|
La seigneurie de Clairvaux est fondée au XIe siècle et a
pour siège le château du Haut-Clairvaux. En 1470, le fief est partagé entre
deux familles, les de La Tour-Landry, qui conservent le château féodal du
Haut-Clairvaux, et les Chabot qui obtiennent des terrains dans la plaine, au
sud du bourg. Robert Chabot fait entreprendre, entre la fin du XVe siècle et
le début du XVIe siècle, la construction d'un logis, édifié dans le style
Renaissance, et d'une tour cylindrique. En 1580, la propriété est acquise
par René de Villequier, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, gouverneur de
Paris et proche du roi Henri III. Le fief est érigé en comté et à nouveau
réuni au château du Haut-Clairvaux. Un projet d'agrandissement est commencé
mais reste inachevé: des douves sont creusées, l'accès à la cour d'honneur
est fermé par une porterie monumentale en terrasse flanquée de deux tours
carrées et précédée d'un pont-levis. La fille de René de Villequier,
Charlotte-Catherine de Villequier hérite du château au début du XVIIe
siècle. Elle fait entreprendre l'aménagement de la basse-cour, fermée par
trois bâtiments abritant les communs, ainsi que la construction des quatre
pavillons d'angle (dont deux sont détruits), et la clôture du potager et du
parc. Elle fait également ériger la seigneurie de Clairvaux en marquisat.
Les aménagements se poursuivent tout au long de la première moitié du XVIIe
siècle sous l'impulsion de Jacques et César d'Aumont (époux et fils de
Charlotte-Catherine de Villequier) puis de Gilles Fouquet, frère de Nicolas
Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV, qui épouse en 1660 la fille
aînée de César d'Aumont. Le décès de César d'Aumont, le 20 avril 1661 puis
l'arrestation de Nicolas Fouquet le 5 septembre 1661 plonge la famille dans
des difficultés financières. À la mort du mari de Gilles Fouquet, en juin
1694, les créanciers se saisissent du domaine de Clairvaux et l'administrent
jusqu'à sa vente à la famille Chérade de Montbron, en janvier 1704.
Étienne Chérade de Montbron, nouveau propriétaire des lieux mal entretenus
pendant près de quarante ans, s'engage, dans le bail de location qu'il
contracte auprès de Fleurant Saboureau en novembre 1707, à "faire réparer
les bondes des fossés du château, à réparer les couvertures, les celliers,
les cuviers et vaisseaux à vin pour le mois de juin 1708 et à mettre dans
chacune des fuyes 120 paires de pigeons ". Mais c'est véritablement sous
l'égide de son petit-fils, Adrien-Alexandre Chérade de Montbron, que le
château de Clairvaux connaît ses derniers aménagements avec la construction
du corps de bâtiment classique à avant-corps surmonté d'un fronton
triangulaire. L'aveu de Clairvaux, daté du 25 août 1777, donne une
description du château: il est "entouré de douves pleines d'eau vive,
revêtues de pierre de taille, quatre pavillons aux quatre coins, un portail,
un pont-levis à bascule, avec la basse-cour où sont deux fuyes, granges, jeu
de paume, cuvier, écuries, vollier, un autre portail, pavillons et cours
avec les jardins et parc, le tout entouré de hautes murailles". L'ensemble a
une superficie de 112 hectares environ. En 1787 ou 1788, Étienne-Pierre
Chérade de Montbron projette des modifications sur l'aile édifiée par son
père. S'inspirant du château de Buzay à La Jarne (Charente-Maritime),
récemment édifié par son beau-père, le projet prévoit l'adjonction de quatre
colonnes devant l'avant-corps, la reprise de l'aile Renaissance et de la
tour circulaire transformée en pavillon carré flanqué de colonnes, et la
construction d'une aile en retour côté est. Ce projet, qui prévoit également
un réaménagement intérieur du château, n'est pas réalisé, stoppé
certainement par la Révolution.
Au début du XIXe siècle Etienne-Pierre Chérade de Montbron aménage les
extérieurs du château en créant notamment, au sud des douves, un jardin
anglais planté d'essences rares, entretenant les plantations du grand parc.
Il fait construire une orangerie, à l'emplacement du pigeonnier situé dans
le prolongement sud de l'aile est des communs. La propriété est vendue à la
société Arnaudeau, Gaillard, Nivert et Cie le 15 juillet 1866. Le château et
environ vingt hectares de terres et dépendances sont acquis par Charles
Augeard, avocat et maire de Châtellerault; le champ de foire et les halles
sont achetés par la commune afin qu'elle puisse poursuivre ses foires qui
sont les "meilleures du département ". Au début du XXe siècle, la veuve de
Charles Augeard vend les communs à plusieurs acheteurs. Les bâtiments du
château et son parc ne sont plus entretenus. Durant la Seconde Guerre
mondiale, la propriété est réquisitionnée et devient le siège d'une
Kommandantur. Elle sert ensuite à l'accueil de réfugiés. Elle est vendue aux
enchères en 1947 au service social des familles de la région de Roubaix
Tourcoing pour y installer une colonie de vacances. Mais en raison des
nombreux travaux à entreprendre, elle est revendue à un cultivateur déjà
installé comme fermier dans les communs. Le pavillon sud-ouest des douves
est alors détruit pour récupérer les pierres et élever un hangar dans la
basse-cour. Le château de Clairvaux est acquis en 1964 par la famille Caude
qui en est toujours propriétaire. Les communs appartiennent à deux
propriétaires différents.
