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Un bois de chênes, un
rebord de vallée et une courbe de la Clouère dessinent le cadre de ce
verdoyant domaine mentionné dès 1435. Le fief, qui relevait de la viguerie
puis de la vicomté de Gençay, s'identifie au XVIIe siècle à une famille du
cru habile à saisir les opportunités d'ascension sociale offertes par la
capitale provinciale. Son ralliement à la Ligue vaut à René Coulard, issu
d'un simple procureur fiscal, de devenir secrétaire du gouverneur et
bourgeois du corps de ville. Fauché par la peste en 1628, il transmet son
titre seigneurial du Soucy, sa place de bourgeois et sa charge d'élu (office
de finance) à son fils Jean qui est porté à la mairie de Poitiers en 1649 et
anoblit définitivement les siens grâce à sa fonction échevinale. Jean fait
figure de constructeur, bien que son fils Philippe, né en 1638, conseiller
au présidial, soit le premier à porter le titre de Galmoisin. La lignée se
maintient jusqu'au XIXe siècle, Charles traversant sans encombre la
tourmente révolutionnaire en se faisant appeler citoyen Coulard.
Une grille en fer forgé, soutenue par de fiers piliers, donne accès à une
cour d'honneur meublée d'un puits orné d'un bel ouvrage de ferronnerie et
délimitée par deux longs corps de communs recouverts de tuiles creuses.
L'aile nord, détachée du logis comme son vis-à-vis, est percée d'arcades en
plein cintre. L'aile sud, rythmée de lucarnes passantes dont les frontons à
volutes dénotent le style Louis XIII, s'appuie à une chapelle qui a reçu une
décoration en stuc d'inspiration classique: l'autel-tombeau est adossé à un
grand retable dont les pilastres corinthiens, cannelés et rudentés, portent
un entablement cintré, paré de deux pots-à-feu. Le corps principal, coiffé
d'un toit à croupes, s'ordonne de part et d'autre d'une travée axiale qui
paraît décentrée depuis le remplacement de l'extrémité sud par un bâtiment
aligné mais plus bas, médiocre réplique du siècle dernier. L'élévation,
empreinte de sobriété, est soulignée d'un bandeau horizontal et rehaussée
par un décor de bonne facture: les baies sont reliées par des tables en
pierre de taille et le motif du fronton à ailerons brisé par un édicule est
décliné sur les lucarnes que dédouble un meneau. La porte, surmontée d'une
demi-croisée et d'une étroite lucarne à fronton droit, bénéficie d'un
traitement privilégié: pilastres toscans, entablement à métopes de marbre
rose et triglyphes, fronton d'un bel effet plastique. Le salon, ouvert sur
les deux façades, affiche un décor raffiné. Une chambre a conservé une
alcôve ainsi qu'une cheminée XVIIIe siècle. Le compartimentage de l'espace
intérieur permet la spécialisation des pièces: un billard trône dans la
salle du même nom. Cette demeure champêtre, dont les parties les plus
anciennes remontent au deuxième tiers du XVIIe siècle, se hisse par ses
qualités formelles, sa composition d'ensemble et sa fonction, au rang de
gentilhommière. Les accents vernaculaires de l'architecture sont ennoblis
par l'authenticité des références stylistiques. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures des bâtiments constituant
la cour d'honneur: le corps de logis (sauf rajout du XIXe siècle), les deux
ailes des communs, la chapelle avec le retable; la clôture avec ses grilles
et ses piliers d'entrée; le puits avec sa ferronnerie : inscription par
arrêté du 13 novembre 1989.
château de Galmoisin
86160 Saint Maurice la Clouère, tél. 05 49 59 31 13, ouvert au public du 1er
juillet au 20 septembre, visite guidée des extérieurs: écuries, four à pain,
terrasse, sellerie, buanderie, chapelle, pigeonnier. Visite guidée des
intérieurs : salle à manger, salon oriental, billard, chambre d'apparat.
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