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Foulques Nerra, comte d’Anjou, est désigné comme
le constructeur du château de Moncontour dans une chronique attribuée à son
petit fils Foulques le Réchin; mais d’autres chroniqueurs mentionnent
l’œuvre d’un certain Samuel Cantor, qui lui aurait donné son nom. En
réalité, le castellum est cité pour la première fois en 1118 dans une charte
de l’abbaye de Nouaillé. Il est sans doute plus ancien puisqu’un lignage des
seigneurs de Moncontour est attesté dès la seconde moitié du XIe siècle à
travers différents dons faits à l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers. Ces
seigneurs, qui portent alternativement les prénoms de Robert et Bertrand,
conservent la châtellenie jusqu’à la fin du XIIe siècle. On ne sait dans
quelles circonstances elle passe alors à Geoffroy de Lusignan, mentionné en
1200 comme seigneur du lieu. Au début du XIIIe siècle, Moncontour fait
partie des points d’appui des Lusignan alliés aux Plantagenêts, contre le
roi de France. Le château est assiégé une première dois par le prince Louis
en août 1214, et de nouveau assiégé et pris par le roi de France vers 1226.
Il reste aux Lusignan, et fait partie des biens qui leur sont confisqués en
1242. Moncontour passe à Hugues de Parthenay avant 1247 par son mariage avec
Valence de Lusignan, puis à la famille de Craon au tout début du XIVe
siècle. Le château conserve une importance stratégique au cours de la guerre
de Cent ans, pris par les Anglais en 1371, et repris l’année suivante par
Bertrand Du Guesclin.
Les chroniques mentionnent alors une garnison anglaise de 500 hommes d’arme,
ce qui semble très exagéré. C’est peut-être à la famille de Craon que l’on
doit différents travaux attestés à la fin du XIVe siècle. La généalogie des
possesseurs de Moncontour, établie par de Fouchier, peut être résumée
rapidement comme suit : le château reste dans la famille de Craon jusqu’en
1419, date à laquelle Marie de Craon le porte à Louis de Chabot son époux.
Il passe par mariage dans la famille de Chastillon en 1445. Un siècle plus
tard, les guerres de Religion mettent en lumière Moncontour dans les textes.
C’est au pied de ce château qu’a lieu en 1569 la célèbre bataille opposant
le roi Henri III à Coligny. À la fin du XVIIe siècle, la seigneurie revient
à Charlotte Gouffier, nièce d’André Chastillon et Marguerite Gouffier; elle
épouse François d’Aubusson, comte de la Feuillade, qui devient baron de
Moncontour, puis vend le domaine en 1700, à Louis-Henri de Pardaillan. La
baronnie passe en différentes mains et échoit à Jean d’Abbadie juste avant
la Révolution. Le château démembré est vendu par la suite et seule la haute
cour, comprenant le donjon, appartient aujourd’hui à la commune.
L’enceinte du château de Moncontour épouse le sommet de la colline qui
domine le bourg établi dans la vallée de la Dive. Elle est bâtie sur une
butte aménagée qui peut correspondre à une motte. Le plan d’ensemble reste
bien lisible sur l’ancien cadastre: l’enceinte ovoïde est scindée par un mur
qui isole la cour haute de plan polygonal, enserrant le donjon, de la basse
cour où sont conservés les vestiges de la chapelle castrale Saint-Marie.
Cette dernière est aujourd’hui scindée en deux propriétés privées. Deux
tourelles rondes, au nord, marquent les angles de bâtiments qui peuvent
correspondre à des logis.Une représentation de 1699, conservée dans la
collection Gaignières, montre des tours carrées flanquant l’enceinte; il en
subsiste au moins une dans l’angle nord-ouest. Elle semble relever d’une
campagne de travaux de la fin du Moyen Âge ou du XVIe siècle, comme les
restes des bâtiments résidentiels adossés à la muraille sud, et dont la
végétation interdit l’analyse. L’enceinte même ne conserve que des portions
de son parement, qui disparaissent sous la végétation; mais quelques brèches
laissent entrevoir la structure de la maçonnerie: elle est chaînée de
longues poutres de bois horizontales. L’empreinte des pièces de bois est
encore bien visible aujourd’hui, et Charles Arnault-Poirier rapporte, en
1846, que quelqu’un "avait retiré de l’un de ces conduits, comme d’une
gaine, une pièce de bois de chêne fort longue qui en occupait toute la
capacité, et qui était dans un état parfait de conservation".
Ce principe de "mur armé " a été mis en évidence sur des châteaux du début
du XIIe siècle. La porte de l’enceinte est décrite autrefois comme
simplement ouverte sous un arc en plein-cintre. Il serait étonnant qu’elle
n’ait pas été précédée d’autres défenses avancées. L’accès au site a été
transformé, aménagé avec une rampe en terre, et on ne peut assurer
l’existence d’anciens fossés. Le donjon est une haute tour (25 mètres) de
plan presque carré (environ 12 mètres de côté hors œuvre), dont les murs de
moellons, de plus de 2,80 mètres d’épaisseur à la base, sont renforcés de
contreforts plats. Par ses dispositions générales, et son accès surélevé,
l’édifice se rattache à la période romane; mais différents détails de mise
en œuvre peuvent trahir une construction relativement tardive (vers 1200).
L’édifice témoigne cependant de différentes phases de construction, dont
nous ne pouvons affiner l’analyse faute d’avoir eu l’occasion d’accéder aux
maçonneries des parties hautes. Nous ne pouvons cependant suivre les
conclusions proposées par l’architecte dans sa rapide étude préalable en
1994. Les ouvertures étroites des parties basses (niveaux un et deux) ne
sont en aucun cas des archères, mais seulement des fentes de jour qui
donnaient un peu d’aération à un haut volume bas réservé au stockage. C’est
une disposition systématique dans les donjons romans. La porte ouverte sur
la face est sous un arc segmentaire a sans doute été percée au XIVe siècle
au plus tôt.
L’accès à ces parties basses ne pouvait donc se faire à l’origine que par la
porte du niveau deux, au sud, par une échelle ou un escalier extérieur qui
n’a pas laissé de trace. Une autre porte (réaménagée en fenêtre avec un
coussiège) apparaît au niveau trois sur la face sud. Elle semble donner sur
un balcon ou un hourd signalé sur l’extérieur par une ligne de gros trous
carrés qui accueillaient les poutres. L’escalier en vis logé dans l’angle
nord-ouest de la tour dessert les parties hautes, sur plancher. Les
cheminées engagées dans les parements et les latrines ouvertes sur la face
nord témoignent également de travaux réalisés a posteriori. Le sommet
défensif dont le chemin de ronde à mâchicoulis sur consoles est un
réaménagement de la guerre de Cent ans. Le grand arc en pierre de taille
visible au sommet a dû être ajouté pour porter la toiture. Classé monument
historique en 1877, le château est resté longtemps abandonné et le donjon
découvert. Ce dernier a fait l’objet d’une campagne de restauration à la fin
des années 1990 et a été doté d’une toiture en plomb remplaçant la toiture
de tuiles qui devait le coiffer à l’origine. (1)
Éléments protégés MH : le donjon de l'ancien château : classement par arrêté
du 14 juillet 1877. Les vestiges du château (chemise, courtine) et de
l'église, ainsi que le sol de ces parcelles pouvant contenir des vestiges
archéologiques : inscription par arrêté du 13 février 1995.
château de Moncontour 86330 Moncontour, propriété privée, visite des
extérieurs.
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