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Au début du XVIIe siècle,
Catherine Duclos, veuve d'un contrôleur des greniers à sel de Paris, et son
gendre Jacques Desanges, procureur au présidial et greffier des insinuations
ecclésiastiques du diocèse, entreprennent de constituer un domaine clos à
partir d'une métairie située dans la censive du prieuré Saint-Martin de
Ligugé. La propriété est anoblie en 1622 à l'initiative du prieur de
Saint-Nicolas de Poitiers, mais l'indispensable pigeonnier n'est érigé qu'en
1653. Jacques Desanges fils, avocat et bourgeois du corps de ville, se
dessaisit en 1664 de La Réauté au profit de l'échevin et juge au présidial
Claude Légier, qui à son tour la transmet à son fils en 1696. La maison
décrite en 1622 est déjà en trois corps de logis à toitures indépendantes.
Les deux ailes en retour, attribuées à Claude Légier fils, signalées dans un
aveu de 1723, attestent la volonté du constructeur de préserver l'harmonie
générale. L'ensemble, de composition classique, s'inscrit dans la tradition
décorative du XVIIe siècle. Un portail en plein cintre, avec clé pendante et
bossages façonnés en table, s'ouvre dans l'arrondi du mur. L'élévation sur
cour, d'apparence symétrique, s'ordonne de part et d'autre d'un corps
central de trois travées, simple en profondeur et coiffé d'un toit
d'ardoises à croupes. Un comble brisé, dont le terrasson a reçu des tuiles
creuses, recouvre les pavillons latéraux et les ailes. La travée médiane,
dont les trois baies superposées présentent chacune un linteau en arc
segmentaire, se distingue par un parement en bossage continu qui forme un
léger ressaut et se poursuit à l’étage au-dessus de la corniche. Les travées
latérales s’achèvent par un œil-de-bœuf soutenu par une table, accosté par
des ailerons à volutes et sommé d’un larmier mouluré. Les lucarnes des
combles brisés reproduisent le modèle de la lucarne de la travée axiale. Les
effets plastiques sont renforcés par les joints biseautés des pierres de
taille qui encadrent les baies. La façade postérieure, que l’alignement des
ailes fait paraître encore plus longue, se développe selon la même
ordonnance. Des canaux formant un U, bordés par des allées de tilleuls et
alimentés par un courant d'eau qui traverse la propriété, constituent le
plus bel ornement du parc. De l'autre côté de la rue, une porte à demi
enfouie ouvre Sur un passage voûté conduisant à une fosse circulaire
recouverte d'une calotte appareillée. Il s'agit d'une glacière, raffinement
du XVIIIe siècle conforme à l'élégance pondérée de la gentilhommière. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures : inscription par arrêté
du 26 décembre 1969. Les jardins avec leurs canaux ; les portails ; la
glacière : inscription par arrêté du 31 décembre 1993.
château de la Réauté, Grande Rue, 86240 Ligugé, propriété privée, ne se
visite pas.
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