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Le château actuel de La Touche domine la vallée de la Clouère, sur la rive
gauche, près du pont du moulin de Tranquart. Un document de 1408 nous
apprend que les héritiers d'un certain Huguet Bert, à cette date
propriétaire d’un domaine qui s’appelle La Touche, vendent tout ce qu’il
possédait à Jean Rivaux, représentant de la bourgeoisie poitevine. Les
Rivaux doivent subir les désastres, guerres, épidémies, qui sont le lot du
Poitou à la fin du XIVe et au début du XVe siècle, ils doivent aussi faire
oublier leur complaisance envers l'occupant anglais, si bien qu'ils sont
contraints de revendre une partie de leurs acquisitions. Un peu avant 1450,
La Touche devient la propriété de Jamet Gervain; une de ses héritières, sa
nièce Ythière Gervain, l'apporte à son mari Jean Favereau. C'est lui qui,
pour son fils Michel, fait construire, dans le premier tiers du XVIe siècle,
le premier château de La Touche. La découverte sur l'emplacement même du
château d'une pierre sculptée portant les armes de la famille Favereau ne
permet pas d'en douter (d'azur au chevron d'or et trois coquilles d'argent).
C'est à une petite fille de Michel Favereau, Renée d'Elbenne, épouse
d'Étienne Boynet, détenant par son père le titre de dame du Freyssinet, et
devenue, à la fin du XVIe siècle, propriétaire de La Touche, que nous devons
le nom de Touche-Freyssinet. Renée d'Elbenne donne La Touche et ses
dépendances à son fils Jean Boynet en 1604. Ce dernier, qui choisit d'y
résider assez régulièrement, aménage le château et fait construire une
chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste. De ses travaux il ne reste qu'un
important vivier au pied du coteau et quelques excavations qui devaient
servir de glacières.
De la chapelle disparue, il reste, enchâssée dans un mur du château actuel,
une pierre portant les armes des Boynet d'argent au lion de gueule et au
chef d'azur, avec la devise "oculis vigilantibus erat". Charles Boynet, fils
et héritier de Jean Boynet, fit construire le mur de soutènement qui
surplombe la vallée. La famille Boynet disparaît de Marnay avec le décès,
sans héritier direct, de Claude-Philippe-Marie Boynet en 1785. Eutrope de
Cressac, parmi plusieurs centaines de cohéritiers plus ou moins lointains,
rassemble tout ce qui constitue l'héritage à Marnay où sa famille était déjà
implantée. Les actuels propriétaires de La Touche sont ses descendants
directs. Le château, construit par les Favereau et aménagé par Jean Boynet,
fut conservé dans un assez bon état jusqu'à la fin du XIXe siècle. Il était
plus important que le château actuel et l'essentiel des bâtiments était
orienté parallèlement à la vallée de la Clouère. Était-il difficile à
entretenir ? Exigeait-il de coûteuses réparations ? On ne saurait le dire,
le fait est qu'il fut démoli et remplacé, il y a un siècle environ. La
partie nord du bâtiment, celle qui domine la vallée, est le seul reste de
l'ancienne construction. Contrairement au plan initial, le nouveau plan est
perpendiculaire à la vallée. D'une ordonnance classique, l'ensemble est
plutôt sobre et équilibré et rappelle d'autres édifices de la même époque.
Une petite tour agrémente la façade traitée avec simplicité. De la terrasse
la vue s'étend sur un large espace de la vallée de la Clouère. (1)
château de la Touche 86160 Marnay, propriété privée, ne se visite pas.
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