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L‘ancienne ferre "aux Roaus", mentionnée dès 1281, est située à Béruges, en
bordure de la verdoyante vallée de la Boivre. L’agrément du cadre, la
complémentarité des terroirs et la proximité de la capitale provinciale en
firent un domaine apprécié des notables poitevins, notamment au XVIIe
siècle. Une inscription gravée sur un linteau de porte et récemment
découverte précise que "M. Thevenet a fait bastir cette maison et tout ce
qui en despend, 1641" (le troisième chiffre du millésime, partiellement
bûché, est difficilement lisible). René de La Fontaine, officier de finance,
maire de Poitiers en 1652 et seigneur du proche L'Épinay, s’adjoint le titre
de La Raudière. En 1675, six ans après la mort de l’échevin, la propriété
est acquise par l’avocat René Penin. Il est alors fait état d’une maison
noble, comprenant une salle, un grand escalier de pierre, et une chapelle,
laquelle a son accès sur le jardin. Le souvenir d’un repas familial est
rappelé sur le piédroit d’une fenêtre du rez-de-chaussée "le 4 mai 1685,
nous étions céans à manger un cochon de lait". De nouveaux patronymes
apparaissent dans les années 1770: un aveu est rendu par Garnier, procureur
au présidial, et par son gendre Augustin Guillet, avocat, dont le mariage
fut célébré dans la chapelle castrale en 1774.
La physionomie actuelle de l’ensemble est fixée par la campagne de travaux
menée dans les années 1840: reprise des élévations du logis, allongement de
la cour d’honneur terminée par un saut-de-loup, réédification de la chapelle
dans le style néo-gothique. La grille commandant l’entrée est un bel ouvrage
de ferronnerie par le jeu savant des courbes et contre-courbes,
l’enroulement des volutes et le mouvement des palmes qui surmontent l’écu.
Deux pavillons, dans le goût médiéval avec leurs échauguettes percées
d’archères, précèdent de longues ailes de communs bien ordonnancées:
l'harmonie des façades résulte du rythme des ouvertures en plein cintre,
réparties sur deux niveaux, et du recours inattendu à la brique. La fuie
implantée à proximité remonte au XVIIe siècle; les quatre baies d’envol,
traitées en lucarnes passantes richement décorées (ailerons, frontons à
volutes timbrés d’une pointe de diamant, boules d'amortissement), ainsi que
la corniche moulurée à consoles, témoignent d’une grande qualité
d’exécution. Détail plaisant, des volatiles roucoulant peuplent toujours les
boulins. Le logis se compose d’un corps central à sept travées calé par de
courtes ailes moins élevées. L’aile droite, peu remaniée, a conservé la
marque de l’époque Louis XIII, perceptible dans le traitement des ouvertures
(petites baies du rez-de-chaussée, lucarnes accostées de volutes et sommées
d’un fronton curviligne). Le chambranle à crossettes de la porte et les
lucarnes du corps principal s’inspirent des modèles du XVIIe siècle; la
porte donnant sur le parc est agrémentée de citations de motifs Louis XV.
L'alliance des styles s’accompagne ici du maintien des valeurs formelles
propres au classicisme. (1)
château de la Raudière 86190 Béruges, propriété privée, ne se visite pas.
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