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Avant d'être
appelé Alogny, ce château se dénommait le château "d'Aloigny". Ce bâtiment
est lié à l'histoire d'une ancienne et illustre famille noble du Poitou
connue depuis le XIIe siècle sous le nom d'Aloigny ou d'Alogny. La Charte de
Damiette mentionne en 1249 qu'un des membres de cette famille participa à la
croisade de Saint-Louis. Sous le règne de Louis XIV, en 1674, un autre
membre a été désigné maréchal de France. Au XVIIe siècle, le domaine passe
aux mains de la famille de La Groye, une des branches de la famille d'Alogny.
En 1682, Louis-Gabriel de La Groye renouvelle l'hommage pour le château. La
branche aînée de la famille de La Groye s'éteint dans les premières années
du 18e siècle. Plusieurs propriétaires se sont ensuite succédé. Au XIXe
siècle et jusqu'en 1950, le château d'Alogny appartient à la famille Boutin.
Le domaine d'Alogny, ce n'est pas seulement le château. Comme tout domaine
seigneurial, des terres et de nombreux droits étaient alloués aux d'Alogny,
notamment le droit de pêche sur la Creuse et la perception d'un péage pour
la traversée de cette même rivière au lieu-dit le Port d'Alogny. Le domaine,
devenu une seigneurie, avait le privilège depuis le XIVe siècle de dispenser
la justice seigneuriale (la haute et la basse justice) jusqu'à la
suppression de ce système au milieu du XVIIIe siècle. Le village des Froux,
le Port d'Alogny, Trainebot et la Grange étaient englobés dans le domaine de
la seigneurie d'Alogny. Alogny possédait également une pêcherie ainsi qu'un
port équipé pour charger les bateaux affectés au transport des tuiles
fabriquées sur son domaine. La seigneurie relevait du duché de
Châtellerault.
Ce château a probablement été construit, sur les vestiges d'un château plus
ancien (cave), au début du XVIe siècle. Des dessins de femmes en costumes
d'apparat, gravés sur de nombreuses pierres à l'intérieur de ce bâtiment,
correspondent aux tenues que les femmes portaient dans la première moitié du
XVIe siècle. Le corps de bâtiment sud du château a vraisemblablement été
reconstruit ou remanié, à l'exception du soubassement, à une date inconnue,
peut-être au XIXe siècle. La grande fenêtre de style Renaissance, visible
sur la façade ouest, pourrait donc ne pas être d'origine et dater du XIXe
siècle. Au début du XIXe siècle, le cadastre de 1833 montre que le château
était relié par une aile à un bâtiment, au nord-ouest de la tour d'escalier.
A la fin de ce siècle, une photographie ancienne révèle que cette aile est
détruite. Les portes qui communiquaient entre la tour d'escalier et cette
aile sont murées. Le linteau décoré de style néo-gothique de la fenêtre de
la chapelle date vraisemblablement du XIXe siècle. Les dernières
modifications connues ont été faites au XXe siècle. Des baies comblées au
XIXe siècle ont été rouvertes, les élévations extérieures ont été
restaurées, surtout celles du corps de bâtiment sud, et les pièces à
l'intérieur du château ont été remaniées. Le château est construit sur une
hauteur et domine la vallée de la Creuse. A l'est du château, est encore
visible un menhir.
Le château est composé de deux corps de bâtiments. L'un au nord, flanqué
d'une tour d'escalier, a un sous-sol, un étage de soubassement, un
rez-de-chaussée surélevé et un étage carré. Il est couvert en ardoise.
L'autre au sud, couvert en tuile plate, a un étage de soubassement et un
rez-de-chaussée surélevé. La façade ouest est la plus significative car elle
permet de voir tous les niveaux du château. La tour d'escalier est notamment
visible sur ce côté du château. Les pierres d'angle du corps de bâtiment
nord sont visibles au milieu de cette élévation (à l'exception du
soubassement), ce qui prouve l'antériorité de la partie nord du château. La
cour intérieure était probablement clôturée par une enceinte à l'origine.
Aujourd'hui, seuls les vestiges des bâtiments anciennement reliés au château
ferment de ce côté la propriété. Ces bâtiments servent de dépendances.
L'élévation ouest présente des ouvertures en arc segmentaire avec clé
saillante au niveau de l'étage de soubassement. L'une d'elles est surmontée
d'un oculus. Une fenêtre dont le linteau est décoré d'une accolade est
percée au rez-de-chaussée surélevé ainsi qu'une fenêtre de style Renaissance
à croisée. Les deux pilastres encadrant l'ouverture Renaissance sont munis à
leur sommet de volutes. La fenêtre de l'étage présente un encadrement
chanfreiné comme les baies carrées de la tour d'escalier. Cette dernière est
de plan polygonal, hors-œuvre, et occupe l'angle nord-ouest. Au nord, deux
portes condamnées au rez-de-chaussée surélevé et à l'étage sont visibles.
Celles-ci devaient probablement communiquer avec l'aile nord-ouest du
château, aujourd'hui détruite. De petites baies ont été percées aux
emplacements des anciennes portes afin de laisser pénétrer la lumière à
l'intérieur de la tour d'escalier. La porte de l'étage de soubassement,
chanfreinée et munie d'un linteau en bâtière, communique sur une cour où se
trouvent le four et les vestiges d'anciennes dépendances. La cave du château
donne par une porte sur cette cour.
