|
Fief relevant de la Tour Maubergeon, à
Poitiers, la Roche de Bran est citée pour la première fois, sous le nom de
"la Roche près de Moulière", en 1324, puis de nouveau en 1337. Le 8 décembre
1404, Légier de Torigné rend aveu pour son "hébergement de Brent", qui lui
est échu par sa femme, Denise Gillier. Aux alentours de 1500, le domaine
appartient à Denis de Thorigné puis à son fils Raoul, décédé avant 1534. A
cette date, Jacques de Thorigné est seigneur de la Roche de Bran. Le 15
juillet 1555, après sa mort, un aveu est rendu par sa veuve, Jeanne de
Malteste, au nom de leurs enfants mineurs, Claude et Melchior. La Roche de
Bran est ainsi décrite: un "hôtel avec ses préclôtures, tant en pré, garenne
et vieilles vignes". En dépendent la "grand métairie de Bran", avec les
appentis, granges, logis, courtillages, jardins, clôtures ; la métairie de
la Chaignerie (60 ares, quatre boeufs de labour); la métairie de la
Cailleterie (120 ares, quatre boeufs de labour); la métairie de Latus (15
ares, quatre boeufs de labour); la métairie de la Berthaudière (76 ares); la
métairie de Legret (30 ares, deux boeufs de labour). En 1577, la seigneurie
passe à Melchior de Thorigné, qui a été élevé avec sa soeur Claude à la cour
d'Espagne. Devenue dame d'honneur de la reine Marguerite de Valois, première
épouse du roi Henri IV, Claude de Thorigné épouse Olivier de Diovaio,
chevalier, seigneur de Vermond, et lui apporte la Roche de Bran où ils se
retirent. Le 27 novembre 1585, Olivier de Diovaio rend aveu pour "le fief,
chastel, tour et maison forte de la Roche-de-Bran, fossés et douves autour,
tours, tourelles, créneaux, canonnières et fossés, basse-cour en laquelle
est une chapelle, deux granges, celliers, fours, étables, caves".
Le clos qui entoure le château comprend six hectares. Un étang est signalé à
proximité en 1594. Il ne resterait de cet ancien château, dans les caves,
qu'un cellier des XIIIe, XIVe ou XVe siècles. En 1603, une prison voûtée est
également signalée sous le château, accessible par un escalier de quelques
marches. Olivier de Diovaio meurt avant 1594. Il est inhumé en l'église
Notre-Dame de Châtellerault. A cette date, Etienne Bonvallet, écuyer,
receveur des tailles et gouverneur de Châtellerault, probablement son
gendre, rend aveu pour la Roche de Bran. Sa veuve vend le domaine à André
Richard, receveur général des finances en Poitou, capitaine de la ville de
Poitiers, marié à Marie Jaltat puis à Jacquette de Lespine. André Richard
laisse dans les archives la mémoire de son contentieux avec le chapitre de
Notre-Dame-la-Grande de Poitiers au sujet du prélèvement des droits de
marché sur la place du champ de foire de Montamisé. André Richard meurt
avant le 12 février 1642, date à laquelle ses biens sont partagés. La terre
de la Roche-de-Bran échoit à l'aîné de ses enfants, Laurent Richard, écuyer,
juge au présidial de Poitiers. Le château se présente alors ainsi: un grand
portail de pierre de taille avec une porte bâtarde à côté, et de chaque côté
deux pavillons faits à tire-point couverts de tuile plate.