Le château de Clairvaux est situé au sud du bourg. Il est longé au nord par
le champ de foire. Il s'organise autour de deux cours: la basse-cour,
entourée des communs, et la cour d'honneur entourée de douves, et au sud de
laquelle a été bâti le château. L'accès au château se fait, depuis la place
du champ de Foire, par un porche construit en pierre de taille, voûté, et
percé d'une porte cochère en plein cintre entourée de deux portes piétonnes.
Des pilastres plats encadrent la porte cochère. Le porche est couvert d'un
toit à longs pans en ardoise percé au nord et au sud de deux lucarnes
ovales. La façade postérieure du porche s'ouvre par un arc en anse de
panier. Deux pavillons entourent le porche. Construits sur trois niveaux, en
pierre de taille, ils sont couverts d'un toit à longs pans et croupes en
ardoise. Au sud, chaque pavillon est flanqué d'une tourelle carrée. Les
pavillons sont prolongés à l'ouest et à l'est par les communs en retour
d'équerre. L'aile nord des communs, de part et d'autre du porche, présente,
du côté du champs de Foire, un mur aveugle en moellons assisés étayés à
intervalles réguliers par des chaînes harpées en bossage. La façade
postérieure, côté cour, présente des travées régulières de fenêtres et de
lucarnes ornées de frontons triangulaires ou cintrés. Elle est rythmée par
trois cordons horizontaux, en bandeau, et une corniche moulurée. Les ailes
latérales à l'est et à l'ouest sont symétriques. Elles ne comportent pas de
fenêtres mais trois entrées monumentales: portes cochères à bossages,
surmontées d'un arc en plein cintre et d'une agrafe pendante. Deux pilastres
toscans entourent les portes qui sont encadrées, pour les accès les plus au
nord, de portes piétonnes rectangulaires surmontées d'un fronton cintré.
Seule une porte cochère, située dans le prolongement de l'aile ouest, a
conservé au-dessus de la corniche, son fronton triangulaire. La jonction
entre l'aile nord des communs et chaque aile latérale est marquée par un
pavillon d'angle carré en saillie décoré de chaînes d'angle à bossages, d'un
bandeau délimitant les deux niveaux, d'une corniche moulurée. Les travées
sont percées de baies rectangulaires et de lucarnes à fronton triangulaire.
La toiture en ardoise est à longs pans et croupes. L'intérieur des communs
présente de grandes charpentes qui supportent les toitures en ardoise
couvertes en longs pans. L'accès à la seconde cour et au château s'effectue
par un pont en pierre à deux arches enjambant les douves qui entourent le
château. Au bout du pont se trouve une porterie. Construite en pierre
appareillée en pierre de taille, elle s'ouvre par un porche en plein cintre
avec clé pendante. Deux tours carrées, coiffées d'un toit à l'impériale,
encadrent la porterie. La porte est surmontée d'une avancée portée par des
corbeaux en pierre qui supportent un fronton semi-circulaire autrefois
décoré d'un écusson. La partie centrale de la porterie est couverte d'un
toit en terrasse, elle est ornée, côté nord, d'une balustrade en pierre
ajourée.
Le château est édifié à environ 70 mètres de la porterie. Il présente un
plan en L: une façade face à l'entrée et une aile en retour à l'ouest.
L'aile ouest, la plus ancienne, présente une façade régulière sur deux
étages. Elle est percée à l'est de fenêtres. Un bandeau de pierre torsadé
sert de corniche. Ce bâtiment se prolonge en retour d'équerre au sud par une
amorce inachevée sur laquelle est venue s'accrocher l'extension classique.
L'élévation ordonnancée présente au sud et au nord un avant-corps sommé par
un fronton triangulaire. La tour d'angle sur trois étages, le dernier en
retrait, est couverte d'un toit conique en ardoise. Elle présente au nord
une échauguette portée par un cul-de-lampe orné de rinceaux et, au sud, une
tourelle d'escalier. Entre chaque étage court un bandeau orné de sculptures.
Le pigeonnier, de plan carré, est construit au sud de l'aile ouest des
communs. En pierre, il présente des bossages d'angle et est couvert d'un
dôme en pierre, orné de lucarnes à baies géminées cintrées sur les façades
sud et est, et coiffé d'un lanternon. L'intérieur a conservé son échelle
tournante qui dessert des boulins en pierre. L'orangerie, située au sud de
l'aile est des communs, a remplacé un ancien pigeonnier. Elle est percée de
grandes baies en plein cintre munies d'impostes qui se poursuivent en
bandeau. Elle est dénuée de couverture. (1)
Éléments protégés MH : le château (à l'exception des parties classées) :
inscription par arrêté du 20 juin 1928. La partie droite du corps de logis
comprenant la cuisine, la tour d'angle et les constructions Renaissance y
attenant ; les douves entourant la seconde enceinte avec le pavillon
d'entrée et le pont à deux arches y attenant ; le portail d'entrée avec ses
tours carrées et ses pignons sur cour : classement par arrêté du 13 juin
1929. Les parties non encore protégées : les communs avec le pigeonnier et
l'orangerie; les pavillons ; les cours du château et leur sol : inscription
par arrêté du 21 mai 2001.
château de Clairvaux, place du Champ de Foire, 86130 Scorbé-Clairvaux, tél.
05 49 93 88 49, ouvert au public du 15 juillet au 31 août.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Licence photo©webmaster B-E, photos
ci-dessous interdites à la publication sur internet, pour un autre usage
nous demander.
Nous remercions M. Mairé, du site:
pixAile.com,
pour la photo aérienne qu'il nous a adressée (photo interdite à la
publication)
A voir sur cette page "châteaux
de la Vienne" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|