car la dénivellation
est rachetée par un soubassement en petit appareil; de beaux oculi ovales
sont percés dans le fruit du mur pour éclairer les offices en sous-sol. Les
hautes baies rectangulaires, réparties symétriquement, s'accordent avec les
lignes horizontales des bandeaux et de la corniche pour équilibrer
l'élévation. Le décalage des baies de l'ancienne travée médiane, désormais
décentrée, la table qui Surmonte la fenêtre haute, et le traitement
privilégié de la lucarne correspondante, révèlent la présence de l'escalier.
Le décor se concentre discrètement sur les lucarnes, accostées de volutes et
coiffées d'un fronton triangulaire ou cintré, ainsi que sur la porte
principale. Précédée d'un perron, celle-ci s'inscrit dans un parement de
bossages et présente un fronton curviligne ajouré d'une imposte ovale et
sommé d'une boule. A l'intérieur, l'élément le plus remarquable est le
spacieux escalier aux volées droites voûtées d'un berceau rampant.
L'économie des moyens mis en œuvre et la simplicité du plan ne nuisent pas à
l'effet produit par ce château qui surgit comme une apparition au détour de
la route qui suit la rivière. La manière dont les masses se détachent dans
l'espace est empreinte d'une certaine majesté. Prévaut une apparence de
sévérité, comme si la tentation baroque propre à l'époque de Louis XIII
avait été contenue et pliée aux exigences du classicisme à la française.
Cette construction homogène est escortée par une tour ronde isolée à
mi-pente, vestige de l'ancienne courtine, et par une chapelle néo-gothique
postée dans la cour d'honneur. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château de Rochemaux :
inscription par arrêté du 5 février 1982.
château
de Rochemaux 86250 Charroux, propriété privée, ne se visite pas.
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