L'accès à l'ancien château se fait par plusieurs allées forestières. L'allée
principale, au sud-ouest, bordée d'arbres, relie le domaine au bourg de
Montamisé. Le domaine comprend trois parties: l'ancien château, la chapelle
et la ferme équestre. Avant les travaux des années 1920-1930, et selon ce
que nous en montre une photographie prise auparavant, la façade nord-est
(arrière) du château avait la disposition suivante, sans doute proche de
celle du château construit en 1785. Elle comprenait au total huit travées
réparties sur le rez-de-chaussée, l’étage carré et le comble: quatre pour le
corps central et deux pour chacun des deux pavillons qui l’encadraient. Les
quatre travées du corps central se prolongeaient chacune par une lucarne à
baie ronde et fronton en plein cintre. Les façades des deux pavillons
étaient en alignement par rapport à celle du corps central, et ils n’étaient
pas plus hauts que lui. Ils se singularisaient par leurs toits brisés en
pavillons, ouvrant au nord par une lucarne rectangulaire à fronton en arc
segmentaire. Au pied du château, côté est, un portail et un muret avec
grille séparaient le côté sud du château, où se trouvait la chapelle, du
côté nord où s’étendait le parc. Côté ouest, un bâtiment perpendiculaire au
château, s’avançant vers le nord, comprenait deux parties de hauteur
différente. Une tour ronde lui était accolée sur le côté est. Elle était
presque aussi haute que le château. Ce dernier ensemble n’apparaît pas sur
le cadastre de 1817 et avait donc été construit au XIXe siècle. Les travaux
des années 1920-1930 ont consisté en la refonte des deux pavillons et du
corps central sous un seul toit plus haut que précédemment, à longs pans et
croupe, surmontant au nord-est une façade à huit travées prolongées chacune
par une lucarne à fronton en plein-cintre. Encadrant ce nouveau corps
central, deux pavillons à une seule travée chacun ont été ajoutés de part et
d’autre. Chacun comprenait deux étages carrés, contre un seul pour le corps
central, et était surmonté par un toit à longs pans et croupe. Sur la façade
principale, au sud-ouest, les travaux ont abouti à la création sur le corps
central de trois groupes de trois travées chacun, le groupe central, en
avancée, étant accessible par un perron et surmonté par un fronton
triangulaire percé d’une lucarne ronde. Au-dessus de ce fronton avait été
ajouté un édicule à toit à l’impériale qui supportait une horloge et une
sphère.
Le château était, comme aujourd'hui, entouré d'un parc composé de prairies
et d'arbres. Une mare se trouve encore au sud-ouest, et une seconde plus au
sud encore. La chapelle constitue un bâtiment séparé de l'ancien château, au
sud. Couverte d'un toit à croupe en ardoise, qui a perdu son ancien
lanternon, elle ouvre à l'ouest par une porte et par une baie en plein
cintre portant des restes de vitraux, et au nord par une autre baie en plein
cintre présentant également des morceaux de vitraux. Une corniche couronne
le bâtiment sur ses quatre côtés. La chapelle est précédée par un
avant-corps surmonté d'un toit en terrasse et d'une balustrade, surmontant
la façade principale et la porte d'entrée, au sud. L'arc de celle-ci, en
plein cintre et mouluré, repose sur des impostes, et présente une clé en
forme de console. Un fronton triangulaire couronne l'entrée. La porte
elle-même, en bois, est divisée en deux par une traverse d'imposte. La
ferme, à l'est de l'ancien château dont elle est séparée par un mur et un
portail à piliers maçonnés, comprend des dépendances en U à l'ouest, cinq
hangars au nord, un petit bâtiment à l'ouest, et au sud un long édifice
abritant aujourd'hui le centre équestre. Les bois de la Roche de Bran,
entourant le domaine au nord, à l'est et au sud, constituent une Zone
Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique. Par arrêté du 6
juillet 2004, ils forment avec la forêt de Moulière, dont ils sont un
prolongement, une Zone de Protection Spéciale dans le cadre du plan Natura
2000. Cette zone concerne une futaie mixte de chênes et de hêtres, et un
taillis de charmes, avec la présence de plantes de sous-bois et d'oiseaux
forestiers rares et menacés (rapaces, passereaux, pic noir...).
château de La Roche de Bran 86360 Montamisé, propriété privée, ne se visite
pas.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant des photos pour
illustrer cette page, merci.
A voir sur cette page "châteaux
de la Vienne" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|