Au nord, l'étage en encorbellement, dont la mise en œuvre semble assez
récente, est construit en pans de bois et pierre. Sur ce même côté, le
rez-de-chaussée surélevé communique avec le jardin du château par un perron,
une terrasse et une porte chanfreinée. La porte est accostée d'une fenêtre à
encadrement chanfreiné et linteau en accolade. En retour, une autre fenêtre
donne sur la terrasse: celle de la chapelle. Cette dernière, de style
néo-gothique, est chanfreinée, trilobée et présente un linteau sculpté d'une
accolade et de motifs flamboyants. A l'est, le jardin communique directement
avec l'étage du château par un escalier extérieur. La porte d'entrée est
chanfreinée. Les dépendances, composées de granges et d'écuries, ne sont pas
implantées dans l'enceinte du château. Elles sont situées à l'ouest de ce
dernier, de l'autre côté du chemin. Les différents étages du château sont
desservis par un escalier en vis, en pierre. L'étage de soubassement se
compose de plusieurs pièces distribuées par deux portes situées sur le
palier. Face à l'escalier de distribution, une première pièce non accessible
pourrait être la crypte de la chapelle du château placée à l'étage
au-dessus. Une seconde porte, chanfreinée, amène sur une grande pièce. Les
murs sont en moellons recouverts d'un crépi et le plafond repose sur des
poutres en bois apparentes. Une cheminée partiellement engagée du XIXe
siècle est adossée au mur sud de la pièce. Le linteau et les jambages sont
droits, sans motifs décoratifs. La hotte est également droite et surplombée
d'un chanfrein servant de corniche. Un arc de décharge est visible sur la
hotte. De cette pièce, il est possible d'accéder à la cave située au
sous-sol par un escalier en pierre de quelques marches et une porte couverte
en plein cintre à encadrement chanfreiné. La cave est voûtée en moellons et
composée des salles délimitées par des arcs en plein cintre. Une des salles
située face à l'entrée de la cave a été comblée. Deux autres pièces, dans le
corps de logis sud, remaniées au XXe siècle, composent cet étage de
soubassement. On y accède par une antichambre située dans le prolongement de
la pièce principale. Dans l'une des pièces, une ouverture carrée a été
percée dans le mur ouest laissant apparaître la largeur importante des murs.
Le rez-de-chaussée surélevé est accessible depuis l'escalier par une porte à
encadrement chanfreiné. On accède tout d'abord à la pièce nord, munie de
poutres apparentes. Une fenêtre rectangulaire, munie d'un coussiège, est
percée dans le mur nord bordant la terrasse. Des dessins de femmes sont
gravés dans la pierre, face au coussiège. Ces femmes sont vêtues de costumes
nobles évoquant le XVe siècle ou le XVIe siècle. Enfin, cette fenêtre est
accostée d'une porte qui permet d'accéder à la terrasse extérieure. Sur le
mur opposé, une cheminée du XVIe siècle possédant des jambages droits avec
corbeaux et une hotte moulurée ornemente la pièce. Un arc de décharge est
visible sur la hotte. A droite de la cheminée, une niche fermée par une
petite porte était utilisée comme cache à sel. Sur le mur ouest, une fenêtre
éclaire la pièce. Dans cette pièce nord, une porte à encadrement chanfreiné
est percée dans le mur nord permettant l'accès à l'ancienne chapelle du
château. Cette dernière, de petite taille, est voûtée en plein cintre. Deux
fenêtres se faisant face éclairent la chapelle. L'une à l'ouest, de forme
carrée avec un encadrement chanfreiné, ouvre sur le palier de l'escalier. La
seconde baie est la fenêtre néo-gothique qui ouvre sur la terrasse
extérieure. Une petite fenêtre chanfreinée de forme carrée est positionnée à
droite de la porte donnant l'accès à la chapelle. Elle permettait aux
personnes ne pouvant pas entrer dans la chapelle de suivre le déroulement de
la messe.
Depuis la pièce nord, un couloir dont l'accès se fait par une ouverture dans
le mur sud permet d’accéder à la pièce sud de ce niveau. Ce couloir de
distribution est éclairé par la baie "Renaissance". La seconde pièce possède
un plafond aux poutres apparentes et une cheminée pouvant dater de la fin du
XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle. Elle est composée d'une hotte
droite surplombée par une corniche et soutenue par des corbeaux à volutes.
Dans le foyer, une plaque de cheminée, qui semble relativement récente, est
décorée de cinq blasons, dont trois sont "à trois fleurs de lys", ce qui
correspond aux armoiries de la famille d'Alogny: "de gueules à trois fleurs
de lys d'argent" ou "trois fleurs de lys, avec un lambel de trois pendants"
selon les branches de la famille. L'étage du corps de bâtiment nord est
composé d'une pièce de vie avec un plafond muni de poutres apparentes et une
cheminée du XVIe siècle. Les jambages de cette cheminée sont droits,
surplombés de corbeaux moulurés et d'une hotte également moulurée. A gauche
de la cheminée, sur la hotte, des dessins sont gravés dans la pierre. Ils
représentent un carrosse tiré par deux chevaux et guidé par un homme. Un
laquais semble se tenir à l'arrière du carrosse. D'autres dessins sont
visibles dans cette pièce. Au moins quatre femmes ont été représentées sur
le mur droit de l'encadrement de la fenêtre. Leurs costumes sont semblables
à ceux des autres dessins de femmes des étages précédents. Les personnages
représentés évoquent le XVIe siècle. Une seconde pièce, aménagée dans le
comble du corps de bâtiment sud, est accessible par une porte située à
droite de la cheminée. Le comble du corps de bâtiment nord, accessible par
la tour d'escalier, a été aménagé en pièce habitable. La charpente à
l'intérieur de la pièce est visible. Dans la tour d'escalier, à droite de la
porte d'entrée, des dessins de femmes gravés dans la pierre sont visibles.
L'escalier se termine par un garde-corps en pierre. (1)
château d'Aloigny 86270 Lesigny, propriété privée, ouverte aux journées du
patrimoine.
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