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L'importante seigneurie de Curzay, signalée dès le XIe
siècle, a compté dans sa mouvance jusqu'à une soixantaine de fiefs, et s'est
identifiée à trois demeures nobles successives: une motte féodale du XIIIe
siècle (Denise de Curzay fit aveu de la seigneurie du même nom au Comte de
Poitiers en 1258), un hébergement du XVe siècle, construit à distance du
bourg, entre la Vonne et un vallon boisé. D'alliances en descendances, le
domaine échut d'abord à la famille de Marconnay vers la fin du XVIe siècle
et fut ensuite vendu à Pierre Riout par sentence d'adjudication le 6 juin
1682. Et enfin l'édifice actuel qui remonte au début du XVIIIe siècle,
construit à côté du précédent, converti en communs (subsistent notamment
deux tours rondes appuyées à une belle grange dîmière, et des bâtiments dont
les baies présentent une modénature gothique), le grand château s'est
rapproché de la rive escarpée de la Vonne pour jouir d'une vue dominante.
Une fuie monumentale (découronnée), une orangerie et une serre, une ferme
attenante bâtie dans le deuxième tiers du XIXe siècle autour d'une vaste
cour rectangulaire, des jardins enfin, complètent l'ensemble. Les abords
mettent magnifiquement en valeur l'architecture: la grande allée qui ouvre
une magistrale perspective vers le couchant est percée en 1769, la cour
d'honneur est nivelée, fermée d'une balustrade et agrémentée d'un miroir
d'eau au XIXe siècle. Le parc, que le comte de Chassenon, propriétaire en
1783, avait orné de statues et d'un labyrinthe, est alors redessiné.
Initialement, deux ailes de communs délimitaient la cour: l'aile nord a été
détruite entre 1836 et 1854, l'énigmatique petit château, qui lui était
accolé, disparaissant à son tour par la suite. L'aile sud offre une
élévation digne d'une cour d'honneur: les portes, dont l'une forme porche,
sont surmontées d'un fronton cintré et de motifs d'amortissement, les
lucarnes du comble brisé sont accostées d'ailerons à volutes et sommées d'un
fronton droit. La construction du château est attribuée à Marie Métayer,
épouse en secondes noces du marquis de l'Hôpital. Malgré la conjoncture peu
favorable d'une fin de règne (encore aggravée par le grand hiver de 1709),
le chantier s'ouvre vers 1707, nécessitant même la venue d'ouvriers
lyonnais. En 1713, le curé de la paroisse Saint-Paul de Poitiers consacre la
chapelle, ménagée dans l'aile de communs subsistante, alors détachée du
logis. L'entreprenante marquise meurt en 1725, à l'âge de 89 ans.
L'édifice, de plan massé rectangulaire, est flanqué de deux pavillons
débordants, doublés en profondeur par un mur de refend. L'élévation
s'ordonne de part et d'autre d’un pavillon central sous toiture
indépendante: l'avant-corps focalise la composition par ses frontons
superposés, petit fronton droit au-dessus de la porte, grand fronton
sommital au tracé curviligne. Les bossages en harpe des chaînes d'angle, le
bandeau qui court à la base de l'étage carré, les appuis de fenêtre traités
en table, soulignent la rigueur classique de l'écriture, faite de symétrie,
d'équilibre et d'unité de style. Les baies sont uniformément rectangulaires,
excepté les lucarnes des pavillons latéraux que singularise un bel oculus.
La façade postérieure est identique. L'intérieur porte la marque du XIXe
siècle, qu'il s'agisse des stucs néo-Renaissance des plafonds, de bonne
facture du reste, des cimaises ou de l'habillage néo-gothique de la
chapelle. Le château a changé de fonction mais certaines dispositions
d'origine sont conservées: ainsi, grande salle d'apparat donnant à la fois
sur le parc et la cour, à gauche du vestibule d'entrée, escalier d'honneur
de l'autre côté. En somme, le jeu des volumes et l'art de la mise en scène
témoignent de la capacité de renouvellement d'un classicisme
louis-quatorzien dont on pouvait craindre l'épuisement de la veine
créatrice. Au terme d'un si long Grand Siècle, qui ne prend fin qu'à la mort
du roi en 1715, il s'impose d'évidence et parvient à étonner.
L'embellissement de la propriété et la rénovation des bâtiments ont été
entrepris depuis 1994. (1)
Éléments protégés MH : le château : inscription par arrêté du 18 février
1927. Les façades et les toitures de l'aile sud des communs du château, de
la grange dîmière avec ses deux tours médiévales, du bâtiment situé à
l'Ouest de la grange, à l'exclusion de son aile nord-Ouest en retour ; la
chapelle au décor néo-gothique du XIXe siècle située dans l'aile Sud des
communs : inscription par arrêté du 2 mars 1993.
château de Curzay 86600 Curzay-sur-Vonne, lieu-dit la Porte, tel. 05 49 36
17 00, hôtel-restaurant de charme. Aujourd'hui membre de "l'Association
Relais et Châteaux", Curzay a vocation à rester pour longtemps encore un
lieu de sérénité, de calme et d'harmonie.
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